Pleins feux sur le jihad mondial (19-25 novembre 2015)

Pleins feux sur le jihad mondial

Pleins feux sur le jihad mondial

Abu Al-Ayyub Manbiji, le terroriste suicide qui s'est fait exploser avec un camion piégé  (dabiqnews.com, 21 novembre 2015)

Abu Al-Ayyub Manbiji, le terroriste suicide qui s'est fait exploser avec un camion piégé (dabiqnews.com, 21 novembre 2015)

L'usine de gaz de Jabsa (Youtube)

L'usine de gaz de Jabsa (Youtube)

En haut à droite : Un membre de l'Etat islamique tire un obus de mortier sur les forces de l'armée syrienne dans la zone de Mheen. En haut à gauche : Un membre de l'organisation  tire sur l'armée syrienne dans la région de Mheen, avec un fusil d'artillerie monté sur une jeep. En bas à droite : Un tank de l'Etat islamique tire sur les forces de l'armée syrienne dans la région de Mheen. En bas à gauche : Un véhicule BMP de l'armée syrienne touché par des tirs de l'Etat islamique dans la région de Mheen (Site Internet muslims-news.net, 19 novembre 2015)

En haut à droite : Un membre de l'Etat islamique tire un obus de mortier sur les forces de l'armée syrienne dans la zone de Mheen. En haut à gauche : Un membre de l'organisation tire sur l'armée syrienne dans la région de Mheen, avec un fusil d'artillerie monté sur une jeep. En bas à droite : Un tank de l'Etat islamique tire sur les forces de l'armée syrienne dans la région de Mheen. En bas à gauche : Un véhicule BMP de l'armée syrienne touché par des tirs de l'Etat islamique dans la région de Mheen (Site Internet muslims-news.net, 19 novembre 2015)

Trois militants de la Brigade Shuhada Al-Yarmouk ayant répondu à l'ultimatum de l'Armée Al-Fatah (Compte Twitter de l'Armée Al-Fatah, 18 novembre 2015)

Trois militants de la Brigade Shuhada Al-Yarmouk ayant répondu à l'ultimatum de l'Armée Al-Fatah (Compte Twitter de l'Armée Al-Fatah, 18 novembre 2015)

L'ultimatum de l'Armée Al-Fatah aux membres de la Brigade Shuhada Al-Yarmouk.

L'ultimatum de l'Armée Al-Fatah aux membres de la Brigade Shuhada Al-Yarmouk.

Abdelhamid Abaaoud avec un drapeau de l'Etat islamique en Syrie (Dabiq, n°7, Février 2015)

Abdelhamid Abaaoud avec un drapeau de l'Etat islamique en Syrie (Dabiq, n°7, Février 2015)

Salah Abdeslam, le huitième terroriste de Paris (Compte Twitter de la Police française, 15 novembre 2015)

Salah Abdeslam, le huitième terroriste de Paris (Compte Twitter de la Police française, 15 novembre 2015)

La cannette piégée déposée dans l'avion de ligne russe (Dabiq, 18 novembre 2015)

La cannette piégée déposée dans l'avion de ligne russe (Dabiq, 18 novembre 2015)

Ismail Harzallah, le terroriste du Hamas qui a rejoint l'Etat islamique (Page Facebook Al Fajar Al-Jadeed, 17 novembre 2015)

Ismail Harzallah, le terroriste du Hamas qui a rejoint l'Etat islamique (Page Facebook Al Fajar Al-Jadeed, 17 novembre 2015)

Camp d'entraînement de l'Etat islamique à Nangarhar (Compte Twitter de l'Etat islamique)

Camp d'entraînement de l'Etat islamique à Nangarhar (Compte Twitter de l'Etat islamique)

Membres de l'Etat islamique menaçant de nouveaux attentats en Europe et aux États-Unis (Site Muslims-news.net, 19 novembre 2015)

Membres de l'Etat islamique menaçant de nouveaux attentats en Europe et aux États-Unis (Site Muslims-news.net, 19 novembre 2015)


Principaux points

  • Après les attentats terroristesde Paris, les forces de sécurité françaises et belges ont mené une intense activité sécuritaire (conduisant à la paralysie de la ville de Bruxelles) à la recherche du membre de l'Etat islamique d'origine belge qui a réussi à s'échapper et d'autres membres de l'organisation impliqués dans les attaques. L'Etat islamique a lancé une campagne médiatiquemenaçant depoursuivre et même d'intensifier les attaques terroristes contre la France, l'Europe en général et les États-Unis.
  • Sur le terrain, les appareils américains, russes et français ont lancé des frappes contre des cibles de l'Etat islamique,visant principalement les infrastructures pétrolières (champs de pétrole, installations de production, citernes) qui sont la principalesource de revenus de l'Etat islamique. La coordination internationale des pays participant à la lutte contre l'Etat islamique, qui semblait récemment avoir fait des progrès, a subi un reversavec l'interception d'un avion russe par la Turquie, qui avait selon elle envahi son territoire (ce que les Russes dénient). Le crash de l'avion illustre clairement le potentiel d'imbroglioexistant en Syrie, arène où se déroulent des opérations aériennes de nombreux pays aux intérêts différents.

 

