Pleins feux sur le jihad mondial (19-25 mai 2016)

Pleins feux sur le jihad mondial

Pleins feux sur le jihad mondial

Les Forces démocratiques syriennes (all4syria.info, 24 mai 2016)

Les Forces démocratiques syriennes (all4syria.info, 24 mai 2016)

Photos publiées par la Province de Homs de l'Etat islamique. Les photos montrent des tirs d'armes antichars sur la périphérie de Palmyre (Khilafah Mubasher, 21 mai 2016).

Photos publiées par la Province de Homs de l'Etat islamique. Les photos montrent des tirs d'armes antichars sur la périphérie de Palmyre (Khilafah Mubasher, 21 mai 2016).

L'armée irakienne à la périphérie de Falloujah (Al-Jazeera, 24 mai 2016)

L'armée irakienne à la périphérie de Falloujah (Al-Jazeera, 24 mai 2016)

Qassem Soleimani aux côtés des officiers supérieurs des milices chiites qui soutiennent l'armée irakienne (Al Jazeera, 24 mai 2016)

Qassem Soleimani aux côtés des officiers supérieurs des milices chiites qui soutiennent l'armée irakienne (Al Jazeera, 24 mai 2016)

Les Indiens dans la vidéo. Droite : Abu Turab l'Indien. Centre : Omar Farouq l'Indien. Gauche : Abu Salman l'Indien (Khilafah Mubasher, 20 mai 2016)

Les Indiens dans la vidéo. Droite : Abu Turab l'Indien. Centre : Omar Farouq l'Indien. Gauche : Abu Salman l'Indien (Khilafah Mubasher, 20 mai 2016)

Membres indiens de l'Etat islamique dans la région de Homs (Khilafah Mubasher, 20 mai 2016). Les photos ont été apparemment prises sur le lac Qattinah, au Sud-Ouest de la ville de Homs, où les Indiens auraient été formés (selon le journal britannique The Sun, 20 mai 2016)

Membres indiens de l'Etat islamique dans la région de Homs (Khilafah Mubasher, 20 mai 2016). Les photos ont été apparemment prises sur le lac Qattinah, au Sud-Ouest de la ville de Homs, où les Indiens auraient été formés (selon le journal britannique The Sun, 20 mai 2016)

Membres indiens de l'Etat islamique dans la région de Homs (Khilafah Mubasher, 20 mai 2016). Les photos ont été apparemment prises sur le lac Qattinah, au Sud-Ouest de la ville de Homs, où les Indiens auraient été formés (selon le journal britannique The Sun, 20 mai 2016)

Membres indiens de l'Etat islamique dans la région de Homs (Khilafah Mubasher, 20 mai 2016). Les photos ont été apparemment prises sur le lac Qattinah, au Sud-Ouest de la ville de Homs, où les Indiens auraient été formés (selon le journal britannique The Sun, 20 mai 2016)


Aperçu général

  • L'Etat islamique continue de faire face à la pression militaire en Irak et en Syrie : En Irak, une campagne pour la libération de Fallujah a commencé. La ville de Falloujah est le bastion le plus important encore détenu par l'organisation dans la province sunnite d'Al-Anbar. L'armée irakienne aurait atteint la périphérie de la ville et en resserrerait maintenant l'étau. En Syrie, les Forces démocratiques syriennes, un cadre militaire kurde-arabe soutenu par les Etats-Unis, ont lancé une campagne pour conquérir Al-Raqqah, le fief de l'Etat islamique en Syrie. Ces forces auraient repris la zone d'Al-Issa, à 50 km au Nord d'Al-Raqqah. L'Etat islamique, pour sa part, prend des mesures pour défendre Al-Raqqah.
  • Face à la pression dont il est l'objet, l'Etat islamique multiplie les attaques terroristes et les actes de guérilla en Syrie et en Irak. Cette semaine, le principal événement a été une série d'attentats suicide coordonnés et précis, pour la première fois, dans des endroits bondés à Jableh et Tartous, dans la province de Latakieh (le fief de la communauté alaouite). Ces attaques et les attentats commis par l'organisation à Bagdad contre des cibles chiites étaient destinés à renforcer la force de dissuasion de l'Etat islamique et à témoigner de sa capacité à nuire au "ventre mou" des régimes syrien et irakien, même lorsqu'ils sont confrontés à de graves pressions.
  • A l'approche du mois de Ramadan, l'Etat islamique a lancé une vaste campagne de propagande dans laquelle il menace de mener des attaques contre les pays occidentaux (États-Unis et Europe) et contre Israël et les Juifs. Le porte-parole de l'organisation a appelé ses partisans en Occident à transformer le Ramadan en un mois de catastrophes pour les ennemis de l'Etat islamique et à ne pas craindre de tuer des civils (selon le porte-parole, le fait qu'ils leur portent atteinte est bénéfique à l'organisation). Le porte-parole a souligné que même si l'Etat islamique perd ses principaux secteurs en Irak, en Syrie et en Libye, il va continuer à se battre, comme il l'a fait au cours de l'occupation de l'Irak par l'armée américaine.

