Pleins feux sur le jihad mondial (20-27 janvier 2016)

Principaux points

En Syrie, l'Etat islamique continue à exercer une pression militaire sur l'armée syrienne dans la région de Deir al-Zor, qui est entourée et coupée de la zone principale de contrôle du régime syrien. Cette semaine, l'organisation a réalisé un exploit en prenant le contrôle d'une base de l'armée syrienne au Nord-Ouest de Deir al-Zor, saisissant une grande quantité d'armes, y compris des parties d'une batterie de missiles anti-aériens SA-6. L'Etat islamique en a tiré un profit de propagande, bien que la capacité opérationnelle de la batterie et la capacité de l'organisation à le faire fonctionner soient discutables. L'Etat islamique tente également d'établir son contrôle au Nord d'Alep, près de la frontière turque. En Irak, l'armée irakienne poursuit ses efforts pour nettoyer la ville de Ramadi et ses environs. Cette semaine, l'armée irakienne a annoncé le lancement d'une offensive visant à prendre le contrôle total de la ville. Ce but n'a pas encore été atteint. L'Etat islamique tient certains quartiers de la ville et y mène des actes de guérilla (y compris des attentats suicide) contre l'armée irakienne. Au niveau de la propagande, l'Etat islamique mène de vastes campagnes : dans une vidéo adressée aux publics occidentaux (principalement la France et la Grande-Bretagne), l'organisation tente d'intimider et menace de commettre d'autres attaques semblables aux attentats terroristes de Paris ; dans des vidéos adressées aux résidents des pays d'Afrique du Nord, l'Etat islamique appelle à renverser les "régimes infidèles"  de ces pays et menace que son activité va également se propager vers l'Espagne ("Andalousie"). Dans une vidéo publiée en Libye, l'organisation menace d'attaquer les champs et les installations de pétrole. Dans une vidéo adressée aux musulmans d'Egypte, l'Etat islamique appelle à renverser le régime du Président Abdel Fattah al-Sissi en effectuant des attaques en Egypte même (cf., au Caire, à Gizeh et ailleurs).

 

La campagne internationale contre l'Etat islamique

Frappes des Etats-Unis et des pays de la coalition

• Cette semaine, les forces américaines et les pays de la coalition ont poursuivi leurs frappes aériennes contre des objectifs de l'Etat islamique. Pendant la semaine, des dizaines de raids aériens ont été effectués au moyen d'avions de chasse, d'avions de combat et de drones. Ci-après les principales attaques (Département d'Etat américain) :

• En Syrie– Les frappes aériennes ont été concentrées dans les secteurs de Hassaké, Ain Issa, Manbij, Al-Hawl (Est de Hassaké), Marea, Deir al-Zor, et Al-Raqqah. Les frappes aériennes ont notamment visé des unités tactiques de l'Etat islamique, des voies de circulation, des sièges, un bunker, des positions de combat, des bâtiments, des véhicules, des membres et des sites de production de pétrole.
• En Irak– Les frappes aériennes ont été concentrées dans les régions suivantes : Kisik, Mossoul, Ramadi, Sultan Abdullah, Baghdadi, Makhmur (Sud-Ouest d'Erbil), Sinjar, Tal Afar, et Baiji. Les frappes aériennes ont notamment atteint des unités tactiques de l'Etat islamique, des bunkers, des tunnels, des positions de combat, des sièges, des zones de rassemblement, un atelier de fabrication d'explosifs, des voitures piégées, des entrepôts d'armes, des roquettes, des camions citernes et des positions de commandement et de contrôle.