La campagne internationale contre l'Etat islamique

Frappes des Etats-Unis et des pays de la coalition
  • Cette semaine, les forces américaines et les pays de la coalition ont poursuivi leurs frappes aériennes contre des objectifs de l'Etat islamique. Pendant la semaine, quelques dizaines de raids aériens ont été effectués au moyen d'avions de chasse, d'avions de combat et de drones. Ci-après les principales attaques (Site Internet du Département américain de la Défense, 19 novembre 2015) :
  • Syrie– Les frappes aériennes ont été concentrées dans les zones d'Al-Raqqah, Abu Kamal, et Deir Al-Zor. Les frappes aériennes ont ciblé des membres de l'Etat islamique, des bâtiments, des positions de tir, des positions d'artillerie et des sites de vente de pétrole et de ses dérivés.
  • Irak – Les frappes aériennes ont été concentrées dans les zones de Kirkouk, Kisik (Ouest de Mossoul), Mossoul, Ramadi, Sinjar, Sultan Abdallah (Sud de Mossoul). Les frappes aériennes ont ciblé des armes, des positions d'artillerie, des membres de l'Etat islamique, des positions de combats et des routes utilisées par l'organisation.
Destruction des infrastructures pétrolières
  • La semaine a été marquée par des frappes aériennes des États-Unis, des pays de la coalition et de la Russie sur l'infrastructure pétrolièrede l'Etat islamique, y compris les sites de production de pétrole et les camions citernes qui distribuent le pétrole aux différents consommateurs Les attaques visaient àporter atteinte aux importants revenus de l'organisation découlant du pétrole et de ses dérivés, l'une de ses principales sources de revenus :
  • Le 20 novembre 2015, des avions américains et russes ont attaqué et détruit 500 camions citernes de l'Etat islamique qui étaient en route du désert au Nord-Est de la Syrie vers l'Irak. En outre, des avions russes ont lancé des missiles air-sol contre des installations pétrolières de l'Etat islamique dans les provinces d'Idlib et d'Alep. L'armée américaine a rapporté que lors d'attaques dans la région de Dir Alzor et de Hasakah, 283 pétroliers utilisés par l'Etat islamique pour transférer du pétrole des champs de pétrole à l'Est de la Syrie aux points de contrebande ont été détruits (AP, 23 novembre 2015).
  • La Russie a annoncé que ses avions de combat ont détruit15 installations pétrolières et attaqué plus d'un millier de camions citernes qui transportaient du pétrole. Selon les estimations, après ces frappes, les capacités de production de pétrole de l'Etat islamique ont subi un revers significatif, provoquant une réduction significative de ses revenus (TASS, 20 novembre 2015). Les médias syriens ont rapporté que dans une attaque des avions russes le 23 novembre 2015, six réservoirs de pétrole ont été touchés à Al-Raqqah (Damas Al-Aan, 23 novembre 2015).
  • L'Etat islamique a réussi à prendre le contrôle de la plupart des champs de pétrole et de gaz en Syrie et de quelques champs de pétrole en Irak, devenant ainsi la plus riche organisation terroriste du monde. Les bénéfices tirés de la vente de produits pétroliers ont été estimés dans le passé à plusieurs millions de dollars par jour et sont sa principale source de revenus. Au cours de l'année écoulée, les installations pétrolières et les camions citernes ont été lacible de frappes aériennes américaines, et selon les rapports, les Américains ont porté atteinte de manière significative aux revenus de l'organisation. Mais avec le recul, il semble que ces rapports étaient trop optimistes et que les recettes des produits pétroliers n'ont pas, jusqu'à récemment, diminué de manière significative.[1] Il faut à présent examiner l'impact des récentes frappes américaines et russes sur les infrastructures pétrolières et les ventes de l'Etat islamique.
  • Selon le journal libanaisAl-Akhbar, en raison d'attaques sur les sites de production et de transport de pétrole, l'Etat islamique serait en crise. Cela se traduirait notamment par l'arrêt des travaux dans la plupart des puits et des raffineries de l'organisation, par une hausse des prix du pétrole et de l'électricité et par une crise du carburant dans les zones contrôlées par l'organisation (Al-Akhbar, 22 novembre 2015). Ces rapports n'ont pas été corroborés pour l'heure.
Etats-Unis
  • AshtonCarter, le secrétaire américain à la Défense, a fait référence à la consolidation de la lutte contrel'Etat islamique. Il a déclaré que, parallèlement au changement tactique qui s'exprime par l'attaque des camions citernes de l'organisation à AbuKamal, les États-Unis ont également l'intention de modifier les règles d'engagement afin de réduire les restrictions imposées aux frappes. Il a salué la décision de la France d'intensifier ses actions contre l'Etat islamique et a exprimé l'espoir que d'autres pays européens vont également multiplier leurs efforts. Au sujet de la Russie, Carter a déclaré qu'elle doit changer sa stratégie afin de contribuer davantage à la lutte contre l'Etat islamique (Washington Times, 19 novembre 2015).
France
  • A l'occasion d'une réunion avec les maires de France, le Président français François Hollande a déclaré que la France est maintenant dans un état de guerre contre l'Etat islamique, qui menace la paix dans le monde entier. Le Président a précisé que la France a intensifié ses opérations en Syrie et que le porte-avions Charles de Gaulle qui a été envoyé dans la région, permettra de multiplier le nombre d'attaques contre l'Etat islamique (Sky News, 18 novembre 2015).
  • Le 23 novembre 2015, le porte-avions Charles de Gaulle, équipés de 26 avions de combat, a effectué sa première opération contre des cibles de l'Etat islamique à Mossoul et Ramadi, en Irak (Compte Twitter news executive, 23 novembre 2015). L'Etat islamique a publié une vidéo de la Province d'Al-Raqqah qui menacela France en réponse à la mort de civils dans les attaques perpétrées par les avions français à Al-Raqqah (Youtube, 14 novembre 2015).
La coalition internationale contre l'Etat islamique
  • Lors d'une réunion desministres de l'Intérieur et de la Justice de l'Union  européenne le 20 novembre 2015, il a été décidé de commencer à vérifier systématiquement les citoyens de l'UE aux frontières. Jusqu'à présent, seule la validité des documents de voyage des citoyens de l'UE était examinée à leur entrée dans l'espace Schengen,[2] et au moment du départ. Ces mesures seront appliquées jusqu'à ce que la Commission européenne ajuste les traités face à la menace terroriste. Ce nouveau processus impliquera l'inscription systématique des ressortissants étrangers entrant dans les pays membres (The Guardian, 23 novembre 2015).
  • Dans une résolution unanime des 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU, la communauté internationale a été appelée à intensifier la lutte contre l'Etat islamique et le Front Al-Nusra de manière significative et à coordonner les efforts à cet égard. La résolution se réfère à la menace de l'Etat islamique comme à une "menace sans précédent pour la sécurité internationale". Le projet de résolution a été soumis par la France après les attentats terroristes de Paris (Site Internet du Conseil sécurité de l'ONU, 20 novembre 2015).
  • L'ambassadeur russe à l'ONUa déclaré que la Russie avait présenté son propre projet de résolution sur la coordination internationale de la lutte contre le terrorisme après les attentats terroristes de Paris et du Sinaï. Tous les membres de la communauté internationale ont été appelésà agir de manière coordonnée afin de faire juger les jihadistes responsables de ces attaques (Spoutnik, 19 novembre 2015).

