Terrorisme et droits de l’homme : Shawan Jabarin, directeur d’une organisation des droits de l’homme et activiste du FPLP s’est récemment rendu en France dans le cadre d’une campagne anti-israélienne.

Shawan Jabarin : président d'une organisation des droits de l'homme et activiste du FPLP (cosmos.ucc.ie)

Shawan Jabarin : président d'une organisation des droits de l'homme et activiste du FPLP (cosmos.ucc.ie)

Invitation à une conférence organisée à Paris en présence de Shawan Jabarin sous l'égide d'organisations des droits de l'homme et de groupes pro-palestiniens en France  (www.saphirnews.com, 24 janvier 2013)

Invitation à une conférence organisée à Paris en présence de Shawan Jabarin sous l'égide d'organisations des droits de l'homme et de groupes pro-palestiniens en France (www.saphirnews.com, 24 janvier 2013)

: Abu Sami (troisième en partant de la gauche) à la rencontre à Toulouse ; à sa gauche le logo du FPLP (Site Internet Ladepeche.fr, 9 décembre 2012)

: Abu Sami (troisième en partant de la gauche) à la rencontre à Toulouse ; à sa gauche le logo du FPLP (Site Internet Ladepeche.fr, 9 décembre 2012)

Le membre du FPLP, identifié comme étant Omar Shhadeh, le rédacteur de	 l'hebdomadaire de l'organisation Al-Hadaf, tel qu'il apparaît sur le site Internet de l'organisation.

Le membre du FPLP, identifié comme étant Omar Shhadeh, le rédacteur de l'hebdomadaire de l'organisation Al-Hadaf, tel qu'il apparaît sur le site Internet de l'organisation.


Aperçu général

1. Le 1er février 2013, Shawan Jabarin, responsable de l'organisation palestinienne des droits de l'homme Al-Haq (voir l'annexe pour plus de détails) a effectué une visite en France. Il lui était interdit de se rendre à l'étranger depuis plusieurs années. Son voyage s'inscrit dans le cadre d'une campagne anti-israélienne menée par Al-Haq et parrainée par plusieurs organisations françaises des droits de l'homme et groupes pro-palestiniens : la Ligue des droits de l'homme ; la Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen, ONG qui opère en France depuis 1898 ; ACAT France ; l'Association France Palestine Solidarité et Amnesty International. Pendant sa visite, Jabarin a également rencontré des diplomates et des membres du Parlement français (dont l'identité nous est inconnue).

2. Interviewé en arabe par la chaîne de télévision France 24, il a fait référence à plusieurs questions soulevées au cours de ses rencontres en France (France 24, 1er février 2013) : 

a.L'adhésion de la Palestine à la Cour pénale internationale (CPI) – Jabarin a affirmé qu'alors que tout pays européen désireux de rejoindre l'Union européenne est également tenu d'adhérer à la CPI, la Palestine n'est pas autorisée à la rejoindre. Cela signifie selon lui que malgré le fait que les Palestiniens souffrent de la "violation de leurs droits" et de "crimes", la CPI ne peut pas leur fournir de défense. Il a exigé des Français qu'ils soutiennent l'adhésion palestinienne à la CPI, ou du moins ne s'y opposent pas.

b.Le boycott des produits israéliens – Jabarin a affirmé que selon le droit international, les biens fabriqués dans les implantations ne peuvent pas être commercialisés car cela encourage ce qu'il a appelé le "crime des colonies".

c.Les détentions administratives – Jabarin a affirmé que les députés français lui avaient promis de relayer la question des détentions administratives au ministre français des Affaires étrangères afin qu'il puisse faire pression sur Israël et faire libérer les députés palestiniens détenus en Israël.

d.Imposer des sanctions à Israël – Tout processus politique dans lequel la France sera impliquée devra être fondé sur le droit international et non sur le principe de négociations directes. Jabarin a demandé à la France de mettre ses paroles en actes et d'imposer des sanctions à Israël.

Portrait de Shawan Jabarin

3. Shawan Rathab Abdallah Jabarin est né dans le village de Sayeir, dans la région de Hébron, en 1960. Avocat de formation, il a commencé son activité au sein d'Al-Hak en 2006 et en est ensuite devenu le directeur général. Il a été actif au sein du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), l'organisation terroriste fondée par George Habache qui a été impliquée dans le terrorisme international, y compris dans des détournements d'avions et des attentats. Durant ses études à l'Université de Beir Zeit, il était membre du groupuscule estudiantin du FPLP. Il a ensuite été impliqué dans le recrutement d'activistes pour des formations militaro-terroristes à l'extérieur Israël et a étéincarcéré pour cette raison pendant neuf mois en Israël.

