Pleins feux sur le jihad mondial (24-30 mars 2016)

Pleins feux sur le jihad mondial

Pleins feux sur le jihad mondial

Abd al-Rahman Mustafa al-Qaduli, haut responsable de l'Etat islamique, tué dans un raid aérien américain (Al-Bawaba News, 25 mars 2016)

Abd al-Rahman Mustafa al-Qaduli, haut responsable de l'Etat islamique, tué dans un raid aérien américain (Al-Bawaba News, 25 mars 2016)

Hélicoptères syriens à l'aéroport à Palmyre

Hélicoptères syriens à l'aéroport à Palmyre

Destruction à Palmyre, après la reprise de la ville (Télévision syrienne, 28 mars 2016)

Destruction à Palmyre, après la reprise de la ville (Télévision syrienne, 28 mars 2016)

L'armée irakienne se prépare à avancer vers Mossoul (Al-Jazeera, 26 mars 2016).

L'armée irakienne se prépare à avancer vers Mossoul (Al-Jazeera, 26 mars 2016).

Distribution de l'hebdomadaire Al-Naba de l'Etat islamique dans la ville de Mossoul.

Distribution de l'hebdomadaire Al-Naba de l'Etat islamique dans la ville de Mossoul.

Artisans traditionnels sur le marché de Mossoul (Akhbar Dawlat al-Islam, 26 mars 2016)

Artisans traditionnels sur le marché de Mossoul (Akhbar Dawlat al-Islam, 26 mars 2016)

Véhicule de l'armée égyptienne juste avant l'explosion d'un engin piégé.

Véhicule de l'armée égyptienne juste avant l'explosion d'un engin piégé.

Le feu et la fumée noire montent depuis le côté gauche du véhicule égyptien après l'explosion (Akhbar Dawlat al-Khilafah, 24 mars 2016).

Le feu et la fumée noire montent depuis le côté gauche du véhicule égyptien après l'explosion (Akhbar Dawlat al-Khilafah, 24 mars 2016).

Abu Khalifa al-Baljiki

Abu Khalifa al-Baljiki

Le terroriste de l'Etat islamique Abu Moujahid al-Baljiki (Akhbar Dawlat al-Islam, 25 mars 2016)

Le terroriste de l'Etat islamique Abu Moujahid al-Baljiki (Akhbar Dawlat al-Islam, 25 mars 2016)


Aperçu général

  • nLe 27 mars 2016, la ville de Palmyre, située au cœur du désert de Syrie, a été reprise par l'armée syrienne et les forces qui la soutiennent. La reprise de Palmyre est une réussite politique pour l'armée syrienne et la Russie, quilui fournit un appui aérien. La reprise de Palmyre donne à l'armée syrienne un bon point de départ pour attaquer davantage les zones centrales de l'Etat islamique à Deir al-Zor et Al-Raqqah, tout en réduisant la zone sous le contrôle de l'organisation et empêchant sa communication avec ses membres à Damas, Homs et dans le Sud de la Syrie.
  • nLe gouvernement belge a effectué cette semaine une série d'arrestations de membres de l'Etat islamique, dont certains étaient impliqués dans l'attaque terroriste de Bruxelles. L'organisation, de son côté, a lancé une campagne de propagande avec la participation de membres belges, visant, notamment à effrayer et terrifier les Belges et les Européens en général ("Nous envahirons Londres, Paris et Berlin, comme nous l'avons fait à Paris avant. Les partisans du califat sont déterminés que cela arrive bientôt"). Selon nous, face à l'augmentation de la pression dont il fait l'objet, l'Etat islamique va continuer à renforcer le terrorisme en Occident et dans les pays arabes et musulmans (la Turquie est dans le collimateur), et va poursuivre ses tentatives de prendre pied en dehors de la Syrie et de l'Irak (la Libye est une destination clé). 

