Pleins feux sur le jihad mondial (28 janvier – 3 février 2016)

Principaux points

La semaine a été marquée par un attentat suicide dans le secteur du mausolée d'Al-Set Zaynab, lieu saint chiite au Sud de Damas. Près de 70 personnes ont été tuées. L'Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l'attaque, menée avec une voiture piégée et deux terroristes suicide qui ont activé des ceintures d'explosifs. L'attaque est un coup porté à l'Iran et au Hezbollah en termes de prestige, le sanctuaire étant un lieu saint chiite dont la protection est devenue un symbole et une source de légitimité religieuse et politique de la participation militaire du Hezbollah et de l'Iran dans la guerre civile en Syrie. Alors que les discussions ont débuté à Genève entre le régime syrien et l'opposition, les combats "de routine" se poursuivent en Irak et en Syrie (sans aucun changement significatif sur le terrain). En Syrie, l'armée syrienne continue de s'établir à l'Est et au Nord-Est de la ville d'Alep ; à Deir al-Zor et dans les environs, les combats se poursuivent entre l'armée syrienne et l'Etat islamique. En Irak, l'armée irakienne poursuit ses efforts pour éradiquer la ville de Ramadi et ses environs de la présence de l'Etat islamique, jusqu'à présent sans succès. Dans le même temps, les branches de l'Etat islamique dans d'autres pays arabes, à l'exception de la Syrie et de l'Irak, continuent de mener des activités terroristes et de guérilla : dans la péninsule du Sinaï, les opérations de guérilla intensives continuent, principalement sous la forme d'engins piégés ; en Algérie, la branche de l'Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l'explosion d'un engin piégé improvisé contre une force de l'armée à l'Est de la capitale ; en Libye, l'Etat islamique a effectué un raid dans le secteur des champs de pétrole ; au Yémen, l'Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l'explosion d'une voiture piégée près du palais présidentiel ; en Arabie Saoudite, un terroriste suicide s'est fait exploser dans une mosquée chiite dans la partie orientale du pays (son affiliation organisationnelle est encore inconnue, mais il s'agit vraisemblablement d'un membre de l'Etat islamique).

 

La campagne internationale contre l'Etat islamique

Frappes des Etats-Unis et des pays de la coalition

• Cette semaine, les forces américaines et les pays de la coalition ont poursuivi leurs frappes aériennes contre des objectifs de l'Etat islamique. Pendant la semaine, des dizaines de raids aériens ont été effectués au moyen d'avions de chasse, d'avions de combat et de drones. En Irak, les frappes aériennes ont été concentrées à Ramadi et ses environs. En Syrie, elles ont été concentrées à Hassaké et Al-Raqqah. Ci-après les principales frappes aériennes (selon le Département américain de la Défense):

• En Syrie– Les frappes aériennes ont été concentrées dans les régions suivantes : Hassaké, Al-Raqqah, Manbij, Palmyre et Ain Issa. Les frappes aériennes ont notamment visé des sièges de l'Etat islamique, des membres de l'organisation, des bâtiments, des véhicules, des positions de combat et un atelier de fabrication d'explosifs.
• En Irak, les frappes aériennes ont été concentrées dans les régions suivantes : As'ad, Hawija, Habbaniyah, Mossoul, Ramadi, Sinjar, Hit, Bagdad et Kirkouk. Les frappes aériennes ont notamment visé des bâtiments de l'Etat islamique, des membres, de l'artillerie, des réseaux de communication, des routes utilisées par des membres de l'organisation, des véhicules (y compris des voitures piégées), des bunkers et des positions de combat.

Etats-Unis

• Le secrétaire américain à la Défense Ashton Cartera déclaré que selon les instructions du Président américain Barack Obama, les Etats-Unis allaient intensifier leurs activités en Syrie et en Irak afin d'accélérer la lutte contre l'Etat islamique. L'objectif est de reprendre les deux principales villes de Mossoul et d'Al-Raqqah, en Irak et en Syrie, dans l'année à venir (PNR, 29 janvier 2016).

