Pleins feux sur le jihad mondial (10-16 mars 2016)

Pleins feux sur le jihad mondial

Pleins feux sur le jihad mondial

Conférence télévisée entre le centre de coordination russe de la base de Hmeymim en Syrie et le ministère russe de la Défense (Site Internet du ministère russe de la Défense www.eng.mil.ru)

Conférence télévisée entre le centre de coordination russe de la base de Hmeymim en Syrie et le ministère russe de la Défense (Site Internet du ministère russe de la Défense www.eng.mil.ru)

Membre de l'Etat islamique tirant avec une arme anti-aérienne sur un avion de chasse russe dans la région de Palmyre (Compte Twitter affilié à l'Etat islamique, 12 mars 2016)

Membre de l'Etat islamique tirant avec une arme anti-aérienne sur un avion de chasse russe dans la région de Palmyre (Compte Twitter affilié à l'Etat islamique, 12 mars 2016)

Abdallah al-Mu'men, auteur d'un des attentats suicide (Compte Twitter affilié à l'Etat islamique, 11 mars 2016)

Abdallah al-Mu'men, auteur d'un des attentats suicide (Compte Twitter affilié à l'Etat islamique, 11 mars 2016)

Omar le Tchétchène (Al-Aan TV, 11 octobre 2014)

Omar le Tchétchène (Al-Aan TV, 11 octobre 2014)

Entretien avec le nouvel émir des provinces de l'État islamique en Libye, Abdel Qader al-Najdi (Justpaste.it, 8 mars 2016)

Entretien avec le nouvel émir des provinces de l'État islamique en Libye, Abdel Qader al-Najdi (Justpaste.it, 8 mars 2016)


Aperçu général

  • Le cessez-le-feu en Syrie, qui est entré en vigueur dans la nuit du 26 au 27 février a été respecté pour la troisième semaine consécutive, avec ses caractéristiques familières : une diminution significative de l'intensité des affrontements, des violations locales et insignifiantes et la poursuite des frappes aériennes de la Russie et de la coalition américaine contre l'Etat islamique et les organisations non concernées par le cessez-le-feu. Cette semaine encore, l'armée syrienne a poursuivi ses efforts pour reprendre la ville de Palmyre. L'armée syrienne, avec le soutien de l'air russe, a repris des zones stratégiques près de la ville, se préparant apparemment à l'envahir et à la reprendre des mains de l'Etat islamique.
  • A l'occasion du cinquième anniversaire du début de la guerre civile en Syrie et à la veille des pourparlers de Genève, le Président russe Vladimir Poutine a annoncé le retrait immédiat d'une grande partie de la force militaire russe en Syrie (le retrait des forces a débuté le 15 mars 2016, le lendemain de l'annonce). À ce stade, les raisons de la surprenante décision russe sont encore inconnues, de même que les objectifs politiques, l'ampleur des forces russes qui resteront en Syrie et les mesures que les Russes ont l'intention de prendre à l'avenir.
  • Dans ses déclarations, le gouvernement russe a souligné les réalisations des sept mois d'intervention militaire russe. Cependant, contrairement à la propagande russe (et syrienne), la situation sur le terrain est plus complexe : l'examen de l'implication de la Russie indique qu'elle a permis à l'armée syrienne de stabiliser ses rangs et de réaliser des gains territoriaux dans certaines zones de combat importantes (la zone d'Alep, la région à l'Est de Homs, au Sud de la Syrie). Cependant, les mouvements offensifs de la Syrie dans les différentes régions sont loin d'être terminés, le cœur de la zone de contrôle territorial de l'Etat islamique et son épine dorsale militaire sont encore intacts, et les organisations rebelles, dont le Front Al-Nusra, continuent de détenir la plupart de leurs avant-postes et menacent les territoires vitaux du régime syrien (comme la région d'Idlib).
  • Dans ce contexte, nous pensons que la décision russe comporte des risques pour le régime syrien, avec notamment l'arrêt de la dynamique des réalisations de l'armée syrienne, rendues possibles par le soutien de la Russie. En même temps, elle est susceptible d'augmenter la confiance en soi et la motivation de l'Etat islamique, du Front Al-Nusra et d'autres organisations rebelles. La situation en Syrie, après cinq ans de combats, est encore loin d'être résolue, et les choses pourraient même complètement s'inverser, comme dans le passé.

