Pleins feux sur le jihad mondial (14-20 janvier 2016)

Principaux points

Pendant la semaine écoulée, la pression dont fait l'objet l'Etat islamique dans les différentes zones de combat en Syrie et en Irak a continué, mais sans aucun changement significatif sur le terrain. La réponse de l'organisation a été reflétée dans la guérilla contre ses différents ennemis, l'utilisation extensive de terroristes suicide, et des initiatives militaires à Deir al-Zor (une ville au cœur de la zone sous contrôle de l'Etat islamique, dans et autour de laquelle l'armée syrienne maintient une présence). Pendant les combats, l'Etat islamique a massacré les habitants d'un village au Nord-Ouest de Deir al-Zor (280 morts), afin d'intimider ses ennemis et de les dissuader de coopérer avec le régime syrien. Bien que l'Etat islamique est sur la défensive stratégique en Syrie et en Irak, il conserve toujours l'initiative dans d'autres pays : en Libye, les attaques contre les installations pétrolières continuent ; à Jakarta, la capitale de l'Indonésie, l'organisation a effectué (pour la première fois) une série d'attaques terroristes élaborées (tirs et lancers de grenades dans plusieurs endroits, 17 morts). Al-Qaïda et d'autres organisations terroristes qui lui sont affiliées continuent également de mener des attaques terroristes de masse. Cette semaine, des fusillades et des attentats terroristes ont été commis au Burkina Faso, en Afrique de l'Ouest (28 morts, la plupart d'entre eux des ressortissants étrangers). L'Etat islamique et Al-Qaïda développement apparemment une sorte de "concurrence" dans la réalisation d'attaques terroristes, en ajoutant de nouveaux sites dans des pays aux arrangements sécuritaires laxistes (en Afrique de l'Ouest et en Asie du Sud-Est). Dans un récent discours, Ayman al-Zawahiri a mis l'accent sur l'Asie du Sud-Est, en particulier l'Indonésie, la Malaisie et les Philippines.Selon lui, cette région est mûre pour recevoir des militants islamistes, comme le sont d'autres régions du monde.

 

La campagne internationale contre l'Etat islamique

Frappes des Etats-Unis et des pays de la coalition

• Cette semaine, les forces américaines et les pays de la coalition ont poursuivi leurs frappes aériennes contre des objectifs de l'Etat islamique. Pendant la semaine, des dizaines de raids aériens ont été effectués au moyen d'avions de chasse, d'avions de combat et de drones. Ci-après les principales attaques :

• En Syrie – Les frappes aériennes ont été concentrées dans les régions de Hassaké, Ain Issa, Abu Kamal, Deir al-Zor, Manbij, Tell Abyad, Marea et Al-Raqqah. Les frappes aériennes ont notamment ciblé des unités tactiques de l'Etat islamique, des positions de combat, des bâtiments, des véhicules, des membres et des sites de production de pétrole.
• En Irak – Les frappes aériennes ont été concentrées dans les régions suivantes : Kisik, Mossoul, Ramadi, Sultan Abdullah, Hit, Sinjar, Tal Afar, Baiji et Habbaniyah. Les frappes aériennes ont notamment visé des unités tactiques de l'Etat islamique, des bunkers, des tunnels, des positions de combat, des sièges, des arsenaux, des camions citernes, et des positions de commandement et de contrôle.

• Le département américain de la Défense a publié des photos de l'attaque d'une construction près de Mossoul, où l'Etat islamique avait stocké une grande quantité d'argent (Site Internet du Département américain de la Défense, 17 janvier 2016)^[1].