Implication russe dans la guerre civile syrienne

  • Les appareils de l'armée de l'air russe ont multiplié leurs attaques en Syrie, selon nous suite à l'attaque d'un avion de ligne russe dans le Sinaï. La plupart des raids aériens ont eu lieu à Hamat, Idlib, Dir ez-Zor, Alep, Homs, Deraa et Damas. Du 17 au 21 novembre 2015, les forces russes ont effectué un total de 522 attaques aériennes en Syrie. Dans ce contexte, plus d'une centaine de missiles de croisière ont été tirés ainsi que 1400 tonnes de bombes de divers types. En outre, 18 roquettes ont été tirées à partir d'un navire de guerre russe dans la mer Caspienne sur sept cibles à Al-Raqqah, Idlib et Alep (RT, 21 novembre 2015). Selon des rapports, l'Observatoire syrien des droits de l'homme a annoncé que depuis le début des attaques russes en Syrie (fin Septembre 2015) 403 civils, dont 166 femmes et enfants, ont été tués (OSDH, 20 novembre 2015).
  • Le ministre russe de la Défense Sergei Choïgou, a déclaré  que la Russie avait multiplié le nombre d'avions de combat stationnés en Syrie, avec 69 appareils (RT, 21 novembre 2015). En revanche, le porte-parole du Président russe a annoncé que la Russie ne prolongerait pas son offensive en Syrie et n'enverrait pas de troupes au sol dans le pays (Reuters, 17 novembre 2015).
  • La forte intensité des raids aériens a déjà conduit à un incident grave, qui illustre les risques de complications inhérents à l'arène syrienne. Le 24 novembre 2015, l'aviation turque a abattu un avion de chasse russe de type Sukhoi 24. L'avion s'est écrasé dans les montagnes turkmènes, au Nord de Lattaquié. Selon les rapports, les deux pilotes russes ont été tués, apparemment par des tirs au sol. Un hélicoptère russe, parti récupérer les deux pilotes, a également été détruit.
  • L'incident a conduit à des tensions considérables entre la Russie et la Turquie,qui est soutenue par l'OTAN et les États-Unis. La partie turque affirme catégoriquement que l'avion russe a pénétré son espace aérien, et que le pilote a été averti dix fois, mais n'a pas réagi. Un porte-parole du Pentagone a confirmé cette version. En revanche, le ministère de la Défense russe affirme que l'avion russe a uniquement survolé l'espace aérien syrien. En réponse à l'incident, la Russie a pris plusieurs mesures, y compris la suspension des contacts militaires avec la Turquie et de la coordination sécuritaire entre les deux pays. Selon les rapports des médias, la Russie a également l'intention d'envoyer un navire de missiles doté des systèmes de défense aérienne sophistiqués.
  • Pendant ce temps, avant l'interception de l'appareil, la Russie et les Etats-Unis ont débattu de la participation de la Russie en Syrie : le Président américain Barack Obama a déclaré que la Russie s'était jusqu'à présent concentrée sur son soutien à Bachar Al-Assad. Le crash de l'avion de ligne russe dans la péninsule du Sinaï a ensuite provoqué un changement de la politique russe, maintenant concentrée sur l'Etat islamique. Cependant, il a déclaré douter que la Russie soit en mesure de mettre en œuvre les changements stratégiques qui sont nécessaires pour soutenir les Etats-Unis et ses partenaires de la coalition (CNCNews, 22 novembre 2015). Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a réagi à ces observations en indiquant que l'Etat islamique avait émergé de l'échec des politiques des États-Unis, qui ne tiennent pas compte de la situation délicate dans les pays du Moyen-Orient (Spoutnik, 22 novembre 2015).

