Pleins feux sur le jihad mondial (2–8 novembre 2017)

Qasem Soleimani, commandant de la force Qods des Gardiens de la Révolution, rend visite à des membres de la Brigade al-Baqir à Deir al-Zor (Arabi 21, 5 novembre ; vedeng, 6 novembre 2017)

Qasem Soleimani, commandant de la force Qods des Gardiens de la Révolution, rend visite à des membres de la Brigade al-Baqir à Deir al-Zor (Arabi 21, 5 novembre ; vedeng, 6 novembre 2017)

Soldats de l'armée syrienne arborant des drapeaux syriens et les fusils après avoir repris le contrôle de Deir al-Zor.

Soldats de l'armée syrienne arborant des drapeaux syriens et les fusils après avoir repris le contrôle de Deir al-Zor.

Scène de l'explosion de la voiture piégée à Deir al-Zor (Télévision syrienne, 5 novembre 2017)

Scène de l'explosion de la voiture piégée à Deir al-Zor (Télévision syrienne, 5 novembre 2017)

Les cercueils des 16 victimes de l'attentat à la voiture piégée dans le village druze de Hader (Compte Twitter lamloma lamloma@3, 5 novembre 2017)

Les cercueils des 16 victimes de l'attentat à la voiture piégée dans le village druze de Hader (Compte Twitter lamloma lamloma@3, 5 novembre 2017)

