Pleins feux sur le jihad mondial (16-22 mars 2017)

Pleins feux sur le jihad mondial

Pleins feux sur le jihad mondial

Carte des zones de contrôle à Al-Raqqah et Manbij (marquées par des cercles rouges), exacte au 16 mars 2017 : en marron, la zone contrôlée par l'Etat islamique ; en jaune, la zone contrôlée par les FDS ; en rouge, la zone contrôlée par l'armée syrienne ; en vert, la zone contrôlée par l'Armée syrienne libre (sous la protection de la Turquie)  (Institut syrien NORS d'études stratégiques, 16 mars 2017)

Carte des zones de contrôle à Al-Raqqah et Manbij (marquées par des cercles rouges), exacte au 16 mars 2017 : en marron, la zone contrôlée par l'Etat islamique ; en jaune, la zone contrôlée par les FDS ; en rouge, la zone contrôlée par l'armée syrienne ; en vert, la zone contrôlée par l'Armée syrienne libre (sous la protection de la Turquie) (Institut syrien NORS d'études stratégiques, 16 mars 2017)

Missile sol-sol tiré par l'Etat islamique contre une base américaine à l'Ouest de la zone de Tel al-Saman (Haqq, 17 mars 2017)

Missile sol-sol tiré par l'Etat islamique contre une base américaine à l'Ouest de la zone de Tel al-Saman (Haqq, 17 mars 2017)

Photo aérienne publiée par le département américain de la Défense prouvant que la mosquée n'a pas été touchée (Ministère américain de la Défense, 17 mars 2017)

Photo aérienne publiée par le département américain de la Défense prouvant que la mosquée n'a pas été touchée (Ministère américain de la Défense, 17 mars 2017)

Hashem al-Sheikh (Abu Jaber) dans la vidéo, menaçant d'atteindre les bastions du régime à Damas (Youtube, 18 mars 2017)

Hashem al-Sheikh (Abu Jaber) dans la vidéo, menaçant d'atteindre les bastions du régime à Damas (Youtube, 18 mars 2017)

Membres du Siège de Libération d'Al-Sham dans le quartier de Jobar (Siège de Libération d'Al-Sham, Youtube, 20 mars 2017)

Membres du Siège de Libération d'Al-Sham dans le quartier de Jobar (Siège de Libération d'Al-Sham, Youtube, 20 mars 2017)

La zone de l'ancien palais de justice dans le Centre de Damas, scène de l'attentat suicide (Twitter, 15 mars 2017)

La zone de l'ancien palais de justice dans le Centre de Damas, scène de l'attentat suicide (Twitter, 15 mars 2017)

Les forces de sécurité irakiennes dans les zones de combat à l'Ouest de Mossoul  (Centre d'information de Ninive, 19 mars 2017)

Les forces de sécurité irakiennes dans les zones de combat à l'Ouest de Mossoul (Centre d'information de Ninive, 19 mars 2017)

Abu Bakr al-Baghdadi prononce un sermon à la Grande Mosquée de Mossoul (Youtube, 5 juillet 2014)

Abu Bakr al-Baghdadi prononce un sermon à la Grande Mosquée de Mossoul (Youtube, 5 juillet 2014)


