Nouvelles du terrorisme et du conflit israélo-palestinien (20-26 février 2013)

Premier tir depuis l'Opération Pilier de Défense

• Dans la matinée du 26 février 2013, une roquette a été identifiée au Sud d'Ashqelon. Des débris de l'engin ont été trouvés sur une route dans une zone inhabitée. Il n'y avait aucun blessé et aucun dégât n'a été signalé. Il s'ait de la première roquette tirée de la bande de Gaza depuis le 21 novembre 2012, la fin de l'Opération Pilier de Défense. 

Evénements de soutien avec les détenus

Aperçu général

• Au cours de la semaine écoulée, les Palestiniens ont continué à organiser des émeutes en Judée-Samarie en preuve de solidarité avec les détenus observant la grève de la faim dans les prisons israéliennes, conduisant à des affrontements avec les forces de sécurité israéliennes. Les émeutes ont pris de l'ampleur après la mort d'Arafat Jaradat dans la prison de Megiddo. Les émeutes ont continué tout au long de la semaine, avec un pic au cours  des funérailles de Jaradat dans son village, près de Hébron.
• Pendant les émeutes, les Palestiniens ont confronté les forces de sécurité israéliennes dans toute la Judée-Samarie. Des Palestiniens ont été blessés, la plupart d'entre eux après avoir inhalé du gaz lacrymogène. Des manifestations ont eu lieu dans la bande de Gaza. Les responsables de l'Autorité Palestinienne en Judée-Samarie et de l'administration de facto du Hamas dans la bande de Gaza travaillent à maintenir la question des prisonniers à l'ordre du jour palestinien. Toutefois, dans l'AP, les événements sont contenus et jusqu'à présent n'ont pas échappé au contrôle.^[3]
• En dépit des tentatives de l'AP de contenir la situation, les déclarations de ses responsables ne servent qu'à enflammer les émotions et à garder la question des détenus palestiniens à l'ordre du jour palestinien (sur fond de la visite prochaine du Président américain). Ainsi, Mahmoud Abbas a accusé Israël de la mort d'Arafat Jaradat et l'accusé d'avoir utilisé des balles réelles pour tuer des enfants (malgré le fait que les résultats de l'autopsie de Jaradat se sont révélés peu concluants et n'ont pas déterminé la cause du décès).
• Suite aux émeutes, Israël a exigé que l'AP calme la situation. Le message a été transmis par Yitzhak Molcho, l'envoyé personnel du Premier ministre israélien. En outre, Netanyahu a ordonné de transférer à l'AP l'argent des taxes de Janvier 2013 afin d'empêcher un nouveau prétexte d'émeute (Ynet, 24 février 2013).

Principaux événements

• Ci-après les principaux événements quotidiens :

• Jeudi 21 février 2013- Des émeutes et des affrontements ont opposé les forces israéliennes de sécurité et les Palestiniens au barrage de Betunia près de la prison Ofer, où l'on estime que 1000 Palestiniens ont tenté de s'approcher de l'établissement. Les Palestiniens ont également déclenché des émeutes à Jérusalem Est, Hébron, Jénine et Tulkarem. Plusieurs Palestiniens et deux journalistes israéliens ont été blessés. Des dizaines d'habitants de Gaza ont participé à des rassemblements de solidarité dans toute la bande de Gaza (Ynet, agences de presse Ma'an et Wafa, 21 février 2013). 
• Vendredi 22 février 2013 – Des émeutes coordonnées ont eu lieu dans les principales villes de Judée-Samarie après la prière du vendredi dans les mosquées. Des dizaines de jeunes Palestiniens ont lancé des pierres et des cocktails Molotov sur les forces de sécurité israélienne. Une manifestation de masse a eu lieu rue Shuhadaa à Hébron. Des dizaines de jeunes Palestiniens ont brûlé des pneus et lancé des pierres sur le barrage de Betunia près de la prison d'Ofer. Des émeutes ont également eu lieu à Naplouse et à Tulkarem. Après la prière du vendredi, les Palestiniens sur le Mont du Temple ont lancé des pierres sur les forces de sécurité israéliennes à l'entrée de la Porte des Maghrébins. En réponse, les forces de sécurité israéliennes ont fait irruption sur la place en face de la mosquée Al-Aqsa afin de rétablir le calme (Ynet, 22 février 2013).
• Samedi 23 février 2013- Arafat Jaradat, un Palestinien qui n'était pas en grève de la faim, est mort à la prison de Megiddo (Nord d'Israël). Jaradat, 29 ans, avait été arrêté la semaine précédente pour avoir lancé des pierres sur un civil israélien au cours de l'Opération Pilier de Défense. En outre, dans une confrontation violente entre Palestiniens et résidents israéliens de Shilo et Esh Kodesh près du village de Qassra (Sud de Naplouse), au moins deux Palestiniens ont été grièvement blessés. Des sources de Tsahal ont indiqué que l'examen montrait qu'aucun soldat israélien n'avait tiré à balles réelles. Les Palestiniens affirment que les résidents israéliens des implantations ont tiré à balles réelles (Ynet, 23 février 2013).
• Lundi 24 février 2013– Quelque 4.500 prisonniers palestiniens détenus dans des prisons israéliennes ont entamé une grève de la faim pour protester contre la mort d'Arafat Jaradat. En Judée-Samarie, des centaines de Palestiniens se sont révoltés à l'entrée du village de Sair (Nord de Hébron), d'où Jaradat était originaire. Des manifestations ont également eu lieu dans la bande de Gaza en solidarité avec les prisonniers (Ynet, 24 février 2013).

