Nouvelles du terrorisme et du conflit israélo-palestinien (15 – 21 mars 2017)

Tirs de roquettes sur Israël

• Le 15 mars 2017, des Palestiniens ont tiré une roquette en territoire israélien. L'engin s'est abattu dans une zone inhabitée dans le Néguev occidental, sans faire ni victime ni dégât.

• En réponse au tir, des appareils de l'armée de l'air israélienne ont attaqué deux cibles terroristes du Hamas dans la bande de Gaza (Porte-parole de Tsahal, 16 mars 2017). Les médias palestiniens ont rapporté des attaques contre un poste militaire du Hamas, appelé [Force] 17, à l'Ouest de Deir al-Balah, et une antenne près du terminal de Karni à l'Est de la ville de Gaza. Selon les rapports, l'attaque a provoqué une panne de courant dans le quartier de Sajaiya à l'Est de la ville de Gaza (Agence de presse Shehab et Quds, 15 mars 2017; BBC en arabe, 16 mars 2017). 
• Un réseau salafiste a revendiqué le tir de la roquetteet a exigé la libération de ses membres détenus dans des prisons dans la bande de Gaza (Paldf, 16 mars 2017). Plusieurs comptes Twitter ont publié un communiqué du Centre Ibn Taymiyyah déclarant que deux "roquettes bénies" avaient frappé la "ville occupée" d'Ashqelon. Selon l'annonce, l'ennemi [cf., Israël] a attaqué un point d'observation du Hamas au Nord de la bande de Gaza.

• Le 18 mars 2017, une roquette s'est abattue dans une zone inhabitée dans le Néguev occidental, sans faire ni victime ni dégât. En  réponse, des tanks et un hélicoptère de l'armée israélienne ont attaqué deux cibles terroristes du Hamas au Nord de la bande de Gaza (Porte-parole de Tsahal, 18 mars 2017). Les médias palestiniens ont déclaré que des obus avaient été tirés sur un poste d'observation de la "résistance" dans la ville de Beit Lahia et que trois missiles ont été tirés sur un poste de la police navale dans la région d'al-Sudaniya dans la partie Ouest de Beit Lahia (Site Internet des Brigades Izz al-Din al-Qassam et page Facebook du service d'information, 18 mars 2017).

En raison des attaques et de la capacité des réseaux salafistes de continuer à tirer

• des roquettes, il a été signalé qu'après des consultations internes, le Hamas a donné l'ordre de déployer des membres et de multiplier les inspections le long de la frontière avec Israël (Karameh Press, 16 mars 2017).
• Khalil al-Haya, membre du bureau politique du Hamas dans la bande de Gaza, a déclaré que le Hamas ne cherche pas une nouvelle guerre et s'est engagé à respecter les principes du cessez-le-feu de 2014 [qui a mis fin à l'opération Bordure Protectrice]. Cependant, il a averti Israël de ne pas attaquer de nouveau la bande de Gaza et a déclaré que si Israël commençait une guerre, la  résistance" réagirait vigoureusement (Télévision Al-Aqsa, 14 mars 2017). Le porte-parole du Hamas Hazem Qassem a déclaré dans une annonce qu'Israël serait responsable du résultat d'attaques dans la bande de Gaza (Majal Press, 18 mars 2017). Mahmoud al-Zahar, membre du bureau politique du Hamas, a déclaré que les attaques d'Israël reflètent la crise qui sévit dans le pays suite au rapport du contrôleur de l'État sur l'opération Bordure Protectrice (Palinfo, 18 mars 2017).

Chute d'un drone israélien dans la bande de Gaza

• Le 15 mars 2017, un drone de Tsahal est tombé à l'intérieur de la bande de Gaza (près de Sajaiya au Nord de la bande de Gaza) au cours d'activités de sécurité courantes. Tsahal examine si l'engin s'est abattu en raison de difficultés techniques et a déclaré qu'aucun dommage n'a été causé à la sécurité (Ynet, 15 mars 2017).