 

L'accord de cessez-le-feu

  • Au cours de la semaine, le ministère russe de la Défense a indiqué que le centre de surveillance de Hmeymim a enregistré plusieurs violations du cessez-le-feu, surtout dans la région de Damas (Spoutnik, 18 mai 2016). Selon le rapport russe, le nombre de localités qui ont adhéré à l'accord a atteint les 113. Le nombre de "groupes armés" qui ont accepté l'accord reste inchangé et est de 59 (TASS, 21 mai 2016). Alors que les autorités russes se vantent de l'augmentation du nombre d'organisations qui ont accepté le cessez-le-feu, ce dernier s'érode sur le terrain et les combats dans les différentes provinces de Syrie se sont intensifiés au cours des dernières semaines.

La campagne internationale contre l'Etat islamique

Les frappes aériennes
  • La coalition internationale menée par les Etats-Unis a poursuivi ses frappes aériennes contre des cibles de l'Etat islamique en Irak et en Syrie. En Irak, les frappes aériennes ont été concentrées dans les régions de Rutba, Fallujah, Kisik, Mossoul, Sinjar, Sultan Abdullah, Tal Afar, Bagdadi et Haditha. En Syrie, les frappes aériennes ont été concentrées dans les régions d'Al-Raqqah, Ain Issa, Marea, et Palmyre.

Participation de la Russie dans les combats en Syrie

  • Des avions russes ont continué à attaquer des cibles en Syrie, visant notamment des cibles dans la région de Khan Touman, au Sud d'Alep, où les organisations rebelles ont marqué une victoire contre l'armée syrienne et les forces qui la soutiennent (Khatwa, 21 mai 2016). Ils ont également attaqué des cibles au Nord et à l'Ouest d'Alep et des objectifs dans les régions de Deir al-Zor, du champ pétrolier d'Al-Sha'ir et de Palmyre, où des affrontements ont été signalés entre l'Etat islamique et l'armée syrienne.
  • Le ministre russe de la Défense a proposé aux États-Unis de mener des frappes aériennes communes en Syrie.Selon lui, les frappes aériennes conjointes seraient dirigées contre le Front Al-Nusra et contre le transfert d'armes et de terroristes vers la Syrie via la Turquie (Spoutnik, 20 mai 2016). Les Etats-Unis ont rejeté la proposition. Selon le porte-parole du Pentagone Jeff Davis, la Russie n'a jamais fait de demande officielle aux États-Unis à ce sujet. Il a également précisé que les États-Unis ne coopèrent pas avec la Russie et ne coordonnent pas leurs opérations en Syrie avec Moscou, soulignant que les Etats-Unis et la Russie ont des objectifs militaires différents (Al-Jazeera, 20 mai 2016).

