Pleins feux sur le jihad mondial (11-17 juin 2020)

Aperçu général

• Cette semaine, la portée de l’activité de l’Etat islamique dans le monde a connu une nouvelle baisse, dans le cadre d’une tendance qui dure depuis plusieurs semaines. La principale raison à cela semble être l’effort concentré de l’Etat islamique pour mener la vague d’attaques de la seconde moitié de Mai (les raids d’attrition). L’Irak est resté le centre de l’activité de l’État islamique (18 attaques, environ 40% de toutes les attaques), tandis que les attaques au Nigéria ont pris la tête cette semaine en termes de nombre de morts.
• Dans l’État de Borno, dans le Nord-Est du Nigéria, la province de l’Afrique de l’Ouest de l’Etat islamique aurait (semble-t-il) mené une série d’attaques : lors d’une série d’attaques contre l’armée nigériane (13 juin 2020), 23 soldats ont été tués; lors d’une autre attaque contre plusieurs quartiers généraux de l’armée nigériane, 90 soldats ont été tués (9 juin 2020); lors d’un raid sur un village, plus de 80 civils ont été tués (9 juin 2020). Selon un rapport de l’armée nigériane, plus de 40 membres de l’Etat islamique ont été tués dans l’une des attaques, et des armes et des munitions ont été saisies (13 juin 2020).
• Les difficultés de l’organisation avec son réseau médiatique : l’agence de presse Amaq de l’Etat islamique a considérablement réduit ses publications. Les rapports de routine des différentes provinces ont été considérablement réduits et Telegram (qui sert de plate-forme de distribution centrale de l’organisation) continue de fermer les comptes affiliés à l’EI.
• Dans la région d’Idlib, dans le Nord de la Syrie, l’érosion du cessez-le-feu russo-turc se poursuit. Cette semaine également, les incidents locaux entre l’armée syrienne et les organisations rebelles se sont poursuivis, bien qu’à une intensité moindre que la semaine précédente.

Région d’Idlib

Etat des lieux

Le cessez-le-feu dans la région d’Idlib s’est poursuivi cette semaine, avec des incidents locaux entre les parties rivales. Les patrouilles conjointes des armées russe et turque sur l’autoroute M-4 se poursuivent sans incidents inhabituels. Deux commandants supérieurs de l’organisation Gardiens de la Religion, affiliée à Al-Qaïda, ont été tués lors d’une élimination ciblée perpétrée par un drone (apparemment américain), qui a attaqué leur véhicule dans la ville d’Idlib^[1].

Principaux incidents sur le terrain

Activités terrestres

• Le 13 juin 2020, les organisations rebelles ont interrompu une tentative d’infiltration de l’armée syrienne dans le Nord-Est de la plaine d’Al-Ghab, à environ 40 km au Sud-Ouest d’Idlib (Idlib Plus, 13 juin 2020).

Tirs d’artillerie

• Le 13 juin 2020, le Siège de Libération d’Al-Sham a signalé que les forces syriennes avaient tiré de l’artillerie sur des routes du mont Turkmène, au Sud-Ouest d’Idlib (Ibaa, 13 juin 2020).
• Le 12 juin 2020, les forces syriennes ont tiré de l’artillerie sur une zone à 20 km au Sud d’Idlib (Idlib Plus, 12 juin 2020).

Frappes aériennes russes

• Le 13 juin 2020, des avions de chasse russes ont effectué une frappe aérienne dans la région de Jabal Zawiya, à environ 25 km au Sud d’Idlib (Idlib Plus, 13 juin 2020).
• Le 13 juin 2020, des avions de chasse russes ont effectué des frappes aériennes dans la zone rurale au Sud d’Idlib (Edlib Media Center – EMC, 13 juin 2020).

Poursuite des patrouilles conjointes sur l’autoroute M-4

• Cette semaine, les patrouilles conjointes des armées russe et turque se sont poursuivies sans interruption. Le 10 juin 2020, la Turquie et la Russie ont effectué leur 16^ème patrouille conjointe sur l’autoroute M-4 (Alep-Lattaquié), atteignant une zone à environ 14 km à l’Est de Jisr al-Shughur (Observatoire syrien des droits de l’homme, 14 juin 2020). Il a été signalé que, pour des raisons encore peu claires, le Siège de Libération d’Al-Sham avait évacué tous ses points de contrôle sur l’autoroute M-4 (Observatoire syrien des droits de l’homme, 14 juin 2020). Le 16 juin 2020, une autre patrouille conjointe a été effectuée, sans incident inhabituel (Anatolie, 16 juin 2020).