Pays-Bas

• Le Premier ministre néerlandais Mark Ruttea annoncé que l'armée de l'air néerlandaise allait multiplier ses opérations. Il a précisé qu'ils allaient commencer à effectuer des frappes aériennes en Syrie jusqu'au 1^er juillet 2016. Jusqu'à présent, quatre F-16 néerlandais opéraient en Irak (Reuters, 29 janvier 2016). Les Etats-Unis ont félicité le gouvernement néerlandais pour sa décision.

L'implication russe dans la guerre civile en Syrie

• Au cours de la semaine, des avions russes ont attaqué plusieurs cibles dans la province d'Alep, principalement autour des villes de Jarabulus, Marea, Manbij et A'zaz, au Nord d'Alep. Ils ont également attaqué des cibles dans les régions de Hama, Idlib, Homs, Deraa, Al-Raqqah et Lattaquié. Selon le ministre russe de la Défense, l'armée de l'air russe a effectué 468 sorties en Syrie au cours de la semaine écoulée, frappant 1354 cibles terroristes.
• La Turquie affirme qu'un avion russe est entré dans son espace aérien le 29 janvier 2016, et a exigé que la Russie mette un terme à ses incursions (Sky News, Al-Jazeera, 29 janvier 2016). Selon le ministère turc des Affaires étrangères, avant d'entrer dans l'espace aérien turc, le pilote russe a été mis en garde à plusieurs reprises en anglais et en russe (Site Internet du ministère turc des Affaires étrangères, 29 janvier 2016).

Principaux développements en Syrie

Aperçu général

• A l'Est d'Alep, l'armée syrienne poursuit ses efforts pour avancer vers la ville d'Al-Bab, tout en établissant son contrôle sur la base aérienne militaire de Kuweyres. D'autre part, l'Etat islamique continue de déployer des terroristes suicide contre l'armée syrienne. A Deir al-Zor et dans sa périphérie, les combats se poursuivent entre l'armée syrienne et l'Etat islamique et aucune évolution significative n'a été signalée sur le terrain. Au Sud de Damas, l'Etat islamique a réalisé un attentat suicide à Al-Set Zaynab, un lieu saint chiite, provoquant de nombreux morts. L'attaque est un coup dur pour l'Iran et le Hezbollah en termes de prestige, la protection du sanctuaire d'Al-Set Zaynab étant source de légitimité pour présence en Syrie.

Deir al-Zor

• Les combats se poursuivent dans la ville de Deir al-Zor et sa périphérie. Selon un rapport du 30 janvier 2016, l'armée syrienne a tué de nombreux membres de l'Etat islamique et détruit deux véhicules de l'organisation dans le quartier d'Al-Rashidiyah, dans le centre-ville. L'armée syrienne aurait également détruit des positions de l'organisation dans le quartier d'Al-Huweiqa au Nord de la ville et d'autres cibles de l'Etat islamique au Nord-Ouest de la ville (SANA, 30 janvier 2016). D'autre part, selon un rapport de l'Etat islamique, deux terroristes suicide ont fait exploser deux APC piégés, l'un après l'autre, contre des attroupements de l'armée syrienne dans les quartiers d'Al-Huweiqa et d'Al-Rashidiyah (Dawlat Al-Haqq, 29 janvier 2016).

• Le 1^er février 2016, l'Etat islamique a publié des photos de tirs dirigés contre des positions de l'armée syrienne à l'Ouest de Deir al-Zor (Akhbar al-Muslimeen, 1^er février 2016).

