Pleins feux sur le jihad mondial (21 avril – 4 mai 2016)

Aperçu général

EnSyrie, les combats dans la ville d'Alep et sa région rurale du Nord se sont multipliés au cours des deux dernières semaines. Des avions syriens et russes ont attaqué des cibles dans les quartiers d'Alep contrôlés par les organisations rebelles. Les organisations rebelles (y compris le Front Al-Nusra) ont tiré des roquettes et des obus de mortier sur les quartiers contrôlés par le régime syrien. Des centaines des civils ont été tués dans les combats, et des infrastructures civiles, y compris deux hôpitaux, ont été endommagés. Les États-Unis et la Russie font des efforts diplomatiques pour mettre fin à l'escalade, rétablir le cessez-le-feu et permettre la reprise des pourparlers de Genève. En Irak, l'Etat islamique a augmenté ses attaques terroristes à Bagdad, en utilisant des terroristes suicide. Les  attaques sont dirigées contre la population chiite et des cibles affiliées au régime irakien. Pour renforcer la légitimité des attaques terroristes contre les chiites, l'Etat islamique a publié une vidéo avertissant contre la transformation de Bagdad en un centre chiite. Parallèlement, l'organisation poursuit ses activités de guérilla contre l'armée irakienne, y compris dans les zones prétendument libérées (attentats suicide, attaques contre les convois et tirs de roquettes). En Libye, selon des rapports, après de longues batailles, l'Etat islamique a été évincé de la région dominant la ville de Derna. Si ces rapports sont avérés, il s'agit d'un coup moral et militaire porté à l'organisation, et de l'affaiblissement de son statut dans l'Est de la Libye. En attendant, les médias libyens (hostiles à l'Etat islamique) ont rapporté que l'armée libyenne commandée par Khalifa Haftar se préparait pour la libération de la ville de Syrte des mains de l'Etat islamique et que ce dernier faisait des préparatifs sur le terrain en vue de l'offensive.

 

L'accord de cessez-le-feu

• Les graves affrontements qui se sont récemment produits dans et autour d'Alep entre le régime syrien et les organisations rebelles ont donné lieu à un sentiment en Syrie et au niveau international que le cessez-le-feu, qui est maintenu dans une certaine mesure et est entré dans sa dixième semaine, est sur le point de s'effondrer. Suite à l'escalade à Alep, les pourparlers de Genève ont été suspendus. À la lumière de l'escalade, des efforts internationaux ont été réalisés, principalement par la Russie et les États-Unis, pourmaintenir le cessez-le-feu et éventuellement l'étendre à la région d'Alep.
• Dans ce cadre, des efforts ont été faits pour mettre un terme aux affrontements locaux dans la zone rurale à l'Est de Damas (Est de Ghouta) et à Latakieh, afin de prévenir la propagation de l'escalade à d'autres régions. Le 29 avril 2016, les Etats-Unis et la Russie ont convenu d'un cessez-le-feu temporaire (72 heures) dans la zone rurale à l'Est de Damas. Ce cessez-le-feu a été prolongé de 48 heures (Agence de presse syrienne, 2 mai 2016). Cependant, les tentatives d'élargir les trêves locales dans la région d'Alep se sont jusqu'à présent avérées infructueuses, et les combats continuent.

La campagne internationale contre l'Etat islamique

Poursuite des frappes aériennes

• La coalition internationale menée par les Etats-Unis a continué à mener des attaques en Irak et en Syrie contre des cibles de l'Etat islamique. Au cours des deux dernières semaines, les avions des pays de la coalition ont effectué des dizaines de frappes aériennes, principalement contre des cibles de l'Etat islamique en Irak. Les frappes aériennes en Irak ont ​​été concentrées dans les régions d'Hit, Kisik, Mossoul, Ramadi et Bagdad. En Syrie, des frappes aériennes ont été menées dans les régions d'Al-Raqqah et Marea (Nord d'Alep). 