Déclarations américaines

Libye

• Au cours de la semaine dernière, de hauts responsables politiques et sécuritaires américains ont tenu des propos témoignant de leurpréoccupation face à la montée de l'État islamique au pouvoir en Libye.^[1] Dans ce contexte, les Etats-Unis et leurs alliés auraient intensifié leurs vols de reconnaissance et les missions de renseignement, avant une éventuelle décision à propos de frappes aériennes et de raids en territoire libyen.^[2] Selon les rapports, jusqu'à présent, aucune décision n'a été prise sur une extension des activités des Etats-Unis et de leurs alliés en territoire libyen, mais les responsables du gouvernement américain ont déclaré que la décision serait prise dans quelques semaines (New York Times, 22 janvier 2016).
• Dans son rapport sur le sujet, le New York Times a cité le général Joseph Dunford, commandant des états-majors de l'armée américaine. Selon Dunford, l'intention est de procéder à une "action militaire décisive" contre l'Etat islamique, conformément au processus politique en Libye. Il a affirmé que le Président américain a clairement indiqué que les États-Unis ont le pouvoir d'utiliser la force militaire. Dunford a ajouté que la semaine dernière, des représentants des États-Unis, de Grande-Bretagne, d'Italie et de France se sont réunis en Europe afin de discuter d'un large éventail d'options militaires pour faire pression sur l'État islamique en Libye.

Irak et Syrie

• Les responsables américains continuent de souligner publiquement la précision des frappes aériennes américaines en Irak et en Syrie (alors que la Russie est accusée de frappes aériennes aveugles). Dans ce contexte, le porte-parole du commandement central américain a noté que les frappes aériennes de la coalition en Irak et la Syrie étaient les plus précises de l'histoire. Selon le porte-parole, des civils sont également touchés, du fait que les membres de l'Etat islamique les utilisent comme boucliers humains. Il a assuré que des efforts sont faits pour minimiser les pertes civiles.

Préparation de bases aériennes au Nord-Est de la Syrie

• Selon des rapports syriens, arabes et occidentaux, la Russie opère dans la base aérienne près de la ville kurde de Qamishli, au Nord-Est de la Syrie (dans la province de Hassaké), pour la remettre en activité. On estime que 100 à 200 soldats russes sont censément engagés dans l'expansion de la base aérienne. Cette activité est coordonnée entre la Russie et l'armée syrienne, qui contrôle la base aérienne, et les forces kurdes (GPJ), qui contrôlent la région. Cette activité de la Russie, qui se déroule non loin de la frontière turque, est source de préoccupations pour la Turquie. En outre, une délégation d'experts russes aurait été envoyée à la base aérienne militaire de Kuweyres, à l'Est d'Alep, dans le but d'en faire une troisième base aérienne pour les appareils de l'armée de l'air russe (Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), 22 janvier 2016). Cependant, le porte-parole du ministère russe de la Défense Konashenkov a déclaré que la Russie n'a pas établi d'autre base en Syrie et n'a pas intention de le faire (Spoutnik, 25 janvier 2016).
• Si ces rapports sont vérifiés, cela pourrait témoigner del'intention de la Russie d'accroître sa présence aérienne en Syrie de Lattaquié (base aérienne de Hmeymim) à des bases aériennes supplémentaires dans le Nord-Est du pays (Kuweyres, Qamishli). Cette expansion permettra de simplifier les frappes aériennes russes contre l'Etat islamique et les autres organisations rebelles et marquera l'intensification de la participation de la Russie dans la guerre civile en Syrie.
• Dans le même temps, selon les médias occidentaux, des conseillers américains et des soldats kurdes (du GPJ) sont engagés dans l'élargissement de l'ancienne piste près la ville de Rmelan, dans la province d'Al-Hasaka (contrôlée par les forces kurdes). Selon les rapports, cette piste peut être utilisée par des avions cargo et les hélicoptères des pays de la coalition. Cette information n'a pas été formellement vérifiée par les États-Unis. La piste de Rmelan est située à environ 64 km (à vol d'oiseau) de la base aérienne de Qamishli que les Russes remettent en activité.Déclarations du chef d'état-major russe
• Selon le chef d'état-major russe Valery Gerasimov, les frappes aériennes de l'armée de l'air russe ont aidé le régime syrien à prendre l'offensive sur les différents fronts, pour la première fois depuis le début de la guerre civile en 2011. Selon lui, dix fronts où l'armée syrienne se bat actuellement sont offensifs. Il a ajouté que depuis que l'armée de l'air russe a commencé à soutenir les forces syriennes contre les organisations terroristes, plus de 6000 sorties ont été effectuées, visant des "cibles terroristes." Selon Gerasimov, il est évident que les membres de l'Etat islamique quittent la Syrie en masse et fuient vers d'autres pays (Spoutnik, 22 janvier 2016).