Principaux événements de la semaine
  • La conquête des régions contrôlées par l’État islamique est dans son dernier tournant. Abu Kamal, le dernier bastion de l’organisation, est actuellement sous la pression combinée de l’armée syrienne, des milices chiites, des membres du Hezbollah et des FDS qui avancent vers la ville des deux côtés de l’Euphrate. L’attaque sur Abu Kamal est menée avec le soutien intensif de l’armée de l’air russe. Les premières forces des milices chiites et du Hezbollah sont apparemment à quelques dizaines de kilomètres d’Abu Kamal. Toutes les forces, et les pays derrière eux, veulent faire partie de la victoire finale à Abu Kamal, qui implique la fin de l’existence de l’État islamique en Syrie. Pour cette raison, Qasem Soleimani, le commandant de la force Qods des Gardiens de la Révolution iranienne, s’est rendu à Deir al-Zor et a été pris en photo avec les combattants des milices chiites affiliées à l’Iran, en dépit de la mort de son père.
  • Les événements d’importance stratégique en Syrie ont été éclipsés cette semaine par les incidents locaux dans le Nord du Golan. Le 3 novembre 2017, les forces rebelles dirigées par le Siège de Libération d’al-Sham (à l’origine le Front al-Nusra, affilié à al-Qaïda), ont lancé une offensive visant à ouvrir une voie de ravitaillement pour les rebelles assiégés dans l’enclave de Beit Djinn. Après plusieurs heures d’affrontements, l’armée syrienne et ses milices ont stoppé l’attaque et ont rétabli le statu quo ante. Selon un rapport, les affrontements ont repris le 6 novembre 2017. Au cours de l’attaque, un membre du Siège de Libération d’al-Sham a fait exploser une voiture piégée dans le village druze de Hader. L’explosion a tué 16 habitants, certains ayant des parents vivant en Israël. En réponse, Tsahal a déclaré dans les médias israéliens qu’Israël défendrait Hader au vu de son engagement envers la population druze d’Israël.
  • Suite à l’attaque des organisations rebelles, il n’y a pas eu de changement de la situation sur le terrain. On peut donc s’attendre à ce que d’autres tentatives soient menées par des groupes rivaux de conquérir du territoire dans le Nord du Golan après l’effondrement de l’État islamique. Les forces rebelles, en particulier le Siège de Libération d’al-Sham, sont susceptibles de faire une autre tentative pour ouvrir une route logistique pour leurs membres dans l’enclave de Beit Djinn. D’autre part, l’armée syrienne et ses forces, lorsqu’elles n’auront plus à se battre dans l’Est de la Syrie, sont susceptibles d’essayer d’occuper les enclaves rebelles à Beit Djinn et sur le Nord du plateau du Golan. Dans tous les cas, les Druzes du village de Hader, qui sont ouvertement affiliés au régime syrien et ne sont pas pro-Israël, sont susceptibles de se trouver pris dans une zone de combat entre les deux côtés, ce qui pose un dilemme à Israël.
L’implication des Etats-Unis et des pays de la coalition
  • Le Colonel Ryan Dillon, le porte-parole de la coalition internationale contre l’Etat islamique, a accordé une interview téléphonique à l’agence de presse russe Spoutnik. Il a affirmé que des armes chimiques ont été utilisées pour la première fois par l’Etat islamique en Irak et en Syrie et que les forces de la coalition ont détruit ces armes. Il a également déclaré que, dans plusieurs cas, des lanceurs RPG et des mortiers contenant des substances chimiques ont été trouvés. Des stocks de produits chimiques ont également été trouvés, la plupart industriels, pouvant être utilisés pour fabriquer des armes
  • Le Colonel Dillon a ajouté que les territoires en Syrie sous contrôle de l’Etat islamique se sont rétrécis et que la communication entre les forces affiliées à la Russie et aux États-Unis s’est considérablement améliorée et qu’elles coordonnent leurs opérations aériennes et terrestres. Par ailleurs, des pourparlers de haut niveau ont également lieu. Au sujet des prochaines mesures prises par la coalition, il a dit que les forces [cf., les FDS] prévoient de lancer une attaque dans la région d’Abu Kamal, le dernier bastion de l’Etat islamique en Syrie (Spoutnik, 28 octobre 2017).
  • Selon le journal libanais affilié au Hezbollah Al-Akhbar, un émissaire américain en Syrie a indiqué que les opérations des États-Unis en Syrie sont exclusivement limitées à la prestation de conseils et à la lutte contre l’Etat islamique. Il a souligné que les États-Unis n’ont pas intérêt à maintenir une présence en Syrie après la défaite de l’Etat islamique, et n’ont pas fait de telles promesses à aucun groupe d’opposition en Syrie (al-Akhbar, 3 novembre 2017).
Principaux développements en Syrie
Aperçu général
  • A l’heure actuelle, la répartition des sphères d’influence est en cours en Syrie, pour l’ère qui suivra l’effondrement de l’État islamique. D’après une carte publiée par Nors, un institut syrien de recherche, qui est cohérente avec la situation sur le terrain que nous connaissons, la situation se présente comme suit :