Principaux développements de la semaine

  • Les combats en Syrie ont été centrés cette semaine surl'attaque de plusieurs quartiers à l'Est de Damas par les organisations rebelles, visant à établir leur contrôle de la région. Selon nous, l'attaque a été bien planifiée. Elle a été précédé d'une mise en garde du chef du Siège de Libération d'Al-Sham (une organisation dominée par le Front Fateh al-Sham, affilié à Al-Qaïda) selon laquelle son organisation était sur le point d'intensifier son activité et d'attaquer les bastions du régime à Damas. L'attaque a également été précédée de deux attentats suicide dans la ville de Damas. Deux jours plus tard, une coalition d'organisations rebelles, dont le Siège de Libération d'Al-Sham, a lancé une attaque au Nord de la ville de Hama.
  • Alors que l'Etat islamique est de plus en plus faible et est sur la défensive stratégique, le Front Fateh al-Sham, organisation jihadiste rivale affiliée à Al-Qaïda, est de plus en plus puissant et participe à des initiatives offensives à Damas, Hama et Daraa, aux côtés d'autres organisations rebelles qui le considèrent comme une force essentielle. L'attaque a exposé un point faible saillant du régime syrien : la "couverture légère" à sa disposition qui l'oblige à diviser les forces de l'armée syrienne entre de nombreux fronts. Le régime syrien enregistre des réalisations au Nord et à l'Est de la Syrie, avec l'encouragement des Russes.Cependant, le noyau du régime dans la région de Damas reste exposé aux initiatives offensives des organisations rebelles, et le régime syrien a des difficultés à trouver une solution à ce problème.
  • Entre-temps, la pression sur l'Etat islamique s'accroît :
  • À Al-Raqqah,bastion de l'organisation en Syrie, le siège des FDS s'intensifie avec le soutien des États-Unis (qui ont apparemment décidé de s'appuyer sur la force kurde plutôt que sur la Turquie). Selon les médias américains, dans les semaines à venir, mille soldats seront envoyés en Syrie en vue de la reprise d'Al-Raqqah, doublant ainsi la présence américaine en Syrie ("bottes sur le terrain", contrairement à la politique d'Obama).
  • À Mossoul, les forces de sécurité irakiennes continuent d'étendre leur contrôle sur la partie occidentale de la ville (et ont déjà repris environ les deux tiers de son territoire). Cette semaine, les combats ont été concentrés dans la vieille ville de Mossoul, et les forces irakiennes ont presque atteint la Grande Mosquée d'Al-Nuri, là où le leader de l'Etat islamique a annoncé l'établissement du califat islamique en Juillet 2014. La chute de la mosquée aura une portée symbolique et représente un coup au moral de l'organisation

 

La présence russe en Syrie

Etablissement d'une base russe dans la zone contrôlée par les Kurdes au Nord-Ouest de la Syrie
  • Redur Xelil, porte-parole des forces kurdes(YPG), a déclaré que les Kurdes avaient conclu un accord avec la Russie sur la mise en place d'une base de formation antiterroriste et de formation aux méthodes modernes de guerre. Selon lui, une force russe a atteint le village de Janna, à environ 12 km au Nord-Ouest d'Afrin, et a apporté du matériel. A l'inverse, selon le ministère russe de la Défense, une branche locale du centre de coordination russe à Hmeymim sera établie à Afrin. Sa mission sera de surveiller la mise en œuvre du cessez-le-feu entre les rebelles soutenus par les Turcs et les Kurdes. La création de la succursale fait suite à un accord entre la Russie et la Turquie concernant la surveillance du cessez-le-feu en Syrie. Entre-temps, une force russe aurait pénétré à Afrin (Le rapport a été cité par les médias russes sur la base d'un rapport du Parti démocrate kurde, Spoutnik, 20 mars 2017).

