Nouvelles du terrorisme et du conflit israélo-palestinien (1er – 7 août 2012)

Attaque à la frontière israélo-égyptienne - Rapport préliminaire

• Vers 20h le 5 août 2012, un groupe de terroristes apparemment membres d'un réseau du jihad mondial a pris le contrôle d'un poste de l'armée égyptienne dans le secteur de Rafah à la frontière entre la bande de Gaza et l'Egypte. Selon un communiqué du haut conseil des forces armées égyptiennes, le groupe était composé de 35 terroristes (Radio Caire, 6 août 2012). Ils ont pris le contrôle de deux véhicules de transport de troupes égyptiens. Ils ont ensuite roulé vers le terminal de Kerem Shalom à la frontière entre Israël et la bande de Gaza, dans le but de tuer des civils israéliens et des membres des forces de sécurité israéliennes.
• En riposte, les forces de Tsahal ont ouvert le feu sur les véhicules. À 20h15, un des véhicules a explosé suite aux tirs des forces de Tsahal près du terminal de Kerem Shalom. Le second engin, qui avait réussi à pénétrer en territoire israélien, a été aussitôt attaqué et détruit par les forces terrestres et aériennes israéliennes. Deux terroristes qui avaient abandonné le véhicule et avaient tenté d'entrer en territoire israélien ont également été tués. Quatre corps ont été trouvés côté israélien de la frontière en possession d'armes et d'équipement militaire. Trois corps ont été trouvés côté égyptien. En plus de la grande quantité d'explosifs trouvée dans le véhicule entré en territoire israélien, six des huit terroristes étaient équipés de ceintures explosives (Porte-parole de Tsahal et Ynet, 5 août 2012). Au moins 16 soldats égyptiens ont été tués dans l'assaut qui a précédé l'attaque et sept ont été blessés.

Riposte de Tsahal

• Le chef d'état-major israélien, le général Benny Gantz, rendu sur place, a déclaré qu'avant même l'ouverture d'une enquête, on pouvait dire qu'une catastrophe effroyable avait été déjouée. Il a ajouté que la rapidité de la réaction des forces de Tsahal avait permis de déjouer l'attaque en l'espace d'un quart d'heure (Porte-parole de Tsahal, 6 août 2012). Le ministre de la Défense Ehud Barak, qui a visité les lieux avec le Premier ministre et le chef d'état-major, a déclaré que l'attaque avait été empêchée grâce à la combinaison de l'efficacité des services de renseignements et des services de sécurité générale et de l'état de préparation du commandement (Porte-parole de Tsahal, 6 août 2012)
• Selon le porte-parole de Tsahal, des renseignements concrets obtenus par les services de renseignements militaires et les services de sécurité générale ont permis de déjouer l'entrée des terroristes en territoire israélien (Porte-parole de Tsahal, 5 août 2012). Après les événements, le terminal de Kerem Shalom a été fermé. Le ministère de la Défense prévoit dans les prochains jours d'étudier les mesures de sécurité au terminal, qui est un vecteur central d'entrée des marchandises dans la bande de Gaza.
• Israël a envoyé un communiqué aux Égyptiens exprimant ses condoléances pour la mort des membres des forces de sécurité qui ont été tués en service. Selon le communiqué, l'objectif de l'attaque terroriste était de tuer des Israéliens et de "déstabiliser l'accord de paix entre Israël et l'Égypte". Israël a souligné qu'il continuerait à mener ses affaires avec l'Égypte dans un esprit de coopération (Ministère israélien des Affaires étrangères, 7 août 2012).

Riposte égyptienne

• Le Président égyptien Mohamed Morsi a déclaré trois jours de deuil et a annoncé que des obsèques militaires seraient organisées pour les soldats tués. De plus, les forces de sécurité et les forces militaires égyptiennes postées dans la Péninsule du Sinaï ont été renforcées. Dans l'après-midi du 6 août, Morsi, accompagné du ministre de la Défense Tantawi et du chef d'état-major, s'est rendu à El-Arish afin de rendre visite à l'unité de gardes-frontières dont les membres ont été tués et de suivre les développements de l'enquête (Al-Wafd, 6 août 2012).
• Des sources islamistes égyptiennes ont accusé Israël de l'attaque. Mohammed Badie,le Guide général des Frères Musulmans en Égypte, a officiellement accusé "le Mossad israélien" de la responsabilité de l'attaque. La "preuve", selon lui, est l'avertissement lancé par Israël à ses citoyens quelques jours auparavant, les appelant à quitter le Sinaï (Site Internet de la télévision égyptienne, 5 août  2012).