La province d'Alep

La zone de Kuweyres

• L'armée syrienne a continué d'établir son contrôle sur la zone de la base aérienne militaire de Kuweyres. Les 29 et 30 janvier 2016, les troupes syriennes ont repris deux autres villages des mains de l'Etat islamique à l'Ouest de la base aérienne, élargissant ainsi leur contrôle de la région (Compte Twitter Islamic World News@A7_Mirza, 29-30 janvier 2016). L'Etat islamique, pour sa part, a commis plusieurs attentats à la voiture piégée près de la base aérienne. Plusieurs dizaines de soldats de l'armée syrienne ont été tués (Comités locaux de coordination, 29 janvier 2016).
• Dans le cadre de ses efforts pour avancer vers la ville d'Al-Bab, l'armée syrienne a repris la ville de Tadif au Sud de la ville, des mains de l'Etat islamique. L'armée syrienne a reçu l'appui aérien des Russes. Des avions russes ont attaqué des cibles de l'organisation dans la ville d'Al-Bab et dans la ville de Tadif, au Sud (ARA News, 27 janvier 2016).

Le Nord d'Alep

• Le 28 janvier 2016,des échanges de tirs ont été signalés entre l'armée turque et l'Etat islamique dans le secteur de la frontière turco-syrienne, près de la ville de Jarabulus, contrôlée par l'organisation. L'incident a débuté quand des membres de l'Etat islamique ont ouvert le feu sur une patrouille de l'armée turque le long de la frontière, en face de Jarabulus. En réponse, l'armée turque a visé l'Etat islamique avec des tirs antichars et des tirs d'artillerie (ARA News, 28 janvier 2016).
• Selon un rapport de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), le 31  janvier 2016, suite à l'avancée des forces kurdes (dans la région du barrage de Tishreen), la zone sous contrôle de l'Etat islamique près de la frontière turque a été réduite. Selon le rapport, l'organisation contrôle actuellement une bande de seulement 70 km le long de la frontière entre la Syrie et la Turquie. Début 2015, l'Etat islamique contrôlait une bande de 250 km le long de la frontière turque.
• Selon le rapport, la bande contrôlée par l'Etat islamique (Ouest de Jarabulus) compte trois postes frontaliers non officiels entre la Syrie et la Turquie (Site SOHR, 31 janvier 2016) :

• Un passage militaire situé près d'Al-Halwaniyah
• Un passage utilisé par des membres, situé près du village d'Al-Haji Wali
• Un passage utilisé par des civils, situé à proximité des villages d'Al-Sheikh Ya'aqub et d'Ayasha (voir la carte pour l'emplacement des terminaux).

Province de Damas

Attaque terroriste contre le site saint chiite d'Al-Set  Zaynab

• Le 31 janvier 2016, un attentat suicide combiné a été réalisé dans le village d'Al-Set Zaynab, au Sud de Damas, lieu saint chiite. Près de 70 personnes ont été tuées. Une voiture piégée a d'abord explosé dans un parking pour autobus. Deux terroristes suicide ont ensuite fait exploser leurs ceintures d'explosifs au cœur des résidents venus aider les victimes de la première explosion (Site SOHR, 1^er février 2016 ; SANA, 31 janvier 2016).
• La Province de Damas de l'État islamique a revendiqué la responsabilité de l'attaque. Selon le communiqué, l'attaque visait les "infidèles chiites", qui doivent savoir qu'ils ne sont pas protégés contre les attaques de l'organisation (Aamaq News, 31 janvier 2016). L'attaque est un coup dur pour l'Iran et le Hezbollah en termes de prestige, le sanctuaire étant un lieu saint chiite dont la protection est devenue un symbole et une source de légitimité religieuse et politique justifiant l'implication militaire du Hezbollah et de l'Iran dans la guerre civile en Syrie.
• Il existe des dizaines de sites en Syrie sacrés pour les chiites, dont le plus important est le sanctuaire d'Al-Set Zaynab (Al-Sayyida Zaynab), la fille de l'Imam Ali bin Abi Talib, le fondateur de l'islam chiite, et la petite-fille du prophète Mahomet.^[1] Le sanctuaire est un lieu saint chiite et un lieu de pèlerinage pour les chiites du monde entier, en particulier d'Iran, d'Irak, du Liban, des pays du Golfe, d'Inde, du Pakistan et d'Afghanistan. Le sanctuaire d'Al-Set Zaynab est situé au cœur de la région sunnite, à environ 10 km au Sud de Damas. Une "industrie du tourisme" des pèlerins chiites d'Iran, d'Irak et du Liban s'est développée autour du sanctuaire. Au cœur de ce "secteur touristique" se trouve le village d'Al-Set Zaynab. Le sanctuaire est protégé par des agents iraniens et par des membres de milices du monde chiite dirigées par l'Iran.