4. En Février 2011, Jabarin a été élu membre de l'organisme qui conseille Human Right Watch (l'Observatoire des droits de l'homme)[1]. Il est également membre du conseil d'administration de l'Union des comités de santé (Union of Health Committees), une organisation non gouvernementale qui fournit des services médicaux en Judée-Samarie et à Gaza et œuvre à la création de centres médicaux (selon des informations non vérifiées, cette organisation serait affiliée au FPLP).

5. En 2009, Shawan Jabarin a été interdit de se rendre aux Pays-Bas pour recevoir un prix remis aux personnes ou institutions qui luttent pour la démocratie et contre la discrimination, le racisme et la tyrannie.Jabarin a saisi la Cour suprême à quatre reprises mais toutes ses requêtes ont été rejetées pour des raisons de sécurité. La Cour suprême avait alors fait l'objet d'une attaque de propagande contre Israël de la part de nombreuses organisations des droits de l'homme.En Février 2012, l'interdiction a été temporairement levée et Jabarin a été autorisé à se rendre à Genève pour assister à une réunion spéciale de l'ONU (Site Internet HRW, 2 mars 2012).

6. Ci-après des extraits de l'arrêt de la Cour suprême (1520/09, 10 mars 2009) relatifs à la "double casquette" de Jabarin comme terroriste et responsable d'une organisation qui se prétend des droits de l'homme :

a. "Ce n'est pas la première fois que le requérant dépose une requête concernant sa volonté de quitter le pays. Dans le cadre des précédentes requêtes, la Cour suprême a étudié, comme nous l'avons fait aujourd'hui, des informations classées présentées par les autorités sécuritaires. Tous les précédents appels ont été rejetés. Le 6 juin 2007, la Cour a conclu que "le requérant est apparemment Dr. Jekyll et M. Hyde, une partie de son temps consiste à diriger une organisation des droits de l'homme et l'autre à militer au sein d'une organisation qui n'a aucun scrupule à assassiner et à tenter d'assassiner, qui n'a aucun rapport avec les droits, bien au contraire, qui rejette le droit le plus fondamental de tous, sans lequel il n'y a pas d'autres droits, à savoir le droit à la vie …" Le 7 juillet 2008, la Cour a jugé qu'il "existe des données fiables selon lesquelles le requérant est un responsable de l'organisation terroriste du Front Populaire."

b. "Aujourd'hui, le requérant demande à nouveau à quitter le pays dans le but de
recevoir un prix décerné par une organisation située en Hollande. Son représentant nous a demandé dans notre décision de prendre en considération la nécessité de parvenir à un juste équilibre entre les préoccupations exprimées par les autorités sécuritaires – et sur lesquelles le représentant du requérant n'a pas suffisamment d'information en raison de l'impunité protégeant des éléments factuels – et le droit fondamental du requérant à la liberté de mouvement. La position globale des autorités sécuritaires est selon le requérant une violation du droit international humanitaire et du droit international des droits de l'homme. Le requérant affirme que ce qui doit être pris en considération est la liberté de circulation dont les défenseurs des droits de l'homme devraient être autorisés à profiter.

c. "… A cette fin, nous nous sommes réunis à deux reprises, et à chaque réunion, nous avons tenu des débats approfondis et avons examiné la possibilité de fournir une réponse immédiate aux contraintes de sécurité. Nous avons constaté que le matériel témoignant de l'implication du requérant dans les activités de groupes terroristes est authentique et fiable. En outre, du matériel supplémentaire négatif à l'égard du requérant s'est rajouté après le rejet de son précédent appel. Cette fondation négative confirme la position des autorités sécuritaires, selon laquelle le fait que le requérant est empêché de quitter le pays n'est pas une punition de son activité interdite mais plutôt le résultat de considérations sécuritaires pertinentes. Ainsi, la Cour n'a pas trouvé le moyen d'intervenir dans la décision donnée de ne pas permettre au requérant de quitter le pays".

Implication des membres du FPLP dans des activités politiques, juridiques et humanitaires

7. Le FPLP est une organisation terroriste notoire qui a été impliquée dans le détournement d'avions et dans des attaques terroristes. L'organisation entretient des liens avec des groupes extrémistes dans le monde entier et prône une idéologie marxiste-léniniste mêlée de nationalisme palestinien. Le FPLP est désigné comme une organisme terroriste par les États-Unis et l'Union européenne. Ces dernières années, ses militants se sont impliqués dans les organisations palestiniennes de défense des droits de l'homme en Judée-Samarie et dans la bande de Gaza, et ils participent également à la campagne de délégitimation d'Israël, y compris à la lutte juridique anti-israélienne.