 

L'implication russe dans la guerre en Syrie

  • Lors d'une réunion avec les ministres russes des Affaires étrangères et de la Défense, Vladimir Poutine a annoncé le retrait d'une grande partie des forces russes en Syrie, en raison, selon lui, du fait que l'implication de la Russie en Syrie a atteint la plupart de ses objectifs (Site Internet du Kremlin, 14 mars 2016). Poutine a ordonné aux troupes de commencer à se retirer dès le 15 mars 2016. Selon Poutine, les bases navales et aériennes de Tartus et Hmeymim continueront à fonctionner comme par le passé, mais certains des avions et des navires seront retirés. La Russie va également continuer à gérer le centre de soutien qui supervise le cessez-le-feu (Site Internet du Kremlin, 14 mars 2016). En même temps, Poutine a ordonné l'augmentation de la présence diplomatique de la Russie à Genève durant les pourparlers visant à mettre fin à la crise en Syrie (Al-Jazeera, Sky News, 14 mars 2016).
  • Selon leministre russe de la Défense, jusqu'à l'annonce de Poutine, l'armée de l'air russe a effectué environ 9000 frappes aériennes en Syrie, endommageant sérieusement les ressources des organisations terroristes (209 installations pétrolières et près de 3000 camions citernes). L'armée de l'air a également bloqué les routes d'approvisionnement entre la Turquie et la Syrie utilisées pour le commerce du pétrole et le transport d'armes. Selon l'annonce, grâce à l'aide de la Russie, le régime syrien a réussi à libérer de grandes parties de la Syrie (environ 10 000 kilomètres carrés et près de 400 villages et villes) et à tuer 2000 terroristes, dont 17 commandants d'origine russe (RT, 15 mars 2016).
  • Le retrait largement médiatisé des forces russes de Syrie a commencé dès le lendemain de l'annonce du Président Poutine. Le14 mars 2016, des sources russes et arabes ont rapporté qu'un grand nombre d'avions de combat russes ont quitté la base de l'armée de l'air à Hmeymim en deux phases. Des rapports ont également fait état de navires russes quittant le port de Tartous et de l'évacuation de troupes et d'équipement militaire. Dans le même temps, il a été signalé que l'armée de l'air russe continuera à attaquer des cibles de l'Etat islamique à Palmyre en soutien à l'offensive de l'armée syrienne.
  • Selon un communiqué officiel publié par le bureau du Président syrien, Vladimir Poutine et Bachar el-Assad auraient convenu lors d'une conversation téléphonique de réduire les forces aéroportées russes en Syrie, en raison du succès de l'armée syrienne en coopération avec l'armée de l'air russe dans la lutte contre le terrorisme, à la lumière du rétablissement de la sécurité dans de nombreuses régions en Syrie et suite aux progrès accomplis dans le processus de réconciliation. Selon l'annonce, la Russie a promis de continuer à soutenir la Syrie dans sa lutte contre le terrorisme (Page Facebook officielle du Président syrien, 14 mars 2016). Bouthaina Shaaban, conseillère politique et médiatique du Président syrien, a noté que la décision russe est un "développement naturel" à la lumière du cessez-le-feu et de la réalisation de tous les objectifs convenus entre la Russie et la Syrie. Elle a souligné que la Syrie n'a pas été surprise par la décision et a affirmé que l'armée syrienne peut non seulement conserver les territoires repris, mais aussi étendre ses zones de contrôle (Al-Mayadeen, 15 mars 2016 ; RT, 14 mars 2016).