Cessez-le-feu dans le quartier de Hajar Aswad et dans le camp de réfugiés d'Al-Yarmouk

• Un accord de cessez-le-feu de six mois aurait été signé entre le Front Al-Nusra et l'Etat islamique dans le quartier d'Al-Hajar Al-Aswad et dans le camp de réfugiés d'Al-Yarmouk. L'accord stipule que les membres de l'Etat islamique se retireront de leurs positions dans la région d'Al-Hajar Al-Aswad et remettront un avant-poste et un hôpital de campagne dans le camp de réfugiés d'Al-Yarmouk aux membres du Front Al-Nusra. Il y aura également un échange de prisonniers entre les deux parties (Al-Nashra, 2 février 2016).
• Les membres de l'Etat islamique et ceux du Front Al-Nusra étaient censés évacuer la ville d'Al-Hajar Al-Aswad et le camp de réfugiés d'Al-Yarmouk en vertu d'un accord conclu sous l'auspice du représentant de l'ONU. A ce stade, l'accord n'a pas encore été mis en œuvre (bien que des milliers de résidents aient commencé à revenir dans le quartier d'Al-Qadam et dans d'autres quartiers du Sud de Damas). Le cessez-le-feu entre l'Etat islamique et le Front A-Nusra est de nature à renforcer l'emprise des deux organisations sur Al-Hajar Al-Aswad et sur le camp de réfugiés d'Al-Yarmouk, entravant ainsi la mise en œuvre de l'accord.

Principaux développements en Irak

La province d'Al-Anbar

• L'armée irakienne poursuit ses efforts pour nettoyer la ville de Ramadi de la présence de l'Etat islamique. Selon un rapport du 31 janvier 2016, l'armée irakienne est entrée dans le quartier d'Al-Sajariya, à l'Est de Ramadi. En outre, l'armée irakienne aurait avancé dans la zone du quartier d'Al-Sufiya. L'activité d'éradication de l'armée irakienne a été réalisée avec le soutien de frappes aériennes de la coalition (Al-Sumaria, 31 janvier 2016). L'Etat islamique, pour sa part, a indiqué le 30 janvier 2016 avoir repoussé une attaque de l'armée irakienne dans le quartier d'Albu Ghanim dans la partie orientale de la ville (Akhbar al-Muslimeen, 30 janvier 2016).

• L'Etat islamique poursuit sa guérilla contre les forces irakiennes dans le secteur de Ramadi et ailleurs dans la province d'Al-Anbar :

• Le 29 janvier 2016, l'Etat islamique a annoncé avoir fait exploser des engins piégés, tuant 10 soldats et détruisant plusieurs camions près de labase militaire d'Ein al-Assad au Nord-Ouest de la ville de Hit (Aamaq, 29 janvier 2016).
• Le 30 janvier 2016, l'Etat islamique a indiqué que ses membres avaient intercepté un drone américain chargé de recueillir des renseignements. L'engin a été abattu au-dessusd'Al-Karmah, au Nord-Est de Falloujah (Aamaq, 31 janvier 2016).

• L'armée irakienne a indiqué avoir détruit un tracteur piégé dans le quartier d'Al-Sajariya dans un raid aérien, empêchant ainsi une attaque contre ses forces (Al-Sumaria, 31 janvier 2016).