 

Implications de la reprise de Palmyre

  • Le 27 mars 2016, la reprise de la ville de Palmyre a été achevée après trois semaines d'opération (pour plus de détails, voir ci-après). La conquête de la ville est une réalisation militaire et politique pour le régime syrien et pour la Russie, qui ont été prompts à lancer une campagne de propagande afin de récolter les bénéfices liés à leur image. Suite à la reprise de Palmyre et de ses environs, l'armée syrienne a étendu son emprise dans l'Est de la Syrie et a repris un carrefour important entre Deir al-Zor et Al-Raqqah, d'une part, et entre Homs et Damas de l'autre. La zone de Palmyrefournit à l'armée syrienne un bon point de départ pour poursuivre la pression militaire sur les zones centrales de l'Etat islamique à Deir al-Zor et Al-Raqqah (comme les porte-parole syriens l'ont annoncé). À l'avenir, la proximité de Palmyre avec les champs de pétrole et de gaz permettra au régime syrien d'en reprendre le contrôle. En outre, la reprise de la région de Palmyre perturbe la communication logistique et opérationnelle de l'Etat islamique avec ses forces à Damas, Homs et dans le Sud de la Syrie.
  • Du point de vue de la campagne globale contre l'Etat islamique, la reprise de Palmyre est la dernière d'une série de défaites subies par l'organisation depuis début 2015 : en Syrie, l'armée syrienne a réussi à établir son contrôle dans la région d'Alep alors que les forces kurdes ont capturé des villes clés de l'Etat islamique et se sontétablies le long de la frontière avec la Turquie et dans le Nord de la Syrie. En Irak, l'armée irakienne a repris Ramadi. A présent, elle cherche à étendre son contrôle dans la province d'Al-Anbar et se prépare à conquérir Mossoul. En outre, l'armée irakienne a repris laville pétrolière de Baiji, tandis que les forces kurdes ont repris la ville de Sinjar et ses environs. L'Etat islamique, de son côté, compte tenu de la pression dont il fait l'objet, continue de maintenir unestratégie de défense ce qui concerne les principaux secteurs de son régime à Mossoul et Al-Raqqah, mais le territoire sous son contrôle se rétrécit progressivement.
  • La réponse de l'Etat islamique à cette série de défaites est d'augmenter ses activités terroristes dans les pays arabes et occidentaux. Les principaux exemples sont les attaques terroristes menées au cours des derniers mois à Paris, Istanbul, Bruxelles et Bagdad, et l'interception d'un avion russe dans la péninsule du Sinaï. Ces attaques sont accompagnées d'une campagne médiatique, dont le but est de susciter la terreur et la peur, surtout parmi les habitants d'Europe de l'Ouest, et de renforcer l'attractivité de l'État islamique parmi les communautés musulmanes. Selon nous, plus l'Etat islamique souffre des coups sévères marqués en Irak et en Syrie, plus cela est susceptibled'augmenter sa motivation pour mener des attaques terroristes à l'étranger dans le but de dissuader ses ennemis et d'essayer de préserver son image d''organisation victorieuse et de principale organisation jihadiste.

L'accord de cessez-le-feu

  • L'accord de cessez-le-feu est entré dans sa cinquième semaine. L'accord continue d'être maintenu avec ses caractéristiques familières, à savoir, une diminution significative de l'intensité des affrontements, des violations locales et insignifiantes, et la poursuite des frappes aériennes contre l'Etat islamique et d'autres organisations qui ne sont pas incluses dans l'accord de trêve. Pendant la trêve, l'armée syrienne a mené une attaque qui a conduit à la prise de contrôle de Palmyre, qui n'était pas concernée par l'accord.
  • Les porte-parole des États-Unis et de la Russie ont continué de faire l'éloge du respect du cessez-le-feu :
  • Selon le commandant du centre de coordination de la base de Hmeymim, aucune violation importante du cessez-le-feu n'a été signalée cette semaine. Trente-huit violations ont été signalées dans les rapports quotidiens publiés par le ministère russe de la Défense, la semaine dernière, soit une moyenne de 7-8 par jour. Le nombre d'accords locaux de cessez-le-feu signés avec diverses organisations est toujours de 43 (Site Internet du ministère russe de la Défense, 28 mars 2016).
  • Lors d'une réunion entre le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, Kerry a déclaré que l'accord de cessez-le-feu en Syrie a conduit à une réduction de la violence dans le pays, ajoutant qu'il aspire à une nouvelle réduction, ainsi qu'à une augmentation du transfert de l'aide humanitaire en Syrie. Kerry a exprimé l'espoir que les réunions en Russie conduiront à une solution qui mettra un terme à la crise en Syrie (Reuters, 23 mars 2016).