Principaux développements en Syrie

La province d'Alep
  • Cette semaine encore, les combats ont continué dans les zones rurales au Sud d'Alep. Dans la ville d'Alep même, les combats ont opposé l'armée syrienne aux organisations rebelles. Près de la base aérienne de Kuweyres, l'Etat islamique maintient sa pression sur l'armée syrienne avec des attaques suicide. Dans toutes ces régions, aucun changement important n'a été signalé au cours de la semaine.
  • Ci-après des détails sur plusieurs scènes de combat :
  • Dans les zones rurales du Sud d'Alep, des combats ont opposé les forces de l'Armée Al-Fatah, cadre d'organisations rebelles dirigées par le Front Al-Nusra, aux forces de sécurité syriennes (soutenues par des militants du Hezbollah et des soldats et officiers iraniens). Il a été signalé que l'Armée Al-Fatah a réussi à prendre le contrôle de nouvelles zones dansla région du village de Banes, dans la zone rurale du Sud d'Alep près de la route principale entre Hama et Alep (Al-Durar Al-Shamiya, 18 novembre 2015). Un commandant de l'Armée Al-Fatah a rapporté que 18 Irakiens qui avaient combattu dans les rangs du Hezbollah ont été tués dans le village de Banes lors de sa prise par Al-Fatah (vraisemblablement des militants des milices chiites en Irak, contrôlées par l'Iran).
  • Dans la région à l'Est d'Alep, l'armée syrienne aurait pris le contrôle du village d'Al-Jamiliya, au Sud de la base aérienne de Kuweyres (Al-Mayadeen, 18 novembre 2015). En outre, l'armée syrienne aurait pris le contrôle du village d'Al-Humaymah, à l'Est de Kuweyres (voir la carte). Dans les combats, de nombreux membres de l'Etat islamique ont été tués ou blessés (Al-Manar, 19 novembre 2015). Le 21 novembre 2015, un site Internet proche de l'Etat islamique a publié une déclaration dans laquelle l'organisation revendique la responsabilité d'un attentat suicide avec un camion chargé d'explosifs contre une concentration de troupes de l'armée syrienne dans le village de Qasqees près de la base aérienne de Kuweyres. Le terroriste suicide était Abu Al-Ayyub Manbiji (cf., de Manbij, au Nord-Est d'Alep) (dabiqnews.com, 21 novembre 2015).
  • L'agence de nouvelles turque et l'Observatoire syrien des droits de l'homme ont rapporté que les forces rebelles avaient attaqué les villages de Dalha et de Harjalah avec l'appui aérien de la coalition internationale. Les deux villages sont situés près de la frontière turque, au Sud-Est de la ville turque de Kilis. Selon ces sources, ces frappes sont la première étape de la mise en œuvre d'un plan visant à former une zone tampon au Nord d'Alep, en vue de recevoir les réfugiés syriens (Al-Hayat, 22 novembre 2015).
  • A Alep, les forces du régime syrien ont été opposées aux organisations rebelles islamistes dans deux quartiers : Al-Shahbaa Al-Jadeedah, au Nord-Ouest du centre-ville, et Jan'iyat Al-Zahraa, à l'Ouest (syriahr.com, 22 novembre 2015)[3].
La région de Hama
  • Dans les zones ruralesdu Nord de Hama, les combats se sont poursuivis dans la régionde Morek (environ 26 km au Nord de Hama) cette semaine sans changements significatifs.
La province de Hasakah
  • Dans les zones rurales, à l'Est et au Sud-Est de Hasakah, les combats entre l'armée syrienne et l'Etat islamique se sont poursuivis. Des membres de l'Etat islamique ont tenté de conquérir des territoires près dela ville d'Al-Shadadi (environ 50 km au Sud de Hasakah). Leurs objectifs étaient clairement les champs de pétroleet de gaz de Jabsa (syriahr.com, 19 novembre 2015). Jabsaabrite une usine de gaz utilisée par l'Etat islamique en Juillet 2014. En raison de la présence de l'organisation (et d'organisations rebelles), le secteur a été bombardé par les Etats-Unis et leurs alliés, voire peut-être aussi par le régime syrien (thiquah1.com).
Deir ez-Zur
  • Dans la région de Deir ez-Zur, les membres de l'Etat islamique tentent toujours de prendre le contrôle de la base aérienne militaire locale, contrôlée par le régime syrien. L'armée syrienne a réussi à repousser une tentative d'attaque de l'Etat islamique sur la base aérienne et trente membres de l'organisation ont été tués (Al-Mayadeen, compte Twitter Hosein Mortada, 20 novembre 2015). Face aux batailles féroces, l'Etat islamique aurait fermé toutes les écoles de la province (Comité de coordination locale, 23 novembre 2015).
Province de Homs
  • Près de la localité de Mheen, au Sud-Est de Homs, des combats ont opposé la semaine dernière l'Etat islamique à l'armée syrienne. Le 19 novembre 2015, un site Internet proche de l'Etat islamique a publié des photos de membres de l'organisation attaquant des forces de l'armée syriennes autour de Mheen, au Sud-Est de Homs. Les photos montrent un véhicule blindé BMP de l'armée syrienne incendié par l'Etat islamique (Site muslims-news.net, 19 novembre 2015) En outre, il a été signalé qu'une voiture piégée a explosé dans le village d'Al-Hadath près de Mheen (Syrie Mubashir, 19 novembre 2015).
  • Plus tard, l'armée syrienne aurait réussi à reprendre le contrôle des installations de l'Etat islamique dans la localité de Mheen (Al-Jazeera, 19 novembre 2015). Le 22 novembre 2015, l'armée syrienne a annoncé avoir avancé, avec le soutien de l'air russe, dans les faubourgs de Mheen (compte Twitter Hosein Mortada, 22 novembre 2015).
La province de Dara
  • La Brigade Shuhada Al-Yarmouk (Brigades des Martyrs Al-Yarmouk) est un cadre militaire proche de l'Etat islamique agissant au Sud du côté syrien du Plateau du Golan. Au cours de la semaine écoulée, l'organisation a subi un grave revers lorsque son commandant et deux autres hauts responsables ont été tués. Le Front Al-Nusra et d'autres organisations rebelles ont profité de l'élimination des dirigeants de la Brigade Shuhada Al-Yarmouk pour lancer une attaque de grande envergure sur le fief de la Brigade au Sud du Plateau du Golan.
  • L'Armée Al-Fatah, dirigée par le Front Al-Nusra, a publié un ultimatum invitant les membres de la Brigade Shuhada Al-Yarmouk à se rendre dans les 24 heures (SNN, 22 novembre 2015). Chaque membre de la Brigade Shuhada Al-Yarmouk qui se rendra et déposera les armes ne sera pas interrogé mais devra suivre une formation religieuse pour "éradiquer l'hérésie" inculquée par les prédicateurs religieux de la Brigade. L'ultimatum a été fixé à la date du18 novembre 2015 pour 24 heures (Compte Twitter de l'Armée Al-Fatah, 21 novembre 2015). De son côté, la Brigade Shuhada Al-Yarmouk a appelé les habitants des villages sous le contrôle de l'Armée Al-Fatah à quitter leurs foyers et a déclaré le secteur zone militaire fermée (Al-Durar Al-Shamiya, 18 novembre 2015).
  • A l'expiration de l'ultimatum, l'Armée Al-Fatah a lancé une offensive contre les membres de la Brigade Shuhada Al-Yarmouk le 22 novembre 2015, avec notamment l'invasion du villaged'Ain Dhikr. L'assaut a débuté avec l'explosion d'un véhicule de troupe blindé à l'entrée du village où se trouvaient des militants de la Brigade Shuhada Al-Yarmouk (Khatwa, 22 novembre 2015). Le 22 novembre 2015 dans la matinée, des membres du Front Al-Nusra ont attaqué des regroupements de forces de la Brigade Shuhada Al-Yarmouk dans plusieurs régions : au barrage de Sahem El-Golan (à environ 26km au Nord-Ouest de Deraa), dans les quartiers périphériques de la ville de Nafa'ah(à environ 28 km au Nord-Ouest de Daraa) et à Al-Alan (syriar.com, 22 novembre 2015). Par ailleurs, des membres de l'Armée Al-Fatah ont pris le contrôle d'une école, dans laquelle les militants de la Brigade Shuhada Al-Yarmouk étaient retranchés. Plusieurs membres de Shuhada Al-Yarmouk ont été tués (Twitter, 22 novembre 2015).
  • Selon des rapports non confirmés d'un compte Twitter, le nouveau commandant de la Brigade Shuhada Al-Yarmouk Abu Obeida Al-Qahtan, nommé à son poste le 15 novembre 2015, aurait été blessé à Daraa dans des circonstances incertaines et aurait succombé plus tard à ses blessures (Compte Twitter syriafree339, 20 novembre 2015). Abu Obeida Al-Qahtan a éténommé en succession d'Abu Ali Al-Baridi en tant que commandant de la Brigade Shuhada Al-Yarmouk et les militants lui avaient prêté serment (Voir notre bulletin de la semaine dernière). Si la nouvelle de la mort d'Abu Obeida Al-Qahtan devait être confirmée, ce serait un nouveau coup militaire et moral porté à la Brigade Shuhada Al- Yarmouk, proche de l'Etat islamique.