Principaux développements en Syrie

Aperçu général

• Cette semaine, l'Etat islamique a continué à exercer une pression militaire sur l'armée syrienne dans la zone de Deir al-Zor, où les forces syriennes locales sont encerclées et coupées de la zone principale de contrôle du régime syrien. L'Etat islamique a réalisé un exploit en prenant le contrôle d'une base de l'armée syrienne près de la ville d'Ayyash, saisissant une grande quantité d'armes, y compris une batterie de missiles anti-aériens SA-6 (sa capacité opérationnelle ainsi que celle de l'organisation sont discutables). Les combats dans la région de Deir al-Zor sont encore en cours. En outre, l'Etat islamique s'efforce de prendre le contrôle des avant-postes détenus par d'autres organisations rebelles au Nord d'Alep, près de la frontière turque.

Région de Deir al-Zor

• Cette semaine, l'Etat islamique a continué à attaquer l'armée syrienne dans la région de Deir al-Zor. L'organisation a enregistré quelques succès, y compris la prise de contrôle d'une base militaire dotée d'un important arsenal près du village d'Ayyash (10 km au Nord-Ouest de Deir al-Zor). Selon un rapport de l'Etat islamique, ses membres auraient tué 50 soldats de l'armée syrienne (Site de la Province d'Al-Khayr de l'Etat islamique). De grandes quantités d'armes sont tombées aux mains de l'Etat islamique, y compris une batterie de missiles antiaériens SA-6. L'Etat islamique a également saisi les tours de radiodiffusion de la télévision syrienne près d'Ayyash.
• Selon la couverture médiatique syrienne des combats, des parties d'une batterie de missiles anti-aériens SA-6 sont tombées aux mains de l'Etat islamique, ainsi qu'un véhicule de lancement, un radar et deux missiles. L'organisation, comme d'habitude, a profité de sa réalisation à des fins de propagande, publiant des photos des deux missiles anti-aériens et du radar. Toutefois, selon les médias syriens, le système de missile qui a été saisi n'est pas complet et ne peut pas fonctionner, et il est douteux que l'Etat islamique sache le faire fonctionner, et on ignore si l'organisation est en mesure de l'extraire de la zone où les combats sont toujours en cours.

• Après la chute d'Ayyash, l'armée syrienne a lancé une contre-attaque (21-22 janvier 2016) afin de reprendre les zones contrôlées par l'Etat islamique et de stabiliser la situation sécuritaire autour de Deir al-Zor. Cette attaque a été réalisée avec le soutien intensif des armées de l'air russe et syrienne, qui ont attaqué des cibles de l'Etat islamique dans le secteur d'Ayyash, à la base aérienne militaire et dans toute la région de Deir al-Zor.^[3] Les appareils russes et syriens ont également largué du matériel militaire, des munitions et de l'aide humanitaire aux forces syriennes et à la population de la région. D'autre part, l'Etat islamique a tiré des obus de mortier sur le quartier d'Al-Jura, au Nord-Ouest de Deir al-Zor, faisant des morts et des blessés parmi la population. Des membres de l'Etat islamique ont également attaqué la base aérienne de Deir al-Zor, qui est contrôlée par l'armée syrienne.