Principaux développements en Syrie

La région de Manbij
  • Les luttes de pouvoir dans la région de Manbij se sont poursuivies cette semaine à faible intensité, sans changement significatif de la situation sur le terrain. Une carte des zones de contrôle dans la région d'Al-Raqqah et de Manbij, publiée par l'Institut syrien NORS d'études stratégiques, indique qu'aucun progrès significatif n'a été réalisé par les différents centres de pouvoir opérant dans la région (Institut syrien NORS, 16 mars 2017).
Avancée de l'armée syrienne vers la vallée de l'Euphrate
  • Les forces de l'armée syrienne et leurs partisans, avec le soutien aérien russe, poursuivent leur lutte contre les membres de l'Etat islamique dans la région de Deir Hafer (sur la route menant d'Al-Bab vers le lac Assad et la vallée de l'Euphrate). Cette semaine, les forces syriennes ont pris le contrôle de plusieurs villages au Sud et à l'Est de la ville de Deir Hafer. Les forces syriennes seraient à moins d'un kilomètre de l'entrée de la ville (Dimashq al-Aan, 17 mars 2017). Selon ses propres rapports, l'Etat islamique aurait attaqué des soldats de l'armée syrienne, y compris par des tirs anti-chars et des terroristes suicide, tuant des dizaines de soldats syriens (Haqq, 19 mars 2017).
Al-Raqqah
  • Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont continué à nettoyer la région au Nord et à l'Est d'Al-Raqqah, dans un effort de resserrer le siège sur la ville.Des avions de la coalition dirigée par les Etats-Unis ont attaqué des avant-postes de l'Etat islamique à Al-Raqqah et ont également attaqué des bateaux de l'organisation sur l'Euphrate (Dimashq al-Aan, 17 mars 2017). Les FDS ont repris le contrôle de la ville d'Al-Karamah, à l'Est d'Al-Raqqah (Dimashq al-Aan, 20 mars 2017). Le 17 mars 2017, les forces ont annoncé que l'opération visant à libérer Al-Raqqah débuterait début Avril 2017 (Al-Jazeera, 17 mars 2017).
  • L'Etat islamique a signalé que ses membres avaient tiré trois missiles sol-sol contre une base américaine à l'Ouest de Tel al-Saman, au Nord d'Al-Raqqah (Haqq, 17 mars 2017).
  • La participation internationale et régionale à la campagne d'Al-Raqqah :
  • Les États-Unis: Le Washington Post, s'appuyant sur des sources du ministère américain de la Défense, a rapporté (15 mars 2017) que l'armée américaine "prévoit de déployer jusqu'à 1000 soldats supplémentaires dans le Nord de la Syrie dans les prochaines semaines" avant la campagne d'Al-Raqqah. Ainsi, la force américaine en Syrie sera doublée et le potentiel d'implication américaine directe dans la campagne d'Al-Raqqah sera accru ("bottes au sol", contrairement à politique d'Obama).
  • Turquie: Des sources turques ont annoncé que la Turquie n'a pas réussi à persuader la Russie de lui permettre d'être activement impliquée dans la campagne d'Al-Raqqah. Selon les mêmes sources, tous les futurs scénarios de reprise d'Al-Raqqah n'attribuent aucun rôle actif à la Turquie (Hürriyet, 17 mars 2017). L'activité sur le terrain indique que les FDS sont actuellement la seule force prenant part à la campagne d'Al-Raqqah, avec le soutien américain et sans implication turque, ce qui pourrait accroître les tensions entre la Turquie et les États-Unis.
  • Russie: Selon nous, la Russie a tout intérêt à ce que l'armée syrienne soit présente près de la vallée de l'Euphrate et que le régime syrien (avec le soutien de la Russie) joue un rôle dans la bataille d'Al-Raqqah, afin d'empêcher une réalisation américaine exclusive. Par conséquent, selon nous, les Russes encouragent l'avancée de l'armée syrienne vers le lac d'Assad (d'Al-Bab et d'Alep) et vers Deir ez-Zor (via la route Palmyre-Al-Sukhnah). Cela place le régime syrien face à un dilemme, puisqu'il est contraint d'envoyer des forces dans des régions éloignées de l'Est à un moment où il est soumis aux initiatives offensives des organisations rebelles dans des endroits vitaux tels que Damas, Hama et Daraa.