Gauche : Jeunes palestiniens brûlant des pneus et lançant des pierres sur les forces israéliennes de sécurité près du barrage de Hawara au Sud de Naplouse. Droite : Emeutiers palestiniens opposés aux forces de sécurité israélienne au barrage de Jalame au Nord de la Samarie (Agence de presse Wafa, 24 février 2013)

• Lundi25 février 2013– Les émeutes se sont focalisées sur l'enterrement de Jaradat organisé par l'Autorité Palestinienne dans le village de Sair dans la région de Hébron, en présence de près de10 000 Palestiniens. Jaradat a été enterré avec tous les honneurs militaires, et des responsables du Fatah étaient présents. Pendant l'enterrement, des affrontements ont opposé Palestiniens et forces de sécurité israéliennes. Un jeune Palestinien a été blessé dans une émeute qui a éclaté dans le camp de réfugiés d'Al-Ayda à Bethléem au cours de l'après-midi.

Conclusions de l'autopsie

• Le 24 février, un pathologiste israélien a pratiqué une autopsie sur le corps d'Arafat Jaradat, en présence d'un pathologiste palestinien Dr. Saber Alaloul. Selon un rapport publié par le ministre israélien de la Santé, aucun signe de  traumatisme externe n'a été trouvé sur le corps en dehors de ceux relatifs aux tentatives de réanimation et d'un hématome sur la joue droite. Par ailleurs, aucun signe de maladie n'a été trouvé lors de l'autopsie. Deux hémorragies internes ont été détectées, l'une sur l'épaule et l'autre sur le côté droit de la poitrine, ainsi que deux côtes cassées, ce qui pourrait témoigner des tentatives de réanimation. A ce stade, selon le rapport, "il est impossible de décréter la raison de la mort sans le rapport complet de l'autopsie" (Porte-parole du ministère israélien de la Santé, 24 février 2013).

Réactions de l'AP et du Fatah

• Les responsables de l'AP et du Hamas ont été prompts à blâmer le gouvernement d'Israël pour la mort d'Arafat Jaradat, affirmant que les conclusions de l'autopsie prouvent que sa mort est due à des actes de torture (en dépit du fait que jusqu'à présent, l'autopsie n'a pas révélé la cause du décès). Issa Qaraqa, le ministre palestinien des Affaires des prisonniers, a affirmé que les premiers résultats indiquaient qu'Arafat Jaradat avait été torturé et que sa mort était un meurtre de sang-froid et devait être considérée comme un crime de guerre. Il a ajouté que les consultations étaient en cours afin de prendre des mesures juridiques auprès des instances internationales (Al-Ayam, Radio Voix de la Palestine, 25 février 2013).
• Le 25 février 2013, Mahmoud Abbas a rencontré dans son bureau à Ramallah le ministre palestinien de l'Intérieur et les chefs des services de sécurité afin de discuter de la situation résultant des émeutes. Mahmoud Abbas a demandé aux participants de préserver la sécurité, les intérêts du peuple palestinien et la santé et la sécurité des Palestiniens. Il a affirmé que "c'est la politique israélienne de créer des tensions et d'attirer la région dans l'anarchie" (Al-Hayat Al-Jadeeda, 26 février 2013).
• Ci-après les principales déclarations des responsables de l'AP et du Fatah :

