Portrait du groupuscule jihadiste salafiste “Tawhid wal-Jihad” de la bande de Gaza, responsable de l’attentat du 18 juin 2012 à la frontière israélo-égyptienne qui a coûté la vie à un civil israélien.


Extrait de la vidéo des deux terroristes du groupe Tawhid wal-Jihad, tués dans l'attentat à la frontière israélo-égyptienne le 18 juin 2012.
Extrait de la vidéo des deux terroristes du groupe Tawhid wal-Jihad, tués dans l'attentat à la frontière israélo-égyptienne le 18 juin 2012. A droite, "Abu Hazifa al-Hudhali", d'Arabie Saoudite. A gauche, "Abu Salah al-Masri", d'Egypte. L'attaque a été présentée comme un double attentat suicide visant à porter atteinte à "l'ennemi sioniste" à la frontière entre l'Egypte et la "Palestine". Selon une autre vidéo, les deux terroristes seraient récemment rentrés de Libye où ils auraient combattu dans les rangs du jihad mondial contre le régime de Kadhafi.

Aperçu général

1.   Le 18 juin 2012, une fusillade a été perpétrée à la frontière israélo-égyptienne et devait inclure l'explosion d'une charge. Un civil israélien a été tué dans l'attaque, dont la responsabilité a été revendiquée par un réseau regroupant les groupuscules jihadistes salafistes de la bande de Gaza et appelé le "Conseil de la shura des combattants du jihad dans les environs de Jérusalem". Dans les faits, l'attaque a été commise par Tawhid al-Jihad, un groupuscule jihadiste salafiste opérant dans la bande de Gaza depuis 2008 et dirigé par un membre d'Al-Qaïda ("l'émir") appelé Hisham Saidani, qui a séjourné dans le passé en Jordanie, en Irak et en Libye (pays dans lesquels il s'est lié aux membres du jihad mondial). En Mars 2011, il a été arrêté par le Hamas et libéré le 2 août 2012.

2.   La fusillade à la frontière israélo-égyptienne, qui selon le communiqué des auteurs devait être un attentat suicide, a été la première action réussie du jihad mondial dans la bande de Gaza contre Israël ces dernières années. Sa réussite, en parallèle à l'attentat déjoué dans le secteur de Kerem Shalom, est une preuve des tentatives du jihad mondial opérant dans la bande de Gaza de promouvoir des attentats contre Israël via le Sinaï, en profitant de l'anarchie et du chaos régnant, ce avec la bénédiction d'Ayman al-Zawahiri, le successeur d'Oussama Ben Laden à la tête d'Al-Qaïda.

3.   Le jihad mondial qui opère dans la bande de Gaza espère transformer la Péninsule du Sinaï en une arène d'activités intensives du jihad mondial basées sur l'appui logistique de pays comme la Libye (devenue après la chute du régime Kadhafi une source importante d'armement), le Nord Soudan et l'Irak. Les organisations terroristes palestiniennes opérant dans la bande de Gaza ont facilement accès aux groupuscules bédouins locaux du Sinaï, proches du jihad mondial et dont les motivations sont financières et idéologiques.

4.   L'attentat de Tawhid wal-Jihad vient s'ajouter à d'autres attaques commises au cours de l'année écoulée de la Péninsule du Sinaï et visant Israël, profitant de l'anarchie et de la lacune d'autorité égyptienne. Les principales attaques sont l'attentat conjoint contre plusieurs véhicules au Nord d'Eilat (18 août 2012), le tir de trois roquettes Grad de 122 mm sur Eilat (nuit du 4-5 avril 2012), l'attentat du 18 juin 2012 et le tir depuis le Sinaï sur un autobus de soldats israéliens au Nord d'Eilat (22 juillet 2012). Ces attentats ont été commis par des organisations terroristes opérant dans la bande de Gaza et proches du jihad mondial. Il faut y ajouter l'attentat déjoué dans le secteur de Kerem Shalom, dont l'identité des auteurs reste inconnue pour l'heure, qui s'est terminé par la mort de huit terroristes et de 16 soldats égyptiens (5 août 2012).

5.   Le Hamas tente généralement d'imposer sa politique de retenue aux organisations proches au jihad mondial et aux autres groupes rebelles, mais sans la détermination et la sévérité qui le caractérisent lorsque ses intérêts vitaux sont en jeu. D'un autre côté, il tente de promouvoir ses propres attentats et permet à d'autres organisations terroristes de commettre des attaques semblables de manière anonyme. Cette politique s'exprime notamment en trouvant des voies détournées pour commettre des attentats en Israël via la Péninsule du Sinaï (par des tirs de roquettes, des frappes contre des cibles israéliennes à proximité de la frontière israélo-égyptienne, des infiltrations ou la contrebande d'armes en Israël). Le Hamas et les autres organisations insistent à cacher ce modus vivendi, voire à le nier, afin de ne pas s'exposer à une riposte israélienne et de ne pas compliquer leurs relations avec l'Egypte, notamment après l'élection de Mohamed Morsi à la présidence de l'Egypte).

6.   Ci-après trois annexes :

a.L'attentat du 18 juin à la frontière israélo-égyptienne.

b.   Tawhid al-Jihad dans la bande de Gaza – Portrait.

c.   Tawhid al-Jihad dans la Péninsule du Sinaï – Portrait.