  • Iran: L'Iran et le Hezbollah ne participent pas à la campagne d'Al-Raqqah et n'ont pas pris part aux combats à l'Ouest de l'Euphrate, ce qui témoigne de la faiblesse du modus operandi de l'Iran qui s'appuie sur des organisations mandataires et évite une implication directe sur le terrain. Cette faiblesse a, et aura à l'avenir, un prix politique dans la lutte pour l'influence en Syrie.
Palmyre
  • Cette semaine, les batailles se sont poursuivies entre les forces de l'armée syrienne, avec le soutien de l'armée de l'air russe et l'Etat islamique à l'extérieur de Palmyre. Dans ces batailles, l'armée syrienne aurait repris deux sites d'importance au Nord et au Nord-Est de la ville. Selon des rapports syriens, des dizaines de membres de l'Etat islamique auraient été tués et l'organisation aurait perdu beaucoup d'équipement (Télévision syrienne, 16 mars 2017). En même temps, des affrontements ont également opposé l'armée syrienne et l'Etat islamique sur la route Palmyre-Sukhnah (Observatoire syrien des droits de l'homme, 17 mars 2017).
Raid aérien américain contre des membres d'Al-Qaïda au Sud-Ouest d'Alep
  • Le 16 mars 2017, des avions américains ont attaqué un bâtiment à Kafr Jina, à environ 30 km au Sud-Ouest d'Alep. Selon les rapports américains, le bâtiment appartenait à Al-Qaïda et accueillait une réunion de hauts responsables d'Al-Qaïda. Le porte-parole du Pentagone a déclaré que selon des sources militaires, des dizaines de membres d'Al-Qaïda auraient été tués dans le raid aérien. Le porte-parole a nié les allégations selon lesquelles le bâtiment était une mosquée abritant environ 300 fidèles et que 49 civils ont été tués (Dimashq Al-Aan, Observatoire syrien des droits de l'homme, 17 mars 2017).[1] Le Pentagone a publié une photo aérienne prouvant que la mosquée n'a pas été touchée (Site Internet du ministère américain de la Défense, 17 mars 2017). Toutefois, le porte-parole du commandement central américain a déclaré qu'une enquête serait menée pour déterminer si des civils innocents ont été tués ou blessés (The New York Times, 16 mars 2017).
  • Après la frappe aérienne, Al-Qaïda a appelé à tuer des Américains "sans consulter qui que ce soit". L'organisation terroriste a cité les propos d'Oussama ben Laden selon lesquels les Etats-Unis et quiconque y vit ne seront jamais en sécurité "avant de gagner la Palestine, avant que toutes les armées infidèles quittent la terre de Mahomet" (Al-Nafir, l'organe d'Al-Qaïda, 17 mars 2017).
Damas
  • Le 19 mars 2017, une coalition d'organisations rebelles, y compris le Siège de Libération d'Al-Sham (un cadre général dominé par le Front Fateh al-Sham, affilié à Al-Qaida) en collaboration avec l'organisation Ahrar al-Sham et d'autres groupes rebelles, ont lancé une attaque dans les quartiers de Jobar et d'Al-Qaboun à l'Est de Damas. Les organisations rebelles ont réussi à prendre le contrôle de plusieurs sites dans les quartiers de Jobar et d'Al-Qaboun, la zone industrielle d'Al-Qaboun et à atteindre le quartier d'Al-Abbasiyin. Les rebelles auraient également repris plusieurs sites sur la route internationale entre Damas et Homs (Comités locaux de coordination, 19 mars 2017).Les médias syriens ont rapporté que les forces syriennes avaient repoussé l'attaque des rebelles. Cependant, il semble que les combats sont toujours en cours.
  • L'offensive comprenait des attaques terroristes, des détonations de tunnels et des tirs de roquettes. En réponse, les forces du régime syrien ont attaqué les routes d'approvisionnement des organisations rebelles entre Arbin (à l'Est d'Al-Qaboun) et Jobar (Dimashq Al-Aan, 19 mars 2017). En même temps, des affrontements locaux ont eu lieu entre les Palestiniens qui soutiennent le régime et des membres de l'Etat islamique dans les bastions de l'organisation au Sud de Damas : le camp de réfugiés d'Al-Yarmouk et les quartiers d'Al-Hajr al-Aswad et d'Al-Tadamoun (Dimashq Al-Aan, 21 mars 2017).
