Nouvelles du terrorisme et du conflit israélo-palestinien (8-14 février 2017)

Tirs de roquettes sur Eilat

• Le 8 février 2017 dans la soirée, quatre roquettes ont été tirées de la Péninsule du Sinaï sur Eilat, au Sud d'Israël. Trois engins ont été interceptés par le système de défense aérienne Dôme de Fer. Le quatrième s'est abattu dans une zone inhabitée à l'ouest de la ville. Il s'agit de la première salve de roquettes ciblant Eilat depuis Juillet 2014.^[2]
• Le lendemain, la Province du Sinaï de l'Etat islamique a revendiqué le tir de roquettes Grad sur Eilat. Les Juifs, précisait le communiqué, doivent savoir que leur "avenir sera pire et plus amer" (al-Haq, 9 février 2017). Le 9 février 2017, le centre Ibn Taymiyyah, géré par les salafistes jihadistes dans la bande de Gaza a fait état de l'attaque dans un communiqué, sans faire référence à un quelconque responsable mais accusant le Hamas de continuer à arrêter des salafistes jihadistes dans la bande de Gaza et de torturer des prisonniers. Les auteurs du texte ont souligné la position des salafistes jihadistes face aux activités du Hamas à leur encontre.

Nouveau leadership du Hamas dans la bande de Gaza

• Les médias arabes ont indiqué que lesélections internes organisées dans la bande de Gaza pour les représentants des institutions et du leadership du Hamas ont pris fin. Quinze membres de la direction de Gaza ont été élus (Al-Quds, 13 février 2017). Yahya Sinwar a été désigné chef du Hamas dans la bande de Gaza. Il remplacera Ismail Haniyeh, candidat au poste actuellement occupé par Khaled Mashaal, dirigeant du bureau politique du Hamas. Khalil al-Haya a été choisi comme second de Sinwar.
• Yahya Sinwarest un haut responsable de la branche armée du Hamas. Il est né dans le camp de réfugiés de Khan Yunis en 1962. Il a été libéré dans le cadre de l'échange de prisonniers contre Gilad Shalit après 25 ans dans une prison israélienne. Jusqu'à son élection, il était chargé de la communication entre la branche armée du Hamas et ses dirigeants politiques. Il est considéré comme l'un des dirigeants les plus influents du Hamas. Il est un extrémiste qui représente les positions de la branche armée. En Septembre 2016, les États-Unis ont ajouté son nom à la liste des terroristes internationaux recherchés, avec Rawhi Mushtaha et Muhammad Deif.
• Khalil al-Haya,élu second de Sinwar, est né à Gaza en 1960. Il est membre du bureau politique du Hamas et est considéré comme un extrémiste. Il est titulaire d'un doctorat en droit islamique de l'Université de Khartoum au Soudan. Il était membre de l'équipe qui a négocié la libération de Gilad Shalit. Son fils Hamza, membre de la branche armée du Hamas, a été tué lors d'une attaque israélienne pendant l'Opération Bordure Protectrice.

• Musa Abu Marzouq, membre du bureau politique du Hamas,a affirmé que les élections ne conduiront pas à un changement radical du mouvement et prendront fin en Mars 2017 (alresala.net, 13 février 2017). Toutefois, les résultats de l'élection indiquent queles responsables de la branche armée prennent le dessus dans les institutions du mouvement et son leadership dans la bande de Gaza au détriment des responsables politiques. Selon toute vraisemblance, l'élection d'un dirigeant affilié à la branche armée influencera la politique globale du Hamas. Il existe des divergences entre la branche armée et la branche politique sur une série de questions clés, telles que la conduite vis-à-vis d'Israël, les liens avec la Province du Sinaï de l'Etat islamique et les relations extérieures du Hamas, surtout avec l'Iran.

 Le terminal de Rafah

• Le 11 février 2017, les Egyptiens ont autorisé l'ouverture du terminal de Rafah pendant trois jours. L'autorité des terminaux du Hamas a rapporté qu'entre le 11 et le 13 février 2017, 1 527 Palestiniens ont quitté la bande de Gaza et 924 y sont entrés. Cent treize Palestiniens ont été refoulés vers la bande de Gaza après que les autorités égyptiennes ont refusé de leur permettre d'entrer en territoire égyptien (Palinfo, 14 février 2017). Il a également été signalé que des camions transportant du ciment et d'autres matériaux de construction sont entrés dans la bande de Gaza (Ma'an, 13 février 2017).

Effondrement de tunnels dans la bande de Gaza

• Ahmed Asa'd Shehadeh Brem, alias Hijazi, 22 ans, du village de Bani Suheila à l'Est de Khan Yunis, a été tué dans l'effondrement d'un tunnel dans la région de Khan Yunis. Il était membre de la branche armée du Hamas (Compte Twitter de Gaza al-A'an, 13 février 2017).