Principaux développements en Syrie

Attaques terroristes de l'Etat islamique à Jableh et Tartous
  • Le 23 mai 2016, l'Etat islamique a réalisé une série d'attentats suicide coordonnés et synchronisés dans plusieurs endroits bondés (stations de bus, hôpitaux) dans les villes de Jableh et Tartous. Ces villes sont situées dans la province de Latakieh à l'Ouest de la Syrie, fief de la communauté alaouite en Syrie. Les attaques ont été effectuées simultanément par des terroristes suicide utilisant des voitures piégées. L'Etat islamique a revendiqué la responsabilité des attentats, qui ont fait plus de 150 morts et 200 blessés.
  • Ci-après une description des attaques (basée sur les rapports initiaux) :
  • Dans la ville de Jableh (environ 80.000 habitants), au Sud de Latakieh, quatre attentats suicide ont été commis et une autre attaque a été déjouée. Une voiture piégée a explosé dans la gare routière centrale de la ville. Trois autres attaques ont été effectuées près de l'hôpital Jableh (Télévision syrienne, 23 mai 2016). Un membre de l'organisation qui avait l'intention de procéder à une autre attaque a été capturé.
  • Dans la ville de Tartous (environ 120.000 habitants), quatre attentats suicide ont été réalisés simultanément : trois attaques ont été menées à la station centrale de bus dans le Sud de la ville. Une autre attaque a été menée dans un quartier résidentiel à proximité de la gare routière centrale (Télévision syrienne, 23 mai 2016).
Revendication de responsabilité de l'Etat islamique
  • Dans un communiqué publié par l'agence de presse de l'Etat islamique, la Province côtière de l'Etat islamique a revendiqué la responsabilité des attentats de Jableh et Tartous. La déclaration précise que l'organisation a réussi à infiltrer les bastions des Alaouites ("les infidèles") à Tartous et Jableh et  à activer des bombes et des terroristes qui se sont fait sauter avec des ceintures explosives. Les attaques ont fait plus de 150 morts et environ 300 blessés. Selon le communiqué, l'objectif était de donner aux Alaouites un "goût de la mort" que les musulmans goûtent avec  les frappes aériennes russes et syriennes dans les villes musulmanes. L'Etat islamique a promis de mener d'autres attaques contre le régime syrien : "Les prochaines attaques seront plus terribles et plus amères" (Khilafah Mubasher, 23 mai 2016).
Evaluation initiale des conséquences des attaques
  • Cette vague d'attentats terroristes est la première du genre réalisée dans la province de Latakieh, dans l'Ouest de la Syrie. Cette province est en grande partie peuplée par la communauté alaouite, le fondement du régime de Bachar el-Assad. Les installations militaires russes, principalement la base aérienne de Hmeymim (à environ 4 km au Nord-Est de Jableh) et le port de Tartous sont situés dans cette province. Pendant les cinq années de la guerre civile en Syrie, les résidents de la province de Latakieh ont joui d'un calme relatif qui leur a permis de profiter du quotidien, en contraste frappant avec la situation qui prévaut dans les autres provinces.
  • Pour le régime syrien et ses alliés la Russie et l'Iran, les attentats terroristes de Tartous et Jableh représentent un coup en termes de sécurité, de politique et de moral. Les attaques ont été réalisées dans le contexte des échecs de l'Etat islamique en Syrie et en Irak et des menaces contre des zones de base de l'organisation (Al-Raqqah en Syrie et Mossoul en Irak). Les attaques terroristes dans la province de Latakieh, comme la vague de terrorisme à Bagdad, visent à renforcer l'image de force de dissuasion de l'organisation et à démontrer aux régimes syrien et irakien sa capacité de frapper des cibles vitales et leur ventre mou. Selon nous, alors que l'Etat islamique s'affaiblit, sa motivation et celle de ses partisans à mener des attaques terroristes et des actes de guérilla va augmenter, et les cibles pourraient être les ennemis de l'Etat islamique en Syrie et en Irak, ainsi que l'Occident, la Russie et Israël.
Pression croissante sur Al-Raqqah, fief de l'Etat islamique en Syrie
  • Le 24 mai 2016, les Forces démocratiques syriennes, une organisation militaire kurde-arabe soutenue par les Etats-Unis, ont annoncé le début d'une campagne de conquête de la ville d'Al-Raqqah. À cette fin, des milliers de soldats auraient été recrutés dans les régions du Nord d'Al-Raqqah. Les combats se concentrent maintenant dans et autour de la ville d'Al-Issa, au Sud de Tal Abyad (environ 50 km au Nord d'Al-Raqqah).
  • L'Etat islamique, pour sa part, se prépare à défendre Al-Raqqah. L'organisation aurait apporté des renforts dans la ville, annulé les congés et entamé les préparatifs pour faire face à une incursion terrestre dans la ville (renforcement des digues, pose de mines). Des avions de la coalition ont largué des tracts appelant les habitants à quitter la ville (Observatoire syrien des droits de l'homme, 20 mai 2016). En réponse, l'Etat islamique a utilisé des haut-parleurs dans les mosquées pour interdire aux civils de quitter la ville (Dimashq al-Aan, 21 mai 2016).
Les combats dans d'autres régions
  • Dans d'autres régions en Syrie, les combats ont continué sans changements significatifs sur le terrain :
  • La zone de Palmyre: L'Etat islamique continue de mener une guérilla contre l'armée syrienne à Palmyre. Les combats se poursuivent dans le champ de pétrole et de gaz d'Al-Sha'ir à l'Ouest de la ville. L'organisation aurait attaqué une base de l'armée de l'air russe, frappant quatre hélicoptères d'attaque (Conflit News, 24 mai 2016).
  • La zone d'Alep: Les combats se sont poursuivis entre l'Etat islamique et les organisations rebelles, en particulier dans les villages au Nord d'Alep