Principaux développements en Irak

Aperçu général
  • L'Etat islamique continue de commettre des attentats suicide de masse, y compris dans la ville de  Bagdad. Ces attaques visent des cibles du régime irakien et les chiites. En réaction, les forces de sécurité irakiennes ont accru les mesures de sécurité dans la ville. L'armée irakienne tente toujours d'élargir son contrôle autour de la ville de Ramadi, mais évite encore d'y pénétrer. Dans la ville de Sinjar, conquise la semaine dernière par les Peshmergas, les Kurdes consolident actuellement leur autorité. Le gouvernement kurde à Erbil est intéressé à transformer la région en une unité administrative autonome kurde, au mécontentement du gouvernement central irakien de Bagdad.
Bagdad et ses environs
  • L'Etat islamique poursuit sa campagne terroriste contre Bagdad. Au cours de la semaine écoulée, des dizaines d'Irakiens ont été tués ou blessés dans une série d'attaques. Les forces de sécurité irakiennes ont intensifié leurs mesures de sécurité, y compris avec des barrages routiers et des patrouilles. 
  • Ci-après les principales attaques commises au cours de la semaine :
  • Le 20 novembre 2015, une charge a explosé dans un quartier au Sud de Bagdad, suivie par un attentat suicide, provoquant la mort de neuf civils irakiens. Des dizaines d'autres ont été blessés. L'Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l'incident (Al-Arabi Al-Jadeed, 21 novembre 2015 ; Russia Al-Youm, 20 novembre 2015).
  • Le 21 novembre 2015, un policier a été tué dans le Sud de Bagdad et cinq autres ont été blessés dans l'explosion d'un engin piégé près d'une patrouille de police. Dans un autre incident, deux soldats et un civil ont été tués dans des coups de feu sur un barrage routier dans le village d'Al-Yousefia, au Sud de Bagdad.
La Province de Ninive
Sinjar
  • Les unités de Peshmergas kurdes ont consolidé le contrôle de la ville de Sinjar, prise la semaine dernière. Les Peshmergas auraient creusé des tranchées autour de la ville en vue d'attaques potentielles de l'Etat islamique (Muhit, 21 novembre 2015). Au niveau politique, le gouvernement kurde d'Erbil prévoit de déclarer la région de Sinjar, qui est considérée comme un quartier administratif, partie de l'autonomie kurde – à la consternation du gouvernement central de Bagdad (Shafaq News, 21 novembre 2015).
La province d'Al-Nabar
Hit
  • L'Etat islamique aspire à consolider son contrôle sur la région à l'Est de Ramadi. L'organisation a publié cette semaine des photos des chefs du village de Kubeisa, près de la ville de Hit, renouvelant leur serment de fidélité au dirigeant de l'organisation, Abu Bakhr Al-Baghdadi (Akhbar Al-Muslimeen, 21 novembre 2015). L'Etat islamique voit avec un grand intérêt le soutien de la population sunnite et des chefs de tribus sunnites, qui représente selon lui une importante "cible" et revêtent une grande importance.
Falloujah
  • L'Etat islamique consolide son contrôle de la ville de Falloujah (comme dans d'autres villes) avec un accent particulier sur le renforcement de l'éducation, pour une nouvelle génération de militants (Akhbar Al-Muslimeen, 18 novembre 2015).

Activités terroristes de l'Etat islamique

Attaque à l'arme blanche contre un enseignant juif à Marseille
  • Le procureur de la ville de Marseille dans le sud de la France a annoncé que le 18 novembre 2015, un professeur juif enseignant dans une école juive de la ville a été poignardé par trois personnes identifiées comme des fidèles de l'Etat islamique. L'enseignant a été légèrement blessé, les assaillants se sont enfuis.
Attaques terroristes de Paris (état des lieux)
  • Environ une semaine après les attentats terroristes de Paris, de nouveaux détails ont été rendus publics :
  • Les auteurs des attaques :Trois groupes ont agi simultanément : un au Nord de Paris au Stade de France, le second au Théâtre Bataclan et le troisième dans une zone de bars et de restaurants. Un quatrième groupe prévoyait apparemment de prendre pour cible le quartier d'affaires de La Défense et l'aéroport Charles de Gaulle, mais n'a pas été mesure de s'exécuter (Francetvinfo.fr, 21 novembre 2015).
  • L'identité des terroristes : Jusqu'à présent, sept assaillants ont été identifiés. Un huitième terroriste, Salah Abdeslam, a réussi à s'enfuir. Le chef du réseau terroriste était Abdelhamid Abaaoud, membre belge de l'Etat islamique, envoyé de Syrie pour créer un réseau terroriste en Belgique et en France.[4] Abdelhamid Abaaoud a été éliminé par les forces de sécurité françaises durant un assaut à Saint-Denis, au Nord de Paris (18 novembre 2015). Sa cousine et un autre homme, qui a activé une ceinture piégée, ont été tués avec lui.
  • Salah Abdeslam, le huitième terroriste, a réussi à s'enfuir et est encore recherché. Une ceinture piégée lui appartenant a été retrouvée au Sud de Paris dans une poubelle. Après les attentats de Paris, Abdeslam s'est enfui en Belgique et s'est probablement caché dans la région de Bruxelles. L'état d'alerte a été proclamé à Bruxelles et la ville a été pratiquement paralysée. Salah Abdeslam aurait l'intention de se rendre en Syrie. Après une opération d'arrestation de la police belge dans la nuit du 23 au 24 novembre 2015, les autorités belges ont annoncé qu'Abdeslam s'était échappé en direction de l'Allemagne.
  • La Turquie a annoncé l'arrestation d'un citoyen belge d'origine marocaine et de deux autres personnes à Antalya. Le Belge est soupçonné d'avoir participé à un voyage d'étude à Paris, dans le cadre duquel les cibles des attaques ont été choisies.
Le crash d'un avion russe dans le Sinaï (état des lieux)
  • Un jour après que les Russes ont annoncé que le crash d'un avion de ligne russe dans la péninsule du Sinaï était dû à une bombe, l'Etat islamique a publié la photo d'une canette de soda remplie d'explosifs qui aurait causé le crash. En outre, l'organisation a publié dans son magazine en langue anglaise "Dabiq" des photos de passeports russes appartenant selon elle aux passagers tués (Dabiq, 18 novembre 2015). Selon des sources russes, la bombe contenait un kilogramme d'explosifs.
  • Selon les médias arabes, l'Etat islamique aurait initialement prévu d'attaquer un avion occidental au-dessus de la péninsule du Sinaï. Toutefois, en raison des frappes aériennes russes en Syrie, c'est finalement un avion russe qui a été choisi. L'organisation a précisé avoir introduit la bombe dans l'aéroport deCharm el-Cheikh après y avoir trouvé une vulnérabilité dans le système de sécurité (Al-Jazeera, 18 novembre 2015).
Prise d'otage au Mali par un groupe affilié à Al-Qaïda
  • Le 20 novembre 2015, un groupe terroriste proche d'Al-Qaida a effectué une prise d'otages dans l'Hôtel Radisson Blue dans la capitale malienne Bamako. Le groupe terroriste a détenu 170 otages pendant plus de sept heures. Les forces de sécurité maliennes ont pris d'assaut l'hôtel et libéré les otages. Plus de vingt personnes ont été tuées, dont 18 ressortissants étrangers, y compris un citoyen israélien (Shmuel Ben Hillel, qui travaillait au Mali comme conseiller pédagogique). Au moins deux terroristes ont été tués durant l'assaut. Les autres ont réussi à s'enfuir et sont toujours recherchés.
  • Une organisation terroriste proche d'Al-Qaïda appelée Al-Mourabitoun a revendiqué l'attaque. Le nombre de terroristes ayant participé à l'attaque est inconnu. Selon la télévision malienne, les terroristes sont entrés dans l'hôtel dans la matinée, certains d'entre eux dans un véhicule diplomatique qui a franchi une barrière de sécurité, d'autres à pied. Ils ont crié Allahu Akhbar, tiré dans toutes les directions et lancé des grenades. Deux gardes de sécurité qui étaient stationnés à l'entrée de l'hôtel ont été tués. 10-15 otages capables de réciter des versets du Coran ont été libérés par les preneurs d'otages.
  • L'organisation Al-Mourabitoun a été fondée par le membre algérien d'Al-Qaïda Mokhtar Belmokhtar, et est principalement composée de militants arabes et de Touaregs et est active dans les régions désertiques du Nord du Mali. Dans une déclaration publiée après l'attaque, l'organisation a annoncé que l'opération était l'œuvre de "l'émirat du Sahara" d'Al-Qaïda. En 2012, le Nord du Mali a été occupé par des milices extrémistes dont certaines sont liées à la branche d'Al-Qaïda au Maghreb. L'occupation de la région par les islamistes et la destruction de sites antiques dans la ville de Tombouctou a conduit à une intervention militaire de la France contre les jihadistes. En 2013, les islamistes ont été repoussés au Nord et le gouvernement central a repris le contrôle des villes, des villages et des routes dans la plupart des zones désertiques (ce contrôle n'est pas complet et les activités terroristes au Mali n'ont pas cessé).