Déclarations américaines

• Le secrétaire américain à la Défense Ashton Cartera récemment examiné les objectifs et les méthodes d'exploitation de la campagne américaine contre l'Etat islamique. Selon Carter, le premier objectif porte sur l'effort de nuire aux "foyers cancérigènes" en Irak et en Syrie, à savoir, les centres de l'organisation, Al-Raqqah en Syrie et Mossoul en Irak. Le deuxième objectif vise à traiter avec les "métastases du cancer" à travers le Moyen-Orient, et le troisième objectif est de protéger les Etats-Unis de l'intérieur. Décrivant les réalisations de la campagne contre l'Etat islamique jusqu'ici, Carter a souligné la nécessité de continuer à soutenir les forces locales qui effectuent la plupart des combats. Carter a critiqué l'Iran et la Russie, affirmant qu'ils sont du mauvais côté de la bataille en raison de leur soutien à Bachar al-Assad (New York Times, 13 janvier 2016).
• Prenant la parole devant le Comité des services armés du Sénat, l'ancien directeur de la CIA Michael Morell a déclaré que l'Etat islamique se renforce et constitue maintenant une menace stratégique importante pour les États-Unis et les pays européens. Selon Morell, l'Etat islamique a gagné en popularité dans le public beaucoup plus rapidement qu'Al-Qaïda l'a fait dans le passé, et les membres de 20 pays différents se battent maintenant dans les rangs de l'organisation. Selon lui, l'Etat islamique a prouvé sa capacité à attaquer des cibles en Europe et il est très probable qu'il œuvre à commettre des attaques similaires sur le sol américain. Une source de haut rang du renseignement américain estime qu'en 2015, plus de 36.000 combattants étrangers d'au moins vingt pays sont arrivés en Irak et en Syrie. Selon lui, ces chiffres sont presque le double de l'estimation de 2014, ce qui prouve que, malgré les pertes de l'Etat islamique dans les combats au sol et les frappes aériennes, il reste une force militaire capable avec de plus en plus de nouvelles recrues (Fox News, 14 janvier 2016).

Turquie

• En réponse à l'attaque terroriste meurtrière menée à Istanbul, des tanks et de l'artillerie de l'armée turque ont tiré sur des cibles de l'Etat islamique en Syrie et en Irak. Selon le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, depuis l'attentat d'Istanbul, la Turquie a tiré pendant 48 heures des frappes d'artillerie contre des cibles de l'Etat islamique, tirant environ 500 obus. Les frappes d'artillerie ont été menées le long de la frontière avec la Syrie et près de Mossoul, en Irak. Il a affirmé que ces attaques ont tué près de 200 membres de l'Etat islamique et a ajouté que la Turquie a agi après s'être assurée que l'organisation était derrière l'attaque. Il a également souligné que la Turquie continue à se battre contre l'Etat islamique et continuera à attaquer l'organisation tant que nécessaire, y compris avec des frappes aériennes (ctvnews.ca, 13 janvier 2016).

Implication de la Russie dans la guerre civile en Syrie

• Cette semaine, les frappes aériennes russes ont été concentrées dans les zones suivantes : Daraa, Alep, Lattaquié, Deir al-Zor, Damas, Hama, Idlib, etc. Selon Sergey Rudskoy, le chef de la direction des opérations de l'armée russe, depuis le début de l'implication de la Russie dans les combats en Syrie, l'armée de l'air russe a effectué 5.662 sorties et tiré 97 missiles de croisière sur des cibles terroristes (TASS, 15 janvier 2016). Selon lui, l'armée de l'air russe aide toutes les forces luttant contre les organisations terroristes en Syrie, dont onze "groupes démocratiques d'opposition". Il a ajouté que depuis début Janvier 2016, l'armée de l'air russe a frappé plus de 1100 objectifs jihadistes, pour la plupart à Al-Raqqah et Palmyre (RT, 11 janvier 2016).
• Le ministère russe des Affaires étrangères a publié une déclaration formelle selon laquelle l'armée de l'air russe et l'armée de l'air syrienne ont coopéré pour la première fois dans la guerre contre le terrorisme. Dans ce contexte, des avions russes ont effectué un raid aérien avec l'aide de chasseurs syriens. Selon la déclaration, deux bombardiers russes envoyés pour attaquer des cibles terroristes en territoire syrien ont été escortés par deux avions syriens. Le communiqué a souligné que les pilotes avaient coordonné l'opération la veille (Spoutnik, RT, 15 janvier 2016).
• Le ministère russe de la Défense a organisé une conférence de presse afin de présenter les réalisations de la campagne en Syrie depuis ses débuts.Selon le ministère, une superficie totale de 1.040 km carrés et 217 villes et villages ont été libérés. Les éléments terroristes souffrent d'une pénurie de munitions, de carburant et de nourriture, et l'Etat islamique a maintenant des difficultés à recruter de nouveaux membres. Des preuves ont également été présentées, afin de réfuter les allégations selon lesquelles les forces russes nuisent à la population civile. De telles allégations doivent être adressées contre la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis (rbth.com, 15 janvier 2016).