  • Deir al-Zor: Les affrontements se sont poursuivis entre l'Etat islamique et l'armée syrienne dans la ville et dans la zone de la base aérienne militaire

  • La zone de Damas: Les affrontements se sont poursuivis entre l'Etat islamique et le Front Al-Nusra dans la zone du camp de réfugiés d'Al-Yarmouk. En outre, des affrontements ont été signalés entre l'armée syrienne et le Front Al-Nusra dans les zones rurales à l'Est de Damas.

  • La zone de Daraa: A l'Ouest de Daraa, des affrontements ont opposé les Brigades des Martyrs d'Al-Yarmouk et le mouvement Muthanna (qui combat à leurs côtés) au Front Al-Nusra et à d'autres organisations islamiques. Selon les rapports des médias, l'Etat islamique a récemment envoyé des membres dans la zone de Daraa pour soutenir les Brigades des Martyrs d'Al-Yarmouk, qui souffrent d'une pénurie de combattants (Al-Hal, 15 mai 2016).

Principaux développements en Irak

La Province d'Al-Anbar
Opération de conquête de la ville de Fallujah
  • Fallujah, située à environ 54 km à l'Ouest de Bagdad, est la plus importante place forte encore détenue par l'Etat islamique dans la province sunnite d'Al-Anbar. Il s'agit d'une ville d'une grande valeur symbolique, qui était un bastion des jihadistes en Irak pendant l'occupation militaire américaine d'Irak. Certains de ses habitants ont fui, mais environ 60.000 sont restés. Le 22 mai 2016, le Premier ministre irakien Haidar al-Abadi a annoncé le début d'une opération de libération de la ville de Fallujah des mains de l'Etat islamique. L'opération est menée par les forces de sécurité irakiennes, soutenues par les milices chiites et les tribus sunnites.
  • La première phase de l'effort militaire a été axée sur lareprise des villes et des villages environnants de Fallujah, ainsi que des tirs d'artillerie sur la ville [1](Al-Mayadeen, 23 mai 2016). Les forces de l'armée irakienne ont apparemment atteint la périphérie de la ville de Fallujah. Le 23 mai 2016, le commandant de la Division des opérations de l'armée irakienne a annoncé que l'armée irakienne avait repris la ville d'Al-Karmah, à environ 16 km au Nord-Ouest de Fallujah. La reprise d'Al-Karmah est une importante réalisation, qui donne à l'armée irakienne un bon point de départ dans sa campagne pour reprendre Fallujah.
  • Dans la deuxième phase, qui a débuté le 24 mai 2016, l'armée irakienne a avancé vers la ville de Fallujah, avec le soutien des milices chiites. L'avancée a été réalisée à partir du Nord-Ouest et de l'Est. L'Etat islamique tente d'arrêter l'armée irakienne en effectuant des attentats suicide (Al-Jazeera, agence de presse irakienne, 24 mai 2016). Selon une annonce du ministre irakien de la Défense Khaled al-Obeidi, l'armée irakienne intensifie le siège de la ville, après avoir repris plusieurs villages à sa périphérie.
  • Selon des sources des milices chiites soutenant l'armée irakienne, Qassem Soleimani, commandant de la Force Qods des Gardiens de la révolution iranienne, est dans la région pour prendre part à la conduite de la campagne sur Falloujah (Al-Jazeera, 24 mai 2016).
Reprise de la ville de Rutba et des passages entre la Syrie et la Jordanie
  • Le 17 mai 2016, la ville de Rutba a été libérée des mains de l'Etat islamique. L'armée irakienne continue de neutraliser les engins piégés laissés par l'Etat islamique dans la ville. Le 20 mai 2016, l'armée irakienne a annoncé qu'elle avait repris la route reliant Rutba à Tarbil (Al-Sumaria, 20 mai 2016). Tarbil est un village à la frontière irako-jordanienne où se trouve le terminal frontalier vers la Jordanie. Il a également été rapporté que l'armée irakienne avait avancé vers le terminal frontalier Al-Walid entre l'Irak et la Syrie (le côté syrien du terminal a récemment été repris par une organisation rebelle appelée la Nouvelle armée syrienne).