Renforts de l’armée turque

• Le 14 juin 2020, un convoi de l’armée turque est entré en Syrie. Le convoi, qui comprenait 20 camions transportant des structures en béton coulé, s’est dirigé vers l’autoroute M-4 (Khotwa, 14 juin 2020). Selon nous, les structures en béton étaient destinées à établir des positions dans les zones où l’armée turque est déployée, peut-être en raison de l’inquiétude des Turcs à propos d’une nouvelle flambée d’hostilités.

    
Droite : Véhicule blindé de l’armée turque. Gauche : Camion de l’armée turque transportant des structures en béton (Khotwa, 14 juin 2020)

Mort de deux commandants des Gardiens de la Religion à Idlib

• Le 14 juin 2020, un drone (apparemment américain) a attaqué un véhicule dans la ville d’Idlib transportant deux commandants des Gardiens de la Religion, organisation affiliée à Al-Qaïda. Ils ont tous deux été tués. Le plus âgé d’entre eux était Khaled al-Arouri, alias Abu al-Qassem al-Urduni (cf., le Jordanien), Palestinien de nationalité jordanienne qui était le commandant militaire de l’Organisation des Gardiens de la Religion (il était auparavant l’adjoint d’Abu Mus’ab al-Zarqawi à Al-Qaïda). L’autre individu tué était un autre commandant de l’organisation, Bilal al-San’ani (cf., de Sanaa, Yémen). Un autre individu a été grièvement blessé (Khotwa, 14 juin 2020).

   
Le véhicule transportant les deux commandants des Gardiens de la Religion, touché par un missile (Compte Twitter Moussa Al Hassan @ MoussaNDT, 14 juin 2020)

Mise en place d’une nouvelle salle d’opération affiliée à Al-Qaïda

• Le 12 juin 2020, cinq organisations jihadistes affiliées à Al-Qaïda ont annoncé la création d’une nouvelle salle d’opération appelée “Stand Fast”. La salle des opérations est dirigée par l’organisation Gardiens de la Religion et comprend quatre autres organisations jihadistes marginales : Jama’at Ansar al-Islam (“le Groupe des partisans de l’islam”), Jabhat Ansar al-Din (“le Front des partisans de la religion”), Tansiqiyat al-Jihad (“Coordination du Jihad”) et Liwa al-Muqatileen al-Ansar (“Brigade des combattants-partisans”) (Telegram, 12 juin 2020). Trois organisations jihadistes qui étaient membres de la salle d’opération “Réveillez les croyants” ont rejoint la nouvelle salle d’opération. Ainsi, la salle d’opération “Réveillez les croyants”, active depuis Octobre 2018, a été fermée et remplacée par la nouvelle salle d’opération.

Nord-Est de la Syrie

Région de Deir ez-Zor, Al-Mayadeen, Abu Kamal

• Le 15 juin 2020, un engin piégé a été activé contre un véhicule des FDS à environ 50 km au Nord-Est de Deir ez-Zor. Les passagers ont été tués ou blessés (Isdarat, 16 juin 2020).
• Le 15 juin 2020, des membres de l’Etat islamique ont attaqué le siège d’un conseil local des FDS à environ 8 km au Sud-Est d’Al-Mayadeen. Le chef du conseil local a été tué par des tirs de mitrailleuses (Telegram, 15 juin 2020).
• Le 14 juin 2020, un engin piégé a été activé contre un véhicule des FDS à environ 10 km au Nord d’Abu Kamal. Les passagers ont été blessés (Isdarat, 15 juin 2020).
• Le 9 juin 2020, un engin piégé a été activé contre un véhicule des FDS dans le village d’Al-Basira, à environ 14 km au Nord d’Al-Mayadeen. Le véhicule a été endommagé (Isdarat, 10 juin 2020).

Activité antiterroriste des FDS

• Le 4 juin 2020, les forces des FDS ont lancé l’opération “Dissuasion” dans la région s’étendant de la zone rurale au Sud d’Al-Hasakah jusqu’à la vallée de l’Euphrate. Les forces terrestres des FDS et des pays de la Coalition internationale ont opéré en coordination avec les avions de la Coalition et les forces irakiennes près de la frontière irako-syrienne.
• La première phase de l’opération s’est terminée le 10 juin 2020. Pendant l’activité de nettoyage, qui était accompagnée d’opérations spéciales de commandos, les forces ont arrêté 110 partisans présumés de l’Etat islamique. En outre, de grandes quantités d’armes ont été saisies, notamment des armes de poing avec silencieux utilisées pour effectuer des tueries ciblées et de nombreux explosifs (SDF Press, 10 juin 2020).