La province de Ninive

Mossoul

• Selon des rapports des adversaires de l'Etat islamique, la situation à Mossoul est difficile. Selon les rapports, les habitants de la ville ne sont pas autorisés à quitter la ville et une grave pénurie alimentaire a été signalée (Fars News, 30 janvier 2016 ; Shafaq News, 31 janvier 2016). En réponse à ces rapports, l'Etat islamique a publié des photos destinées à montrer la vie quotidienne normale dans la ville (Akhbar al-Muslimeen, 30 janvier 2016).

L'Egypte et la péninsule du Sinaï

• Au cours de la semaine, les forces de sécurité égyptiennes ont poursuivi leur activité contre des objectifs de l'Etat islamique. Dans ce contexte, des activités intensives ont été réalisées, principalement dans le secteur de Cheikh Zuweid, Rafah et Al-Arish (Al-Watan, 30 janvier 2016). Les forces de sécurité égyptiennes ont tué huit terroristes et saisi des engins piégés, des grenades, des fusils automatiques et des talkies-walkies à l'Ouest de Cheikh Zuweid. Selon le rapport, les terroristes appréhendés auraient tenté de poser des engins piégés près de l'autoroute entre Al-Arish et Rafah (Al-Masry Al-Youm, 30 janvier 2016).
• Selon un rapport du 30 janvier 2016, l'armée égyptienne a découvert au Centre du Sinaï un stock d'armes appartenant à une "organisation terroriste", sans doute la Province du Sinaï de l'Etat islamique. Le stock incluait notamment deux lanceurs RPG, 18 roquettes, une mitrailleuse antiaérienne et des munitions (Al-Masry al-Youm, 31 janvier 2016).

• Selon les forces de sécurité égyptiennes, Attallah Abu Reteima, vice-commandant de la Province du Sinaï de l'Etat islamique, a été tué dans des affrontements sur le Mont al-Haram (au Centre de la péninsule du Sinaï). Il était chargé du transfert de l'aide logistique aux membres de l'Etat islamique à Rafah et à Cheikh Zoweid, du transfert d'individus et du stockage d'armes et d'explosifs (Al-Bawaba, 27 janvier 2016).
• Les forces de sécurité égyptiennes ont adopté unesérie de mesures préventives suite à la prolifération des engins explosifs improvisés utilisés à leur encontre. Ces mesures comprennent l'installation de caméras de sécurité sur les routes principales et secondaires dans des villes du Nord du Sinaï. Des caméras de sécurité ont également été installées aux points de contrôle. En outre, les forces égyptiennes ont été dotées de véhicules équipés de moyens de pointe pour neutraliser les engins piégés (Al-Masry Al-Youm, 31 janvier 2016).
• En dépit des opérations sécuritaires égyptiennes, l'Etat islamique a continué à mener des attaques, principalement en activant des engins piégés contre des véhicules blindés égyptiens impliqués dans des activités sécuritaires. Ci-après les principaux incidents :

• Le 31 janvier 2016– Deux policiers ont été tués et plusieurs autres blessés dans l'explosion d'un engin piégé contre une patrouille de police au Sud de Rafah (Al-Bawaba, 31 janvier 2016).
• Le 29 janvier 2016– La Province du Sinaï de l'Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l'explosion d'un véhicule blindé de la police. Selon l'annonce, l'explosion a tué huit policiers, dont deux officiers, dont l'un était le chef de l'unité des enquêtes au poste de police d'Al-Arish (Compte Twitter proche de l'Etat islamique, 29 janvier 2016).
• Le 29 janvier 2016 – Les forces de sécurité ont neutralisé un engin explosif improvisé composé d'environ 100 kg d'explosifs, posé sur l'autoroute reliant Al-Arish à Qantarah (Al-Watan, 26 janvier 2016).
• Le 29 janvier 2016– Deux policiers ont été tués et plusieurs soldats ont été blessés dans l'explosion d'un engin piégé près d'un véhicule blindé à Al-Arish (Al-Youm al-Sabea, 29 janvier 2016).
• Le 29 janvier 2016– Quatre soldats ont été blessés, dont un officier haut gradé, dans l'explosion d'un engin piégé près d'un véhicule blindé au Sud de Cheikh Zuweid (Rassad, 29 janvier 2016).
• Le 29 janvier 2016– Un officier et quatre soldats ont été tués et 12 autres ont été blessés dans l'explosion d'un engin piégé contre un véhicule blindé de l'armée égyptienne au Sud d'Al-Arish (Sky News, 26 janvier 2016).