Réaction du Hamas

• L'attaque a provoqué l'embarras du Hamas, qui craint qu'elle porte atteinte à l'amélioration des relations du mouvement avec l'Égypte, après le renforcement de l'influence des Frères Musulmans dans la politique égyptienne.Immédiatement après l'attaque, l'administration de facto du Hamas et les responsables de ses appareils de sécurité se sont réunis en urgence. Ismail Haniya, le responsable de l'administration de facto du Hamas, a dénoncé l'attaque contre les soldats égyptiens et a envoyé ses condoléances à l'Égypte et aux familles des soldats tués. Selon Haniya, la manière dont l'attaque a été effectuée et les informations possédées par Israël prouvent son implication (Télévision Al-Aqsa, 6 août 2012).
• Des sources du Hamas se sont entretenues avec la direction égyptienne et des responsables sécuritaires et ont convenu de collaborer et de prendre des mesures pratiques. Il a été décidé que tous les terminaux entre la bande de Gaza et l'Égypte seraient fermés, y compris les tunnels, et qu'il y aurait une augmentation du personnel de sécurité le long de la frontière entre Gaza et l'Egypte (Site Internet du ministère de l'Intérieur de l'administration de facto du Hamas, 6 août 2012). Le commandant de la sécurité nationale de l'administration du Hamas, Jamal al-Jarrah, s'est rendu à la frontière entre Gaza et l'Égypte afin de se rendre compte du déploiement des forces (Site Internet du JIP Paltoday, 6 août 2012). Ismail Haniya a demandé à l'Égypte de nommer un comité conjoint permanent de sécurité chargé de traiter des intérêts sécuritaires des deux côtés (Palestine-Info, 6 août  2012).
• Des sources du Hamas ont vivement dénoncé l'attaque et ont envoyé leurs condoléances à l'Égypte et aux familles des soldats, affirmant qu'Israël était responsable. Ci-après un extrait de leurs commentaires :

• Taher al-Nunu, le porte-parole de l'administration du Hamas, a dénoncé l'attaque contre les soldats égyptiens "effectuée par Israël" et a exprimé sa peine pour leurmort. Il a affirmé que le Hamas ignorait que les membres du jihad mondial entrés en Égypte venaient de la bande de Gaza et a précisé que le Hamas n'avait aucune information sur les assaillants. Il a souligné que le Hamas collaborerait avec l'Égypte afin d'exposer les détails de l'affaire (Al-Arabiya,5 août 2012).
• Ayman Taha, haut responsable du Hamas, a déclaré que l'administration du Hamas utiliserait toutes ses capacités pour aider l'Égypte à préserver sa sécurité. Il a ajouté que des mesures de sécurité seraient prises du côté palestinien de la frontière (Al-Sharq, 6 août 2012).
• Ihab al-Ghussin, porte-parole du ministère de l'Intérieur de l'administration de facto du Hamas, a accusé Israël et a affirmé que l'administration du Hamas prenait toutes les mesures nécessaires pour empêcher la répétition d'un tel incident (Site Internet du ministère de l'Intérieur du Hamas, 6 août 2012).

Réaction de l'Autorité Palestinienne

• L'Autorité Palestinienne a réagi tardivement à l'attaque terroriste. Le 6 août dans l'après-midi, Nabil Abu Rudeina, le porte-parole de la présidence, a publié un communiqué officiel dans lequel Mahmoud Abbas et la direction palestinienne ont vivement dénoncé l'attaque et ont exprimé leurs condoléances au peuple égyptien.  Selon l'annonce, l'attaque n'affaiblira pas les relations étroites entre les deux peuples (Agence de presse Wafa, 6 août 2012).
• Le 6 août, Mahmoud Abbas a appelé le Président égyptien Mohamed Morsi pour lui dire que les Palestiniens se tenaient aux côtés du peuple égyptien dans la lutte contre le terrorisme. Mahmoud Abbas a déclaré le 7 août jour officiel de deuil dans toutes les institutions de l'Autorité Palestinienne en solidarité avec les Egyptiens (Agence de presse Wafa, 7 août 2012).