Activités de la Russie et des Etats-Unis

  • Cette semaine, les frappes aériennes russes ont été focalisées sur le soutien à l'armée syrienne dans les batailles en vue de la conquête de la ville de Palmyre. La plupart des frappes aériennes effectuées par les États-Unis et leurs alliés ont été axées sur le soutien à l'armée irakienne dans les différentes zones de combat à l'intérieur et à l'extérieur de la Province d'Al-Anbar, et seul un petit nombre ont été effectuées en Syrie.
  • Le 25 mars 2016, le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a annoncé que plusieurs membres importants de l'Etat islamique ont été tués dans des frappes aériennes des États-Unis au cours de la semaine. Parmi les victimes figurent Imam Hajji, désigné par les Américains comme un des principaux commandants de l'Etat islamique, chargé du système économique de l'organisation terroriste ("ministre des finances"). Selon une source américaine, il a été tué par des tirs d'hélicoptère lors d'une opération des forces spéciales américaines, qui espéraient l'attraper vivant (Akhbar al-Aan, 25 mars 2016).
  • Selon d'autres rapports, le terroriste tué était Abd al-Rahman Mustafa al-Qaduli, d'origine turkmène, né en 1957 dans la région de Tal Afar, dans le Nord de l'Irak. Il était professeur de sciences physiques jusqu'à ce qu'il commence à prêcher dans les mosquées. En 1988, il s'est rendu en Afghanistan, où il a rencontré le leader d'Al-Qaïda Oussama ben Laden. Il est ensuite retourné en Irak et a combattu dans les rangs de l'organisation de Mus'ab al-Zarqawi après l'effondrement du régime de Saddam Hussein (France 24, Al-Bawaba News, 25 mars 2016). Sa mort est un autre coup porté au haut commandement de l'Etat islamique.