L'Egypte et la Péninsule du Sinaï

  • Les forces de sécurité égyptiennes ont poursuivi leurs activités militaires contre la branche du Sinaï de l'Etat islamique, provoquant une intense activité sécuritaire dans les régions de Rafah, Al-Cheikh Zoweid et El-Arish. Des dizaines de jihadistes ont été tués et des dizaines de suspects ont été arrêtés. Des armes ont été saisies et de nombreux explosifs désamorcés (Al-Watan, 18 novembre 2015).
  • "Des sources de sécurité égyptiennes" dans le Nord du Sinaï ont annoncé que durant des fouilles sur la côte le 17 novembre 2015, des forces spéciales ont tué un responsable de la Province du Sinaï de l'Etat islamique revêtu d'un uniforme militaire, et ont saisi une arme automatique et des munitions trouvées en sa possession (Al-Watan, 18 novembre 2015). Le 24 novembre 2015, un policier égyptien et quatre autres personnes ont été tués dans l'explosion d'une voiture piégée dans un hôtel où séjournaient des observateurs électoraux à El-Arish (Compte Twitter Sky News, 24 novembre 2015).

Palestiniens et arabes israéliens

Démantèlement d'une cellule de l'Etat islamique composée d'arabes israéliens
  • Les forces de sécurité israéliennes ont démantelé une cellule de fidèles de l'Etat islamique composée d'arabes israéliens du village de Jaljulia (près de la ville de Kfar Saba). Les membres de la cellule projetaient de se rendre en Syrie pour rejoindre l'organisation. L'enquête a débuté après l'arrestation de Nidal Hamed Saleh Saleh de Jaljulia qui a tenté le 24 octobre 2015 de franchir la frontière israélo-syrienne à l'aide d'un deltaplane (Services de sécurité générale, 18 novembre 2015).
  • Lors de l'enquête, deux frères de Jaljulia ont été arrêtés : Jihad Nidal Yussuf Hijlah et Ihab Nidal Yussuf Hijlah. Les deux étaient connus des forces de sécurité israéliennes comme fidèles de l'Etat islamique. Jihad, le frère aîné, avait passé environ six mois en Syrie en 2013 dans les rangs de l'Etat islamique. A son retour en Israël, il a été arrêté, condamné à la prison et en Novembre 2014, a été libéré. Les deux frères ont aidé Nidal Hamed Saleh Saleh à tenter de se rendre en Syrie. Ces derniers mois, Nidal a pratiqué avec Jihad Hijlah le vol avec des deltaplanes sur le plateau du Golan afin de traverser la frontière. Nidal a choisi cette voie parce qu'il craignait en raison de son passé de se faire arrêter à l'aéroport Ben Gourion.
  • Lors de l'interrogatoire, les noms des quatre autres membres résidents de Jaljulia ont été révélés. Le groupe a été actif pendant plusieurs mois sous la direction de Jihad Hijlah. Ils se sont rencontrés dans sa maison pour des études religieuses communes, dans lequel ils prêchaient la voie de l'Etat islamique. Lors de ces réunions, le groupe a décidé de se rendre en Syrie. Il a été décidé que Jihad et Nidal s'envolaient avec des deltaplanes du plateau du Golan pour traverser la frontière vers la Syrie et que les autres membres du groupe voyageraient via la Turquie et se retrouveraient tous en Syrie. À cette fin, ils ont convenu de moyens de communication via Internet.
  • Finalement, deux des membres de la cellule ont décidé de ne pas se rendre en Syrie. Les deux autres devaient s'envoler pour la Turquie en Octobre 2015 et ont tenté de contacter des membres de l'Etat islamique en Turquie pour coordonner la poursuite de leur voyage vers la Syrie. La coordination a échoué et ils sont rentrés en Israël. Une semaine plus tôt, les deux autres membres de la cellule ont tenté de franchir la frontière avec des deltaplanes, mais un problème technique sur l'un des deltaplanes les a empêchés de mettre leur plan à exécution. En fin de compte, sur les six membres de la cellule, seul Nidal a réussi à se rendre en Syrie avec un deltaplane.
Deux Palestiniens de Gaza tués dans les rangs de l'Etat islamique
  • Des sources palestiniennes ont annoncé la mort de deux Palestiniens de la bande de Gaza qui avaient rejoint les rangs de l'Etat islamique en Syrie. Les deux ont été tués le 17 novembre 2015 au cours de raids aériens sur la ville d'Al- Raqqah. Les deux sont (Réseau Canaan, Khabar Press, site Panet, 17 et 18 novembre 2015) :
  • Ismail Harzallah (24 ans), du camp de réfugiés d'Al-Shati. Selon des sources palestiniennes, avant son départ pour la Syrie, il y a six mois, il était membre de la branche armée du Hamas.
  • Ali Faez Al-Aswad (23 ans), du quartier de Tel Al-Hawa à Gaza. Il a quitté Gaza il y a six mois et a rejoint l'Etat islamique en Syrie. Le Fatah à l'Est de la ville de Gaza a publié un avis de décès formel suite à sa mort et a annoncé sur sa page Facebook qu'il était le fils du journaliste Faez Al-Aswad
  • (Page Facebook du Fatah à l'Est de Gaza, 18 novembre 2015).