Réactions des organisations terroristes de la bande de Gaza

• Les autres organisations terroristes de la bande de Gaza ont dénoncé l'attentat, accusant Israël d'en être l'auteur :

• Le Jihad Islamique Palestinien a publié un communiqué condamnant le meurtre des soldats égyptiens. Une telle attaque, selon lui, ne sert que les intérêts d'Israël, qui cherche à envenimer les relations entre l'Égypte et les Palestiniens (Site Internet du JIP Paltoday, 6 août 2012). Daoud Shihab, porte-parole du JIP, a déclaré qu'Israël retirait les fruits de l'attaque et a ajouté qu'il n'y avait aucun doute qu'il était derrière les événements. Il a dit qu'il était improbable que les Palestiniens soient responsables de l'attaque et a ajouté qu'aucun Palestinien ne voulait nuire aux Égyptiens. Il a appelé toutes les organisations palestiniennes à collaborer dans l'enquête des événements (Télévision Al-Aqsa, 6 août 2012).
• LesComités de Résistance Populaire ont nié toute implication dans les événements et ont affirmé qu'Israël en était responsable. Abu Mujahed, le porte-parole des Comités, a envoyé ses condoléances aux Égyptiens et aux familles des soldats tués, soulignant qu'aucun Palestinien n'était responsable. Il a ajouté que l'attaque était une tentative d'endommager les relations entre  l'Égypte et les Palestiniens (Télévision Al-Aqsa, 6 août 2012).

Attaque de deux membres du jihad mondial au Sud de Gaza

• Dans une action conjointe de Tsahal et des services de sécurité générale effectuée dans l'après-midi du 5 août, des appareils de l'aviation israélienne ont visé deux terroristes à moto au Sud de la bande de Gaza. Les terroristes étaient membres d'un réseau du jihad mondial opérant dans la bande de Gaza. L'un d'entre eux avait participé à l'attaque du 18 juin 2012 à la frontière égyptienne dans laquelle un civil israélien a été tué. Les deux avaient récemment été impliqués dans la planification d'une autre attaque terroriste contre une cible israélienne à la frontière israélo-égyptienne en collaboration avec d'autres terroristes du jihad mondial de la bande de Gaza et de la Péninsule du Sinaï (Porte-parole de Tsahal, 5 août 2012).
• Selon les médias palestiniens, Iyad Okel Hijazi a été tué et Ahmed Salam Ismail grièvement blessé dans la frappe de leur moto. Selon certains des rapports, les deux terroristes étaient membres de la branche armée des Comités de Résistance Populaire (Sites Internet Paltoday et Qudsnet et télévision Al-Aqsa, 5 août 2012).

Tirs de roquettes

• Au cours de la semaine écoulée, les tirs sporadiques de roquettes sur les localités du Sud d'Israël se sont poursuivis. Cette semaine, deux engins se sont abattus en territoire israélien sans faire ni blessés ni dégâts.

Tirs de roquettes depuis début 2011^[1]

Violence "douce" aux points de friction

• Comme chaque semaine, des manifestations ont été organisées aux points de friction habituels en Judée-Samarie, notamment dans les villages de Bila'in, Nili'in et Nebi Saleh. Les manifestants ont lancé des pierres sur les forces de Tsahal, qui ont riposté dans plusieurs cas par des mesures anti-émeute. Par ailleurs, à plusieurs occasions, des pierres et des cocktails Molotov ont été lancés sur des véhicules civils et des véhicules des forces de sécurité.

Les services de sécurité du Hamas libèrent des activistes du jihad mondial

• L'administration de facto du Hamas a récemment libéré des terroristes de réseaux affiliés au jihad mondial :