L'accord de cessez-le-feu – Etat des lieux

  • L'accord de cessez-le-feu est entré dans sa troisième semaine. La semaine dernière aussi, il a été maintenu avec ses caractéristiques familières, à savoir, une diminution significative de l'intensité des affrontements, des violations locales et insignifiantes, la poursuite des frappes aériennes contre l'Etat islamique et d'autres organisations qui ne sont pas incluses dans le cessez-le-feu et la poursuite de l'action militaire de l'armée syrienne contre l'Etat islamique à Palmyre. Un porte-parole du Département d'Etat américain a déclaré qu'il étaitprévu que le cessez-le-feu se poursuive même après la période de deux semaines prévue parce qu'aucun fonctionnaire ou organisme syrien n'a exprimé le désir d'y mettre fin (Page Twitter de l'ambassade des États-Unis en Syrie, 12 mars 2016).
  • Le ministère russe de la Défense publie un bulletin quotidien sur les violations du cessez-le-feu par le biais de son centre de coordination en Syrie. Selon ces rapports, au cours de la dernière semaine, une moyenne de moins de 10 violations par jour a été enregistrée. Le ministère russe de la Défense a noté que l'armée de l'air russe et l'armée de l'air syrienne n'ont pas effectué de frappes aériennes contre les groupes d'opposition syriens ayant déclaré leur engagement à la trêve (TASS, 9 mars 2016). En outre, plusieurs accords locaux auraient été signés avec d'autres organisations qui ont accepté les termes du cessez-le-feu (Page Twitter du ministère russe de la Défense, 12 mars 2016). Selon le ministre russe de la Défense, le nombre d'organisations qui ont adhéré à la déclaration de cessez-le-feu en Syrie a atteint les 42, et les négociations avec d'autres groupes sont en cours (Spoutnik, 12 mars 2016).

La campagne internationale contre l'Etat islamique

  • La coalition américaine a continué à mener des attaques en Irak et en Syrie contre des objectifs de l'Etat islamique et d'autres organisations terroristes qui ne sont pas incluses dans le cessez-le-feu. Pendant la semaine, les avions des pays de la coalition ont mené des dizaines de frappes aériennes. En Syrie, les frappes aériennes se sont concentrées dans les régions de Marea (Nord d'Alep), Al-Hasaka, Palmyre et Al-Raqqah. En Irak, les frappes aériennes étaient principalement concentrées sur Ramadi, Sinjar et Mossoul. Selon de hauts responsables américains, les Etats-Unis ont mené une série de frappes aériennes en Irak contre des infrastructures de produits chimique de l'Etat islamique. Selon le rapport, ces attaques ont été permises par les renseignements obtenus dans l'interrogatoire d'un haut responsable de l'Etat islamique arrêté il y a quelques semaines (CNN, 9 mars 2016).
Turquie
  • Cette semaine encore, l'armée turque a continué à tirer à partir du territoire turc sur des cibles de l'Etat islamique et les forces kurdes en territoire syrien.Selon un représentant des forces kurdes dans la région d'Afrin, près de la frontière syro-turque, la Turquie viole le cessez-le-feu sur une base quotidienne. Selon lui, les Kurdes planifient de faire appel à l'ONU et à d'autres organismes pour protester contre l'activité de la Turquie (Reuters, 9 mars 2016). L'armée turque aurait également tiré sur le village de Shwireen contrôlé par l'Etat islamique, à environ 9 km de la frontière syro-turque. Une vidéo publiée par la branche information de l'Etat islamique montre des maisons endommagées lors de l'attaque (Aamaq ; site Internet de partage de fichiers vid.me, 13 mars 2016).