Syrie orientale (région d’Al-Sukhnah-Palmyre)

• Le 11 juin 2020, des membres de l’Etat islamique ont attaqué un point de contrôle de l’armée syrienne dans la zone rurale d’Al-Sukhnah, à environ 60 km au Nord-Est de Palmyre. Cinq soldats syriens et combattants des forces qui les soutiennent ont été tués (Observatoire syrien des droits de l’homme, 11 juin 2020).
• Le 10 juin 2020, des soldats syriens ont été pris pour cible par des tirs de mitrailleuses au Nord-Ouest d’Al-Sukhnah, à environ 60 km au Nord-Est de Palmyre. Trois soldats ont été tués et deux motos ont été saisies (Isdarat, 10 juin 2020). Des photos publiées dans les médias montrent les corps de trois hommes en civil. L’EI affirme qu’il s’agissait de soldats syriens (Isdarat, 10 juin 2020).

La zone désertique à l’Est de Hama

• Le 11 juin 2020, des membres de l’Etat islamique ont attaqué des positions de l’armée syrienne dans la région d’Oqayrabat (à environ 70 km à l’Est de Hama). Trois combattants des forces soutenant l’armée syrienne ont été tués et plusieurs autres blessés (Observatoire syrien des droits de l’homme, 11 juin 2020).
• En réponse, le 11 juin 2020, des avions de chasse syriens ont attaqué des sites où des membres de l’Etat islamique sont déployés dans la région d’Oqayrabat. Dans le même temps, l’armée syrienne a tiré de l’artillerie et mené des activités de nettoyage dans les zones à l’Est et au Nord-Est de Hama, à la recherche d’escouades de l’Etat islamique. Au total, 21 membres de l’Etat islamique et 13 soldats et combattants syriens les soutenant ont été tués dans ces incidents (Observatoire syrien des droits de l’homme, 14 juin 2020).

L’arène irakienne

Position de l’Irak dans les attaques commises par l’Etat islamique

• L’Irak continue d’être le centre de l’activité de l’Etat islamique : le 11 juin 2020, l’Etat islamique a publié une infographie intitulé “La récolte des combattants”, résumant son activité dans les différentes provinces entre le 4 juin et le 11 juin 2020. Au total, 44 attaques ont été menées par l’Etat islamique dans le monde, un chiffre nettement inférieur au nombre d’attaques en la période précédant les Raids d’Attrition. Au total, 18 attaques (environ 41%) ont été menées en Irak, qui est resté le centre des activités de l’Etat islamique. De plus, 9 attaques (environ 20%) ont été perpétrées dans la province d’Afrique de l’Ouest de l’Etat islamique, 7 (environ 16%) en Syrie, 2 en Afrique centrale, 2 dans la province du Sinaï, 2 dans la province de Somalie, 1 dans la province de Libye, 1 dans la province du Yémen, 1 dans la province d’Asie de l’Est (Philippines) et 1 dans la province de Khorasan (Al-Naba’, tel que publié dans Isdarat, 11 juin 2020).
• Selon l’infographie, plus de 142 personnes ont été tuées et blessées dans les attaques de l’Etat islamique à travers le monde. Le plus grand nombre de morts et de blessés a été enregistré dans la Province de l’Afrique de l’Ouest (40), suivie des provinces de l’Irak (38), de l’Asie de l’Est (18), de l’Afrique centrale (15), de la Syrie (14), du Sinaï (10) et de la Somalie. (4), Yémen (2) et Khorasan (1).

Estimation irakienne du nombre de membres de l’Etat islamique

• Hisham al-Hashemi, chercheur sur le radicalisme et le terrorisme, estime que plus de 7 000 membres de l’Etat islamique opèrent actuellement en Irak et en Syrie. Il note que l’Etat islamique manque à la fois de fonds et d’un environnement favorable (Al-Sumaria, 15 juin 2020).