Principaux développements en Syrie

Aperçu général

• L'armée syrienne continue d'établir son contrôle sur la base aérienne militaire de Kuweyres pour reprendre la ville d'Al-Bab. L'Etat islamique, pour sa part, a annoncé une mobilisation générale dans la ville. Dans le secteur de la ville d'Al-Qaryatayn, au Sud-Est de Homs, des batailles sont en cours entre l'armée syrienne et l'Etat islamique. L'organisation aurait souffert de lourdes pertes dans ces combats. D'autre part, l'Etat islamique essaie de nuire à l'enclave du régime syrien à Deir al-Zor, en utilisant des terroriste suicide et des voitures piégées. L'Etat islamique a massacré la population locale dans un village au Nord-Ouest de Deir al-Zor, dont les résidents étaient soupçonnés de collaborer avec le régime syrien.

La province d'Alep

La zone de la base aérienne militaire Kuweyres

• L'armée syrienne continue d'établir son contrôle dans la région de la base aérienne militaire de Kuweyres. Pendant la semaine, l'armée syrienne a progressé dans la zone au Nord de la base aérienne, en prenant plus de quatre autres villages dans la région des mains de l'Etat islamique. L'armée syrienne a également pris le contrôle d'une station de pompage d'eau desservant la ville d'Alep (SANA, 15 janvier 2016). L'objectif de l'armée syrienne est de prendre la ville d'Al-Bab, contrôlée par l'Etat islamique, située au Nord de la base aérienne. En vue de la confrontation, l'Etat islamique a annoncé une mobilisation générale dans la région d'Al-Bab et a appelé tous ceux qui peuvent porter les armes à prendre part à l'opposition au régime syrien (Al-Akhbar, 15 janvier 2016).
• Dans la ville de Jarabulus, à la frontière syro-turque, l'Etat islamique se prépare à se défendre contre les forces kurdes et les organisations rebelles. Des membres de l'Etat islamique devraient renforcer les fortifications et apporter des renforts. Selon les forces kurdes, des membres de l'Etat islamique ont transféré des armes lourdes et des munitions à Jarabulus (Agence de presse kurde xeber24.com, 16 janvier 2016).Le contrôle de la zone de Jarabulus est d'une importance majeure pour l'Etat islamique, car la zone est le seul passage vers la Turquie qu'il contrôle encore.

Deir al-Zor

• Bien que l'Etat islamique soit sur la défensive dans les différentes régions de Syrie du Nord, il essaie maintenant de porter atteinte à l'enclave militaire et civile du régime syrien dans la région de Deir al-Zor. Cette enclave est au cœur du territoire contrôlé par l'Etat islamique et, d'un point de vue tactique, l'Etat islamique a un avantage sur l'armée syrienne.
• Selon un rapport publié par la branche information de l'Etat islamique, le 17 janvier 2016, l'organisation a pris le contrôle de terrains à l'Ouest et au Nord-Ouest de Deir al-Zor des mains de l'armée syrienne. Selon le rapport, les membres de l'Etat islamique contrôlent la plupart de la partie orientale de la ville tandis que l'armée syrienne contrôle d'autres parties, y compris l'aéroport civil. La prise de contrôle de la ville a été réalisée avec des voitures piégées et un grand nombre de terroristes suicide, qui se sont fait exploser avec des ceintures piégées parmi des soldats syriens. Selon les rapports, les membres de l'Etat islamique ont effectué plus de 30 attentats suicide en 48 heures (Al-Masdar, 18 janvier 2016). Selon l'Etat islamique, l'armée syrienne a perdu plus de 100 soldats, et au moins cinq soldats ont été capturés (Aamaq, 17 janvier 2016).
• Les villages repris par l'Etat islamique comprennent le village d'Al-Baghiliyah, situé à 7,5 km au Nord-Ouest de Deir al-Zor (voir la carte). Dans ce village, l'Etat islamique a massacré des résidents, y compris des femmes, des enfants et des personnes âgées. Selon les rapports, 280 civils ont été tués dans le village. Environ 400 personnes auraient été prises en otage (dont environ la moitié ont été libérées par la suite). Selon les rapports, le meurtre de masse a été réalisé sur des soupçons que les villageois coopèrent avec les forces du régime syrien. Le massacre a été commis un jour après que des avions russes ont parachuté des fournitures aux résidents (RT, 17 janvier 2016).