• Mu'min Abu Hameddu village de Bani Suheila a été tué dans l'effondrement d'un tunnel de contrebande à la frontière entre l'Egypte et la bande de Gaza (Safa, 13 février 2017). Le Hamas a publié une déclaration condamnant l'Egypte pour avoir inondé un tunnel à la frontière de la bande de Gaza, qui a conduit à la mort de Mu'min Abu Hamed. Selon la déclaration, rien ne justifie de prendre de telles mesures (Site Internet du Hamas, 13 février 2017).

Relations Hamas - Iran

• Dans une interview à al-Monitor, Khaled al-Qadoumi, représentant du Hamas en Iran, a affirmé que les relations entre le Hamas et l'Iran étaient bonnes et s'amélioraient. Il a déclaré que l'Iran continuait à fournir au Hamas un soutien économique et militaire. Il a refusé de fournir des détails, affirmant que la personne qui finance le soutien doit décider de révéler ou non des informations (al-Monitor, 9 février 2017).
• Une source palestinienne a déclaré au journal londonien al-Sharq al-Awsat que récemment, dans le but d'améliorer les relations avec l'Iran, le Hamas a décidé d'accepter l'invitation à participer à la sixième conférence internationale de soutien aux Palestiniens (qui devrait se tenir à Téhéran entre le 20 et le 23 février 2017). Selon la source, l'Iran attend qu'Ismail Haniyeh, le chef adjoint du bureau politique du Hamas, prenne la tête de la délégation du Hamas, Téhéran le considérant comme meilleur candidat au poste de leader du mouvement. Cependant, la participation d'Haniyeh à la conférence est incertaine en raison des élections internes du Hamas et des difficultés à quitter la bande de Gaza (al-Sharq al-Awsat, 11 février 2017). 

Activités de l'AP sur la scène internationale

• Un "haut responsable palestinien" a été cité déclarant que Mahmoud Abbas a décidé de suspendre temporairement son recours à la Cour pénale internationale de La Haye. Selon la source, la décision a été prise après unerencontre entre Majed Faraj, chef des renseignements généraux de l'AP, et des représentants de l'administration Trump. La source a déclaré que l'AP avait reçu des messages "de hauts responsables américains" concernant le transfert de l'ambassade américaine à Jérusalem et la promesse que les Etats-Unis œuvreront à renouveler les négociations israélo-palestiniennes (alresala.net, 11 février 2017).
• Saeb Erekat, secrétaire du comité exécutif de l'OLP, a déclaré espérer que la nouvelle administration américaine respectera les accords internationaux et les décisions concernant la solution à deux États dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale de la Palestine. Toutefois, il a souligné que les tentatives de responsables palestiniens de contacter le Président américain par des voies diplomatiques avaient échoué (Al-Quds al-Arabi, 11 février 2017).

Gauche : Caricature publiée sur le compte Twitter du Hamas montrant Mahmoud Abbas accroché à l'extérieur de la porte de Trump (Compte Twitter Palinfo, 11 février 2017). Droite : Caricature publiée dans le journal du Hamas Al-Risalah montrant l'avenir de Mahmoud Abbas et de l'AP sous la nouvelle administration américaine (al-Risalah, 13 février 2017)

Les Etats-Unis bloquent la nomination de Salam Fayyad à un poste à l'ONU

• Les États-Unis ont bloqué la nomination de Salam Fayyad,l'ancien Premier ministre de l'AP, au poste d'envoyé du secrétaire général de l'ONU en Libye. Nikki Haley, ambassadeur américain auprès de l'ONU, a déclaré que la décision de nommer Fayyad était une "déception" et que "depuis trop ​​longtemps, l'ONU a été injustement partisan en faveur de l'Autorité Palestinienne au détriment d'Israël" (Foreignpolicy.com, 11 février 2017). En réponse, Hanan Ashrawi, membre du comité exécutif de l'OLP, a déclaré que le blocage de la nomination de Salam Fayyad constituait "une licence générale pour l'exclusion générale des Palestiniens". Elle a également précisé que Fayyad était "une personne répondant aux plus hautes normes d'intégrité" (Site Internet du Financial Times, 11 février 2017).