• Des sources salafistes dans la bande de Gaza ont rapporté que les services de sécurité du Hamas ont libéré Abu Al-Hafs Al-Maqdisi, le responsable de l'Armée de la Nation. Il a été arrêté fin Juillet 2012 pour son rôle dans des tirs de roquettes en territoire israélien (PalPress, 5 août 2012). L'Armée de la Nation a dénoncé son arrestation et a exigé sa libération (Site Internet Shabakat Al-Umma, 28 juillet 2012). L'Armée de la Nation est un des réseaux opérant dans la bande de Gaza affiliés à Al-Qaïda et au jihad mondial.^[2]
• Le 2 août, des sources salafistes et des responsables d'un réseau appelé l'Unité d'Allah et le Jihad ont rapporté que le leader du groupe, Hisham Al-Saadeini (Abu Al-Walid Al-Maqdisi) avait été libéré d'une prison du Hamas. Les médias ont rapporté qu'il avait été libéré après intervention jordanienne et que sa libération avait été conditionnée à son transfert en Jordanie (Agence France Presse, 3 août et Al-Sharq Al-Awsat, 5 août 2012). Al-Saadeini a été arrêté par le Hamas en Mars 2011 pour avoir violé sa politique de retenue et pour son rôle dans une tentative d'attaque avec des chevaux au terminal de Karni en Juin 2009.^[3]

Appel de l'Autorité Palestinienne à l'Assemblée générale de l'ONU

• Mahmoud Abbasa déclaré que l'Autorité Palestinienne était déterminée à faire appel à l'Assemblée générale de l'ONU afin de faire passer son statut à celui d'État non-membre. Il a déclaré que "la mesure doit être prise", en dépit de l'échec du précédent appel au Conseil de sécurité en Septembre 2011. Il a précisé que 133 Etats avaient promis de voter en faveur de la proposition à l'Assemblée générale. Cependant, il a ajouté que l'appel ne contredisait pas la possibilité de reprendre les négociations avec Israël.
• Saeb Erekat, membre du Comité exécutif de l'OLP et responsable de l'équipe de pourparlers palestinienne, a déclaré que l'objectif de l'appel à l'ONU était principalement d'obtenir la reconnaissance légale à un Etat palestinien et d'ouvrir les portes des agences onusiennes aux représentants palestiniens (Agence France Presse, 1^er août 2012). Riyad Al-Maliki, le ministre palestinien des Affaires étrangères, a déclaré à l'occasion d'une conférence de presse organisée à Ramallah qu'aucune date n'avait encore été fixée et que l'appel dépendait du nombre de promesses de votes à l'Assemblée générale (Agence de presse Ma'an, 4 août 2012).

Annulation d'une rencontre extraordinaire de délégations du mouvement des non-alignés à Ramallah

• L'Autorité Palestinienne a organisé une réunion extraordinaire de délégations du mouvement des non-alignés^[4] dans le cadre duquel treize délégations d'États membres devaient se rendre à Ramallah par la Jordanie. La délégation algérienne a exprimé son soutien à la réunion, mais a annoncé qu'elle ne participerait pas parce qu'elle ne voulait pas de friction avec Israël (Agence de presse Ma'an, 4 août 2012).
• A l'arrivée des délégations au terminal d'Allenby, Israël a refusé l'entrée aux représentants de cinq pays qui ne reconnaissent pas l'existence de l'État d'Israël. Des responsables de l'Autorité Palestinienne ont qualifié la décision israélienne de "provocation" qui, ont-ils affirmé, vise à saboter la diplomatie palestinienne.L'Autorité Palestinienne a décidé de reporter la rencontre. La suggestion d'organiser la rencontre ailleurs, en Jordanie par exemple, n'a pas été acceptée parce que selon les organisateurs, l'organiser à Ramallah est "symboliquement important" (Agence de presse Ma'an, 4 août 2012).

Des activistes européens prévoient d'arriver en Judée-Samarie

• Des activistes du réseau Bienvenue en Palestine prévoient d'organiser un nouvel événement de propagande dans le cadre duquel des activistes se rendront en Jordanie du monde entier et essayeront d'entrer en Judée-Samarie via le Pont Allenby. Ils planifient d'arriver à Amman, la capitale jordanienne, le 26 août et de se rendre en Judée-Samarie le lendemain. Ils ont été appelés à se munir de caméras et ont reçu l'interdiction d'entrer en confrontation avec les forces israéliennes (Site Internet de la campagne, 31 juillet 2012).
• Selon le site Internet du réseau, plus de 100 activistes sont attendus en Jordanie. Le 25 juillet, les organisateurs ont été invités au ministère français des Affaires étrangères et ont été informés de "l’attachement de la France au principe de la liberté de circulation dans et vers  la Judée-Samarie" (Site Internet de l'initiative, 5 août 2012). Dans le passé, le réseau a organisé des protestations à l'aéroport Ben-Gourion en Juillet 2011 et en Avril 2012 qui ont été déjouées par Israël.