• La Province de l'Egypte de l'Etat islamique a revendiqué la responsabilité d'une attaque menée au barrage d'Al-Munib dans la ville de Gizeh. Selon le communiqué, l'attaque a tué cinq membres des forces de sécurité égyptiennes qui se trouvaient au point de contrôle, dont un officier (Compte Twitter affilié à l'Etat islamique, 1^er février 2016).

Le jihad mondial dans d'autres pays

Libye

• Selon divers rapports des médias libyens, le chef de l'Etat islamique Abu Bakr al-Baghdadi aurait envoyé Abu Soufyan al-Ghazali, alias Abu Omar l'Irakien, à la tête de la branche libyenne de l'Etat islamique. Abu Omar l'Irakien, originaire de Tikrit, est considéré comme un proche d'Al-Baghdadi depuis que les deux hommes ont été incarcérés ensemble dans le camp de Bucca en Irak. Selon les rapports, Abu Omar l'Irakien est spécialisé dans le montage d'engins piégés et il est arrivé en Libye accompagné de 30 responsables de l'organisation. Muhammad al-Naas, le vice-ministre de la Défense du gouvernement libyen de réconciliation, a confirmé les faits au cours d'une conférence de presse (Ajwa.net, 21 janvier 2016 ; Al-Bawaba News, 28 janvier 2016 ; Rai al-Youm, 24 janvier 2016). L'envoi de responsables de l'Etat islamique en Libye pour prendre le commandement est un phénomène connu du passé.

Raid dans la zone au Sud de Ras Lanouf

• La branche information de l'Etat islamique dans la province de Barqa a publié des photos d'un raid avec des véhicules tout terrain, réalisé par l'organisation contre un barrage dans le secteur de Marada, qui abrite des champs de pétrole (30 km au Sud du port de Ras Lanouf). Les photos montrent des membres de l'Etat islamique se préparant à attaquer. Les photos montrent également trois gardes des installations pétrolières enlevés et exécutés dans la région de Nofilia (Site Internet de partage de fichiers justpaste.it, 28 janvier 2016 ; Portail Al-Wasat, 22 janvier 2016 ; Portail Al-Wasat, 28 janvier 2016 ; page Facebook affiliée à l'Etat islamique, 30 janvier 2016).

Syrte

• Selon le maire de Syrte Mukhtar Khalifa Al-Maadany, l'Etat islamique a pris le contrôle de tout l'argent dans les banques de la ville. Il a ajouté que l'organisation a saisi l'argent avant même d'envahir la ville. La somme en question est une cinquantaine de millions de dinars libyens. Il a également déclaré que, depuis, les habitants de la ville ont du mal à retirer de l'argent des banques (Al-Wafd, 27 janvier 2016). Selon des rapports précédents, à leur arrivée à Syrte (Février 2015), les membres de l'Etat islamique auraient pris le contrôle des banques locales et confisqué des dizaines de millions de dollars.
• L'Etat islamique a convoqué les agents de la circulation de Syrte et leur a ordonné de retourner au travail et de transférer les amendes rédigées à l'organisation. Tous les véhicules municipaux ont également été saisis (Al-Bawaba Afriqya, 26 janvier 2016). L'Etat islamique a pris le contrôle des institutions gouvernementales de Syrte et les utilise pour établir son contrôle de la région.
• Le 29 janvier 2016, la branche information de l'Etat islamique dans la province de Tripoli a publié des photos d'un cours de droit islamique (charia) organisé pour les habitants de Syrte (Site de partage de fichiers justpaste.it, 29 janvier 2016).