Déploiement de soldats américains au Nord de la Syrie

• Le Président américain Barack Obama a annoncé le déploiement de 250 soldats au Nord de la Syrie(en plus des 50 soldats présents sur place). Ce renfort comprend des forces spéciales et du personnel de service, qui seront principalement responsables du recrutement de combattants sunnites et de soutenir la lutte contre l'Etat islamique (CNN, 25 avril 2016). Deux jours plus tard, les médias syriens et arabes ont signalé l'arrivée de 150 membres des forces spéciales dans la ville de Ramilan, au Nord-Est de la Syrie, dans une zone contrôlée par les Kurdes (Al-Jazeera, agence de presse syrienne, 28 avril 2016).

Stratégie des Etats-Unis contre l'Etat islamique

• Lors d'une audition devant la commission des Forces armées du Sénat, le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter et le chef d'état-major Joseph Dunford ont examiné la stratégie de combat des États-Unis contre l'Etat islamique. Le secrétaire à la Défense a rejeté deux stratégies alternatives contre l'Etat islamique : la première, en utilisant une force de combat [terrestre] américaine et la seconde, en établissant une importante force terrestre internationale chargée de prendre le contrôle des zones contrôlées par l'Etat islamique. Les Etats-Unis préfèrent soutenir les forces locales et ils œuvrent à étendre cette activité. Selon le secrétaire à la Défense, les Etats-Unis poursuivent leur programme de formation des forces syriennes en dehors de la Syrie. Le secrétaire à la Défense a noté que le programme actuel était différent de celui qui a échoué l'an dernier, et a demandé au comité de l'aider à y allouer des fonds (Site Internet du Département d'Etat américain, 28 avril 2016).
• La stratégie américaine dans la lutte contre l'Etat islamique continue d'être basée sur des frappes aériennes en Syrie et en Irak, et sur le soutien aux forces locales par la formation et la fourniture d'armes, tout en évitant les combats au sol. Dans l'arène syrienne, les Kurdes eux-mêmes ont prouvé que la force locale était plus efficace tandis que les tentatives des États-Unis d'établir une force militaire sunnite parmi les organisations rebelles ont jusqu'à présent échoué.

Implication de l'Allemagne dans les combats

• L'Allemagne est apparemment sur le point de mettre en place un complexe distinct pour sa force aérienne à la base aérienne d'Incirlik dans le Sud de la Turquie, qui est utilisée par les forces de la coalition dans la guerre contre l'Etat islamique. Environ 400 soldats seront stationnés en permanence dans le complexe, qui comprendra un centre de contrôle de la circulation aérienne et un escadron Tornado. La nouvelle force viendra renforcer les troupes allemandes présentes depuis Décembre 2015, principalement pour les missions de ravitaillement aérien et de reconnaissance. La construction du complexe devrait être achevée à l'été 2017 et son coût est d'environ 65 millions d'euros (Hürriyet, 26 avril 2016).