L'Egypte et la péninsule du Sinaï

  • Au cours de la semaine, les forces de sécurité égyptiennes ont poursuivi leurs activités contre la Province du Sinaï de l'Etat islamique dans les régions de Cheikh Zoweid, Al-Arish et Rafah. Des douzaines de frappes aériennes ont été effectuées. Pendant l'opération, des membres de l'Etat islamique ont été tués, et d'importantes quantités d'armes et d'engins explosifs improvisés ont été détruites. En outre, plusieurs dizaines de suspects ont été arrêtés et des véhicules ont été saisis. Les forces de sécurité égyptiennes auraient détruit huit tunnels à la frontière avec la bande de Gaza et dans la région de Rafah.
  • La Province du Sinaï de l'Etat islamique a publié une vidéo d'animation intitulée "Publication de la Province Sinaï … la guerre contre l'Etat juif". La vidéo montre des membres de l'Etat islamique en formation se préparant à lutter contre les Juifs. Au début de la vidéo, une inscription précise : "Dédiée aux chers dans la Province du Sinaï" et "Puisse Allah nous fasse bientôt nous rencontrer à Al-Aqsa" (Youtube, 22 mai 2016). Les menaces de l'Etat islamique contre Israël et les Juifs se sont récemment multipliées.

Le jihad mondial dans les autres pays

Libye
La participation internationale dans la lutte contre l'Etat islamique
  • Selon Joseph Dunford, chef des états-majors interarmées américains,un débat se tient au sein du gouvernement libyen de consensus national, qui pourrait mener "chaque jour" à un accord en vertu duquel des conseillers militaires américains seraient stationnés en Libye pour aider à combattre l'Etat islamique. Il a ajouté que des Etats membres de l'OTAN sont également intéressés à prendre part à la lutte contre l'Etat islamique en Libye, qui sera prolongée et va probablement se concentrer sur l'équipement et la formation des milices qui sont fidèles au gouvernement libyen de consensus national. Selon le porte-parole du Pentagone, une condition préalable à l'envoi de troupes américaines en Libye est l'existence d'une unité politique et d'un gouvernement central (Washington Post, 19 mai 2016; military.com, 20 mai 2016).
Les combats dans la région d'Abu Qarin
  • Dans la ville d'Abu Qarin, à l'Ouest de Syrte, les combats ont continué entre l'Etat islamique et la milice islamique Aube de la Libye. Cette dernière a annoncé la libération des villes d'Abu Qarin, Zamzam, Al-Qadahiya, Abu Najim et Al-Washaka, qui avait été reprises par l'Etat islamique le 5 mai 2016 (Portail Al-Wasat, 19 mai 2016). Selon l'annonce de l'Aube de la Libye, 32 de ses membres ont été tués dans les combats contre l'Etat islamique et environ 50 autres ont été blessés.Après la prise de la ville d'Abu Qarin, les forces de l'Aube de la Libye ont essayé d'ouvrir la route menant de la région d'Abu Qarin à Al-Jafra, la zone désertique dans le centre de la Libye. La Province de Tripoli de l'Etat islamique prétend avoir activé plusieurs engins explosifs improvisés contre un convoi de l'Aube de la Libye qui a essayé d'avancer d'Al-Jafra à Abu Qarin, infligeant des pertes au convoi et l'amenant à faire demi-tour. Mohamed Sualim, ancien ministre du Travail du gouvernement de Tripoli et l'un des commandants de l'Aube de la Libye, aurait été tué dans les combats (alarabiya.net, 22 mai 2016; shortwiki.org, 20 mai 2016; compte Twitter affilié à l'Aube de la Libye, 18 mai 2016).