  • Bien que l'attaque ait été qualifiée par les médias "d'attaque surprise", des indications préalables étaient palpables. Deux jours avant l'attaque, Abu Jaber (Hashem al-Sheikh), qui dirige le Siège de Libération d'Al-Sham, a publié un enregistrement à l'occasion du sixième anniversaire de la révolution syrienne. Abu Jaber y présentait son organisation comme le vrai défenseur du peuple syrien vis-à-vis du régime Assad. Il y promettait d'intensifier les opérations du Siège de Libération d'Al-Sham dans les jours à venir, menaçant d'atteindre les bastions du régime syrien à Damas, et appelant à l'unification de toutes les organisations rebelles sous la bannière du jihad.
  • Le 15 mars 2017, quatre jours avant l'attaque, deux attentats suicide ont été commis produits à Damas à deux heures d'intervalle. Le Siège de Libération d'Al-Sham a nié toute implication dans ces attaques. Cependant, le modus operandi est conforme à celui des organisations jihadistes. Dans l'une des attaques, un terroriste suicide a fait exploser une ceinture explosive près du marché d'Al-Hamidiya dans le Centre de Damas. Le cabinet du ministre syrien de la Justice est situé dans ce secteur. Au moins 32 personnes ont été tuées et environ une centaine ont été blessées (Al-Jazeera, 15 mars 2017). Dans la seconde attaque, un terroriste suicide a fait exploser une ceinture explosive dans un restaurant du quartier d'Al-Rabwah à l'Ouest de Damas. Au total, 24 personnes ont été tuées et plusieurs dizaines ont été blessées (Al-Jazeera, 15 mars 2017).
  • Selon nous, l'attaque de l'Est de Damas étaitbien planifiée et a été précédée d'attentats suicide et d'un avertissement public au régime par le commandant du Front Fateh al-Sham. À ce stade, il n'est pas clair comment l'attaque a pris fin. Cependant, elle a clairement démontré qu'en dépit des accomplissements de l'armée syrienne à Alep et dans d'autres régions, le noyau du régime de Damas reste encore exposé. Tandis que le régime syrien enregistre des succès à Alep et se dirige vers la vallée de l'Euphrate, les organisations rebelles sont toujours présentes dans la région de Damas, dont le Siège de libération d'Al-Sham et l'Etat islamique, que le régime syrien (occupé sur d'autres fronts) n'a pas été en mesure de déraciner. Les organisations rebelles peuvent ainsi commettre plus facilement des attaques et des attentats suicide contre des objectifs essentiels du régime, gagnant ainsi du prestige et détournant les efforts et l'attention des autres fronts en Syrie. Une attention particulière devrait être accordée au rôle central du Siège de Libération d'Al-Sham, qui est basé sur le Front Fateh al-Sham, affilié à Al-Qaïda. Le Siège de Libération d'Al-Sham est devenu un acteur légitime au sein des organisations rebelles qui lancent des offensives à Damas, Hama et Daraa, alors que l'Etat islamique reste sur une défense stratégique.
Nouvelle offensive des rebelles à Hama
  • Deux jours après le début de l'attaque de l'Est de Damas, les organisations rebelles, dont le Siège de Libération d'Al-Sham, ont lancé une nouvelle initiative offensive au Nord de la ville de Hama.L'attaque a débuté le 21 mars 2017, lorsque des avant-postes des forces syriennes ont été attaqués dans les villes de Souran et Maardas, à 12 et 16 km (respectivement) au Nord de Hama. Ces deux villes sont proches de la route principale reliant Hama à Alep.
  • Les forces rebelles ont repris la zone rurale autour de ces villes et pourraient y avoir pénétré. Pendant l'attaque, deux voitures piégées ont explosé près de Souran, et le Front Fateh al-Sham a revendiqué la responsabilité de l'attaque. Le régime syrien a riposté avec des tirs aériens et des tirs d'artillerie contre les forces rebelles dans sept villages de la zone rurale de Hama (Reuters, Observatoire syrien des droits de l'homme, 21 mars 2017). La situation actuelle sur le terrain n'est pas claire.