Implication de la Russie dans les combats en Syrie

• Des appareils de l'armée de l'air russe ont continué à attaquer des cibles de l'Etat islamique et d'autres organisations à travers la Syrie. Les Russes ont attaqué des cibles dans et autour d'Alep, Damas, Hama et ailleurs. Selon le chef de la direction des opérations de l'état-major général des Forces armées russes, le lieutenant-général Sergei Rudskoy, depuis le début des combats en Syrie, les forces russes ont détruit plus de 29.000 cibles d'organisations terroristes, y compris plus de 200 installations pétrolières et plus de 2.000 transporteurs de pétrole (Agence de presse TASS, 27 avril 2016).
• Selon Vitaly Tchourkine, ambassadeur de Russie auprès de l'ONU, la Russie et le comité de lutte contre le terrorisme de l'ONU souhaitent inclure deux organisations rebelles,Ahrar al-Sham et Jaysh al-Islam, dans la liste des organisations terroristes,^[1]suite à plusieurs rapports selon lesquels ces organisations sont affiliées à Al-Qaïda et à l'Etat islamique et violent le cessez-le-feu en Syrie sur une base régulière (Agence de presse TASS, 27 avril 2016).L'ajout d'autres organisations à la catégorie des "organisations terroristes" pourrait, selon nous, élargir les combats et entraver les chances de maintenir le cessez-le-feu.
• Le général Sergei Afanasyev, chef adjoint du Direction du renseignement russe (GRU), a fait référence à l'Etat islamique lors de la cinquième Conférence de Moscou sur la sécurité internationale. Selon lui, les Russes estiment à environ 33.000 le nombre de membres de l'Etat islamique opérant actuellement en Syrie et en Irak, 19.000 en Irak et environ 14.000 en Syrie. Ils possèdent des armes, y compris des chars, des véhicules blindés, des missiles anti-char et des systèmes de missiles anti-aériens (RT, 27 avril 2016). Le général Afanasyev a également noté que le niveau de la menace terroriste en Europe avait augmenté après le retour de quelque 800 membres de l'Etat islamique en Allemagne au cours des quatre dernières années. Il a également déclaré qu'environ 4500 activistes affiliés à l'Etat islamique opéraient en Asie centrale (RT, 27 avril 2016).

Principaux développements en Syrie

Région d'Alep

• Au cours des deux dernières semaines, les combats dans la ville d'Alep et sa zone rurale au Nord ont augmenté. Des avions syriens et russes ont attaqué des cibles des organisations rebelles à Alep, tandis que celles-ci ont tiré des roquettes et des obus de mortier sur des quartiers contrôlés par le régime syrien. Selon les médias arabes et occidentaux, des centaines de civils ont été tués dans ces frappes^[2]et des infrastructures civiles ont été endommagées, dont deux hôpitaux.^[3]Les frappes aériennes et des bombardements d'Alep ont été décrits dans les médias comme les plus graves depuis le début de la guerre civile.
• Selon un rapport publié par le ministère russe des Affaires étrangères, le consulat de Russie à Alep a été attaqué par des membres du Front Al-Nusra et ses alliés. Selon le rapport, un engin piégé a explosé à l'intérieur du consulat et trois autres engins explosifs improvisés ont explosé près du bâtiment. Aucune victime n'a été signalée (Spoutnik, 29 avril 2016). Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a accusé le Front Al-Nusra d'avoir tiré des obus de mortier sur le bâtiment du consulat russe à Alep (Agence de presse TASS, 29 avril 2016).
• Au Sud-Est d'Alep, l'armée syrienne a saisi un camion transportant 3,5 tonnes d'ammonium de nitrate, utilisé pour la fabrication d'explosifs. La cargaison était destinée à l'Etat islamique ou au Front Al-Nusra au Sud-Est d'Alep (Agence de presse SANA, 28 avril 2016).

Affrontements entre l'Etat islamique et l'armée turque

• Les affrontements se sont poursuivis cette semaine entre l'Etat islamique et l'armée turque au Nord d'Alep, près de la frontière syro-turque. L'Etat islamique aurait transféré des forces de l'Est de la Syrie (zones d'Al-Hasaka et Al-Raqqah) à la région au Nord d'Alep. Selon un rapport de l'Etat islamique, ses membres auraient repris plusieurs villages près de la frontière syro-turque, y compris le village de Doudyan, à environ 18 km au Sud-Est de Kilis (Aamaq, 27 avril 2016).