Damas

• L'armée syrienne, en coordination avec l'Organisation des Nations Unies, aurait détruit des armes de l'Etat islamique dans la région d'Al-Hajar al-Aswad (Sud de Damas). Il a également été convenu que les membres de l'Etat islamique quitteraient la région à travers les zones d'Al-Qadam et d'Al-Assali, deux endroits dans la région d'Al-Hajar al-Aswad, près de l'autoroute menant à Damas (Al-Durar al-Shamiya, 18 janvier 2016).Ces mesures sont apparemment prises dans le cadre de la mise en œuvre de l'accord parrainé par l'ONU pour l'évacuation des membres de l'Etat islamique du camp de réfugiés d'Al-Yarmouk et du quartier voisin d'Al-Hajar al-Aswad.

Principaux développements en Irak

Aperçu général

• L'armée irakienne se bat toujours pour nettoyer la ville de Ramadi et ses environs des poches de résistance de l'Etat islamique. Cependant, l'organisation possède encore des avant-postes dans cette région. L'armée irakienne et les pays de la coalition internationale attaquent l'Etat islamique dans d'autres villes dans la province d'Al-Anbar et ses environs. Selon une source irakienne, des dizaines de membres de l'Etat islamique ont été tués dans une attaque contre le siège de l'organisation dans la ville de Hit et ses environs (Nord-Est de Ramadi).

La province d'Al-Anbar

Ramadi

• L'armée irakienne continue à nettoyer la ville de Ramadi et ses environs de la présence de membres de l'Etat islamique. L'armée irakienne aurait pris le contrôle de la plupart du quartier d'al-Sufiya à Ramadi et se prépare à entrer dans le quartier d'Al-Sajariya, dans la partie orientale de la ville (Al-Jazeera, 15-17 janvier 2016).
• D'autre part, l'Etat islamique affirme avoir réalisé des accomplissements autour de la ville de Ramadi. Selon l'organisation, ses membres contrôlent huit camps de l'armée irakienne au Nord-Est de la ville (Aamaq, 14 janvier 2016). Le 17 janvier 2016, l'Etat islamique a annoncé avoir attaqué les forces de sécurité irakiennes au Nord de Ramadi et pris le contrôle de sept bases des forces irakiennes de sécurité dans la région (Aamaq, 17 janvier 2016).

La région de Haditha

• L'armée irakienne a publié une vidéo de la ville de Haditha, montrant le retour à la routine, après des batailles dans lesquelles l'armée irakienne a réussi à surmonter l'Etat islamique (Site Internet de l'armée irakienne, 17 janvier 2016).

La région du lac Tharthar

• Le 16 janvier 2016, les milices chiites qui soutiennent le gouvernement irakien dans la lutte contre l'Etat islamique ont annoncé qu'elles avaient nettoyé la zone Sud-Est du lac Tharthar de la présence de l'organisation (Al-Sumaria, 16 janvier 2016). Des membres de l'Etat islamique qui ont fui de Ramadi lors de la reprise de la ville par l'armée irakienne sont récemment arrivés aux avant-postes tenus par l'organisation dans la zone du lac.