    • L’armée syrienne et ses forces contrôlent la plus grande partie du territoire de l’Euphrate à l’Est jusqu’à Lattaquié à l’Ouest et à Dara au Sud. Les principales villes syriennes sont sous leur contrôle.
    • Les organisations rebelles, dont le Siège de Libération d’al-Sham, contrôlent une grande partie de la région d’Idlib. Elles contrôlent également les enclaves dans les hauteurs du Golan, la région au Nord-Est de Damas et une région près de la frontière syro-jordanienne (région d’Al Tanf).
    • L’Etat islamique contrôle la ville d’Abu Kamal, qui est maintenant la cible d’une offensive syrienne. Les membres de l’Etat islamique se sont enfuis dans le désert à l’Ouest et au Nord de l’Euphrate.
    • Les forces kurdes contrôlent le Nord-Est de la Syrie à l’Est de l’Euphrate, à l’exception d’une bande de terre le long de la frontière syro-irakienne, qui est peut-être encore sous le contrôle de l’Etat islamique.
    • Les forces des FDS contrôlent l’Ouest de l’Euphrate dans la région de la ville de Manbij, qu’elles ont repris avec l’appui des Américains.
    • Les organisations rebelles affiliées aux États-Unis sont situées dans la région d’Al-Tanf, près de la frontière jordanienne. Leur influence sur les événements en Syrie est marginale. Elles ne semblent pas être en mesure de survivre ou de maintenir une présence dans la région.
La région de Deir al-Zor
  • Le régime syrien a annoncé l’achèvement de la libération de la ville de Deir al-Zor de l’Etat islamique (jusqu’à présent, les forces syriennes ont pris le contrôle d’environ 80 % du territoire). Le chef d’état-major syrien a annoncé que le rétablissement de la sécurité et de la stabilité à Deir al-Zor était la dernière étape de l’élimination définitive de la présence de l’Etat islamique en Syrie (SANA, 3 novembre 2017). Cependant, même après l’annonce, des membres de l’organisation sont encore présents dans plusieurs quartiers de la ville. Les forces syriennes les recherchent et afin de nettoyer la ville des restes de l’Etat islamique
 Soldats de l'armée syrienne en patrouille dans Deir al-Zor (Butulat al-Jaish al-Suri, 4 novembre 2017)   Soldats de l'armée syrienne arborant des drapeaux syriens et les fusils après avoir repris le contrôle de Deir al-Zor.
Droite : Soldats de l’armée syrienne arborant des drapeaux syriens et les fusils après avoir repris le contrôle de Deir al-Zor. Gauche : Soldats de l’armée syrienne en patrouille dans Deir al-Zor (Butulat al-Jaish al-Suri, 4 novembre 2017)
  • Après avoir pris le contrôle de Deir al-Zor, les Syriens, avec le soutien de la Russie, ont commencé à nettoyer la ville de la présence de l’Etat islamique. Une unité de génie syrien a passé au peigne fin les quartiers et les places de la ville afin de neutraliser les mines, les engins piégés et les voitures piégées laissés par les membres de l’Etat islamique (Agence de presse syrienne, 5 novembre 2017). Le centre de coordination russe en Syrie a indiqué que des officiers russes ont fouillé de vastes régions de la ville et de ses banlieues et retiré 275 engins piégés (TASS, 2 novembre 2017). Selon les rapports, de grandes quantités d’armes, des chars, des voitures piégées et des ateliers de fabrication d’armes auraient été trouvés. Il a également été signalé que des substances chimiques pouvant être activées au cours des combats ont été trouvées (Télévision syrienne et agence de presse syrienne, 5 novembre 2017).
  • Selon des rapports, au cours des combats dans la région de Deir al-Zor, l’Etat islamique a subi de lourdes pertes, y compris des officiers et des combattants étrangers. Il a aussi perdu des armes, de l’équipement et des entrepôts d’armes et de munitions. L’organisation a déposé des milliers de mines et d’engins piégés dans les rues de la ville et dans des maisons pour retarder l’avancée de l’armée syrienne (SANA, 3 novembre 2017).
Armes de l'Etat islamique saisies par l'armée syrienne à Deir al-Zor (Télévision syrienne, 5 novembre 2017)    Armes de l'Etat islamique saisies par l'armée syrienne à Deir al-Zor (Télévision syrienne, 5 novembre 2017)
Armes de l’Etat islamique saisies par l’armée syrienne à Deir al-Zor (Télévision syrienne, 5 novembre 2017)
Avancée des forces vers Abu Kamal
  • Trois forces progressent actuellement vers Abu Kamal, le dernier bastion de l’État islamique en Syrie : l’armée syrienne, avec l’appui intensif de l’armée de l’air russe, avance le long du côté Ouest de l’Euphrate et est maintenant entre al-Mayadeen et Abu Kamal ; les forces des FDS, appuyées par les Etats-Unis, avancent vers Abu Kamal, du côté Est de l’Euphrate ; le Hezbollah et les milices chiites (appartenant à la Brigade Fatemiyoun afghane et à la Brigade al-Baqir créée en Syrie) avancent depuis le Sud-Est, à partir de la région du champ de pétrole T2. Selon un rapport iranien et un site Internet affilié au régime syrien, ces forces auraient saisi une bande de terre de l’Etat islamique le long de la frontière syro-irakienne et sont en ce moment à environ 30 kilomètres de la banlieue Sud d’Abu Kamal (Site Internet Murasiloun Tasnim, 5 novembre 2017).