  • Le contrôle de la région d'Abu Qarinest d'une grande importance car il donne aux milices de l'Aube de la Libye et à leurs partisans un bon terrain de lancement pour atteindre la ville de Syrte, le fief de l'Etat islamique en Libye. D'autre part, le contrôle de la région donnera à l'Etat islamique une bonne base pour avancer vers la ville portuaire de Misrata, à mi-chemin entre Syrte et Tripoli.
Yémen
  • L'Etat islamique a réalisé deux attentats suicide à Aden. La première attaque a été effectuée au bureau de recrutement local. Quelque 45 personnes ont été tuées, la plupart des membres des forces de sécurité, et des dizaines d'autres ont été blessées (Sky News, 23 mai 2016). La Province d'Aden de l'Etat islamique a publié une revendication de responsabilité pour la mort de plus de 30 "infidèles" à un bureau de recrutement à Aden (Khilafah Mubasher, 23 mai 2016). Peu de temps après le bombardement du bureau de recrutement, un autre attentat suicide a été commis à proximité, près du camp Bader de l'armée yéménite. L'Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l'attaque. (BBC, 23 mai 2016).
Philippines

L'Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l'explosion d'un engin explosif improvisé qui a été activé contre sept soldats de l'armée des Philippinesdans la région d'Al-Barka, dans le Sud-Est de l'île de Basilan, à environ 908 km au Sud de la capitale Manille (Agence de presse islamique Haqq, 20 mai 2016).

Conduite de l'Etat islamique

Restrictions de sortie du territoire de l'Etat islamique en Syrie
  • Une agence de voyage affiliée à la Province d'Al-Khayr (Deir al-Zor) de l'Etat islamique a énuméré les conditions qui doivent être remplies par les civils qui veulent quitter le pays afin de remplir l'obligation religieuse du Hajj. Afin de quitter le territoire, ils doivent obtenir un document de voyage spécial. À cette fin, ils doivent notamment présenter une photocopie de leur carte d'identité, deux photos d'identité et les références de deux membres de l'Etat islamique. Ils doivent aussi soumettre un document certifié attestant de la propriété d'une maison et la photocopie d'un diplôme de formation en loi islamique (Observatoire syrien des droits de l'homme, 22 mai 2016). On peut supposer que ces restrictions empêchent presque complètement les habitants de quitter le territoire de l'État islamique, même dans le but de remplir l'obligation religieuse du Hajj.
Al-Qaïda prévoit-elle d'établir un siège alternatif en Syrie

Selon des experts en contre-terrorisme aux États-Unis et en Europe, la direction d'Al-Qaïda au Pakistan, qui a été gravement affaiblie par des années d'attaques américaines, a décidé que l'avenir d'Al-Qaïda se trouve en Syrie. A cette fin, la direction d'Al-Qaïda a secrètement envoyé plusieurs membres expérimentés et qualifiés en Syrie. Ces derniers ont été envoyés pour établir un quartier général de remplacement et jeter les bases de la création éventuelle d'un califat par le Front Al-Nusra, la branche d'Al-Qaïda en Syrie. La mesure reflète l'importance de la Syrie pour le Front Al-Nusra. Si cette information est vraie, cela indique un changement de la politique d'Al-Qaïda, qui s'est jusqu'ici opposée à la création d'un Califat avant que les conditions ne soient mûres (The New York Times, 15 mai 2016).