Principaux développements en Syrie

La province de Homs
Poursuite de l'offensive de l'armée syrienne à Palmyre
  • L'armée syrienne a poursuivi ses efforts pour reprendre la ville de Palmyre, à l'Est de Homs. Les combats sont apparemment toujours en cours à la périphérie de la ville. L'armée syrienne aurait réussi à avancer et à prendre le contrôle de plusieurs positions stratégiques à l'Ouest de Palmyre. Dans la région d'Al-Qaryatayn, au Sud-Est de Homs, l'armée syrienne a réussi à reprendre le contrôle d'une zone stratégique à l'Ouest de la ville (Télévision Al-Manar, 10 mars 2016). Il semble donc que l'armée syrienne encercle ces deux villes, afin de les envahir et de les reprendre des mains de l'Etat islamique.
  • L'effort syrien pour reprendre Palmyre est soutenu par un soutien aérien russe massif. Des avions russes ont attaqué des cibles de l'Etat islamique dans la ville et ses environs. Ils également contribué à isoler la ville, en attaquant les routes menant de la ville vers des zones contrôlées par l'organisation dans l'Est de la Syrie (Al-Durar al-Shamiya, 12 mars 2016). À la suite des frappes aériennes et des combats qui se déroulent dans et autour de Palmyre, de nombreux civils ont fui vers l'Est, y compris vers la ville d'Al-Raqqah et dans la zone rurale environnante.
Le terminal d'Al-Tanf
  • Les affrontements entre les forces rebelles et l'Etat islamique dans la zone du terminal d'Al-Tanf continuent.Au début de la tentative syrienne de reprendre Palmyre, une force rebelle a tenté de prendre le contrôle du terminal. Depuis lors, le terminal a apparemment changé de mains à plusieurs reprises. Cette semaine, les organisations rebelles ont apparemment repris le terminal des mains de l'Etat islamique une nouvelle fois (Twitter, 12 mars 2016).
Affrontements dans les autres provinces de Syrie
  • Dans les autres provinces de Syrie, y compris dans celles où est appliqué le cessez-le-feu et celles où il ne l'est pas, des affrontements locaux ont continué entre les différentes forces :
  • Dans la province d'Alep : Des affrontements locaux ont continué entre les forces kurdes et l'Etat islamique, qui mène une guérilla contre elles. Cette semaine, l'Etat islamique a commis deux attaques suicide contre les forces kurdes dans le secteur dubarrage de Tishreen (Syria Mubasher, 11 mars 2016).·Province Al-Hasakah: Les forces kurdes ont subi des pertes à la suite d'un attentat suicide mené par un terroriste suicide à  l'Ouest de la ville d'Al-Hasaka (Syria Mubasher, 12 mars 2016).
  • Deir al-Zor: Les affrontements se sont poursuivis entre les forces syriennes et des membres de l'Etat islamique dans la zone de la base aérienne militaire. L'Etat islamique a également mené des attaques dans plusieurs quartiers de la ville. Les forces syriennes ont fait sauter un tunnel dans la ville, provoquant
  • l'effondrement de plusieurs bâtiments où se trouvaient des membres de l'Etat islamique (Al-Durar al-Shamiya, 13 mars 2016).
  • Idlib: Dans la zone rurale d'Idlib, des affrontements ont opposé les forces de l'armée syrienne libre et des membres du Front Al-Nusra. Selon les témoignages, des membres du Front Al-Nusra ont réussi à prendre le contrôle des dépôts d'armes de l'armée syrienne libre (Al-Mayadeen, 13 mars 2016).
  • La zone de Damas: Des affrontements ont opposé des membres de l'Etat islamique à des membres du Front Al-Nusra dans la partie Sud du camp de réfugiés d'Al-Yarmouk (sputniknews.com, 3 mars 2016 ; arabi21.com, 7 mars 2016 ; Filastin Hurra, 10 mars 2016).
  • Sud de la Syrie: Le 7 mars 2016, les Brigades des Martyrs Al-Yarmouk ont nommé un nouvel "Emir" appelé Abu Abdullah al-Madani. Le nouvel émir est Saoudien. Il succède à Abu Obeida Al-Qahtani, qui a été nommé après la mort du fondateur Abu Ali al-Baridi par le Front Al-Nusra (Novembre 2015).
  • La zone de Daraa: Des affrontements ont opposé les forces rebelles et des membres de l'Etat islamique dans le village d'Ayn al-Bayda, au Nord-Est de Daraa. Les pertes ont été rapportées des deux côtés (Aamaq, 11 mars 2016 ; observatoire syrien des droits de l'homme, 12 mars 2016).