• Au cours des affrontements entre l'Etat islamique et l'armée turque, des roquettes ont été tirées de la Syrie sur la ville turque de Kilis.^[4]En réponse, l'armée turque a attaqué des avant-postes et des armes dans les zones contrôlées par l'Etat islamique (Al-Durar al-Shamiya, 1^er mai 2016). La Turquie a annoncé que 50 membres de l'Etat islamique ont été tués dans cette attaque (Sky News, 2 mai 2016). D'autre part, l'Etat islamique a annoncé que ses membres avaient détruit trois chars de l'armée turque (Aamaq, 28 avril 2016).
• Ci-après d'autres régions en Syrie où des affrontements locaux impliquant des membres de l'Etat islamique et du Front Al-Nusra ont été signalés :

• La zone du camp de réfugiés d'Al-Yarmouk au Sud de Damas : Les affrontements se sont poursuivis entre l'Etat islamique et le Front Al-Nusra. Selon les rapports, l'Etat islamique contrôle désormais une partie importante du camp de réfugiés (Al-Ghad, 23 avril 2016).
• La zone rurale à l'Est de Damas: Dans ce secteur, les affrontements entre les organisations rebelles ont continué. Jaysh al-Islam aurait assiégé des membres armés du Front Al-Nusra (Dimashq al-Aan, 2 mai 2016).
• La zone du sanctuaire d'Al-Set Zaynab, au Sud de Damas: L'Etat islamique a effectué une attaque contre un point de contrôle militaire à l'aide d'une voiture piégée conduite par un terroriste suicide. Environ 20 personnes auraient été tuées et 60 blessées (Agence de presse Khatwa; Aamaq, 25 avril 2016).
• Deir al-Zor: Les affrontements se sont poursuivis entre des membres de l'Etat islamique et l'armée syrienne dans la zone de la base aérienne militaire. Des avions cargo russes ont lâché des colis alimentaires aux résidents de la ville dans les quartiers qui sont en état de siège par l'Etat islamique (Dimashq al-Aan, 30 avril 2016).
• Palmyre : Le ministère russe de la Défense a rapporté que lors d'opérations de balayage afin de détecter les engins explosifs improvisés dans la ville, l'armée syrienne a trouvé et neutralisé un grand dépôt de l'Etat islamique contenant une importante quantité d'explosifs et d'obus (Agence de presse TASS, 22 avril 2016).

• Le corps d'un officier russe tué par l'Etat islamique dans la bataille dans la ville de Palmyre a été rendu aux Russes. Le corps a été rendu après un échange de prisonniers sous médiation des forces kurdes (GPJ). Deux membres importants de l'Etat islamique ont été libérés en échange du corps de l'officier (Syrie Mubasher, 27 avril 2016). Les Kurdes ont annoncé avoir transféré le corps de l'officier aux représentants des autorités russes en Syrie (29 avril 2016).

Principaux développements en Irak

Bagdad

• L'Etat islamique a récemment augmenté ses attaques terroristes contre des cibles à Bagdad, principalement celles affiliées aux chiites et au régime irakien.En réponse, les forces de sécurité irakiennes ont déclaré l'état d'urgence (Al-Sumaria, 30 avril 2016).
• Ci-après les principales attaques terroristes de l'Etat islamique dans Bagdad et dans la région chiite du Sud :

• Le 25 avril 2016– Un membre de l'Etat islamique a effectué une attaque suicide avec une ceinture d'explosifs dans le Centre de Bagdad. L'attaque a été menée contre une concentration de miliciens chiites, qui soutiennent le régime irakien. Selon l'Etat islamique, des dizaines de miliciens ont été tués et blessés dans l'attaque (Aamaq, 25 avril 2016).
• Le 30 avril 2016– 63 personnes ont été tuées dans un attentat suicide à l'Est de Bagdad (BBC en arabe, 30 avril 2016; Al-Qurtas News, 1^er mai 2016). Selon une annonce de l'Etat islamique, un terroriste suicide a activé un camion piégé contre des pèlerins chiites, et environ 100 d'entre eux ont été tués dans l'attaque (Akhbar Dawlat al-Islam, 1^er mai 2016).
• Le 2 mai 2016 – Une voiture piégée a explosé dans le Sud de Bagdad. Quatorze personnes ont été tuées. L'Etat islamique a revendiqué l'attentat suicide. Selon l'organisation, 40 personnes ont été tuées dans l'attaque (Aamaq, 2 mai 2016).
• Le 1^er mai 2016– Un total de 38 personnes ont été tuées et 86 ont été blessées dans l'explosion de deux voitures piégées activées par des terroristes suicide dans la ville chiite de Samawa, à environ 250 km au Sud de Bagdad. L'Etat islamique a revendiqué la responsabilité des attaques (Al-Sumaria, Akhbar Dawlat al-Islam, 1^er mai 2016).