Hit

• Selon une source de sécurité irakienne, la coalition internationale menée par les Etats-Unis et l'armée irakienne a effectué une attaque massive contre le siège de l'Etat islamique dans la ville de Hit et ses environs. Selon le rapport, les attaques ont tué des dizaines de membres de l'organisation, détruit des véhicules et causé de lourds dégâts matériels à l'organisation (Hamrin News, 18 janvier 2016).

L'Egypte et la péninsule du Sinaï

• Pendant la semaine, les forces de sécurité égyptiennes ont poursuivi leur activité contre des cibles de l'Etat islamique. Les activités sécuritaires ont été effectuées dans la région de Cheikh Zoweid et d'Al-Arish, et ont inclus des frappes aériennes. Selon les rapports, des terroristes ont été tués, notamment de hauts responsables, des membres ont été arrêtés, et des véhicules et des armes ont été confisqués. Les forces de sécurité égyptiennes auraient également tué six membres de l'organisation, y compris Abu Fahd Hanif, le commandant de l'Etat islamique à Cheikh Zoweid (Al-Watan, 15 janvier 2016).
• Malgré l'activité intensive des forces de sécurité égyptiennes, la Province du Sinaï de l'Etat islamique a poursuivi ses activités de guérilla, dont certaines ont été déjouées par les forces de sécurité : Un incident est survenu le 14 janvier 2016, quand des membres de l'Etat islamique ont commis une attaque contre l'armée égyptienne dans la banlieue de Cheikh Zoweid. L'attaque a visé le village d'Al-Tuma, au Sud-Ouest de la ville. Quatre soldats ont été tués. L'armée égyptienne a répliqué par des tirs d'artillerie et des frappes aériennes massives.
• Ci-après d'autres incidents :

• Le 18 janvier 2016 : Deux APC de la police égyptienne ont explosé sur la route côtière à Al-Arish après l'explosion d'un engin piégé, sans faire de victime (Twitter, 18 janvier 2016).
• Le 17 janvier 2016 : Les forces de sécurité égyptiennes ont fait exploser quatre engins explosifs improvisés dans la région de l'hôpital de Cheikh Zoweid. Il n'y a pas eu de victimes (Al-Masry al-Youm, 17 janvier 2016).
• Le 16 janvier 2016 : Deux véhicules militaires à Cheikh Zoweid ont été endommagés dans l'explosion d'un engin piégé. Un soldat a été tué et six autres ont été blessés. Les forces de sécurité égyptiennes ont neutralisé trois autres engins explosifs improvisés à Cheikh Zoweid (Al-Bawaba, 16 janvier 2016)
• Le 15 janvier 2016 : Le conducteur d'un camion-citerne appartenant à la société de l'eau dans le Nord du Sinaï a été blessé par un engin piégé à Rafah. Le blessé a été emmené à l'hôpital d'Al-Arish. Le camion-citerne a été endommagé (Al-Youm al-Sabea, 15 janvier 2016).

Le jihad mondial dans d'autres pays

Libye

Benghazi

• La Province de Barqa de la branche de l'Etat islamique en Libye a publié une vidéo montrant la formation de membres de l'organisation dans la ville de Benghazi et les attaques menées par l'organisation. La vidéo montre les membres prêtant allégeance à Abu Bakr al-Baghdadi. A la fin de la vidéo, un homme armé et masqué appelé Abu Omar al-Muhajir attaque l'armée libyenne et ses partisans, et appelle les musulmans à travers le monde à se joindre à l'État islamique (Isdarat al-Dawla al-Islamiyya, 16 janvier 2016).
• La branche information de l'Etat islamique dans la province de Tripoli a publié une vidéo intitulée "Message à nos frères en Somalie", montrant deux hommes armés somaliens masqués, appelés Sayf al-Din al-Somali (parlant en anglais) et Abu Qudamah al-Somali (parlant en somali).Ils félicitent les membres de l'organisation somalienne Al-Shabab d'avoir adhéré à l'Etat islamique et prêté allégeance à Abu Bakr al-Baghdadi. Ils ont également exhorté leurs collègues de l'organisation Al-Shabab à les rejoindre. Les deux hommes ont appelé les dirigeants d'Al-Shabab à cesser les combats contre les activistes qui ont rejoint l'Etat islamique. A la fin de la vidéo, les hommes prêtent allégeance à Abu Bakr al-Baghdadi (Akhbar Dawlat al-Islam, 12 janvier 2016).
• Fin Octobre 2015, un haut responsable de l'organisation Al-Shabab a annoncé qu'il rejoignait l'Etat islamique. En réponse, un autre haut responsable a déclaré que toute personne qui ferait allégeance à l'Etat islamique serait exécutée par Al-Shabab.