Principaux développements en Irak

La province d'Al-Anbar
  • Les efforts de l'armée irakienne pour nettoyer la ville de Ramadi et ses environs continuent. L'Etat islamique continue de mener des attaques de guérilla contre l'armée irakienne dans les environs de la ville. L'organisation affirme avoir pris plus de quatre positions de l'armée irakienne au Nord de Ramadi le 9 mars 2016. Vingt-cinq soldats irakiens ont été tués dans l'attaque (Aamaq, 9 mars 2016). Le 13 mars 2016, l'Etat islamique a annoncé que l'attaque menée par ses membres contre les positions de l'armée irakienne au Nord-Ouest de Ramadi avait tué 20 soldats irakiens et endommagé 10 blindés (Aamaq, 13 mars 2016).
La frontière irako-saoudienne
  • L'armée irakienne a annoncé qu'une patrouille de gardes-frontalières irakiens avaitdéjoué une attaque de l'Etat islamique contre une position de la police des frontières à Makr al-Nu'am, à la frontière avec l'Arabie saoudite. Selon le rapport, l'Etat islamique a activé une voiture piégée conduite par un terroriste suicide (Al-Sumaria, 12 mars 2016).
  • Selon des responsables irakiens et des dirigeants des Peshmergas kurdes, l'Etat islamique a mené deux attaques impliquant des armes chimiques. Les attaques ont été réalisées le 12 mars 2016, dans la région de Taza (Sud de Kirkouk). Une fillette a été tuée et environ 600 personnes ont été blessées (The Star, 12 mars 2016).
  • Le Département d'Etat américain a officiellement annoncé l'arrestation de Sleiman Daoud al Afari, chef de l'unité de développement des armes chimiques de l'Etat islamique. Il a été arrêté lors d'un raid en Irak le mois dernier. Les Américains ont remis Sleiman al-Afari aux autorités irakiennes (Al-Jazeera, 9 mars 2016 ; New York Times, 9 mars 2016).

La conduite de l'Etat islamique

Les renseignements allemands récupèrent des dizaines de milliers de documents de l'Etat islamique
  • Des dizaines de milliers de documents de l'Etat islamiquecontenant les noms, adresses et téléphones de plus de 22 000 membres de l'organisation ont été remis aux renseignements allemands. Certains de ces documents ont été dévoilés dans les médias. Ces documents ont été remis par l'ancien commandant de la sécurité intérieure de l'Etat islamique, Abu Hamed, qui a servi dans l'armée syrienne libre avant de rejoindre l'Etat islamique (Sky News, 10 mars 2016). Les documents comprenaient des questionnaires de la Direction des frontières de l'Etat islamique, l'entité responsable de l'intégration des combattants étrangers dans les rangs de l'organisation. Selon les documents, les citoyens de plus de 51 pays ont fourni leurs données personnelles dans les formulaires de demande  pour rejoindre l'Etat islamique. Les noms trouvés inclus ceux des trois terroristes qui ont effectué l'attaque au Théâtre Bataclan à Paris en Novembre 2015 (Nouvelles du Golfe, 12 mars 2016).
Mort présumée d'un responsable de l'Etat islamique d'origine tchétchène
  • Selon l'armée américaine, Omar le Tchétchène, commandant militaire de l'Etat islamique, a été tué dans un raid aérien le 4 mars 2016, dans la ville de Shadadi, au Sud d'Al-Hasaka (tombée aux mains des forces kurdes). Selon l'observatoire syrien des droits de l'homme, Omar le Tchétchène a survécu à l'attaque aérienne qui a été menée contre un convoi dans lequel il voyageait. Certains des membres qui étaient avec lui dans le convoi ont été tués, mais lui n'a été que grièvement blessé et transféré de la province d'Al-Hasaka vers un hôpital d'Al-Raqqah où il a été soigné par un médecin de l'Etat islamique d'origine européenne. Selon plusieurs rapports, il serait cliniquement mort (Observatoire syrien des droits de l'homme; Al-Arabiya, 13 mars 2016). L'agence de presse Aamaq de l'Etat islamique a nié la mort d'Omar le Tchétchène (Al-Jazeera, 15 mars 2016).
  • En consolidant sa position dans l'Est de la Syrie, l'Etat islamique a eu recours aux compétences militaires d'un jihadiste tchétchène de Géorgie appelé Omar le Tchétchène. Jusqu'à fin 2013, il était à la tête d'une unité militaire d'élite appelée l'Armée des Emigrants (Muhajereen), affiliée au Front Al-Nusra. Début 2014, il a rejoint les rangs de l'Etat islamique et a été nommé commandant de la région du Nord de la Syrie. Dans un premier temps, l'activité d'Omar le Tchétchène était concentrée dans la région d'Alep, source de son pouvoir. Au premier semestre 2014, son activité s'est élargie vers l'Est, dans une zone allant jusqu'à Deir al-Zor. Pendant son activité dans l'Est de la Syrie, de graves conflits ont éclaté entre l'Etat islamique et d'autres groupes islamiques en raison de l'attitude brutale de l'organisation envers la population et de ses tentatives d'imposer l'islam radical. Selon un rapport non vérifié, il servirait aujourd'hui de chef du bureau du Conseil militaire de l'Etat islamique. La mort d'Omar le Tchétchène, si l'annonce des États-Unis se révèle exacte, est un coup sévère au commandement de l'Etat islamique.Omar le Tchétchène (Al-Aan TV, 11 octobre 2014)