Principaux développements en Syrie

Reprise de Palmyre – Etat des lieux (exact au 30 mars 2016)
  • Le 25 mars 2016, suite à la conquête des secteurs clés dominant Palmyre, l'armée syrienne et les forces qui la soutiennent ont lancé une opération militaire visant à reprendre la ville. Après les combats, qui ont duré jusqu'au 27 mars 2016, l'armée syrienne a achevé sa reprise de la ville. Les images diffusées par la télévision syrienne montrent que la ville était déserte.[1] Suite à la reprise de la ville, l'armée syrienne a pris
  • le contrôle de l'aéroport au Sud-Est de Palmyre. Selon le Daily Telegraph, près de 80% des antiquités de Palmyre sont en bon état.Selon certains rapports, 400-450 membres de l'Etat islamique ont été tués pendant la bataille de Palmyre (RT; SOHR, 27 mars 2016). Les membres de l'organisation restants se sont retirés vers la ville du désert d'As-Sukhnah, située à environ 64 km à l'Est de Palmyre. La ville d'As-Sukhnah aurait été attaquée de l'air, entraînant la fuite de ses habitants (Syria Mubasher, 28 mars 2016). Au moins 180 soldats de l'armée syrienne ont été tués (SOHR, 27 mars 2016). Vingt membres du Hezbollah ont été tués, tous membres d'une unité d'élite qui a soutenu l'armée syrienne dans la bataille pour Palmyre (Okaz, 27 mars 2016).
  • À la fin de la reprise de Palmyre, les équipes d'ingénierie de l'armée syrienne ont désamorcé des mines et des engins explosifs improvisés posés par l'Etat islamique dans la ville et ses  environs. Les équipes d'ingénierie ont également désamorcé les mines et les engins explosifs improvisés laissés par l'organisation à l'aéroport, à l'Est de la ville. A l'aéroport, de grandes quantités d'armes ont été saisies et des tunnels utilisés par l'Etat islamique ont été découverts.Des ateliers de fabrication de roquettes, de mortiers et d'engins piégés ont été découverts dans les hangars de l'aéroport (Télévision syrienne, 27 mars 2016). Selon les rapports, dans les prochains jours, la Russie va envoyer à Palmyre des experts et du matériel pour le démantèlement des mines restantes (RT et télévision syrienne, 28 mars 2016).
Poursuite de la campagne de reprise d'Al-Qaryatayn
  • Avec la reprise de Palmyre, les forces de l'armée syrienne se sont dirigées vers la ville d'Al-Qaryatayn, au Sud-Ouest. Le 27 mars 2016, les forces de l'armée syrienne ont pris le contrôle de zones stratégiques à l'Ouest d'Al-Qaryatayn, après des affrontements avec les membres de l'Etat islamique. Les affrontements sont encore en cours dans la région d'Al-Qaryatayn et des avions russes ont attaqué des cibles de l'Etat islamique dans la ville. La reprise d'Al-Qaryatayn permettra à l'armée syrienne de maintenir une contiguïté territoriale entre la route Damas-Homs et la ville de Palmyre et d'établir son contrôle sur la région.
Premières réactions à la reprise de Palmyre
Syrie et Russie
  • Après la reprise de Palmyre, le régime syrien et la Russie ont été prompts à lancer une campagne de propagande dans le but de tirer parti de la réalisation militaire pour plébisciter des objectifs politiques. Ci-après quelques-unes des principales déclarations :
  • La reprise de Palmyre est la preuve de l'efficacité de la guerre du régime syrien contre le terrorisme.Elle contraste avec les maigres résultats et le "manque de sérieux" de la coalition internationale menée par les USA depuis sa création (Bashar Assad, parlant à une délégation française, agence de presse syrienne, 27 mars 2016). Bachar el-Assad a été cité par la télévision syrienne, disant que la reprise de Palmyre est une réalisation importante qui témoigne du succès de la stratégie de l'armée syrienne et de ses alliés dans la guerre contre le terrorisme.
  • Le chef d'état-major syriena publié une déclaration selon laquelle l'armée syrienne est la seule force qui peut lutter contre le terrorisme. Selon la déclaration, la reprise de Palmyre est un coup sérieux porté à l'Etat islamique et pourrait gravement nuire au moral de ses membres. L'armée syrienne, avec le soutien de l'armée de l'air russe, devrait poursuivre ses opérations contre l'Etat islamique et le Front Al-Nusra et élargir ses opérations militaires vers l'Est, vers Deir al-Zor et Al-Raqqah (Agence de presse syrienne, 27 mars 2016). Le ministre syrien de l'Information Omran al-Zoubi a déclaré que "la reprise de Palmyre ouvre la porte à une avancée vers des cibles supplémentaires, y compris Deir al-Zor et Al-Raqqah" (Télévision Al-Alam, 29 mars 2016).
  • Le porte-parole du Président Vladimir Poutinea cité l'appréciation de Bachar el-Assad du soutien aérien russe, sans laquelle la reprise de Palmyre n'aurait pas été possible (Spoutnik, 27 mars 2016). Selon le ministre russe de la Défense, à la veille de la reprise de Palmyre, l'armée de l'air russe a effectué 40 sorties, dont 158 ​​frappes aériennes dans et autour de la ville de Palmyre. En conséquence, selon le ministre de la Défense, plus de 100 membres de l'Etat islamique ont été tués et des armes et des munitions ont été détruites (RT, 26 mars 2016). Selon le ministère russe des Affaires étrangères, la Syrie considère la reprise de Palmyre comme une réelle opportunité de promouvoir le processus politique en Syrie.
L'Etat islamique
  • La machine de propagande de l'Etat islamique, qui ne se prononce généralement pas longuement sur les échecs de l'organisation, a tenté de compenser les dommages causés à son image suite à la reprise de Palmyre. Les canaux médiatiques de l'Etat islamique ont nié les rapports de la prise de contrôle de la ville, affirmant que les soldats du Califat ont réussi à bloquer l'armée syrienne. Ils ont souligné les nombreuses pertes subies par les forces syriennes et ont eu recours à la rhétorique véhémente contre les chiites, les infidèles et les "athées russes" participants à l'attaque.
Etats-Unis et Grande-Bretagne
  • Selon John Kirby, le porte-parole du ministère de la Défense des États-Unis, les États-Unis appuient la reprise de Palmyre, mais l'avenir du Président syrien est incertain. Le porte-parole du Foreign Office britannique a également salué la reprise de Palmyre, mais a ajouté que le régime syrien est responsable de la crise en Syrie.
Affrontements dans les autres provinces de Syrie
  • Dans les autres provinces de Syrie, y compris les provinces où le cessez-le-feu est appliqué et les zones où il ne l'est pas, les affrontements locaux ont continué entre les différentes forces, sans changement significatif sur le terrain :
  • La région d'Alep: Des affrontements ont eu lieu dans la ville entre l'armée syrienne et les forces rebelles dans la région de la base militaire de Hananu au Nord de la citadelle d'Alep, dans l'ancienne ville d'Alep. Dans la zone rurale au Nord d'Alep, les combats ont continué entre les membres de l'Etat islamique et les organisations rebelles. Dans la région de Jarabulus, des affrontements ont eu lieu entre des membres de l'Etat islamique et les Kurdes. L'armée turque aurait attaqué des cibles kurdes au Nord d'Alep.
  • La zone de Deir al-Zor: Dans le quartier d'Al-Sina'ah au Sud de Deir al Zor, des affrontements ont opposé des membres de l'Etat islamique à l'armée syrienne.
  • Le Sud du plateau du Golan syrien: Les affrontements ont continué entre les forces rebelles, y  compris le Front Al-Nusra, et des Brigades des Martyrs d'Al-Yarmouk, affiliées à l'Etat islamique. Les combats sont toujours en cours. Les Brigades des Martyrs d'Al-Yarmouk ont annoncé la mort d'Abu Hadi al-Nabulsi, un commandant militaire de la brigade, dans des affrontements avec le Front Al-Nusra (Khatwa; Suriyati, 24 mars 2016).

