La menace terroriste iranienne : Les renseignements américains ne mentionnent pas l’Iran et le Hezbollah, autrefois présentés comme une source majeure de terrorisme régional et international, dans leur évaluation des menaces terroristes de 2015.


Evaluation des menaces  des renseignements américains pour 2015 : L'Iran et le Hezbollah ne figurent pas sur la liste des menaces terroristes.
Evaluation des menaces  des renseignements américains pour 2015 : L'Iran et le Hezbollah ne figurent pas sur la liste des menaces terroristes.

Aperçu général

1. Le 26 février 2015, le directeur du Renseignement national américain (Director of National Intelligence – DNI) James R. Clapper a présenté aux membres du comité des renseignements du Sénat l'évaluation annuelle des menaces mondiales des services de renseignement américains pour 2015.

2. L'évaluation des menaces pour 2015 a été présentée à un moment où les Etats-Unis dirigent une coalition internationale qui mène une campagne contre l'Etat islamique en Syrie et en Irak. En effet, selon l'évaluation des menaces pour 2015, l'accent est clairement mis sur la campagne américaine contre le terrorisme jihadiste sunnite (dont les représentants les plus importants sont l'Etat islamique et Al-Qaïda). Inversement, la DNI ne fait pas référence à la menace du terrorisme chiite, y compris aux défis du terrorisme posés par l'Iran et le Hezbollah. Dans ce contexte, il n'est pas fait mention du Hezbollah (à l'exception d'une seule référence, indiquant qu'il soutient l'armée libanaise contre la "fuite" du terrorisme sunnite de Syrie). L'Iran est mentionné dans d'autres contextes comme un pays qui constitue un défi important et diversifié (cyber, espionnage, contrôle des armements) tout en étant engagé dans son programme nucléaire.

3. L'absence de références à la menace terroriste iranienne et chiite contredit les publications des agences gouvernementales américaines (la communauté du renseignement et le Département d'Etat) de 2014, selon lesquelles l'Iran et le Hezbollah continuent de directement menacer les intérêts des alliés des États-Unis et que le Hezbollah a augmenté son activité terroriste mondiale au cours des dernières années à un niveau jamais vu depuis les années 1990 (Voir Annexe A).

4. Selon le Centre Meir Amit, l'absence de référence à la menace terroriste chiite, et à l'Iran et au Hezbollah comme ses générateurs principaux, n'est pas accidentelle. Le Centre Meir Amit estime que cela est dû à une combinaison de considérations politiques (le dialogue entre les Etats-Unis et l'Iran sur l'accord nucléaire) et de l'idée que l'Iran et le Hezbollah pourraient fournir leur assistance dans la campagne contre l'Etat islamique en Syrie et en Irak, voire également dans d'autres pays (l'Iran est mentionné comme faisant face à l'Etat islamique comme les Etats-Unis et les pays occidentaux et arabes). Dans ces circonstances, les États-Unis préfèrent minimiser l'utilisation par l'Iran de "l'arme terroriste" (y compris le soutien massif qu'il fournit au Hezbollah et l'utilisation de ce dernier pour faire avancer ses objectifs stratégiques face à Israël et dans toute la région).

5. Il convient de noter que, contrairement à l'examen du directeur de la DNI, la Force Qods et le Hezbollah figurent sur la liste des menaces terroristesde l'Agence du renseignement de la défense (Defense Intelligence Agency –DIA), même si la référence dans le rapport apparaît en termes plutôt faibles. Dans la liste des menaces globales[1] présentée au Congrès par le Directeur de la DIA Vincent R. Stewart (3 février 2015), l'Iran et le Hezbollah sont mentionnés sur la liste des menaces terroristes. Le chapitre "Terrorisme" est consacré essentiellement à Al-Qaïda et à l'Etat islamique, tandis que l'Iran et le Hezbollah sont mentionnés laconiquement :

"La Force Qods du Corps des Gardiens de la révolution islamique et le Hezbollah libanais sont des instruments de la politique étrangère de l'Iran et de sa capacité à projeter sa puissance en Irak, en Syrie, et au-delà. Le Hezbollah continue à soutenir le régime du Président syrien Assad, les militants pro-régime et les militants chiites irakiens en Syrie … "

6. En pratique, l'Iran reste un pays qui parraine le terrorisme et qui considère le terrorisme et la subversion comme un outil central pour la promotion de sa politique et de ses intérêts au Moyen-Orient. Le régime iranien, par le biais de la Force Qods, une unité d'élite des Gardiens de la révolution, alloue des ressources considérables sous la forme d'argent, de main-d'œuvre qualifiée et de matériel militaire aux organisations terroristes au Moyen-Orient, dont la plus importante est le Hezbollah libanais. L'expérience prouve que les actes de terrorisme et de subversion promus par l'Iran ne se limitent pas au Moyen-Orient, mais sont commis dans de nombreux pays. Selon le Centre Meir Amit, le développement de la confiance en soi de l'Iran, en particulier s'il estime avoir accompli des réalisations avec les États-Unis dans les négociations sur son programme nucléaire, est susceptible d'augmenter la portée de son soutien au terrorisme et son utilisation audacieuse du terrorisme et de la subversion au Moyen-Orient et dans le monde.

[1]Worldwide Threat Assessment, site Internet de la DIA, 3 février 2015.