Le jihad mondial dans d'autres pays

Libye
L'Etat islamique vise des champs de pétrole au Sud du pays
  • Le 20 novembre 2015, des membres de l'Etat islamique auraient envahi le champ pétrolier de Zelten, l'un des plus importants de Libye. Abu Jaafar Al-Ansari, l'émir de l'Etat islamique à Syrte, a déclaré dans son sermon du vendredi que l'heure était venue d'attaquer les champs de pétrole. Il a ajouté que les membres de l'Etat islamique étaient prêts à attaquer leschamps pétrolifères d'Al-Sahel et de Zelten, près de la localité de Maradah (voir la carte). Il a menacé de tuer les gardes assurant la sécurité du champ pétrolifère et de prendre les travailleurs étrangers en otage (Akhbar Al-Hadath, 20 novembre 2015).
  • Le responsable du centre de commandement des forces armées libyennes dans la région des champs de pétrole a été prompt à nier ces rapports, affiant qu'aucune violation sécuritaire n'avait été signalée et que la plupart des champs pétrolifères fonctionnaient normalement. Il a ajouté que le centre de commandement disposait de toutes les ressources, y compris d'avions de combat, pour contrer les activités de l'Etat islamique (Akhbar Libya, 21-24 novembre 2015).
Derna
  • Le Conseil de la choura des combattants du jihad de la ville côtière de Derna, proche d'Al-Qaïda, a appelé le 15 novembre 2015 à lancer une offensive militaire visant à reprendre la région d'Al-Fatah au Sud-Est de Derna, occupé par l'Etat islamique. Des jihadistes, soutenus par des unités militaires de Bayda et de Tobrouk, ont attaqué des membres de l'Etat islamique. Le Conseil de la choura de Derna a déclaré avoir réussi à prendre le contrôle de la chaîne de montagnes qui surplombe la zone de Derna. Trente membres de l'Etat islamique auraient été tués,  y compris des Egyptiens, des Tunisiens et des Tchadiens (Al-Jazeera, 15-16 novembre 2015 ; Akhbar Al-Hadath, 18 novembre 2015). L'attaque est une autre indication de la perte de contrôle de l'Etat islamique à Derna
  • Le 21 novembre 2015, des membres de l'Etat islamique de Derna ont promis unerécompense pour le meurtre de Khalifa Haftar et d'autres officiers de l'armée libyenne à l'Est du pays (qui soutient le gouvernement Tobrouk). Dans ce cadre, l'organisation a promis 20 millions de dinars libyens (environ 14 millions de dollars) pour Haftar, dix millions pour le commandant de l'armée de l'air, et cinq pour le responsable des unités de commandos et le porte-parole de l'état-major des forces libyennes. Un porte-parole du ministère libyen de l'Intérieur a déclaré que trois personnes en provenance de Libye l'avaient contacté et lui avaient proposé dix millions de dinars pour assassiner Haftar. Il a ajouté en avoir averti les autorités (Akhbar Al-Hadath, 21 novembre 2015).
  • Le 21 novembre 2015, la Province de Barqa de l'Etat islamique a publié des photos de la ville de Nofilia, au Sud-Est de Syrte, durant la prière du vendredi dans l'une des mosquées de la ville. Les photos visaient à prouver le contrôle de la ville par l'Etat islamique (Al Akhbar Muslimeen, 21 novembre 2015).
  • Des "sources de Derna" ont nié l'allégation du Pentagone selon laquelle le chef de la branche de l'Etat islamique en Libye, Wissam Abd Al-Zubaydi alias Abu Nabil Al-Anbari aurait été tué dans une frappe aérienne. Selon ces sources, Abu Nabil Al-Anbari aurait quitté Derna deux semaines avant l'attaque et se trouverait actuellement dans la région de Syrte (Portail de nouvelles de l'Afrique Bawabat Ifriqya Al-Ikhbariya; Libye Al-Mustaqbal, 16 novembre 2015)
Khorasan
  • La Province de Khorasan de l'État islamique, la branche de l'organisation en Afghanistan et au Pakistan, a publié sur Twitter des photos d'un camp de formation portant le nom du cheikh Jalaluddin, le Mufti de Khorasan tué le mois dernier par l'armée américaine. Sa mort n'a pas été confirmée, mais le fait qu'un camp d'entraînement porte son nom pourrait attester de sa mort.Le camp est situé dans la région de Nangarhar, où la ville de Jalalabad est située à la frontière afghano-pakistanaise. L'Etat islamique est présent dans cette région. Les photos montrent une quarantaine de militants en formation dans une région boisée (The Long War Journal, 20 novembre 2015).
Bangladesh
  • Le 19 novembre 2015, la plate-forme de messagerie Aamaq, la branche information de l'Etat islamique, a annoncé que des membres de l'organisation au Bangladesh avaient tiré sur le missionnaire italien Piero Parolari et l'avait gravement  blessé. L'attaque a eu lieu dans la province de Dinajpur, à environ 277km à l'Est de la capitale Dhaka (Compte Tumbler a3maqagency.wordpress.com, 19 novembre 2015). Des sources occidentales ont signalé que le Dr Parolari a été attaqué par trois assaillants armés d'un pistolet avec un silencieux. Il s'agit du cinquième attentat mené par des membres de l'Etat islamique au Bangladesh ces derniers mois (Site Internet reuters.com, 19 novembre 2015).
Yémen
  • L'Etat islamique a publié deux vidéos destinées aux membres d'Al-Qaïda au Yémen afin de les persuader de faire défection à l'Etat islamique. Les vidéos n'invitent pas les militants à se rendre en Syrie ou en l'Irak et suggèrent que l'organisation tente d'inciter les partisans d'Al-Qaïda à quitter les rangs de l'Etat islamique au Yémen même. Le 16 novembre 2015, une vidéo a été publiée par le bureau d'information de la province d'Al-Khayr (Deir ez-Zur), intitulée "Al-Qaïda au Yémen, vers où?" Le lendemain, un clip du bureau d'information de l'Etat islamique dans la province de Ninive en Irak intitulé "A Al-Qaïda au Yémen" a été publié. Les deux vidéos indiquent qu'Al-Qaïda a quitté le "droit chemin" et coopère avec les services de renseignement étrangers de l'Iran et du Pakistan. Elles attaquent également le leader d'Al-Qaïda Ayman Al-Zawahiri et affirment que si les Yéménites veulent le califat, ils doivent soutenir l'Etat islamique et pas Al-Qaïda, qui s'est égarée.