Province d'Alep

• L'armée syrienne continue d'élargir sa base de contrôle autour de la base aérienne militaire de Kuweyres, à l'Est d'Alep. Le 23 janvier 2016, l'armée syrienne a repris plusieurs villages au Nord et au Nord-Ouest de la base aérienne. En outre, l'armée syrienne a commencé à encercler la zone de la ville d'Al-Bab. D'autre part, l'Etat islamique poursuit ses attaques de guérilla contre l'armée syrienne. L'organisation a tiré des roquettes et mené un attentat suicide qui, selon elle, aurait tué 20 soldats de l'armée syrienne (Centre de presse syrienne, Aamaq, 24 janvier 2016).
• Dans la zone située au Nord d'Alep, l'Etat islamique s'efforce d'établir son contrôle près de la frontière turque, à l'Ouest de ses avant-postes de Jarabulus et d'Al-Bab. Cette semaine, des membres de l'Etat islamique auraient pris le contrôle des villages de Baraghedeh et d'Al-Bal des mains des organisations islamiques rebelles. En réponse, l'armée turque aurait attaqué le village d'Al-Bal et d'autres villages près de la frontière (Aamaq, site Internet de partage de fichiers archive.org, 23 janvier 2016).
• Des objectifs de l'Etat islamique à Jarabulus et Manbij, deux grands bastions de l'organisation au Nord d'Alep, sont l'objet d'attaques par des avions russes et de la coalition. Les membres de l'Etat islamique empêcheraient les habitants de ces villes de quitter leur domicile (ARA News, 23 janvier 2016). Selon les rapports des médias syriens et arabes, un corps d'ingénierie turc se préparerait à neutraliser les mines terrestres posées par des membres de l'Etat islamique dans la ville de Jarabulus, en vue de l'entrée de l'armée turque en Syrie (Orient; Al-Durar al-Shamiya, 19 janvier 2016).

Province de Damas

• Selon les médias syriens et arabes de cette semaine, des milliers de résidents ont commencé à retourner dans le quartier d'Al-Qadam et d'autres quartiers au Sud de Damas (Al-Jazeera, OSDH, 20 janvier 2016 ; Al-Watan, 21 janvier 2016). Le retour des résidents pourrait témoigner du début de la mise en œuvre de l'accord selon lequel les membres de l'Etat islamique sont censés quitter leurs bastions du Sud de Damas (le quartier d'Al-Hajar al-Aswad et le camp de réfugiés d'Al-Yarmouk) et se rendre vers le Nord. Jusqu'ici, la mise en œuvre de l'accord n'a pas été confirmée.

Principaux développements en Irak

Aperçu général

• L'armée irakienne poursuit ses efforts pour nettoyer la ville de Ramadi et ses environs. L'Etat islamique contrôle toujours ces régions et continue de mener des opérations de guérilla contre l'armée irakienne, qui a des difficultés à déraciner l'organisation de ses avant-postes.

Ramadi

• Le 23 janvier 2016, le gouvernement irakien a annoncé lelancement d'une offensive pour le contrôle complet de la ville de Ramadi (Sky News en arabe, 23 janvier 2016). L'Etat islamique, pour sa part, continue de mener une guérilla contre l'armée irakienne. Le 23 janvier 2016, l'organisation a annoncé qu'elle avait tué 72 soldats irakiens à Ramadi, dans trois attentats suicide contre le siège de la police à l'Ouest de Ramadi, et a publié des photos de trois terroristes suicide (Aamaq, Akhbar al-Muslimeen, Al-Jazeera, 23 janvier 2016).
• Selon une source iranienne, les membres de l'Etat islamique sont concentrés dans le quartier d'Al-Sajariya à l'Est de Ramadi, et au Sud d'Albu Faraj, au Centre de la ville (Twitter, 18 janvier 2016). Selon une source irakienne proche de l'Etat islamique, le quartier d'Al-Sajariya est sous le contrôle absolu de l'organisation, ainsi qu'environ 50% du quartier d'Al-Sufiya et 60% du quartier d'Albu Aytha. L'organisation a également le contrôle complet du quartier d'Al-Hamidhiyah au Nord-Ouest de la ville (Twitter, 21 janvier 2016).

Samara

• Le 22 janvier 2016, l'Etat islamique a annoncé avoir attaqué des positions de l'armée irakienne près du barrage de Samarra. Selon l'annonce, dix soldats ont été tués et du matériel saisi (Aamaq, 22 janvier 2016). L'organisation a publié des photos de tirs de roquettes Grad et d'obus de mortier sur des positions de l'armée irakienne dans la zone (Akhbar al-Muslimeen, 23 janvier 2016).