Principaux développements en Irak

La province d'Al-Anbar
Hit
  • L'opération pour la libération de la ville de Hit continue. La ville est située sur la rive Ouest de l'Euphrate, à environ 70 km au Nord-Ouest de Ramadi. L'armée irakienne, avec le soutien de tribus locales, encercle la ville, qui est contrôlée par l'Etat islamique. Le 26 mars 2016, l'armée irakienne a achevé la reprise de la ville de Kabisa, située à l'Est de la ville. L'armée irakienne a reçu le soutien aérien des États-Unis et des pays de la coalition (Fars News; Hamrin, 27 mars 2016).
Ramadi
  • Un membre important de la branche information de l'Etat islamique aurait été tué dans un raid aérien à l'Est de la ville de Ramadi (Sky News, 26 mars 2016). Le responsable des armes et des explosifs de l'organisation aurait également été tué dans le raid aérien (Télévision Al-Alam, 26 mars 2016).
La ville de Mossoul
  • Des avions de la coalition auraient attaqué l'Université de Mossoul, détruisant des entrepôts de l'Etat islamique situés à l'intérieur de tunnels dans les locaux de l'université. Après la frappe aérienne, l'Etat islamique a commencé à évacuer ses membres et de l'équipement entreposé sur place pour les transférer vers un autre emplacement (Al-Sabah, 23 mars 2016).
  • Le 24 mars 2016, l'armée irakienne a annoncé le lancement d'une opération de libération de la province de Ninive et de la ville de Mossoul des mains de l'Etat islamique. L'armée irakienne a agi avec le soutien de l'armée de l'air américaine et des peshmergas kurdes. Les batailles auraient lieu au Sud-Est de Mossoul. La ville de Makhmur, à environ 70 km au Sud-Est de la ville de Mossoul, sert de base aux forces irakiennes (Al-Jazeera, 24-27 mars 2016).
  • Selon les rapports des médias arabes, l'Etat islamique mènerait des exécutions de masse dans la ville de Mossoul, et des milliers de ses habitants fuient les champs de bataille de la Province de Ninive (Akhbar Alan, 28 mars 2016). En réponse, les canaux médiatiques de l'Etat islamique ont affirmé que la vie quotidienne dans la ville de Mossoul se déroulait normalement et ont publié des photos visant à renforcer ce message (Akhbar Dawlat al-Islam, 26 mars 2016).
La zone située au Sud de Bagdad
  • Le 25 mars 2016, un terroriste suicide de l'Etat islamique s'est fait exploser sur un stade de football dans la ville d'Al-Iskandariya, à environ 70 km au Sud de Bagdad. Au moins 29 personnes ont été tuées dans l'attaque et environ 60 autres ont été blessées. L'Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l'attaque (BBC en arabe, agence de presse Aamaq, 25 mars 2016). La ville d'Al-Iskandariya a une population d'environ 320.000 habitants, principalement des tribus sunnites. L'attaque a apparemment été effectuée en raison de l'enrôlement de nombreux locaux dans les forces de sécurité irakiennes (Uruba, 28 mars 2016).