Principales activités de l’Etat islamique au cours de la semaine écoulée

Province de Diyala

• Le 13 juin 2020, des civils de la secte Kakaiya ont été pris pour cible par des tirs de tireurs d’élite à environ 100 km au Nord-Est de Baqubah. Sept personnes ont été tuées et d’autres blessées. Lorsqu’une force de l’armée irakienne est arrivée sur les lieux pour fournir une assistance, elle a également été prise pour cible par des tirs de tireurs d’élite. Trois soldats ont été tués et cinq autres blessés (Telegram, 14 juin 2020). Remarque : Kakaiya est une ancienne secte monothéiste, principalement kurde. Ses membres, vivant principalement dans le Nord de l’Irak, sont considérés comme des infidèles par l’Etat islamique et sont persécutés (comme les Yézidis).

La province de Salah al-Din

• Le 14 juin 2020, un combattant de la Mobilisation populaire a été pris pour cible par des tirs de mitrailleuses à environ 25 km au Nord de Bagdad. Il a été blessé (Isdarat, 15 juin 2020).
• Le 13 juin 2020, la maison du vice-gouverneur de la province de Salah al-Din, à environ 80 km au Nord de Bagdad, a été prise pour cible par des tirs de mitrailleuses. Deux de ses gardes de sécurité ont été blessés (Isdarat, 15 juin 2020).
• Le 10 juin 2020, un complexe de la police irakienne a été visé par des tirs de mitrailleuses à environ 40 km au Sud-Est de Samarra. Un policier a été tué (Isdarat, 10 juin 2020).
• Le 9 juin 2020, un engin piégé a été activé contre un véhicule de déminage de l’unité antiterroriste du gouvernement irakien à l’Ouest de Baiji. Les passagers ont été tués ou blessés (Isdarat, 10 juin 2020).

Province de Bagdad

• Le 9 juin 2020, un commandant de la Mobilisation populaire a été pris pour cible par des tirs de mitrailleuses à environ 20 km au Sud-Est de Bagdad. Il a été tué (Isdarat, 10 juin 2020).

Province de Ninive

• Le 15 juin 2020, un engin piégé a été activé contre le véhicule d’un combattant de la Mobilisation tribale à environ 35 km au Sud-Ouest de Mossoul. Les passagers ont été blessés (Isdarat, 16 juin 2020).

Province de Kirkuk

• Le 15 juin 2020, des soldats irakiens ont été visés par des tirs de mitrailleuses et un engin piégé a été activé contre eux à environ 40 km au nord de Kirkouk. Trois soldats ont été tués et quatre autres blessés (Isdarat, 16 juin 2020).

Province d’Al-Anbar

• Le 14 juin 2020, des soldats irakiens ont été pris pour cible par des tirs de tireurs d’élite à environ 3 km à l’Ouest de Hit. Deux soldats ont été tués et un autre blessé (Isdarat, 14 juin 2020).
• Le 13 juin 2020, deux engins piégés ont été activés contre deux véhicules de l’armée irakienne, à environ 20 km à l’Ouest de Hit. Les passagers des deux véhicules ont été tués ou blessés (Isdarat, 14 juin 2020).

Province de Babel

• Le 11 juin 2020, un combattant de la Mobilisation populaire a été pris pour cible par des tirs de tireurs d’élite à environ 40 km au Sud-Ouest de Bagdad. Il a été tué (Isdarat, 11 juin 2020).
• Le 11 juin 2020, un engin piégé a été activé contre un véhicule de la Mobilisation populaire à environ 40 km au Sud-Ouest de Bagdad. Un combattant a été tué et un autre blessé (Isdarat, 11 juin 2020).

Activités antiterroristes des forces de sécurité irakiennes

Province d’Al-Anbar

• Le 16 juin 2020, les forces de sécurité irakiennes ont appréhendé trois membres de l’Etat islamique à Al-Qaim (près de la frontière irako-syrienne). L’un d’eux était responsable de l’activité de facturation de l’Etat islamique et les deux autres étaient des combattants qui ont pris part aux combats contre les forces de sécurité irakiennes lors des batailles pour la libération de l’Irak (Ministère irakien de la Défense, 16 juin 2020).

Province de Ninive

• Le 16 juin 2020, une force de renseignement du ministère irakien de l’Intérieur a appréhendé six membres de l’Etat islamique dans diverses parties de la province de Ninive (Al-Sumaria, 16 juin 2020).