• Le 2 mai, 2016, la Province de Bagdad de l'Etat islamique a publié une vidéo avertissant de la transformation de Bagdad en une ville chiite. La vidéo montre à la fois Abu Mus'ab al-Zarqawi, mettant en garde contre la transformation de la ville en un centre chiite, et un terroriste suicide, avant la réalisation d'une attaque dans une maison chiite de prière. La vidéo pourrait donner légitimité aux attaques terroristes de l'Etat islamique, qui sont dirigées principalement contre des cibles chiites.

Guérilla de l'Etat islamique contre l'armée irakienne

• L'Etat islamique continue à exercer son activité de guérilla dans les zones capturées et nettoyées par l'armée irakienne. Dans la région de la ville d'Hit, l'Etat islamique a revendiqué la responsabilité d'un attentat suicide à un poste de police. Selon l'Etat islamique, l'attaque a tué plus de 50 membres des forces de sécurité irakiennes. L'organisation a également attaqué un convoi de l'armée irakienne sur la route Haditha-Baiji et a tiré des roquettes sur des bases de l'armée irakienne le long de cette route. Selon l'Etat islamique, l'organisation est actuellement engagée dans un combat dans le champ pétrolier d'Alas, à l'Est de Tikrit, dans une tentative de reprendre le contrôle du champ.

L'Egypte et la péninsule du Sinaï

• Au cours des deux dernières semaines, les forces de sécurité égyptiennes ont continué leur activité contre la Province du Sinaï dans les secteurs de Cheikh Zoweid, Al-Arish et Rafah. Des dizaines de suspects ont été arrêtés et des voitures, des motos et des munitions ont été saisies. D'autre part, les membres de l'Etat islamique ont poursuivi leurs activités de guérilla contre les forces de sécurité égyptiennes, principalement en déposant des engins explosifs improvisés. Certains  des engins ont été neutralisés par les forces de sécurité égyptiennes. La Province du Sinaï de l'Etat islamique a revendiqué la responsabilité de plusieurs attaques dans ce qu'elle a appelé la "nouvelle vague d'attaques" dirigées contre les forces de sécurité égyptiennes et ceux qui les soutiennent (Compte Twitter affilié à l'Etat islamique, 28 avril 2016).

Le jihad mondial dans d'autres pays

Libye

Derna

• Le 20 avril 2016, le Conseil de la Choura des combattants du Jihad de Derna et ses environs (affilié à Al-Qaïda) a achevé la reprise de la ville de Derna et de la région montagneuse qui la domine. Des membres de l'Etat islamique se seraient retirés du secteur d'Al-Fataeh vers les zones désertiques du Sud de Derna(Portail Al-Wasat, 20 avril 2016; compte Twitter de la branche information Al-Sabil du Conseil de la Choura des combattants du Jihad de Derna, 21 avril 2016; Aamaq, 21 avril 2016).

• A la seconde moitié de Juin 2015, des membres du Conseil de la Choura et d'autres organisations opposées à l'Etat islamique ont réussi à évincer les membres de l'Etat islamique de la ville de Derna. La plupart se sont réfugiés dans la région d'Al-Fataeh, une région montagneuse au Sud de Derna qui domine la ville. Depuis, ils se battent contre leurs opposants à Derna. Si le Conseil de la Choura a en effet réussi à évincer les membres de l'Etat islamique d'Al-Fataeh (ce qui doit être vérifié), cela représente un coup dur pour l'Etat islamique et affaiblit son statut dans l'Est de la Libye. L'Etat islamique pourrait perdre sa présence dans la ville de Benghazi, où il fait l'objet d'une forte pression par l'armée libyenne, qui a repris la plupart des quartiers de la ville.