Arrestation du responsable de la branche TIKA dans la bande de Gaza

Gauche : Muhammad Murtaja (deuxième à partir de la gauche) rencontre les dirigeants de l'organisation Dar al-Quran al-Karim wal-Sunnah (proche du Hamas) dans le cadre des activités visant à renforcer les liens entre les deux fondations (Site Internet de Dar al-Quran al-Karim wal-Sunnah, 23 avril 2014). Droite : Muhammad Murtaja, coordinateur de TIKA dans la bande de Gaza (palsawa.com, 13 février 2017)

• En Février 2017, les forces de sécurité israéliennes ont arrêté Muhammad Murtaja pour l'interroger. Murtaja, qui vit dans la bande de Gaza, est responsable de la branche de Gaza de l'Agence turque de coopération et de coordination (TIKA), une organisation d'aide humanitaire financée par le gouvernement turc chargée de promouvoir des projets humanitaires. Au cours de l'interrogatoire, il a révélé qu'il avait été recruté par le Hamas en 2008 et était actif au sein de sa branche armée depuis 2009. Il a suivi des formations militaires et participé à des exercices militaires, et entreposait des armes à son domicile.
• En 2012, il est devenu chef de la branche TIKA de la bande de Gaza. Il a dupé le gouvernement turc et a transféré des fonds humanitaires à la branche armée du Hamas. Par exemple, il a envoyé à TIKA des listes de Gazaouites candidats à recevoir de l'aide humanitaire. Les listes lui avaient été fournies par de hauts responsables du Hamas et les noms étaient ceux de terroristes. Il a également transféré au Hamas des vivres offertes par l'organisation pendant l'opération Bordure Protectrice. Son interrogatoire a révélé que son voyage en Turquie pour suivre une formation de TIKA, qui a conduit à sa détention, était destiné à recueillir des informations visant à aider le Hamas à améliorer la précision de ses roquettes (Services de sécurité générale, 21 mars 2017).
• Le Hamas exploite couramment des travailleurs humanitaires étrangers dans la bande de Gaza, comme cela a été démontré par le passé. Par exemple, en Juin 2016, les forces de sécurité israéliennes ont arrêté Muhammad Halabi, responsable d'une "organisation humanitaire chrétienne mondiale", qui était aussi un terroriste du Hamas. Selon son acte d'accusation, sur une période de six ans, il a transféré à la branche armée du Hamas des dizaines de millions de dollars des dons des États-Unis et des pays européens. En Juillet 2016, Wahid Abdallah Bursh a été détenu alors qu'il était soupçonné d'avoir profité de sa position à l'ONU (PNUD) pour financer les activités de la branche armée du Hamas (Site Internet des services de sécurité générale, Bureau du Procureur du District du Sud, 4 août 2016).

Manifestations de force au Nord de la bande de Gaza

• Le Bataillon 5 de la Brigade Nord des forces de sécurité nationale du Hamas a organisé un défilé militaire à Jabalia qui a pris fin au quartier général du bataillon. Selon le commandant du bataillon, le défilé faisait partie d'une "activité routinière" destinée à préparer les forces de sécurité nationales à "défendre les frontières" (Page Facebook des forces de sécurité nationales du Hamas dans la bande de Gaza, 17 mars 2017; Site Internet du ministère de l'Intérieur du Hamas dans la bande de Gaza, 19 mars 2017).

• Le 18 mars 2017, la branche armée du Hamas a organisé un défilé militaire dans le Nord de la bande de Gaza (Agence de presse Shehab et unité d'information des Brigades Izz al-Din al-Qassam, 19 mars 2017).

• Il se peut que les défilés militaires aient été organisés pour prouver aux réseaux jihadistes que le Hamas ne permettra pas le tir de roquettes qui viole ses politiques. Cela peut être le résultat des nombreuses tentatives des réseaux salafistes de contester la politique de contention du Hamas.

L'AP dans l'arène internationale

• Jason Greenblatt, le représentant spécial de Trump pour les négociations, s'est rendu dans les territoires administrés par l'Autorité Palestinienne et a rencontré Mahmoud Abbas. Selon Nabil Abu Rudeina, porte-parole de Mahmoud Abbas, les deux hommes ont discuté du programme conjoint de lutte contre la violence et le terrorisme et ont souligné leur engagement à faire avancer le processus de paix (Safa, 15 mars 2017). Le ministère palestinien des Affaires étrangères a publié un communiqué annonçant que les États-Unis travaillaient sur la reprise des négociations israélo-palestiniennes sérieuses, et que l'AP avait exprimé sa volonté de coopérer avec les efforts de l'administration américaine et du président pour résoudre le conflit sur la base de la solution à deux États (Majal Press, 15 mars 2017).