Ras Lanouf

• Selon une source de l'une des compagnies pétrolières libyennes opérant dans le secteur de Ras Lanouf, le 14 janvier 2016, un oléoduc situé à quelques dizaines de kilomètres au Sud du port de Ras Lanouf a été saboté. L'oléoduc qui a été saboté acheminait du pétrole au port d'Al-Sidr. L'explosion a provoqué un incendie et l'équipe de lutte contre l'incendie arrivée sur la scène a déterminé que le pipeline avait été saboté. Selon à la source, la branche de l'Etat islamique en Libye était derrière l'incident (Akhbar Libya 24, 14 janvier 2016).
• La Province de Barqa de l'Etat islamiquea revendiqué la responsabilité d'une attaque contre un poste de contrôle des gardes de sécurité de l'installation pétrolière sur la route reliant Marada et Tsilla, au Sud de Ras Lanouf. Selon le communiqué, les membres de l'Etat islamique ont tué quatre personnes et saisi des véhicules et des armes. Selon les rapports des médias libyens, les membres de l'organisation ont attaqué le siège d'une compagnie turque qui avait gagné le contrat pour le pavage de la route Marada-Al-Aqila, ont enlevé quatre gardes de sécurité et pris le contrôle de deux véhicules (Ain Libye, 14 janvier 2016 ; site Internet de partage de fichiers, 15 janvier 2016 ; Al-Wasat, 15 janvier 2016).

Indonésie

• Le 14 janvier 2016, une série d'attaques a été réalisée dans la capitale indonésienne Jakarta, avec notamment des fusillades et des détonations d'engins explosifs improvisés à plusieurs endroits, y compris près du bâtiment de l'ONU. Dix-sept personnes ont été tuées, dont cinq policiers, sept civils et cinq terroristes. En outre, plusieurs personnes ont été blessées. L'Etat islamique a revendiqué la responsabilité des attentats dans un communiqué publié en arabe et en français. Selon le rapport de la police indonésienne, les attaques ont été menées par des terroristes à moto qui ont lancé des grenades sur les cibles. Entre 10 et 15 terroristes auraient été impliqués dans l'attaque (Al-Masdar, 14 janvier 2016). C'est la première fois qu'une telle attaque est menée dans la capitale indonésienne. Selon un porte-parole de la police, dans le passé, l'Etat islamique avait menacé de s'intéresser à l'Indonésie (RT, 14 janvier 2016).
• Le 17 janvier 2016, la police de Jakarta a révélé des détails sur le terroriste responsable de la planification de la série d'attaques. Le terroriste, Bahrun Na'im, alias Singgih Tamtomo ou Abu Rayan, est un expert en informatique. Il a été condamné le 21 février 2011 pour possession de munitions. Bahrun est soupçonné d'avoir recruté des partisans via les réseaux sociaux (Jakarta Post, 17 janvier 2016). Selon des rapports précédents, des dizaines d'Indonésiens se sont rendus en Syrie pour combattre dans les rangs des organisations jihadistes.