Baiji

• Selon Ahmed al-Karim, le président du conseil de la province de Salah al-Din, la décision de fermer la raffinerie de Baiji a été prise, probablement en raison de la situation sécuritaire instable dans la région (Sawt al-Irak, 23 janvier 2016). La veille, l'armée irakienne avait repoussé une attaque de l'Etat islamique près de la ville, au cours de laquelle les membres de l'organisation sont arrivés près de la ville par bateau (Al-Jazeera, 22 janvier 2016).

L'Egypte et la péninsule du Sinaï

• Pendant la semaine, les forces de sécurité égyptiennes ont poursuivi leurs activités contre des cibles de l'Etat islamique. Dans ce contexte, des activités sécuritaires intensives ont été menées à Cheikh Zoweid et à Rafah, au Nord de la péninsule du Sinaï. Les forces de sécurité égyptiennes ont saisi d'importantes quantités d'armes et d'explosifs, et ont arrêté des dizaines de membres. D'autre part, la Province du Sinaï de l'Etat islamique a poursuivi ses activités de guérilla. Ci-après les principaux incidents :

• Le 23 janvier 2016– Un APC de l'armée égyptienne a été attaqué au Sud de Cheikh Zoweid. Cinq soldats ont été tués et plusieurs blessés.
• Le 22 janvier 2016 – Les forces égyptiennes ont été attaquées par des hommes armés à Cheikh Zoweid et au Sud d'Al-Arish.
• Le 20 janvier 2016– Des hommes armés ont tiré sur un barrage de police au Centre d'Al-Arish. Neuf policiers égyptiens ont été tués. La Province du Sinaï de l'État islamique a revendiqué la responsabilité de l'attaque.
• Le 19 janvier 2016– Un engin piégé a explosé contre un APC de police sur la route entre Al-Arish et Qantara. Cinq personnes ont été blessées, dont un officier de police.

Explosion dans un appartement à Gizeh

• Le 21 janvier 2016, un engin piégé a explosé alors que les forces de sécurité égyptiennes tentaient de le neutraliser dans un appartement appartenant à des terroristes à Gizeh, dans le quartier d'Al-Haram. L'explosion a tué environ 10 personnes, dont sept policiers. Parmi les morts figurait le chef du département des enquêtes de la police égyptienne (Compte Twitter d'Al-Jazeera, compte Twitter Akhbar Misr, 21 janvier 2016). Des explosifs et 500 télécommandes utilisées pour faire exploser des voitures piégées et des engins piégés ont été trouvés dans l'appartement (Al-Watan, Al-Youm al-Sabea, 21 janvier 2016).
• La Province du Sinaï del'Etat islamique et l'Etat islamique en Egypte ont revendiqué la responsabilité (séparément) de l'incident sur leurs comptes Twitter respectifs (22 janvier 2016), affirmant que les membres de l'organisation ont réussi à faire exploser un appartement piégé à Gizeh, éliminant 10 policiers et en blessant 20 autres.
• Selon des sources égyptiennes, les locataires de l'appartement étaient des terroristes, dont certains avaient été formés en Syrie. Trois individus arrêtés étaient membres de l'Etat islamique et ont avoué qu'un réseau de l'organisation à Gizeh était responsable de toutes les attaques récentes menées dans la région au cours des derniers mois (Al-Masri Al-Youm, 24 janvier 2016).

• Le démantèlement du réseau de l'Etat islamique à Gizeh est apparemment lié à la série d'attaques menées dans la ville ces derniers mois.La plupart des attaques visaient des responsables de la sécurité égyptienne. Lors d'un incident (7 janvier 2016), une équipe d'environ 15 hommes armés et masqués ont ouvert le feu sur un bus transportant un groupe d'arabes israéliens en visite dans la région de Gizeh. La branche de l'Etat islamique en Egypte avait revendiqué la responsabilité des attaques.