L'Egypte et la Péninsule du Sinaï

  • Au cours de la semaine, les forces de sécurité égyptiennes ont poursuivi leurs activités contre la Province du Sinaï de l'Etat islamique, principalement dans les régions de Cheikh Zoweid, Al-Arish et Rafah. Selon les rapports, des dizaines de membres de la Province du Sinaï de l'Etat islamique ont été tués et de nombreux autres ont été blessés (Portail Veto, 12 mars 2016). En outre, de nombreux membres ont été arrêtés. Dans le même temps, les membres de l'Etat islamique ont poursuivi leurs activités de guérilla contre les forces de sécurité égyptiennes, principalement sous la forme de pose d'engins piégés contre les véhicules militaires. Plusieurs membres des forces de sécurité égyptiennes ont été tués et blessés, principalement par des engins explosifs improvisés
  • La Province du Sinaï de l'Etat islamique a publié une vidéo intitulée "Nectar de vie" (Rahiq al-Hayah). La vidéo montre trois terroristes suicide de l'organisation exprimant leur gratitude pour avoir été choisis pour commettre un attentat suicide. Ils lisent leurs dernières volontés et promettent de continuer à lutter contre les "tyrans et leurs agents" (à savoir, le régime égyptien), à faire exploser des voitures piégées et à libérer leurs prisonniers. La fin de la vidéo montre les attentats suicide qu'ils ont effectués (Isdarat al-Dawla al Islamiyya, 10 mars 2016).

Palestiniens et arabes israéliens

  • Un arabe israélien nommé Khalil Saleh al-Sayyid, d'Umm al-Fahm, a apparemment été tué dans un raid aérien américain en combattant dans les rangs de l'Etat islamique en Syrie. Agé de 28 ans, marié et père d'un enfant, il est arrivé en Syrie il y a environ trois ans, via la Turquie. Selon sa famille, depuis son arrivée en Syrie, il n'était pas en contact avec eux. La famille a appris sa mort sur les réseaux sociaux (Ynet, 13 mars 2016).