Benghazi

• Le 29 janvier 2016, la branche information de l'Etat islamique dans la province de Barqa a publié des photos des batailles menées par des membres de l'organisation dans le quartier d'Al-Saberi de Benghazi contre les forces de Khalifa Haftar, le commandant de l'armée libyenne qui soutient le gouvernement de Tobrouk (Site Internet de partage de fichiers justpaste.it, 29 janvier 2016).  Le champ d'application de la présence de l'armée libyenne à Benghazi et l'étendue de son contrôle ne sont pas clairs. La ville de Benghazi est contrôlée principalement par des factions jihadistes et islamiques. Certaines sont affiliées à l'Etat islamique, d'autres à Al-Qaïda et certaines sont indépendantes. Ces factions sont divisées dans leur soutien aux gouvernementaux rivaux, et, dans le même temps, des luttes de pouvoir les opposent.

L'activité maritime de l'Etat islamique

• Le vice-amiral Clive Johnstone, commandant du commandement maritime des forces alliées de l'OTAN (COMAR), a averti que l'Etat islamique cherche à étendre sa présence dans les villes côtières du Nord de la Libye, afin de pouvoir envoyer des vedettes piégées attaquer des cibles commerciales et touristiques en mer Méditerranée. Selon le vice-amiral Johnstone, l'organisation cherche à acquérir des vedettes rapides pour mettre en place une unité terroriste suicide maritime, qui fonctionnerait contre les grands navires de tourisme, les cargos, les plates-formes pétrolières et les navires de guerre. Il a précisé que tous les rapports de renseignement indiquent que l'Etat islamique développe ses capacités (maritimes) en Libye afin de s'équiper d'armes sophistiquées (The Telegraph, 28 janvier 2016).
• L'Etat islamique contrôle une bande d'environ 260 km le long des côtes libyennes, avec plusieurs ports et mouillages,y compris le port de Syrte. L'organisation a fait circuler des photos de navires de gardes-frontières saisis lors de la prise de Syrte et des environs. Il est probable que l'Etat islamique tente effectivement d'améliorer ses capacités maritimes afin de sécuriser les ports et les installations sous son contrôle et de commettre des attaques contre les ports libyens contrôlés par ses ennemis ou contre des cibles civiles et militaires en mer Méditerranée.

Algérie

• Le 29 janvier 2016, l'Etat islamique a annoncé avoir tué deux soldats algériens et blessé quatre autres dans l'explosion d'un engin piégé dans le secteur de Skikda, au cours d'une patrouille de l'armée algérienne (Aamaq, 29 janvier 2016). Un réseau jihadiste local qui a prêté allégeance au chef de de l'Etat islamique en Septembre 2014 et est devenu la branche de l'organisation dans la région est probablement à l'origine de l'attaque. Le réseau est connu sous le nom de "Bataillon des partisans du Califat" (Katibat Ansar al-Khilafah), appelé dans le passé "Bataillon de l'unicité d'Allah" (Katibat al-Tawhid), qui dépendait d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Le réseau opère dans la région de Skikda et compte environ 50 membres (Al-Khabar, 11 mai 2015 ; aljazeera.net, 13 mai 2015).

Yémen

• La "Province Aden Abin" ^[2] de l'État islamique au Yémen a revendiqué la responsabilité de l'explosion près du palais présidentiel à Aden.Selon l'annonce, l'attaque a été réalisée par un terroriste de l'Etat islamique appelé Abu Hanifa le Hollandais, qui a fait exploser une voiture piégée près du palais présidentiel, la résidence du Président yéménite Abd Rabo Mansour Hadi. Selon l'Etat islamique, près de dix gardes de sécurité du palais ont été tués, dont plusieurs officiers, et près de 20 ont été blessés (Aamaq, 28 janvier 2016).