L'Etat islamique appelle tous les musulmans d'Egypte à s'opposer au régime

• La branche information de la Province du Sinaï de l'Etat islamique a récemment publié une vidéo intitulée "Messages du sol de Sinaï," adressé aux musulmans d'Egypte, les appelant à s'opposer au Président égyptien Abd al-Fattah El-Sissi et à tourner leurs armes vers lui. L'orateur de la vidéo y affirme que des membres de l'État islamique dans le Sinaï ont jeté les bases pour nuire au régime égyptien et aux forces de sécurité égyptiennes, en dépit de leur petit nombre et d'un équipement limité. La vidéo encourage également les membres de l'État islamique en Egypte à continuer à combattre en effectuant des attaques terroristes au Caire, à Gizeh et ailleurs.

Le jihad mondial dans d'autres pays

Libye

Ras Lanouf

• Le 21 janvier 2016, un incendie a éclaté dans cinq réservoirs de pétrole de Ras Lanouf, appartenant à la société Al-Harouge, en raison des combats dans la région. Les réservoirs ont subi de lourds dommages (Akhbar Libya 24, 22 janvier 2016). L'Etat islamique a publié la vidéo d'un de ses membres appelé Abu Abdelrahman al-Libi menaçant de nouvelles attaques contre les ports pétroliers, les champs de pétrole, les installations pétrolières et d'autres sites en Libye : "Aujourd'hui le port d'Es-Sider et de Ras Lanouf et demain le port de Brega et après les ports de Tobrouk, Es-Serir, Jallo, et Al-Koufra"^[4] (Reuters en arabe, page Facebook de Majdi Alshrif, 21 janvier 2016).

Syrte

• L'Etat islamique continue d'asseoir sa présence dans la ville de Syrte, son centre de contrôle en Libye. Le 21 janvier 2016, la branche information de l'Etat islamique dans la province de Tripoli a publié une série de photos montrant la police de la moralité de l'organisation effectuant des exécutions publiques dans la ville de Syrte. Selon des sources libyennes, l'homme lisant les verdicts est le commandant de la police de la moralité de l'Etat islamique, appelé Abu Omar l'Egyptien ouAbu Omar al-Muhajir (Akhbar Libya 24, 23 janvier 2016 ; Compte Twitter de Majdi Alshrif, 22 janvier 2016).

Activités de propagande

Campagne de l'Etat islamique contre les régimes des pays d'Afrique du Nord

n  L'Etat islamique a récemment lancé une campagne médiatique, appelant à renverser les "régimes infidèles" des pays d'Afrique du Nord et à imposer la loi islamique à leur place. Il a également menacé que le califat islamique s'étendra également à l'Espagne (Andalousie). Selon nous, la campagne a été déclenchée par les déclarations occidentales sur la nécessité de freiner l'enracinement de l'Etat islamique en Libye, après les revers de l'organisation en Irak et en Syrie ces derniers mois.

• L'Etat islamique a publié quatre vidéos dans le cadre de la campagne. Ci-après les principaux points :

• La première vidéoa été publiée le 19 janvier 2016, et est intitulée "Ils ont ensorcelé les yeux des gens et les ont effrayés." La vidéo a été publiée par la Province de Ninive de l'Etat islamique en Irak (où la ville de Mossoul est située). Elle montre un membre baptisé Abu Mu'adh le Marocain qualifiant les dirigeants des pays du Maghreb et d'Afrique du Nord de "collaborateurs des Juifs et des croisés." La vidéo montre des membres de l'Etat islamique appelant les résidents du Maghreb à rejoindre l'État islamique et à commettre des attaques dans leurs pays. L'objectif est de renverser les régimes "infidèles" dans leurs pays et de faire appliquer la loi islamique. L'orateur poursuit en accusant les régimes des pays du Maghreb de propager la mystique musulmane (soufisme) parmi les masses comme un moyen de les enchanter et de les couper de la loi islamique. Il menace aussi l'Espagne, en disant que le califat sera de retour à Cordoue, Séville et ailleurs en Espagne (Site Internet de partage de fichiers, 19 janvier 2016).
• Une autre vidéo, intitulée "Pour les cavaliers du Maghreb islamique",a été diffusée le 20 janvier 2016, par la Province de l'Euphrate de l'Etat islamique (à la frontière irako-syrienne). L'orateur y décrit la propagation de l'Islam en Afrique du Nord au 8^ème siècle, et souligne l'importance du Maghreb dans la lutte contre les infidèles et l'expansion du califat islamique. Un membre de l'organisation apparaît, déclarant quele califat islamique s'est également propagé du Maghreb en Andalousie (Espagne) et est arrivé "au plus près de Paris." L'orateur a ajouté que l'État islamique a atteint les pays du Maghreb afin de renverser les régimes tyranniques qui sont fidèles aux "croisés" (cf., l'Occident) et de faire appliquer la loi islamique. Il appelle tous les musulmans du Maghreb à rejoindre le califat de l'Etat islamique et à participer au jihad "par tous les moyens possibles." Enfin, il menace les dirigeants locaux du Maghreb, en disant que le califat de l'Etat islamique est en route (Isdarat, 20 janvier 2016).