Deux véhicules blindés à l'Est du champ de pétrole T2 près de la frontière syro-irakienne (D'une vidéo produite par l'Institut d'information de combat de l'armée syrienne, publiée sur le site Internet Murasiloun, 4 novembre 2017)
Deux véhicules blindés à l’Est du champ de pétrole T2 près de la frontière syro-irakienne (D’une vidéo produite par l’Institut d’information de combat de l’armée syrienne, publiée sur le site Internet Murasiloun, 4 novembre 2017)

  • Les médias syriens affiliés au régime de Bachar el-Assad ont publié des photos de Qasem Soleimani, le commandant de la force Qods des Gardiens de la Révolution iranienne, lors d’une visite à Deir al-Zor, à la fin de la semaine dernière. Selon les rapports, il a rencontré des membres de la Brigade al-Baqir, une milice chiite soutenue par l’Iran (Arabi 21, 5 novembre 2017). Sa visite illustre la volonté de l’Iran d’être un facteur clé dans la formation de la situation le long de la frontière syro-irakienne après la chute d’Abu Kamal et l’effondrement de l’État islamique.
  • La Brigade al-Baqir est une milice chiite qui soutient le régime d’Assad et est affiliée à l’Iran. Elle a été créée en 2014 et est composée d’environ 200 Syriens d’Alep (enabbaladi.net, 31 octobre 2016). Selon les rapports, la milice aurait été créée avec la participation de Qasem Soleimani, commandant de la force Qods, pour combattre dans la campagne d’Alep. Ses membres ont été formés par les Gardiens de la Révolution iranienne. Le commandant de la milice est Haj Khaled, alias Abu Hussein. Haj Khaled a été photographié en 2016 avec Qasem Soleimani (rojavanews, 31 juillet 2016). Au cours d’une visite en Syrie en Juillet 2017, Qasem Soleimani a visité la région au Sud de Deir al-Zor et a rencontré Khaled Haj et des membres de la Brigade al-Baqir (syrianpc.com, 8 juillet 2017).
Le soutien russe
  • Le ministère russe de la Défense a indiqué qu’en prévision de l’offensive terrestre à Abu Kamal, des avions à long rayon d’action et des forces navales russes déployées dans la mer Méditerranée ont mené une attaque massive contre des objectifs de l’Etat islamique pendant trois jours. D’après le ministère de la Défense, au moins six bombardiers stratégiques Tu-22M3 et deux sous-marins furtifs (Kolpino et Veliki Novgorod) ont attaqué des cibles de l’Etat islamique près d’Abu Kamal. Ils ont effectué 18 attaques et tiré des missiles de croisière à partir de neuf sous-marins dans la mer Méditerranée à une distance de plus de 650 kilomètres. Les avions russes qui ont décollé de la base aérienne de Hmeimim en Syrie ont fourni une couverture aérienne aux bombardiers. Après les attaques, les bombardiers sont retournés à leur base en Russie. Les cibles touchées sont des bastions de l’Etat islamique, des armes, des munitions, des entrepôts, des groupes de membres et des centres de commandement importants (Site Internet du ministère russe de la Défense, 3 et 4 novembre 2017).
  • Le 4 novembre 2017, des bombardiers stratégiques Tu-22M3 ont de nouveau attaqué des cibles de l’Etat islamique, visant des entrepôts de munitions et d’armes de l’Etat islamique et des centres de commandement à Abu Kamal (en survolant l’espace aérien iranien et irakien). Les avions russes de la base aérienne de Hmeimim ont fourni une couverture aux bombardiers. Après l’attaque, les appareils sont retournés à leurs bases respectives (Site Internet du ministère russe de la Défense, 3 et 4 novembre 2017).
La réponse de l’Etat islamique
  • Au combat, les membres de l’Etat islamique n’ont pas montré de résistance organisée systématique aux forces syriennes dans et autour de Deir al-Zor. Le 4 novembre 2017, il a été signalé que plus de 100 personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées dans l‘explosion d’une voiture piégée de l’Etat islamique. L’attaque a eu lieu à un centre pour personnes expulsées de Deir al-Zor, situé sur la côte orientale de l’Euphrate (al-Mayadeen, 5 novembre 2017).
Les combats au Nord du Golan
  • Le 3 novembre 2017, les organisations rebelles dirigées par le Siège de Libération d’al-Sham (anciennement le Front al-Nusra) ont lancé une offensive terrestre sur le Hermon. Les organisations rebelles la considèrent comme une tentative de briser le siège de l’enclave de Beit Djinn et d’ouvrir une voie de ravitaillement pour leurs membres (Khutwa, 3 novembre ; Murasiloun, 4 novembre 2017). Dans le cadre de l’offensive, les rebelles ont attaqué la zone au Nord-Ouest du village druze de Hader, proche du régime d’Assad (voir carte). Après plusieurs heures d’affrontements, les forces affiliées au régime syrien ont stoppé l’attaque et ont repris le contrôle des positions qui étaient tombées aux mains des rebelles. Le 6 novembre 2017, il a été signalé que les affrontements avaient repris.
Les organisations rebelles dévoilent l’offensive et ses objectifs
  • Le 3 novembre 2017, la salle des opérations du Jebel al-Cheikh (Mt. Hermon) et un groupe appelé “l’Armée de Mahomet”[1]ont publié une annonce au sujet de la campagne et de ses objectifs. Selon l’annonce, l’objectif était d’améliorer la situation de leurs combattants à Beit Djinn, d’expulser “l’occupation” (cf., l’armée syrienne et ses partisans), de lever le siège et de libérer les détenus. L’annonce a appelé les villageois vivant près de Beit Djinn, surtout les habitants de Hader, à s’opposer au régime syrien et à retirer leurs fils hors des rangs des milices collaborant avec le régime syrien “dans son agression contre les faibles.” Selon l’annonce, les organisations rebelles n’ont pas l’intention de nuire aux habitants de Hader ou leurs biens (un mensonge, puisque la voiture piégée a explosé dans la région de Hader tuant 16 personnes).
L’attaque
  • Le 3 novembre 2017, les organisations rebelles, dirigées par le Siège de Libération d’al-Sham, ont attaqué plusieurs postes occupés par l’armée syrienne et ses milices à quelques kilomètres au Nord-Ouest de Hader. Les forces syriennes ont repoussé l’attaque et ont contre-attaqué, tuant des dizaines de membre du Siège de Libération d’al-Sham. L’un d’eux était Sa’il Hassan al-Ait, qui avait commandé l’attaque (Site Internet Murasiloun et Dimashq al-a’an, 4 novembre 2017). Après plusieurs heures d’affrontements, les forces qui soutiennent l’armée syrienne ont repoussé les organisations rebelles vers leurs positions d’avant l’attaque (Dimasq al-a’an, 3 novembre 2017).
  • Le 6 novembre 2017, il a été signalé que des affrontements avaient été renouvelés entre l’armée syrienne et les organisations rebelles le long de plusieurs routes dans la région de Hader. D’après les rapports, l’armée syrienne a tiré des tirs d’artillerie vers la zone de combat (Observatoire syrien des droits de l’homme, 6 novembre 2017).
Explosion d’une voiture piégée à Beit Djinn
  • Lors de l’attaque, des membres du Siège de Libération d’al-Sham ont fait exploser une voiture piégée dans le village druze de Hader, tuant 16 personnes. Le terroriste était Abu Abd al-Rahman al-Ansari, 17 ans, de Beit Djinn. En réponse, Tsahal a affirmé dans une déclaration qu’il était engagé envers la population druze et lutterait contre l’occupation du village (Haaretz, 3 novembre 2017).
 Abu Abd al-Rahman al-Ansari, le terroriste du Siège de Libération d'al-Sham, qui a fait exploser la voiture piégée dans le village de Hader (Compte Twitter Rose@alroser96, 4 novembre 2017)   Explosion d'une voiture piégée par le Siège de Libération d'al-Sham dans le village druze de Hader (Compte Twitter J.Alashkar@j, alashkar, 3 novembre 2017).
Droite : Explosion d’une voiture piégée par le Siège de Libération d’al-Sham dans le village druze de Hader (Compte Twitter J.Alashkar@j, alashkar, 3 novembre 2017). Gauche : Abu Abd al-Rahman al-Ansari, le terroriste du Siège de Libération d’al-Sham, qui a fait exploser la voiture piégée dans le village de Hader (Compte Twitter Rose@alroser96, 4 novembre 2017)