8. En plus de la visite de Jabarin en France, un autre militant du FPLP a visité le pays en Décembre 2012, à l'invitation d'EuroPalestine.[2]L'activiste, surnommé Abu Sami, a été présenté comme un membre important du FPLP chargé de l'édition de l'organe de presse du mouvement Al-Hadaf à Ramallah. Selon un examen du Centre Meir Amit, Abu Sami n'est autre qu'Omar Shhadeh, qui vit à Ramallah et est un membre du bureau politique du FPLP qui édite sa revue. L'examen a également révélé que le 12 décembre 2012, Omar Shhadeh a participé à un rassemblement organisé à Paris à l'occasion du 45ème anniversaire de la fondation du FPLP. Dans son allocation, il a appelé à étendre la campagne BDS contre Israël et à faire juger les responsables israéliens dans des cours internationales (Dunia al-Watan, 12 décembre 2012)[3].

Implication des membres du FPLP dans des activités politiques, juridiques et humanitaires
Gauche: Le membre du FPLP, identifié comme étant Omar Shhadeh, le rédacteur de l'hebdomadaire de l'organisation Al-Hadaf, tel qu'il apparaît sur le site Internet de l'organisation.
Droite: Abu Sami (troisième en partant de la gauche) à la rencontre à Toulouse ; à sa gauche lelogo du FPLP (Site Internet Ladepeche.fr, 9 décembre 2012)

9. Une délégation de militants de la campagne "Bienvenue en Palestine" d'EuroPalestine est entrée dans la bande de Gaza par le terminal de Rafah le 27 décembre 2012. Selon les membres de la délégation, dont l'arrivée visait à coïncider avec le quatrième anniversaire de l'Opération Plomb Durci, leur visite avait pour objectif de "briser le siège illégal de la bande de Gaza". La visite a duré cinq jours. Avant leur départ pour la bande de Gaza, ils ont milité dans plusieurs villes de France, notamment pour recueillir des dons et des contributions pour les habitants de Gaza. Dans le cadre de la campagne, des dizaines de lettres ont été envoyées au Président français Hollande exigeant l'imposition de sanctions contre Israël (Site Internet EuroPalestine, 17 décembre 2012).

10. La délégation, dirigée par Olivia Zemor, a organisé une manifestation près de la barrière frontalière (gardant profil bas et sans provocation), et a promis de promouvoir l'agenda politique du Hamas auprès de l'opinion publique française et des instances juridiques françaises et internationales. La délégation était accompagnée d'autres réseaux impliqués dans la campagne de délégitimation d'Israël, dont neuf membres  du réseau anti-israélien Freedom Flotilla Italia, qui est actif dans le projet d'envoyer des flottilles dans la bande de Gaza.

11. Les militants du réseau ont été reçus dans la bande de Gaza par des responsables de l'administration de facto du Hamas. Ils ont également rencontré de hauts responsables du FPLP et des représentants d'autres organisations terroristes. Selon nous, ces réunions n'ont été pas aléatoires, mais étaient plutôt une nouvelle manifestation des liens qui les unissent. 

[1] La nomination de Shawan Jabarin au comité consultatif du HRW a été l'objet de critiques, y compris au sein de l'organisation elle-même. Mais HRW a affirmé que Jabarin menait un "travail important pour la paix" (thedailybeast.com, 15 février 2011).
[2] EuroPalestine est une organisation anti-israélienne française dirigée par Olivia Zemor, une militante juive française affiliée à l'extrême-gauche. L'organisation a été à l'origine de deux tentatives de faire venir des activistes anti-israéliens à l'aéroport Ben Gourion (Juillet 2011, Avril 2012) et d'une tentative de les faire entrer en Israël via le pont Allenby (Août 2012).
[3] A ce sujet, voir notre article du 31 décembre 2012 intitulé "Un convoi de l'organisation française anti- israélienne EuroPalestine, qui participe à la campagne de délégitimation d'Israël, est entré dans la bande de Gaza par le terminal de Rafah. Ses membres ont été accueillis par l'administration de facto du Hamas, ont manifesté à la frontière et se sont engagés à promouvoir la propagande du Hamas en France et dans les instances juridiques françaises et internationales", à l'adresse http://www.terrorism-info.org.il/Data/articles/Art_20457/f_277_12_1928204519.pdf