Province de Diyala

• Le 15 juin 2020, une force de renseignement du ministère irakien de l’Intérieur a appréhendé trois “terroristes” (implicitement des membres de l’Etat islamique) à environ 40 km à l’Est de Baqubah (Al-Sumaria, 16 juin 2020). Les trois avaient déposé des engins piégés et les avaient activés récemment. Trois engins piégés ont également été saisis (Al-Sumaria, 15 juin 2020).

Activités de l’Etat islamique dans le monde

Afrique

Nigéria

• Le 13 juin 2020, des membres de la province de l’Afrique de l’Ouest de l’Etat islamique ont attaqué les forces de l’armée nigériane et les forces qui la soutiennent dans la ville de Monguno, à environ 100 km au Nord-Est de Maiduguri, la capitale de l’État de Borno, dans le Nord-Est du Nigéria. Selon l’Etat islamique, 23 soldats nigérians ont été tués, un soldat a été fait prisonnier et d’autres ont été blessés. Des membres de l’Etat islamique ont libéré des détenus dans un poste de police. Ils ont fait une descente dans le poste de police et d’autres installations gouvernementales, détruit des chars, un véhicule blindé et d’autres véhicules. Ils ont également saisi des armes et des munitions (Isdarat, 14 juin 2020).
• Selon un rapport des médias allemands, au moins 20 soldats nigérians ont été tués lors de l’attaque de Monguno (Deutsche Welle, 14 juin 2020). Selon les médias nigérians, 20 membres de la province de l’Afrique de l’Ouest de l’Etat islamique ont été tués dans une contre-attaque menée par les forces aériennes et terrestres nigérianes (Communiqué de presse du Nigéria, 14 juin 2020). D’autre part, l’armée nigériane affirme que deux soldats ont été tués et trois autres blessés. Selon un rapport de l’armée nigériane, 41 corps de membres de l’Etat islamique ont été trouvés dans la zone de l’attaque. L’armée nigériane a également saisi des armes et des munitions (Site Internet de l’armée nigériane army.mil.ng, 15 juin 2020).

   
Droite : Des armes de l’Etat islamique saisies par l’armée nigériane dans la ville de Monguno (Site Internet de l’armée nigériane, 15 juin 2020). Gauche : La ville de Monguno, où les forces nigérianes ont été attaquées (Google Maps)

• Le 10 juin 2020, des membres de l’Etat islamique ont tendu une embuscade à des soldats nigérians sur la route entre les villes de Maiduguri et Damboa. Un soldat a été tué et plusieurs autres blessés (Isdarat, 10 juin 2020).
• Le 9 juin 2020, des membres de l’Etat islamique ont attaqué un certain nombre de quartiers généraux où étaient stationnées des forces soutenant l’armée nigériane, près de la ville de Gubio, à environ 80 km au Nord-Ouest de Maiduguri. Selon l’Etat islamique, 90 combattants ont été tués et d’autres blessés (Telegram, 12 juin 2020). Un commandant des forces soutenant l’armée nigériane a été fait prisonnier par l’Etat islamique puis exécuté (Isdarat, 16 juin 2020).

• Le 9 juin 2020 :
  • Des membres de la province de l’Afrique de l’Ouest de l’Etat islamique à moto ont fait une descente dans un village où vivent des bergers à Gubio, une zone de gouvernement local de l’État de Borno. Les terroristes ont tiré dans toutes les directions et ont percuté les résidents alors qu’ils tentaient de fuir. Plus de 80 personnes ont été tuées lors du raid (Premium Times, site d’information nigérian, 12 juin 2020). De plus, plus de 1 000 têtes de bétail auraient été volées (OCHA-Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, 10 juin 2020). De l’avis d’un chef de village local, cette attaque a été menée par l’Etat islamique en représailles au meurtre d’agents de l’Etat islamique par des agents de sécurité locaux chargés de protéger les troupeaux contre le vol (The Telegraph, 10 juin 2020). Selon un témoin oculaire qui a survécu au massacre, au moins 80 civils locaux ont été tués lors de l’attaque. L’attaque a été menée par des terroristes déguisés en professeurs d’islam qui ont demandé aux habitants de se rassembler pour une leçon sur l’islam. Ils leur ont ordonné de remettre les armes puis ont commencé à tirer sur les habitants (CNN, 10 juin 2020).