L'Egypte et la péninsule du Sinaï

  • Au cours de la semaine, les forces de sécurité égyptiennes ont poursuivi leurs activités intensives contre la Province du Sinaï de l'Etat islamique dans les régions de Cheikh Zoweid, Al-Arish et Rafah. Dans le même le temps, les membres de l'Etat islamique ont poursuivi leurs activités de guérilla contre les forces de sécurité égyptiennes, principalement en posant des engins explosifs improvisés. Ci-après les principaux incidents :
  • Selon un rapport du 26 mars 2016, l'armée égyptienne a tué sept terroristes dans un échange de tirs au Sud de Cheikh Zoweid. De plus, 10 terroristes ont été tués dans un raid aérien égyptien (Al-Masry al-Youm, 26 mars 2016).
  • Selon un rapport du 25 mars 2016, 60 terroristes de l'Etat islamique ont été tués et 40 autres ont été blessés dans des frappes aériennes dirigées contre plus de 50 cibles (maisons et cabanes) au Sud de Cheikh Zoweid et de Rafah (Al-Masry al-Youm, 25 mars 2016).
  • Le 24 mars 2016, la Province du Sinaï de l'Etat islamique a annoncé que ses membres avaient fait exploser un engin explosif improvisé contre un véhicule de déminage de l'armée égyptienne. L'explosion a eu lieu sur la route principale entre Al-Arish et Rafah (Akhbar Dawlat al-Khilafah, 24 mars 2016).
  • Le 27 mars 2016, les forces de sécurité égyptiennes ont effectué des patrouilles dans le Nord du Sinaï, au cours de laquelle 20 terroristes ont été arrêtés, plus de 100 personnes tuées et une grande quantité de matériel détruit (Al-Masry al-Youm, 27 mars 2016).

Le jihad mondial dans d'autres pays

Turquie
  • Suite à l'attaque d'Istanbul, les forces de sécurité turques ont arrêté des membres de l'Etat islamique. L'agence de presse Sky News a signalé (29 mars 2016) que six membres de l'organisation avaient été arrêtés il y a une semaine dans la ville de Gaziantep, en Turquie orientale. Leur interrogatoire a révélé que l'Etat islamique avait l'intention de mener des attaques dans des centres de jeunesse, des écoles et des jardins d'enfants de la communauté juive en Turquie. L'une des cibles possibles était le complexe de la synagogue de Buyoglu à Istanbul, qui comprend également un centre scolaire et communautaire. Selon des sources des services de renseignement, il s'agit d'une menace réelle et imminente, et les autorités turques ont intensifié leurs mesures de sécurité afin de la contrecarrer. La synagogue mentionnée dans le rapport est la principale synagogue d'Istanbul (Neve Shalom), qui a déjà été la cible d'attaques dans le passé.[2]
  • Le Bureau israélien contre le terrorisme a émis un avertissement de voyage pour la Turquie, déclarant que "la menace de nouvelles attaques par des éléments terroristes a augmenté, avec un accent sur l'État islamique, sur des cibles touristiques, y compris les touristes israéliens". La recommandation du Bureau contre le terrorisme est "de ne pas visiter le pays et [ceux qui y séjournent actuellement doivent le] quitter le plus tôt possible" (Site Internet du Bureau israélien de sécurité, 28 mars 2016).

Libye

Sabratah
  • La ville de Sabratah est située à l'Ouest de Tripoli. L'Etat islamique y est présent mais ne la contrôle pas. Dans le passé, des Tunisiens ayant commis des attaques terroristes en Tunisie ont été formés dans des camps de l'Etat islamique dans la ville. Selon un récent rapport du Conseil de sécurité des Nations unies réalisé par une équipe d'experts sur la Libye, en Décembre 2015, l'Etat islamique a conclu un accord avec la municipalité de Sabratah. Selon l'accord, les membres de l'organisation s'abstiennent de paraître en public dans la ville et, en retour, la municipalité ferme l'œil sur leur présence dans la ville. L'accord a été conclu après la publication de photos montrant une démonstration de force organisée par l'Etat islamique à Sabratah. Le maire de Sabratah n'a pas tardé à nier le rapport (Portail Al-Wasat, alarabiya.net, diwanfm, 26 décembre 2015).
Yémen
  • Cette semaine, trois voitures piégées ont explosé à un point de contrôle dans la ville d'Aden. L'attaque a tué 22 personnes, dont 10 civils (AFP, 25 mars 2016). L'Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l'attaque (Conflit News, 25 mars 2016).