Le jihad mondial dans d'autres pays

Libye
Interview avec le dirigeant de l'Etat islamique en Libye
  • Le nouveau numéro de l'organe de l'Etat islamique en arabe Al-Naba, publié le 8 mars 2016, contient une interview d'Abdel Qader al-Najdi, le nouvel émir des provinces libyennes de l'État islamique. Al-Najdi a remplacé Abu Mughaira al-Qahtani, qui a été tué dans une frappe aérienne de l'armée de l'air américaine à Derna en Novembre 2015 (justpaste.it, 8 mars 2016).
  • Dans l'interview, Al-Najdi appelle tous les musulmans à migrer vers le centre du Califat de l'Etat islamique (à savoir, l'Irak et la Syrie), mais aussi dans ses autres provinces, y compris la Libye. Il affirme que l'État islamique en Libye est encore à ses débuts, mais suit le chemin des provinces d'Irak et de Syrie. Il met en place ses institutions, y compris la police de la moralité, un système de protection sociale, un système judiciaire et plus encore. Selon lui, ces institutions maintiennent un contact permanent avec les institutions correspondantes dans l'État islamique. Dans l'interview, Al-Najdi rejette les rapports sur la mise en place d'une coalition internationale contre l'Etat islamique en Libye. Il menace également les dirigeants des pays voisins de la Libye, comme la Tunisie et l'Egypte, en disant que rien n'empêchera d'autres membres de l'Etat islamique de les rejoindre et d'éliminer leur régime. Al-Najdi exprime l'espoir queles membres de l'Etat islamique en Libye seront les conquérants de Rome (justpaste.it, 8 mars 2016).
  • La divulgation de l'identité du nouvel émir de l'Etat islamique dans les médias témoigne de la confiance en soi accrue de la branche de l'organisation en Libye, qui met progressivement en place une zone de contrôle territorial à Syrte. Les membres de l'extérieur jouent un rôle clé dans la mise en place de la branche, ce qui est la raison pour laquelle Al-Najdi appelle les musulmans à migrer vers la Libye. La Libye est le seul pays hors d'Irak et de Syrie où l'Etat islamique a réussi à établir un gouvernement qui contrôle la population et l'infrastructure nationale. Selon l'Etat islamique, comme en témoigne l'interview avec Al-Najdi, ce système gouvernemental entretient des liens avec les systèmes correspondants en Irak et en Syrie, en dépit de leur éloignement géographique.
Côte d'Ivoire
  • L'Afrique de l'Ouest continue d'être un centre d'actes terroristes par la branche d'Al-Qaïda: le 13 mars 2016, six terroristes armés ont attaqué deux hôtels dans la station balnéaire de Grand-Bassam en Côte-d'Ivoire (située à environ 40 km d'Abidjan). Au moins 16 personnes ont été tuées, dont quatre Européens et 10 locaux (dont deux soldats). 22 autres personnes ont été blessées dans l'attaque. Les six hommes armés ont fait irruption dans un hôtel et ont pris plusieurs personnes en otage. Certains sont entrés dans un hôtel voisin et ont tiré sur les touristes. Des coups de feu ont également été entendus de la plage. Les six terroristes qui ont pris part à l'attaque ont été tués. Al-Qaïda au Maghreb (AQMI) a revendiqué la responsabilité de l'attaque. AQMI a publié une déclaration faisant l'éloge de ses "héros" qui ont réussi à prendre d'assaut les hôtels (All Africa, 14 mars 2016).

Activités de propagande

  • La Province d'Al-Raqqah de l'État islamique a publié une vidéo intitulée "Descendants du prophète au Liban" dans laquelle les Libanais sont appelés à prêter serment à l'Etat islamique et à combattre les "tyrans" libanais qui règnent actuellement sur le pays. Dans la vidéo, les membres de l'organisation font référence au Hezbollah, le qualifiant "d'organisation criminelle" qui est en train de détruire le Liban et de combattre aux côtés du régime d'Assad. La vidéo invite les chrétiens au Liban à se convertir à l'islam et appelle à l'imposition de la loi islamique au Liban (Isdarat, 11 mars 2016). Selon nous, cette vidéo est une réponse aux attaques médiatiques du Hezbollah au Liban contre l'Etat islamique et d'autres organisations jihadistes.