Burkina Faso

• Le 15 janvier 2016, une série d'attaques a été menée à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, en Afrique de l'Ouest. Au moins quatre individus armés, dont deux femmes, ont ouvert le feu, fait exploser des engins piégés et mis le feu à des véhicules dans le centre-ville. Les terroristes sont ensuite entrés dans le café "Cappuccino" et y ont mis le feu (NDTV, 16 janvier 2016 ; AP, 16 janvier 2016). Du café, ils se sont rendus à l'Hôtel Splendid et pris d'assaut le casino de l'hôtel, en criant Allah Akbar et en tirant dans toutes les directions. Selon des témoins, l'un des assaillants a crié : "ce qui est arrivé en France va arriver ici" (The Wall Street Journal, 16 janvier 2016).
• Après un échange de tirs qui a duré plus de 12 heures, les forces de sécurité locales, aidées par des forces spéciales françaises, ont réussi à prendre le contrôle de l'hôtel.Elles ont tué trois terroristes et libéré environ 150 otages. Un quatrième terroriste s'est échappé vers un hôtel voisin et a également été tué par les forces de sécurité (Wall Street Journal, 16 janvier 2016). Au total, environ 28 personnes ont été tuées, pour la plupart des ressortissants étrangers. Parmi les morts figurent six Canadiens, cinq Burkinais, deux citoyens français, deux citoyens suisses, un citoyen néerlandais et un américain (l'identité des autres victimes est encore inconnue).

• Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), la branche d'Al-Qaida en Afrique du Nord, a revendiqué la responsabilité de l'attaque. Les terroristes appartenaient au bataillon Al-Mourabitoun, dirigé par Mokhtar Belmokhtar, qui opère dans le cadre d'AQMI. Ces deux organisations ont également participé à l'attaque de l'Hôtel Radisson Blu à Bamako, la capitale du Mali (20 novembre 2015).

• Le 15 janvier 2016, AQMI a réalisé deux autres attaques dans le Nord du Burkina Faso, près de la frontière avec le Mali. Lors d'une attaque, près de 20 terroristes ont attaqué un village, tuant deux miliciens. Le 16 janvier 2016, un couple australien a été enlevé par des jihadistes près de la ville de Baraboule, près de la frontière avec le Mali. AQMI a revendiqué la responsabilité de ces attaques.

Lutte contre le terrorisme

Etats-Unis

• Le Département d'Etat américain a ajouté la Province de Khorasan de l'Etat islamique à sa liste des organisations terroristes. La décision américaine intervient un an après l'annonce de Khorasan comme province de l'État islamique. La province, basée en Afghanistan et au Pakistan, se compose principalement d'anciens membres des talibans. Depuis sa création, la province a mené plusieurs attaques suicide, des fusillades avec des armes légères, et des enlèvements de civils afghans et des forces de sécurité.

Turquie

• Suite à l'attaque d'Istanbul, la police a arrêté plus de 12 suspects. Trois des détenus sont des citoyens russes (Reuters, 13 janvier 2016). Le consul de Russie à Antalya a confirmé que trois citoyens russes avaient été arrêtés (Spoutnik, 13 janvier 2016). Le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a confirmé que l'un des détenus, Aidar Suleimanov, né en 1984, résident de la République du Tatarstan, était détenu en raison de ses liens avec l'Etat islamique (TASS, 14 janvier 2016).
• La presse turque a révélé des détails supplémentaires sur les auteurs de l'attaque meurtrière d'Istanbul. Après l'attaque, huit suspects originaires de Syrie ont été arrêtés. Quatre d'entre eux sont arrivés en même temps que le terroriste Nabil Fadli. Les auteurs de l'attaque ont utilisé du TNT et du RDX, des explosifs dont les traces ont été retrouvées dans la ceinture du terroriste. Environ une semaine avant le Nouvel An, les suspects sont arrivés de Syrie à Urfa (Est de la Turquie), et de là à Ankara. Ils sont ensuite allés à Istanbul. Le terroriste Nabil Fadli était enregistré auprès de l'autorité de l'immigration turque et avait même laissé ses empreintes digitales (Milliyet, 14 janvier 2016).

Kirghizistan

• Selon Stalbek Rahmanov, représentant du département de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme au ministère de l'Intérieur du Kirghizistan, 508 citoyens du Kirghizistan (387 hommes et 121 femmes) se sont rendus en Syrie et en Irak. La plupart d'entre eux ont rejoint les rangs de l'Etat islamique. Selon lui, 83 d'entre eux sont des mineurs emmenés par leurs parents. Trente-trois civils ont été tués. Il ajouté que près de 40 sont déjà rentrés au Kirghizistan et devraient être interrogés (TASS, 15 janvier 2016).