Réactions palestiniennes à la loi de régulation

• Le 6 février 2017, une loi a été adoptée par la Knesset israélienne réglementant le statut des maisons des implantations de Judée-Samarie construites sur des terres appartenant à des Palestiniens. Selon la loi, le terrain sur lequel les maisons ont été construites reste la propriété de ses propriétaires palestiniens, mais l'Etat expropriera leur droit à utiliser la terre. En échange, l'Etat les compensera par une somme d'argent plus élevée que la valeur de la terre, ou leur donnera d'autres terres en échange, selon leur préférence.
• Après le vote de la loi, Mahmoud Abbas à appeler Federica Mogherini, la représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, et l'a remerciée de sa déclaration de condamnation de la loi par l'UE. En outre, Mahmoud Abbas a rencontré le ministre belge des Affaires étrangères pour discuter des dangers inhérents au transfert de l'ambassade américaine à Jérusalem (Wafa, 9 février 2017). Riyad al-Mansour, délégué de l'AP à l'ONU, a envoyé une lettre au Secrétaire général de l'ONU, au Président du Conseil de sécurité et au Président de l'Assemblée générale, déclarant que depuis que le Conseil de sécurité a adopté la Résolution 2334, Israël continue de réaliser des "milliers de violations", dont la loi de réglementation (Wafa, 8 février 2017).
• La promulgation de la loi a conduit à une série de condamnations de Palestiniens qui ont affirmé qu'elle violait le droit international et les résolutions de l'ONU :

• Nabil Abu Rudeina, porte-parole de Mahmoud Abbas, a déclaré que la loi était inacceptable et violait la Résolution 2334 du Conseil de sécurité de l'ONU. Il a appelé la communauté internationale à agir de manière responsable avant que la situation atteigne le point de non-retour (Wafa, 7 septembre 2017).
• Rami Hamdallah, Premier ministre du gouvernement de consensus national palestinien, a déclaré que la loi qui légalise les implantations est une violation de la Résolution 2334 du Conseil de sécurité de l'ONU. Il a affirmé qu'Israël ne permet pas aux Palestiniens d'établir leur propre Etat et a appelé la communauté internationale à agir de manière responsable et à adopter les décisions internationales (Filastin al-A'an, 6 février 2017).
• Saeb Erekat, secrétaire du comité exécutif de l'OLP, a qualifié la loi de vol de terres palestiniennes et de grave escalade. Il a affirmé que la question devait être soumise dans l'immédiat à la CPI, et qu'il fallait ouvrir une enquête sur les crimes d'Israël (Al Bawaba News, 6 février 2017).
• Usama al-Qawasmeh, porte-parole du Fatah, a déclaré que toutes les actions prises par Israël, y compris les "lois mensongères" visant à justifier la construction de milliers d'appartements dans les implantations, ne donneraient pas à Israël la légitimité de rester sur les terres palestiniennes. Il a ajouté qu'Israël ne pourra pas imposer une paix fausse ou imaginaire aux Palestiniens (Wafa, 7 février 2017).

En haut à gauche : Caricature ridiculisant Mahmoud Abbas pour le soutien continu à la coopération en matière de sécurité et aux négociations avec Israël malgré la nouvelle loi (Compte Twitter Palinfo, 10 février 2017). En bas à gauche : Caricature du Hamas montrant Israël versant de l'encre noire sur les territoires palestiniens. En arabe on peut lire : "La Knesset a adopté une loi pour le blanchiment des colonies en Cisjordanie" (Compte Twitter Palinfo, 8 février 2017). Droite : Manifestation à Ramallah organisée par le Mouvement national contre la loi (Compte Twitter Palinfo, 11 février 2017)

Réactions au vote de la loi du muezzin

• Le Comité ministériel israélien de législation a autorisé un compromis pour le libellé de la loi du muezzin, qui limite les heures durant lesquelles les muezzins peuvent utiliser des haut-parleurs dans les minarets des mosquées pour éviter que les appels ne perturbent le sommeil des personnes vivant à proximité. Selon le compromis, les mosquées situées dans les zones résidentielles ne pourront pas utiliser de haut-parleurs entre 23h et 7h. Les Palestiniens ont critiqué la loi, affirmant qu'elle viole la liberté de culte : 

• Yusuf al-Mahmoudi, porte-parole du gouvernement de consensus national palestinien, a déclaré que la loi viole la liberté de culte à Jérusalem. Il a appelé les Etats arabo-musulmans à intervenir immédiatement pour mettre fin à la "dangereuse escalade" (Wafa, 12 février 2017).
• Usama al-Qawasmeh, membre du conseil révolutionnaire et porte-parole du Fatah, a déclaré que la loi proposée était dangereuse, causerait une grande tension et offensait les sensibilités musulmanes. Il a ajouté qu'il s'agissait d'une tentative israélienne de limiter les symboles islamiques de Jérusalem et d'une violation du droit international et de la décision de l'UNESCO selon laquelle les Juifs n'ont aucun lien religieux ou historique avec Jérusalem (Wafa, 12 février 2017).