• Les médias palestiniens ont rapporté que Mahmoud Abbas avait été invité à rencontrer Trump à la Maison Blanche à la mi-Avril (Ma'an, 18 mars 2017). Selon Mahmoud al-Alul, vice-président du Fatah, Mahmoud Abbas devrait présenter à Trump les positions palestiniennes, qui soutiennent la solution à deux Etats et l'établissement d'un Etat palestinien indépendant dans les frontières de 1967, la libération des prisonniers palestiniens et le retour des réfugiés. Il présentera également ce qu'il appelle "les violations israéliennes". Il a dit que l'AP ne s'opposerait pas aux négociations, mais que les renouveler sans source d'autorité serait absurde et ne mènerait nulle part (al-Anadolu News, 18 mars 2017).

Réponses à la décision du ministre de la Défense de déclarer le Fonds national palestinien organisation terroriste

• Le 16 mars 2017, le ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman a déclaré le Fonds national palestinien organisation terroriste, en raison de son rôle de canal de transfert de millions de shekels chaque mois aux prisonniers palestiniens détenus en Israël pour des attentats terroristes et aux familles de terroristes tués ou blessés pendant des attaques. Par conséquent, des mesures peuvent maintenant être prises pour saisir et confisquer les biens et les fonds désignés comme appartenant à l'organisation.
• La direction palestinienne a vivement critiqué la décision. Le bureau de Mahmoud Abbas a déclaré dans un communiqué que le fait de déclarer le Fonds national palestinien, l'une des institutions de l'OLP, organisation terroriste, constitue une violation des Accords d'Oslo. D'après la déclaration, à un moment où l'administration américaine tente de créer une atmosphère contribuant à la paix, Israël utilise cette déclaration pour saper les efforts de l'Amérique. Les Palestiniens ont demandé au gouvernement israélien de s'occuper immédiatement de la question et de revenir sur la déclaration, qui annihile les fondements des accords et les dispositions avec Israël. Un appel a également été lancé aux pays du monde entier à s'opposer à la déclaration afin que les Accords d'Oslo puissent être préservés (Wafa, 16 mars 2017).

Rapport du Conseil économique et social de l'ONU

• Le Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) a publié un rapport sur Israël intitulé "Les pratiques israéliennes envers le peuple palestinien et la question de l'apartheid palestinien et de l'occupation israélienne." Ses conclusions affirment qu'il existe suffisamment de preuves pour déterminer que, selon le droit international, l'État d'Israël peut répondre à la définition de "régime d'apartheid". Selon le rapport, les lois fondamentales d'Israël le définissent comme un État d'apartheid parce qu'il donne la préférence aux citoyens juifs. Le rapport traite également de certaines lois qu'Israël applique à la population palestinienne en divers lieux. Il se termine par des recommandations à l'intention de l'ONU, des gouvernements nationaux, de la population civile et du secteur privé et propose une série d'étapes à suivre.
• Le rapport a été vivement critiqué et des demandes ont été faites de le retirer du site Internet de l'ECOSOC. Le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU a déclaré que le rapport a été rédigé sans consultation préalable avec le Secrétaire général et qu'il ne reflète pas ses opinions. Le porte-parole a également déclaré que le rapport a été supprimé du site Internet parce qu'il n'a pas été soumis aux processus d'autorisation habituellement utilisés à l'ONU, sans rapport avec son contenu (Site Internet de l'ONU, 15 mars 2017). Nikki Haley, la représentante américaine auprès de l'ONU, a salué la déclaration du porte-parole, disant que le rapport était scandaleux, et que le Secrétaire général de l'ONU avait agi de manière appropriée en affirmant qu'il ne le représentait pas. Elle a ajouté qu'il était du devoir de l'ONU de supprimer le rapport (Independent, 15 mars 2017). En réaction, Rima Khalaf, secrétaire de l'ECOSOC pour l'Asie occidentale, a démissionné (Compte Twitter Felesteen, 17 mars 2017).
• Les hauts responsables palestiniens ont salué le rapport et la démission de Rima Khalaf. Mahmoud Abbas a décidé de lui décerner la plus haute décoration palestinienne, "en reconnaissance de son courage et de sa solidarité avec les Palestiniens." Il a appelé Khalaf et a salué sa position "humaine" et son refus de "soutenir les crimes commis contre les Palestiniens par les autorités de l'occupation israélienne" (Wafa, 18 mars 2017).
• Le ministère palestinien des Affaires étrangères a publié un communiqué faisant l'éloge de l'importance du rapport, malgré son caractère tardif (quds.net, 15 mars 2017). Le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a salué le rapport, qui témoigne clairement selon lui des actes dangereux d'Israël, de ses crimes, du terrorisme et de la violence contre les Palestiniens qui exigent une réponse officielle de la part de la communauté internationale (Site Internet du Hamas, 15 mars 2017).  Hazem Qassem, porte-parole du Hamas, a condamné la demande de l'ONU de retirer le rapport d'Internet. Il a affirmé que la mesure encourage Israël à poursuivre ses "politiques racistes" et à ignorer les droits des Palestiniens. Il a appelé les organisations internationales à agir contre les crimes d'Israël contre le peuple palestinien (alresala.net, 17 mars 2017).