République démocratique du Congo

• Le 14 juin 2020, des membres de la province d’Afrique centrale de l’Etat islamique ont attaqué un complexe de l’armée congolaise dans la région de Beni, dans la partie Nord-Est du pays (à environ 50 km de la frontière avec l’Ouganda). Les soldats ont fui l’enceinte. Des armes et des munitions ont été saisies et le complexe a été incendié (Isdarat, 15 juin 2020).
• Le 14 juin 2020, des membres de l’Etat islamique ont attaqué un complexe de l’armée congolaise dans la région de Beni. Un officier a été tué (Isdarat, 15 juin 2020).

Mali

• Le 3 juin 2020, Abdelmalek Droukdel, chef d’Al-Qaïda en Afrique du Nord, a été tué lors d’une opération des forces françaises dans le Nord-Est du Mali. Maintenant qu’il a été tué, il reste trois éminents leaders jihadistes du terrorisme islamique dans la région du Sahel (la région subsaharienne). La mort de Droukdel est survenue à un moment de violentes luttes internes entre les combattants affiliés à Al-Qaïda et les combattants affiliés à l’Etat islamique, ainsi qu’une augmentation de la portée des activités de l’Etat islamique contre l’armée nigériane. Voici les détails des trois éminents dirigeants djihadistes dans la région du Sahel, basés sur un article publié sur le site Internet de The Defense Post ^[2]:
  • Iyad Ag Ghaly: un membre de la tribu Touareg, dont les membres ont récemment repris la ville de Tombouctou, au centre du Mali , afin d’y établir un État islamique indépendant (AP, 2 avril 2020). Ghaly dirige une alliance jihadiste du nom du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). En 2012, Ghaly a créé un groupe de combattants jihadistes du nom d’Ansar al-Din, qui a participé au soulèvement séparatiste de la tribu touareg qui a eu lieu dans de vastes régions du Nord du Mali. Cette révolte sanglante s’est propagée au centre du Mali et aux pays voisins du Burkina Faso et du Niger. Le groupe Ansar al-Din a fait scission de ces séparatistes en 2013 et a temporairement pris le contrôle de plusieurs villes du Nord du Mali jusqu’à ce que ses membres soient chassés de la région plus tard cette même année. Selon Jean-Pierre Filiu, historien à l’Institut d’études politiques de Paris, Iyad Ghaly est considéré comme le seul représentant du dirigeant d’Al-Qaïda Ayman al-Zawahiri dans la région du Sahel.
  • Amadou Koufa : Koufa est décrit comme un “prédicateur islamique incendiaire” qui opère au sein d’Al-Qaïda et est subordonné à Iyad Ghaly. Son influence a augmenté depuis la création d’une organisation jihadiste appelée Macina Liberation Front en 2015. Il est membre de la communauté des bergers peuls et a été accusé d’avoir attisé les flammes de la tension entre lui et d’autres groupes locaux d’agriculteurs ethniques. Cette tension a provoqué des massacres entre le groupe peul et les autres groupes ethniques locaux. La tension ethnique qu’il a intensifiée dans le Centre du Mali en a fait l’une des principales zones jihadistes du Sahel.
  • Adnan Abu Walid Sahraoui : Considéré comme le jihadiste le plus recherché de la région du Sahel. Il dirige la province de l’Etat islamique la plus active de la région reliant le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Il est un ancien membre du Front Polisario, le mouvement national [laïque] pour la libération du Sahara occidental [du Maroc]. Son statut a progressivement augmenté, le Nord du Mali étant tombé entre les mains des rebelles en 2012. À l’époque, il était membre d’un groupe jihadiste appelé le Mouvement pour l’unité [d’Allah] et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUAJO – qui est le acronyme du nom du mouvement en français). En 2015, Adnan Sahraoui a promis allégeance à l’Etat islamique. La milice qu’il dirige est très active et a été accusée d’avoir mené une série d’attaques en 2019 et 2020. Cette année, elle a également commencé à lutter contre les groupes affiliés à Al-Qaïda dans la région du Sahel, pour la première fois dans l’histoire de la région.

^[1] Jusqu'à présent, aucune annonce officielle des États-Unis n'a été faite concernant l'opération. Des médias syriens, cités par les médias américains, ont attribué l'attaque aux États-Unis (Khotwa; Observatoire syrien des droits de l'homme, 14 juin 2020). ↑
^[2] Staff Writer, Three Top Jihadist Dominate Shael After Al-Qaeda Leader Death, The Defense Post, 8 June 2020: https://www.thedefensepost.com/2020/06/08/three-top-jihadists-dominate-sahel-after-al-qaeda-leader-death/ ↑

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