Syrte

• Selon les médias libyens opposés à l'Etat islamique, l'armée libyenne sous le commandement de Khalifa Haftar se prépare à libérer la ville de Syrte des mains de l'Etat islamique. Selon le porte-parole de l'armée libyenne, des forces terrestres, aériennes et maritimes participeront à la "grande campagne sur Syrte". Selon le porte-parole, les forces d'infanterie de l'armée sont déjà déployées au Sud d'Ajdabiya et attendent l'ordre de débuter l'opération (Akhbar Libya 24, 23 et 28 avril 2016; Portail Al-Wasat, 26, 29 et 30 avril 2016, 1^er mai 2016).
• nSelon ces rapports, l'Etat islamique à Syrte se prépare à l'offensive de l'armée libyenne. L'organisation a évacué ses camps à Syrte, a construit des remblais et disposé des mines autour de la ville. Elle a également mis en place un hôpital de campagne et transféré les prisonniers à un lieu inconnu. Selon Abu Hamza le Sénégalais, un des responsables de l'Etat islamique à Syrte, l'Etat islamique a déclaré une mobilisation générale et a l'intention d'effectuer des attentats suicide "très bientôt" dans les ports pétroliers à l'Est de Syrte et dans diverses villes comme Misrata et Tripoli (Akhbar Libya 24, 23 et 28 avril 2016; Portail Al-Wasat, 26, 29 et 30 avril 2016, 1^er mai 2016).

Les Caraïbes

• Selon un récent rapport de la BBC, les Caraïbes sont devenues une terre fertile pour recruter des combattants étrangers dans les rangs de l'Etat islamique. Selon les données officielles, 89 habitants de Trinidad combattent actuellement dans les rangs de l'Etat islamique. Ce chiffre est relativement élevé pour un pays dont la population est de 1,3 million d'habitants. L'Etat islamique a récemment publié une vidéo destinée aux résidents de Trinidad, mettant en vedette des combattants parlant en langue locale. Il y a une communauté musulmane à Trinidad, mais ceux qui ont rejoint les rangs de l'Etat islamique sont principalement des jeunes hommes d'origine afro-antillaise convertis à l'islam (BBC en arabe, 1^er mai 2016).

Russie

• Selon les médias russes, une mosquée construite illégalement près de la ville de Samara, sur les rives de la Volga, a été détruite par les forces de sécurité russes. Des explosifs étaient stockés à la mosquée. Cinquante-trois salafistes islamistes y ont été arrêtés, dont plusieurs membres de l'Etat islamique. Selon le porte-parole du FSB (Service fédéral de sécurité russe), les détentions ont conduit à l'arrestation de plusieurs suspects et à la découverte de sources d'armes. Selon le porte-parole, les membres de la communauté salafiste qui ont été arrêtés avaient combattu aux côtés des organisations terroristes en Syrie (RT, 30 avril 2016).