Arabie saoudite

• Selon un rapport du 29 janvier 2016, quatre personnes ont été tuées et 18 blessées dans une attaque terroriste menée dans une mosquée chiite dans la ville d'Al-Ahsa, à l'Est de l'Arabie saoudite (à environ 305 km à l'Est de la capitale saoudienne, Riyad). Un terroriste suicide s'est fait exploser avec une ceinture piégée quand il a été arrêté par des gardes de sécurité à l'entrée de la mosquée. Un autre terroriste portant une ceinture d'explosifs a ouvert le feu, mais a été arrêté (Télévision Al-Arabiyan, 29 janvier 2016).
• Le ministère saoudien de l'Intérieur a annoncé que les auteurs de l'attaque à la mosquée étaient Abdul Rahman Abdullah Suleiman al-Tuwaijri, ressortissant saoudien, et Talha Hisham Muhammad Abduh, ressortissant égyptien (Al-Arabiya, 30 janvier 2016; CNN en arabe, 1^er février 2016). A ce stade, l'identité de l'organisation qui a effectué l'attaque est inconnue. On peut supposer qu'il s'agit de l'Etat islamique, qui effectue fréquemment des attaques terroristes contre des lieux de culte chiites.

Afghanistan

• La Province de Khorasan, la branche de l'Etat islamique en Afghanistan et au Pakistan, a annoncé l'ouverture d'un nouveau camp d'entraînement pour adolescents. La branche information de l'Etat islamique a publié une vidéo intitulée "Camp des Lionceaux du Califat". La vidéo montre un camp d'entraînement, où l'on aperçoit de jeunes adolescents, armés pour la plupart. L'emplacement du camp n'est pas précisé, mais il est apparemment situé dans l'Est de l'Afghanistan. En plus de ce camp, au moins trois autres camps d'entraînement opèrent dans la région (The Long War Journal, 28 janvier 2016).

Activités de contre-terrorisme

Passage de membres de l'Etat islamique via la Turquie et mesures préventives russes

• Selon le conseiller à la tête du comité contre le terrorisme en Russie, il existe une infrastructure organisée en Turquie dont le but est d'envoyer de nouveaux combattants dans les rangs de l'Etat islamique. Selon lui, les nouveaux combattants transitent par Istanbul. Les combattants sont conduits en taxi à des logements sûrs où ils rencontrent un représentant de l'organisation. Ils remplissent des formulaires et subissent un contrôle de sécurité. En cas de suspicion, le volontaire est isolé, puni et exécuté. Les services de renseignement et juridiques de la Russie savent comment les citoyens de Russie rejoignent les rangs de l'organisation. Grâce aux mesures préventives adoptée par les autorités, 100 citoyens russes ont été empêchés de rejoindre les rangs de l'Etat islamique en Syrie et en Irak (TASS, 29 janvier 2016).

Activités de propagande

Nouveau numéro de Dabiq

• Le 13^ème numéro deDabiq, le magazine en langue anglaise de l'Etat islamique est sorti le 19 janvier 2016.Le numéro résume les activités de l'organisation au cours du dernier mois. Ci-après certains des sujets couverts :

• Critique de l'islam chiite et de l'Iran: Deux articles sont consacrés au sujet. Un article intitulé "Connais ton ennemi", dépeint l'Iran comme l'incarnation moderne du "régime safavide infidèle" (régime perse au 16^ème siècle). Le deuxième article compare les chiites aux Juifs et affirme que les chiites doivent être traités comme les Juifs.
• Critique de l'Arabie saoudite: L'article invite les lecteurs à lancer le jihad contre l'Arabie saoudite, en représailles à l'exécution de dizaines de jihadistes (principalement des membres d'Al-Qaïda). L'article critique également la réaction du chef d'Al-Qaïda à l'exécution de ces jihadistes, qui a appelé à attaquer l'Occident plutôt que l'Arabie saoudite.
• Menace contre l'Occident: Un article salue l'attaque meurtrière en Floride et fait référence à l'attaque terroriste de Paris. L'article présente cette dernière comme un exemple de la raison pour laquelle les pays occidentaux devraient faire attention.

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