Les activités de contrebande

Campagne de propagande de l'Etat islamique suite aux attaques terroristes de Bruxelles
  • Après les attentats terroristes de Bruxelles, l'Etat islamique a lancé une campagne de propagande destinée à susciter la terreur et la peur parmi les habitants de la  Belgique et les Européens en général, et à renforcer l'attractivité de l'État islamique. La campagne de propagande montre des membres de l'Etat islamique d'origine belge. Ci-après quelques exemples :
  • L'Institut d'information Al-Battaraffilié à l'Etat islamique a publié une vidéo glorifiant les attaques terroristes de Bruxelles. Dans un premier temps, la vidéo passe en revue les attaques, sur la base des médias occidentaux. L'organisation explique ensuite que les attaques ont été menées en raison du rôle de la Belgique dans les frappes aériennes de la coalition, qui ont coûté la vie à des musulmans en Irak et en Syrie et ont détruit des mosquées et des écoles. Dans la vidéo, l'Etat islamique invite son public à lutter contre les "croisés" (cf., les chrétiens), les infidèles de l'Islam (Isdarat, 24 mars 2016).
  • Le 27 mars 2016, la Province d'Al-Raqqah de l'Etat islamique en Syrie a publié une vidéo dans laquelle les habitants d'Al-Raqqah expriment leur satisfaction suite aux attaques terroristes de Bruxelles, notant que les attaques de Bruxelles sont le résultat des frappes aériennes de la coalition internationale contre les villes musulmanes. La vidéo présente notamment un membre de l'Etat islamique d'origine belge, appelé Abu Khalifa al-Baljiki (cf., le Belge), saluant la "bonne vie" à Al-Raqqah, au contraire de l'Europe, où les résidents vivent maintenant dans la peur (Akhbar Dawlat al-Islam, 27 mars 2016).
  • Le 25 mars 2016, la Province de Ninive de l'Etat islamique en Iraka publié une vidéo montrant deux ressortissants belges de l'organisation faisant référence aux attaques terroristes de Bruxelles. Le premier, présenté comme Abu Abdullah al-Baljiki, a exprimé sa sympathie pour les terroristes qui ont perpétré les attaques. Le second, appelé Abu Moujahid al-Baljiki, a menacé l'Occident, en disant "Vous êtes entrés dans l'ère de guerre, après quoi vous verrez le sang couler dans vos rues. [Les attaques de Bruxelles] ne sont que le début de votre cauchemar" (Akhbar Dawlat al-Islam, 25 mars 2016).
  • Après les attentats terroristes de Bruxelles, des comptes de médias sociaux ont publié des menaces destinées aux Belges et à l'Occident : "Bruxelles – nous sommes là. Ce qui est sur le point de se produire sera plus terrible, plus amer, pire, plus meurtrier et plus douloureux. O, esclaves de la croix…" (Masrawy, 22 mars 2016).
  • Le 25 mars 2016, l'Etat islamique a publié une vidéo en langue anglaise intitulée "Message des partisans du Califat à l'occident infidèle". La vidéo comprend une menace que la vengeance viendra. Elle présente la simulation d'un raid aérien sur Paris et une menace verbale contre les "croisés": "Nous allons envahir Londres, Bruxelles et Berlin, comme nous l'avons fait à Paris avant ". Le narrateur ajoute: "Nous allons venir vers vous et vous terrifier partout. Nous allons venir vers vous là où vous ne nous attendez pas et remplir vos rues de sang" (Akhbar Dawlat al-Islam, 25 mars 2016).

[1]Selon le site Al-Bawaba News, avant l'occupation de Palmyre par l'Etat islamique, la ville abritait environ 50 000 habitants. Pendant l'occupation par l'Etat islamique, ce nombre a chuté à 15 000.
[2]Le 6 septembre 1986, une attaque a été commise contre la synagogue Neve Shalom où 21 Juifs qui assistaient à l'office du shabbat ont été tués. Le 15 octobre 2003, des attaques terroristes ont été effectuées contre la synagogue Neve Shalom et une autre synagogue d'Istanbul (Beth Israel). Les deux attaques ont fait 18 morts, dont des fidèles et des passants.