La guerre de propagande

Nouvelle chaîne d'information de l'Etat islamique

• L'Etat islamique aurait inauguré une nouvelle chaîne satellite qui diffuse des informations, des reportages et des vidéos. Les émissions de la chaîne sont reçues principalement dans le secteur de Mossoul, mais l'organisation a également réussi à pirater le satellite égyptien Nilesat, permettant à de nombreux téléspectateurs du monde arabe de recevoir ses émissions. Selon un responsable de Nilesat, il est impossible de bloquer les programmes de la chaîne parce qu'ils ne diffusent pas sur les fréquences du satellite (Al-Masriya, 16 janvier 2016).

Baisse de la portée de la propagande de l'Etat islamique

• Un article publié sur un site Internet chiite passe en revue les moyens utilisés par l'Etat islamique pour sa propagande. Selon l'article, après un élan dans le domaine de la propagande en 2014, qui avait laissé l'impression que l'organisation se propageait rapidement, la quantité et la qualité de son matériel de propagande ont chuté en 2015. Cet article répertorie plusieurs façons dont l'Etat islamique utilise sa propagande, à l'aide de professionnels qualifiés (Site Imam Hussain, 17 janvier 2016) :
• Comptes Twitter :Selon des études, en Décembre 2015, l'Etat islamique avait 46.000 comptes Twitter, principalement en arabe. Ces comptes ont des milliers de suiveurs. Twitter a fermé plus de 2000 comptes de l'organisation. Selon des sites chargés de surveiller l'activité médiatique de l'Etat islamique, l'organisation envoie environ 49 000 tweets par jour.
• Les réseaux sociaux: L'Etat islamique a adopté des méthodes et des programmes pour permettre à ses membres de communiquer et pour en recruter de nouveaux. L'Etat islamique utilise notamment des jeux électroniques pour la communication interne entre ses membres. Les serveurs de ces jeux sont répartis dans le monde et sont difficiles à contrôler.

Déclarations du chef d'Al-Qaïda Ayman al-Zawahiri

• Al-Sahab, la branche information d'Al-Qaïda, a publié une série de déclarations de son chef, Ayman al-Zawahiri, intitulée "printemps islamique". La série comprend deux messages enregistrés et une déclaration écrite (Youtube, 14 janvier 2016) :

• Le premier discours porte sur l'exécution en Arabie Saoudite de plus de 40 membres d'Al-Qaïda et du chiite Nimr al-Nimr (connu comme "l'homme de l'Iran dans l'Est de la Péninsule arabique"). Dans son discours, Al-Zawahiri attaque le régime saoudien, le qualifie de collaborateur de la "coalition des sionistes et des croisés" et demande instamment au peuple saoudien de renverser le régime.
• Le second discoursse concentre sur l'Asie du Sud, en particulier l'Indonésie, la Malaisie et les Philippines. Selon Al-Zawahiri,la région est prête à recevoir des combattants islamiques, comme d'autres parties du monde. Al-Zawahiri se tourne vers les musulmans d'Indonésie et d'autres pays musulmans, disant qu'Al-Qaïda aspire à établir un califat et à unir la nation, tout en se dissociant de l'activité de l'Etat islamique.
• La déclaration écrite comprend des condamnations de l'Arabie saoudite et du rôle qu'elle joue dans la guerre en Syrie.

^[1]Dans ce contexte, il a été affirmé qu'après l'attaque de la banque en Irak, l'Etat islamique a décidé de réduire les salaires de ses membres de 50%. Il a également été rapporté que le gouverneur de l'organisation dans la ville de Mossoul a émis une fatwa (décret religieux) permettant à l'Etat islamique d'augmenter les impôts prélevés auprès des résidents (Oneindia, 19 janvier 2016).Ces rapports doivent être corroborés. 

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