Activités de contre-terrorisme

Belgique
  • Le 21 novembre 2015, le gouvernement belge a déclaré l'état d'urgence en raison d'une "menace imminente". Dans ce contexte, les autorités ont fermé toutes les stations de métro, les écoles et les universités de la ville de Bruxelles et ont demandé aux habitants de la ville d'éviter les bains de foule. Les forces de sécurité ont effectué plusieurs arrestations dans la ville et autour (Sky News, 21 novembre 2015). A la date du 24 novembre 2015, l'état d'urgence se poursuivait. L'activité intense des forces de sécurité belges ne devrait pas aboutir à des résultats tangibles.
Koweït
  • Le ministère de l'Intérieur du Koweït a déclaré avoir démantelé un réseau qui fournissait des armes à des membres de l'Etat islamique en Syrie. Selon les autorités koweïtiennes, le réseau comptait dix personnes, dont sept ont été arrêtées : deux citoyens koweïtiens et deux Syriens, un Egyptien, un Libanais et un Australien. Trois autres n'ont pas encore été arrêtées. Parmi les détenus figure Oussama Muhammad Sayyid Khayyat, un Libanais d'origine koweïtienne, accusé d'avoir rejoint l'Etat islamique et d'avoir coordonné le déploiement de militants et d'avoir financé l'organisation et responsable du soutien logistique. Khayyat a admis avoir signé un contrat d'armement avec l'Ukraine pour l'achat d'armes diverses, y compris des missiles anti-aériens de type FN6. Selon lui,les armes ont été transférées en camions en Turquie et transportées de là aux membres de l'Etat islamique en Syrie. Son contact en Ukraine est un marchand d'armes syrien appelé Muhammad Abd el-Krim Salim, qui possède une entreprise en Ukraine (Al-Arabiya.net, 19 novembre 2015).

Activités de propagande

Campagne de menace de l'Etat islamique contre l'Occident
  • Après les attaques terroristes de Paris, l'Etat islamique a lancé une campagne médiatique, publiant plusieurs vidéos dans lesquelles l'organisation se félicite de son "succès" de Paris et de la peur causée par ces attaques terroristes dans le monde entier. En outre, les vidéos menacent de nouvelles attaques en Europe et aux Etats-Unis. Voici quelques exemples :
  • Une vidéo du département d'information de l'Etat islamique en Irak, intitulée "Nos Bataillons vont gagner" se termine avec des images de New York (Akhbar Al Muslimeen, 18 novembre 2015). La Police de New York a déclaré que le clip fait allusion au fait que New York est la cible d'une autre attaque dans le style des attaques de Paris. Les autorités maintiennent un niveau élevé de vigilance (Reuters, 19 novembre 2015).
  • Une vidéo publiée par des membres de l'Etat islamique de la province de Homs en Syrie montre un individu masqué armé d'un fusil Kalachnikov, saluant les attaques terroristes de Paris et menaçant de nouvelles attaques, "jusqu'à ce que les chrétiens d'Europe se convertissent à l'islam ou paient l'impôt de capitation ('jizya')". L'individu promet des "temps difficiles" "comme à l'époque des attentats du 11 septembre 2001." Il ajoute que dans les pays chrétiens (cf., en Europe), "des centaines de terroristes suicide attendent les ordres du commandant de l'Etat islamique," Abu Bakr Al-Baghdadi. Un autre membre de l'Etat islamique s'adresse dans la vidéo aux "pays des croisés," et affirme que les attaques de Paris ne sont que le début et que les membres de l'Etat islamique arriveront également à Rome et en Espagne et détruiront la Maison Blanche [aux États-Unis], Big Ben [à Londres] et la Tour Eiffel [à Paris] (Site Muslims-news.net, 19 novembre 2015).
  • La Province d'Al-Baraka (Hasakah) de l'Etat islamique en Syrie a publié une vidéo dans laquelle des membres de l'organisation menacent dans un français impeccable (il s'agit probablement de citoyens français)d'autres attentats en France et de l'occupation de l'Europe et l'Amérique (www.mediafire.com, 21 novembre 2015).
  • La Province du Tigre en Irak a publié une vidéo intitulée "Paris avant Rome" dans lequel un membre de l'organisation salue l'attaque terroriste de Paris et affirme que ce n'est que le début. Par ailleurs, il précise qu'après Paris, la Maison blanche est la prochaine cible (Akhbar Al-Muslimeen, 19 novembre 2015).

[1]Le Times britannique a annoncé que les revenus de l'Etat islamique dus au pétrole pour l'année 2015 étaient estimés à 500 millions de dollars (alarabiya.net, 20 novembre 2015).
[2]L'accord de Schengena été signé entre 26 Etats de l'UE et quatre pays non membres de l'UE. Il vise à abolir les contrôles fixes aux frontières intérieures et à coordonner les dispositions de migration (le Royaume-Uni et l'Irlande ne font pas partie de l'espace Schengen).
[3]Dans le passé, la Turquie et la coalition auraient fait part de leur intention de mettre en place une zone tampon au Nord d'Alep près de la frontière turque. Des forces turques officielles ont récemment annoncé que la Turquie prévoyait de mettre en place une zone tampon à la frontière avec la Syrie entre Jarabulus et Azaz pour les rebelles syriens (Al-Sharq Al-Awsat, 22 novembre 2015).
[4]A ce sujet, voir notre article du 19 novembre 2015 intitulé "Portrait d'Abdelhamid Abaaoud, le terroriste belge qui a orchestré les attentats de l'Etat islamique à Paris", à l'adresse http://www.terrorism-info.org.il/fr/article/20913