• A Ramallah, Mahmoud Abbas a sévèrement critiqué Israël, qu'il a accusé d'être responsable de la mort d'Arafat Jaradat. Il a ajouté qu'Israël nuisait aux enfants et leur tirait dessus à balles réelles et devait endosser la responsabilité de ses actes (Agence de presse Wafa, 25 février 2013). Dans un message de condoléances adressé aux membres de la famille Jaradat, Mahmoud Abbas a condamné l'événement et a critiqué le traitement par Israël des Palestiniens détenus dans ses prisons. Il a promis de prendre des mesures à l'ONU au sujet des prisonniers, ainsi qu'auprès des organisations des droits de l'homme et de la communauté internationale afin de leur fournir la protection qu'ils méritent (Agence de presse Wafa, 25 février 2013).
• Jibril Rajoub, membre du comité central du Fatah, a déclaré qu'Israël portait la responsabilité de la mort d'Arafat Jaradat. Il a ajouté que les Palestiniens poursuivraient leur "résistance populaire" et toutes les formes de protestation, et feraient appel à toutes les organisations internationales (Radio Voix de la Palestine, 24 février 2013).
• Issam al-Ahmed, membre du comité central du Fatah, a déclaré que l'AP avait l'intention de faire appel au Conseil de sécurité de l'ONU pour une délibération sur les prisonniers palestiniens détenus en Israël. Il a ajouté que la direction palestinienne soutenait la "résistance[populaire]" et aidait à l'organiser et à l'étendre. Il a également affirmé que les Palestiniens menaient une lutte frontale contre "l'occupation" israélienne et ses institutions militaires, et qu'ils avaient décidé à l'unanimité une escalade de la "résistance populaire" (Agence de presse Ma'an, 25 février 2013).

Réactions dans la bande de Gaza

• Les responsables du Hamas et des autres organisations terroristes dans la bande de Gaza ont déclaré que si l'un des prisonniers en grève de la faim mourrait, il y aurait une escalade militaire et les organisations augmenterait les tirs de roquettes en territoire israélien (Agence de presse Ma'an, 21 février 2013). Ils ont également menacé d'enlever des soldats israéliens.
• Ci-après les principales déclarations :

• Ismail Haniya, le chef de l'administrationde facto du Hamas, a appelé les branches armées des diverses organisations de la bande de Gaza à enlever des soldats israéliens. Il a affirmé que ceux qui avaient enlevé Gilad Shalit et procédé à l'échange de prisonniers étaient capables d'effectuer la libération de autres prisonniers (Agence de presse Ma'an, 25 février 2013).
• Salah al-Bardawil, haut responsable du Hamas, a déclaré, au sujet de Gilad Shalit, que le Hamas avait enlevé des dizaines de soldats israéliens et que l'enlèvement le plus récent avait été couronné de succès et avait conduit à la libération de 1048 prisonniers en échange d'un soldat (Palestine online, 23 février 2013). A une autre occasion, il a appelé les Palestiniens à entamer la troisième Intifada. Il condamné la coordination sécuritaire entre Israël et l'AP et a appelé les branches armées des organisations palestiniennes à agir pour libérer tous les prisonniers détenus dans les prisons israéliennes (Agence de presse Safa, 25 février 2013).
• Khader Habib, haut responsable du Jihad Islamique Palestinien, a déclaré que la politique de négligence médicale et d'ignorance des revendications des prisonniers palestiniens illustrait la gravité des actes criminels d'Israël. Il a déclaré que l'aggravation des conditions des prisonniers conduirait à "une escalade militaire immédiate" (Palestine online, 23 février 2013).

De la page Facebook du Hamas en Judée-Samarie : "L'Intifada des prisonniers... notre troisième Intifada" (26 février 2013)

Lutte pour l'affiliation de Jaradat

• La mort d'Arafat Jaradat a conduit à une bataille médiatique entre le Fatah et le Hamas pour son affiliation à une organisation. Des photos de Jaradat avec le logo du Hamas ont été publiées sur la page Facebook Ajnad du Hamas en Judée-Samarie (Page Facebook Ajnad, 25 février 2013). Le Fatah a également publié sa photo sur ses sites affiliés, avec une annonce de décès officielle (Fatah Al-Yawm, 25 février 2013). La plupart des médias palestiniens ont annoncé qu'Arafat Jaradat était affilié aux Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa, la branche armée du Fatah.