Principaux développements en Irak

La campagne de Mossoul
  • Les forces de sécurité irakiennes ont continué à se développer et à renforcer leur contrôle sur l'Ouest de Mossoul. Cette semaine également, elles ont libéré plusieurs quartiers à l'Ouest de la ville. Les combats se déroulent dans la vieille ville et les forces irakiennes ont atteint la mosquée d'Al-Nouri (la Grande Mosquée), qui est d'une grande importance symbolique, car c'est là que le chef de l'Etat islamique Abu Bakr al-Baghdadi a déclaré l'établissement du califat islamique. Les combats acharnés de l'Etat islamique se poursuivent. Lors d'une conférence de presse, le Premier ministre irakien Haidar al-Abadi a déclaré que la campagne de libération de Mossoul en est à sa phase finale et que les membres de l'Etat islamique sont assiégés dans une zone limitée de la ville (Reuters, 15 mars 2017). Le porte-parole du commandement des opérations conjointes irakiennes a annoncé que les forces ont repris plus de 65 % du territoire de l'Ouest de Mossoul (Press TV, 14 mars 2017).
  • Le 17 mars 2017, les forces de sécurité irakiennes ont pénétré dans lavieille ville de Mossoul et ont combattu l'Etat islamique (Reuters, 17 mars 2017, Centre d'information de Ninive, 18 mars 2017). Le 19 mars 2017, il a été signalé que la police irakienne et ses forces spéciales se battaient autour de la Mosquée d'Al-Nuri, dans la vieille ville (Al-Sumaria, 20 mars 2017). Les forces irakiennes sont à environ 500 mètres de la Mosquée d'Al-Nuri, qui est un site d'importance symbolique pour l'Etat islamique, car c'est là qu'Abu Bakr al-Baghdadi a déclaré le califat islamique (Al-Arabiya, 16 mars 2017).
  • La Province de Ninive de l'Etat islamique a publié une vidéo intitulée "Vous avez le dessus", où il explique ses défaites dans la campagne pour Mossoul et affiche ses capacités militaires, et éventuellement la préparation de la réponse de propagande pour la perte de Mossoul. L'orateur de la vidéo cite les propos d'Abu Mus'ab al-Zarqawi qui affirme que l'Etat islamique ne se bat jamais pour la conquête de territoires, puisquele but des combats n'est pas de conquérir des territoires, mais d'établir un califat et d'imposer les lois d'Allah. La vidéo montre des armes et des voitures piégées improvisées et des terroristes (y compris des adolescents), et une démonstration de diverses tactiques de combat (Akhbar al-Muslimeen, 20 mars 2017).
  • En parallèle aux combats à Mossoul, l'Etat islamique a poursuivi ses attaques contre les forces de sécurité irakiennes et les milices chiites dans divers sites en Irak :
  • Shirqat (environ 90 km au Sud de la ville de Mossoul): Le 17 mars 2017, l'Etat islamique a revendiqué la responsabilité de la mort de 15 soldats irakiens au Nord de la ville de Shirqat (Haqq, 17 mars 2017). Deux jours plus tard, l'armée de l'air irakienne a attaqué des avant-postes de l'Etat islamique dans la ville (Ministère irakien de la Défense, 19 mars 2017).
  • Zone Al-Tarmiyah (au Nord de Bagdad): Le 17 mars 2017, l'Etat islamique a revendiqué la responsabilité de la mort de dix membres des forces de sécurité irakiennes, dont un commandant de la milice de mobilisation populaire (qui comprend des milices chiites pro-iraniennes). Selon l'annonce de l'Etat islamique, quatre membres ont attaqué le commandant et ses hommes, et une fois les armes vidées de leurs munitions, ont fait exploser des ceintures explosives (Haqq, 17 mars 2017).
  • Hit (au Nord-Ouest de Ramadi, dans la vallée de l'Euphrate): Le 17 mars, l'Etat islamique a revendiqué la responsabilité de la mort et des blessures de vingt membres du personnel de sécurité dans l'explosion d'une voiture piégée stationnée au bord de la route (Haqq, 17 mars 2017).
  • Bagdad: Le 20 mars 2017, l'Etat islamique a revendiqué l'explosion d'une voiture piégée dans le quartier chiite d'Al-Amel au Sud-Ouest de la ville. Au total, 21 personnes ont été tuées et 35 autres blessées (Haqq, 20 mars  2017).
  • Route Baiji-Haditha: Le 17 mars 2017, l'Etat islamique a revendiqué la responsabilité d'une attaque contre les forces de la milice de mobilisation populaire sur la route Baiji-Haditha. Six personnes ont été tuées et quatre autres blessées (Haqq, 19 mars 2017).

Ces attentats terroristes visaient à détourner les ressources et l'attention des combats des forces irakiennes se battant à l'Ouest de Mossoul, jusqu'ici sans succès. Cependant, les actes de guérilla et les attentats terroristes perpétrés par l'Etat islamique sur plusieurs sites en Irak, en parallèle aux combats à Mossoul, démontrent clairement que l'organisation a encore des capacités opérationnelles dans tout l'Irak. Ces capacités lui permettront de continuer d'opérer comme une organisation terroriste et de guérilla même après la chute de Mossoul, tout en modifiant son mode de fonctionnement et en l'adaptant à la nouvelle situation d'un État islamique basé sur la possession d'un territoire, en une organisation terroriste répandue dans les déserts et les régions où la gouvernance est faible comme elle l'était à ses débuts.