Caricatures publiées sur des sites Internet du Hamas après la démission de Rima Khalaf. En arabe on peut lire : "Démission du chef de l'ECOSOC après les pressions exercées pour qu'elle retire un rapport condamnant Israël" (Page Facebook d'al-Risalah, 20 mars 2017, compte Twitter Paldf, 18 mars 2017)

Sondage d'opinion palestinienne

• Entre le 8 et le 11 mars 2017, le Centre palestinien de politique et de recherche (PSR), dirigé par Khalil Shqaqi, a mené une enquête auprès de 1 270 Palestiniens interviewés face à face dans 127 endroits choisis au hasard en Judée- Samarie et dans la bande de Gaza. L'enquête aborde une variété de questions, y compris "cinquante ans d'occupation israélienne en Cisjordanie et dans la bande de Gaza". Ci-après certains des résultats :

• 32% pensent que l'occupation durera encore 50 ans, 24% croient qu'elle prendra bientôt fin et 29% croient qu'elle cessera dans cinq à dix ans ou plus.
• 64% des sondés espèrent que le Président Abbas démissionne alors que 31% souhaitent qu'il reste à son poste.
• En cas de nouvelles élections, Ismail Haniyeh et Mahmoud Abbas recevraient 47% des voix. Si Abbas ne se présente pas une nouvelle fois, 33% préfèrent voir Marwan Barghouti élu, tandis que 20% opteraient pour Ismail Haniyeh et 7% pour Mohammad Dahlan.
• 77% des sondés affirment que les institutions de l'AP sont corrompues. 47% considèrent l'Autorité Palestinienne comme un fardeau pour les Palestiniens alors que 48% la voient comme un atout.
• La plupart des sondés ne croient pas que la solution à deux États soit viable face à l'expansion des implantations. Beaucoup sont mécontents de la réponse de la direction palestinienne au sujet des implantations. Interrogés sur la meilleure façon de réagir aux plans d'expansion des implantations, 25% pensent qu'il faut suspendre la coordination sécuritaire avec Israël; 24% pensent qu'il faut déposer une plainte à la Cour pénale internationale; 19% pensent qu'il faut reprendre les attaques armées.

Réactions à une demande américaine d'extradition d'une terroriste de Jordanie

• Le ministère américain de la Justice a demandé au gouvernement jordanien d'extrader Ahlam al-Tamimi, qui a escorté le terroriste qui a mené l'attaque au restaurant Sbarro à Jérusalem le 9 août 2001, dans laquelle 15 personnes ont été tuées, dont deux Américaines. Elle a été condamnée à 16 peines d'emprisonnement à perpétuité, libérée dans l'échange de prisonniers contre Gilad Shalit, et expulsée vers la Jordanie.
• En réponse, un haut représentant du Jihad Islamique Palestinien (JIP) a déclaré qu'ils s'opposaient à la demande d'extradition, qui prouve selon lui que les États-Unis ne sont pas objectifs concernant le conflit israélo-palestinien et qu'ils sont manifestement en faveur d'Israël. Il a ajouté qu'Al-Tamimi, qui avait passé de nombreuses années en prison, était un symbole national palestinien et qu'ils ne sont pas prêts à la livrer à leurs ennemis (Paltoday, 15 mars 2017).