La conduite de l'Etat islamique

Mort d'un haut responsable de l'organisation

• Fin Mars 2016, un haut responsable de l'Etat islamique a été tué dans un raid aérien dans la région de Deir al-Zor (Al-Ahed, 1^er mai 2016). L'individu était Abd al-Rahman Mustafa al-Qaduli alias Abu Ali al-Anbari. L'Etat islamique n'a pas officiellement annoncé sa mort, mais l'a admise indirectement : les attaques menées par l'Etat islamique le 30 avril 2016 ont été nommées au nom du "cheikh Abu Ali al-Anbari," avec une demande à Allah de lui souhaiter la bienvenue [comme chahid au Paradis].
• Abu Ali al-Anbari, né à Mossoul, était âgé d'environ 60 ans au moment de sa mort. Il était professeur de physique et a écrit plusieurs ouvrages religieux. En 1998, il s'est rendu en Afghanistan, où il a rencontré Oussama ben Laden. Il est retourné en Irak en 2000, et en 2004, a rejoint les membres d'Abu Moussab al-Zarqaoui, le fondateur de l'organisation de laquelle l'Etat islamique a émergé (Al-Bawaba, 1^er mai 2016). En Novembre 2015, il se serait rendu de Syrie à Syrte, en Libye, apparemment pour établir la branche de l'Etat islamique en Libye. En Décembre 2015, sa mort a été annoncée après un raid aérien près de la frontière syrienne, mais il s'est ensuite avéré qu'il avait été seulement blessé (securitymiddleeast.com, 21 décembre 2015).
• La mort d'Abu Ali al-Anbari, membre du "noyau dur" de l'Etat islamique, est la dernière d'une série d'éliminations de responsables de l'organisation, principalement dans des frappes aériennes américaines et russes. Selon nous, cela pourrait avoir un effet négatif sur les capacités militaires et gouvernementales de l'Etat islamique, mais pas nécessairement dans un proche avenir.

La campagne dans le domaine de la cybernétique

• Une étude des capacités cybernétiques de l'Etat islamique effectuée par la société Flashpoint montre que, dans le passé, l'activité cybernétique de l'organisation était réalisée par au moins cinq groupes différents, dont chacun menait des campagnes distinctes. Le 4 avril 2016, l'Etat islamique a annoncé la création d'un "Califat cybernétique unifié" intégrant l'ensemble de ses entités opérant dans le domaine cybernétique Selon l'étude, dans le passé, les attaques ont été menées principalement contre les gouvernements, les banques et les médias. Cependant, en dépit de l'attention mondiale générée par ces attaques,leur efficacité était limitée et elles ont été réalisées sur une base occasionnelle (Site Internet Flashpoint, 28 avril 2016).
• Il semble maintenant que le système cybernétique de l'Etat islamique est soumis à la pression de la coalition dirigée par les États-Unis. Lors d'une audition devant la commission des Forces armées du Sénat américain, le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a déclaré que le Cyber ​​Command de l'armée américaine joue un rôle important dans la campagne de la coalition internationale contre l'Etat islamique. Selon Carter, l'activité cybernétique américaine vise notamment à paralyser le réseau Internet de l'Etat islamique. Selon Joseph Dunford, le chef des états-majors interarmées américain, l'objectif est de couper les lignes de communication de l'organisation et d'entraîner son isolement dans le cyberespace (AFP, 28 avril 2016).

Activités de contre-terrorisme

Italie

• Maurizio Romanelli, le procureur de Milan, a rapporté que la police italienne avait arrêté quatre Marocains affiliés à l'Etat islamique. Selon les documents déposés au tribunal, ils avaient prévu de mener des attaques à Rome, y compris contre l'ambassade d'Israël et le Vatican. En outre, des mandats d'arrêt ont été émis contre deux autres suspects, un mari et sa femme, qui ont quitté l'Italie pour la Syrie. Selon les renseignements obtenus par les enquêteurs, le couple en Syrie a ordonné à l'un des détenus d'attaquer à la fois l'ambassade d'Israël à Rome et le Vatican (quotidien israélien Haaretz, 1^er mai 2016).

• Dans l'intervalle, l'Etat islamique continue de menacer l'Italie. Dans une vidéo, la Province de Ninive de l'Etat islamique menace à nouveau de conquérir Rome. Ces dires sont basés sur la tradition du prophète Mahomet selon laquelle les musulmans vont conquérir Rome dans l'avenir. L'orateur de la vidéo note que l'Etat islamique entend réaliser la promesse du prophète Mahomet et invite les musulmans à attendre le jour promis (Akhbar Dawlat al-Islam, 30 avril 2016).

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