Activités de contre-terrorisme

Maroc
  • Le ministère marocain de l'Intérieur a indiqué que 15 membres affiliés à l'Etat islamique ont été arrêtés dans tout le Maroc, soupçonnés d'avoir l'intention de mener des attaques contre des sites de divertissement et des lieux publics dans plusieurs villes du pays. Certains d'entre eux sont des experts dans la fabrication d'engins piégés et ont été arrêtés alors qu'ils achetaient les matériaux nécessaires à leur préparation. Selon des sources de sécurité marocaines, plus de 167 cellules ont été démantelées entre 2002 et 2016. Plus de 46 avaient des liens avec des éléments terroristes en Syrie et en Irak et avec l'Etat islamique en particulier (Reuters, 17 mars 2017).

Activités de propagande

Appel aux musulmans du Bengale à rejoindre les rangs de l'Etat islamique
  • La Province de l'Euphrate de l'Etat islamique a diffusé une vidéo en bengali (sans sous-titres). La vidéo montre un Bengali de l'organisation qui demande aux musulmans de rejoindre les rangs de l'Etat islamique. Il affirme que les musulmans doivent se réveiller parce qu'ils seront tenus de leurs actes. La vidéo souligne que le jihad est un devoir. Selon la vidéo, le hijra (cf., les musulmans qui adhèrent au califat islamique en Syrie et en Irak) est obligatoire pour celui qui peut le réaliser, mais ceux qui ne le peuvent pas doivent opérer dans leurs lieux de résidence. La vidéo précise (en faisant allusion aux attaques à la voiture bélier) que, malgré toute la technologie existante, l'ennemi a effectivement peur d'une voiture avec un musulman au volant.
Al-Qaïdamenace d'attaquer la France
  • Dans une vidéo diffusée par la branche information d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) le 17 mars 2017, Abu Mus'ab Abdel Wadoud, le chef d'Al-Qaïda au Maghreb, menace de mener des attaques en France. Abdel Wadoud commence par citer des versets du Coran et du Hadith qui saluent l'unité musulmane. À la fin de la vidéo, il s'adresse à la France, "qui a traversé la mer pour envahir notre terre" et qui empêche les musulmans de pratiquer leur religion. Il note que le comportement de la France ne fait que renforcer la détermination des musulmans à s'unir, à amplifier le jihad, et à transférer les combats sur le sol français pour que les Français vivent dans la peur (Al-Andalus, 17 mars 2017).
Camp d'entraînement d'un réseau jihadiste dans le Nord de la Syrie
  • Ansar Jihad, une organisation affiliée à Al-Qaïda comprenant des membres d'Asie centrale et de Turquie, a publié une vidéo montrant un camp d'entraînement dans le Nord de la Syrie. Les thèmes abordés dans la formation comprennent l'utilisation d'armes légères, l'assemblage d'engins piégéset des combats en petites unités. La majeure partie de la vidéo est consacrée à la formation au tir d'armes légères près de maisons abandonnées à l'aide de fusils d'assaut Kalachnikov et au tir de RPG. Le groupe, qui a combattu dans de nombreuses batailles en Syrie, est dirigé par Abu Omar al-Turkistani, qui a joué un rôle important dans l'établissement du Siège de Libération d'Al-Sham.

[1]Selon l'annonce de l'Observatoire syrien des droits de l'homme, le site servait de lieu de Da'wah (prédication) d'une organisation islamique internationale appelée Jama'at al-Da'wah wal-Tabligh (Observatoire syrien des droits de l'homme, 17 mars 2017). Il s'agit d'une organisation islamique créée dans les années 1920, qui opère dans le monde arabe et musulman pour promouvoir la prédication et l'islam parmi les non-musulmans (Wikipedia). Selon des responsables du renseignement américain, cette organisation sert depuis longtemps de couverture aux terroristes pour des voyages et des activités opérationnelles (Longwarjournal.org, 17 mars 2017).