Vidéo de l'Etat islamique menaçant la France et d'autres pays d'Occident

• Le 24 janvier 2016, la branche information de l'Etat islamique a publié une vidéo menaçant la France et d'autres pays occidentaux et appelant à l'assassinat de civils occidentaux. La vidéo est en partie en arabe (avec des sous-titres français) et en partie en français (avec des sous-titres en arabe). L'Etat islamique a également publié une autre version de la vidéo en anglais (Akhbar al-Muslimeen, dabiqnews.cf 24 janvier 2015).
• La vidéo vise principalement à terroriser les publics cibles en France et dans les pays anglophones et à essayer de dissuader les pays occidentaux de poursuivre leurs attaques contre l'Etat islamique. La première partie de la vidéo montre des images horribles des chaînes d'informations françaises couvrant l'attaque terroriste de Paris le 13 novembre 2015. Elle montre ensuite neuf terroristes français décapitant des prisonniers avec des couteaux.Les neuf hommes menacent l'Occident d'attaques terroristes à Paris, Rome et ailleurs. L'un d'entre eux promet de "libérer la Palestine", même si la Palestine n'est pas le sujet de la vidéo. La vidéo comprend également des messages de menaces à l'encontre de hauts responsables de France et de Grande-Bretagne.
• La vidéo montre les images et les noms de neuf terroristes de l'Etat islamique (belges, français et irakiens), affirmant qu'ils ont été impliqués dans l'attaque terroriste de Paris. La légende qui apparaît sous les photos des neuf hommes stipule notamment : "Ce sont les derniers messages des neuf lions du califat qui sont sortis de leurs repères pour que tout un pays, la France, se mette à genoux…" (Akhbar al-Muslimeen, 24 janvier 2016). Le fait que tous ceux qui apparaissent dans la vidéo ont été impliqués dans l'attaque de Paris n'a pas été corroboré. L'un d'eux est Abu Omar le Belge, qui était à la tête du réseau qui a effectué l'attaque terroriste à Paris et qui a été tué dans un raid mené par les forces de sécurité françaises à Saint-Denis.^[5] Selon nous, il s'agit d'une vieille vidéo qui a été publiée dans le but de servir la propagande de l'Etat islamique à l'attention des pays occidentaux.
• Abu Omar le Belge, l'un des neuf terroristes, s'est adressé à tous les pays participant à la lutte contre l'Etat islamique, affirmant que l'organisation continuera à se battre jusqu'à la dernière goutte de sang. Abou Omar le Belge a également menacé d'autres attaques : "Nous ne cesserons pas de vous combattre. Partout dans le monde, si vous êtes en vacances, en voyage d'affaires ou endormis dans vos lits. Par Allah, vous ne vivrez plus en sécurité pour toujours. Si vous envoyez des avions pour bombarder les musulmans, l'État islamique vous enverra des chasseurs assoiffés du sang des infidèles." D'autres terroristes dans la vidéo ont transmis des messages menaçants similaires.

Menaces de certains des terroristes filmés

• A la fin de la vidéo se trouve un extrait chiffré à l'aide du logiciel PGP^[6]. Il est difficile de savoir si l'intention était bien d'envoyer un message crypté ou s'il s'agit simplement d'un acte vantant les capacités de l'organisation, destiné à des fins de propagande.

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