Gauche : Annonce de la mort de Jaradat par le Fatah au Sud de la Judée-Samarie (Fatah Al-Yawm, 25 février 2013). Droite : L'avis de décès officiel publié par le Hamas (Page Facebook Ajnad, 25 février 2013)

Rénovation du terminal de Rafah

• Maher Abou Sabha, le directeur général de l'autorité de terminaux de l'administration de facto du Hamas, a déclaré que dans les prochains jours, la deuxième étape de la rénovation du terminal de Rafah, estimée à un coût de 1.800.000 $, allait commencer. La Banque islamique de développement fournira la plupart des fonds pour le projet. Il a ajouté qu'une salle d'attente pour les voyageurs allait être construite ainsi qu'une cafétéria et une salle d'attente pour les VIP, et que l'éclairage serait amélioré (Site Internet Alresala.net, 23 février 2013).

Poursuite de la destruction des tunnels

• L'Egypte poursuit ses tentatives de détruire des tunnelsdans la région de Rafah. Selon les rapports, des soldats du génie de l'armée égyptienne en collaboration avec les gardes-frontières égyptiens ont détruit 200 tunnels, la plupart dans la région de Rafah. La plupart des galeries ont été inondées (Al-Masri Al-Youm, 23 février 2013).
• Les Gazaouites ont exprimé leur inquiétude quant à l'influence de l'activité de l'armée égyptienne sur l'économie de Gaza, et la possibilité d'une hausse des prix (Al-Istiqlal, 26 février 2013). L'administration de facto  du Hamas, préoccupée par les événements, suit les déclarations de l'Egypte à propos de la fermeture des tunnels (Agence de presse Ma'an, 25 février 2013). Le ministère de l'Intérieur du Hamas a publié un avis indiquant que la frontière avec l'Egypte était sûre et que "l'industrie des tunnels" était dans une situation exceptionnelle en raison du "siège" de la bande de Gaza. L'annonce a également précisé que les tunnels sont entièrement supervisés et sous contrôle (Ministère de l'Intérieur du Hamas, 25 février 2013).

Activités de l'armée égyptienne le long de la frontière entre l'Egypte et Gaza, y compris la localisation et l'inondation des tunnels du côté égyptien de Rafah (Filastin Al-'An, 19 février 2013)

L'appel des meurtriers du journaliste italien accepté

• Le tribunal militaire de la bande de Gaza a accepté l'appel des deux assassins du journaliste italien Vittorio Arrigoni, et a réduit leur peine de prison à vie à 15 ans de détention. Dans son appel, Muhammed Zaqut, l'avocat des assassins, a affirmé qu'ils devaient être reconnus coupables d'enlèvement et non pas d'assassinat. En réponse à la réduction de leur peine de 15 ans, il a déclaré qu'elle aurait du être réduite à dix ans (Agence France Presse, 19 février 2013). Quatre organisations palestiniennes des droits de l'homme opérant dans la bande de Gaza ont appelé la cour à rendre publiques, le plus rapidement possible, les raisons de la réduction de peine des meurtriers (Agence de Nouvelles Ma'an, 20 février 2013).
• Les deux ont été accusés d'avoir enlevé et tué Vittorio Arrigoni, militant italien du Mouvement International de Solidarité (ISM), une organisation qui a joué un rôle important dans la campagne de délégitimation d'Israël. Il a été enlevé le 15 avril 2011 par un réseau islamiste extrémiste appelé Al-Tawhid wal-Jihad, affilié au jihad mondial. En échange de sa libération, le groupe a demandé la libération de deux de ses chefs qui étaient détenus par les forces de sécurité du Hamas. Le corps de Vittorio Arrigoni a été retrouvé quelques heures après son enlèvement.

Les écoliers de Gaza formés au tir

• Le site Internet affilié au Hamas Filastin al-'An a publié des photos de membres du Bloc Islamique du Hamas (cellules étudiantes du Hamas dans les universités)formant des écoliers de Gaza au tir d'élite avec des fusils de chasse (Filastin Al-'An, 21 février 2013). Le Hamas a récemment augmenté ses activités militaires et de propagande au sein de la jeunesse de Gaza pour favoriser la voie du terrorisme anti-israélien au sein de la prochaine génération. Dans le cadre de ce projet, le Hamas a mis en place des camps d'entraînement semi-militaire pour enfants. ^[4]