Opérations de contre-terrorisme

Craintes de l'Occident face à des attaques de l'Etat islamique
  • Selon les agences de renseignement en Allemagne et en Italie, l'Etat islamique prévoit de mener des attaques terroristes pendant l'été contre les plages bondées du Sud de la France, de l'Espagne, de l'Italie, de Turquie et du Maroc. A cet effet, l'Etat islamique formerait des combattants indiens dans la région du lac Qattinah, au Sud-Ouest de la ville de Homs (voir ci-après) (The Sun, 20 mai 2016).
  • Patrick Calvar, chef de la Direction générale française de la sécurité intérieure (DGSI), a mis en garde contre d'éventuelles attaques de l'Etat islamique pendant l'Euro 2016, prévu le mois prochain. Il a noté que "nous savons que [l'Etat islamique] prévoit plus attaques […] et que la France est clairement une cible." Selon Calvar, de telles attaques pourraient être réalisées par l'explosion d'engins piégés dans des lieux bondés. Les services de sécurité français sont en état d'alerte et font des centaines d'arrestations dans toute la France (nbcnews.com, 21 mai 2016).

La guerre de propagande

Menaces d'attaques contre l'Occident et les Juifs
  • Le 21 mai 2016, quelques jours avant les attentats de Jableh et Tartous, l'Etat islamique a publié un enregistrement audio d'un discours prononcé par son porte-parole, Abu Mohammad al-Adnani. L'enregistrement a été précédé d'une vaste campagne dans plusieurs langues (anglais, arabe, kurde, allemand et français) qui a soulevé des attentes sur le contenu de l'enregistrement. Dans son discours, Al-Adnani menace l'Occident et les Juifs et affirme que l'Etat islamique continuera à se battre, même s'il perd les territoires sous son contrôle en Syrie, en Irak et en Libye (Youtube, Khilafah Mubasher, 21 mai 2016). Voici quelques-uns des sujets abordés dans son discours :
  • Abu Mohammad al-Adnani appelle les membres de l'Etat islamique à se préparer au Ramadan (qu'il appelle "le mois des raids et  du jihad" et "le mois des victoires") et à en faire un mois de catastrophes pour les ennemis de l'Etat islamique :"Nous appelons en particulier les soldats du Califat et ses partisans en Europe et en Amérique […] Ouvrez les portes du jihad et faites-leur regretter leurs actions."
  • Il met en garde les chrétiens ("les croisés") et les Juifsqui seront punis par les musulmans, citant une tradition (hadith) indiquant que le temps dela résurrection viendra seulement après que les Musulmans combattront les Juifs et les tueront.
  • Al-Adnani appelle les Etats-Unis à ne pas se faire d'illusion et à croire que le fait de tuer un dirigeant ou tout autre membre de l'Etat islamique peut mener à la victoire. Il a ajouté que l'État islamique est déterminé à continuer à se battre et que même s'il perd des régions telles que Mossoul, Al-Raqqah ou Syrte, l'État islamique continuera à se battre, tout comme il l'a fait en Irak pendant les combats contre les États-Unis.
  • Justification des attaques contre des civils: Al-Adnani souligne qu'il n'y a pas de raison d'avoir peur de nuire à des civils car il n'y a pas de civils innocents dans les pays des croisés : "Sachez que sur la terre des croisés […] il n'est aucune immunité pour le sang et il n'y a pas d'innocent […] Sachez que le fait que vous portiez atteinte aux soi-disant civils est plus souhaitable et bénéfique pour nous parce qu'il leur fait plus mal".
Menaces envers l'Inde
  • Une vidéo publiée par la Province de Homs de l'Etat islamique montre des Indiens combattant en Syrie, dans la région de Homs, qui dénoncent l'attitude du gouvernement indien envers les musulmans et menacent de mener des attaques en Inde. La vidéo décrit la version de l'Etat islamique de l'histoire des musulmans en Inde. Un des Indiens invite les médecins, les ingénieurs et autres professionnels d'Inde à migrer dans l'État islamique et à le soutenir (Khilafah Mubasher, 20 mai 2016). Selon le journal britannique The Sun (20 mai 2016), les Indiens devraient mener des attaques sur les plages bondées en Europe occidentale et dans les pays musulmans (voir la section Contreterrorisme).

[1]Avant le début de l'opération,les résidents ont été invités à quitter la ville (Al-Sumaria, le 23 mai 2016).