Les cercueils des 16 victimes de l'attentat à la voiture piégée dans le village druze de Hader (Compte Twitter lamloma lamloma@3, 5 novembre 2017)
Les cercueils des 16 victimes de l’attentat à la voiture piégée dans le village druze de Hader (Compte Twitter lamloma lamloma@3, 5 novembre 2017)

Pertes de l’armée syrienne et des rebelles et manifestation de soutien au régime syrien à Hader
  • Les médias syriens ont rapporté qu’au moins 20 soldats de l’armée syrienne et combattants des organisations rebelles ont été tués, dont trois officiers (Observatoire syrien des droits de l’homme, 6 novembre 2017). Selon un autre rapport, 15 résidents de Hader ont été tués au cours de la contre-attaque des forces syriennes contre les organisations terroristes (Youtube, basé sur l’annonce de l’Union des parties arabes, 3 novembre 2017).
  • Le 3 novembre 2017, une vidéo a été publiée montrant des Druzes manifestant à l’appui du régime syrien dans le village de Hader. Les émeutiers ont scandé des slogans saluant Bachar El Assad, tels que “Avec notre âme et le sang nous te rachèterons, ô Bachar” (Youtube SABEELable, 3 novembre 2017).
Principaux développements en Irak
Province d’al-Anbar
  • Le général Abd al-Amir Rashid Yar Allah, chef des opérations pour la libération de l’Ouest d’al-Anbar, a annoncé que les forces irakiennes ont repris le contrôle du champ de pétrole d’al-Qa’im. Le centre d’information militaire des forces de la Mobilisation populaire (milices chiites) a annoncé que les membres de l’Etat islamique, dont des combattants étrangers et leurs familles, ont fui vers la ville d’Abu Kamal du côté syrien de la frontière syro-irakienne (al-Jazeera, 4 novembre 2017). La région d’al-Qa’im était sous le contrôle de l’Etat islamique depuis plus de trois ans.
  • L’armée irakienne a annoncé que ses forces avaient aussi repris le contrôle du terminal de Husybah, au Nord-Ouest d’al-Qa’im (Compte Twitter de l’armée nationale irakienne, 3 novembre 2017). En outre, après la conquête d’al-Qa’im, l’armée irakienne se prépare à la conquête de Ra’wa, à l’Ouest d’al-Qa’im, pour achever la reprise des places fortes de l’Etat islamique dans la région (al-Sharq al-Awsat, 6 novembre 2017).

L'armée irakienne annonce la reprise du terminal de Husybah (Compte Twitter de l'armée nationale irakienne, 3 novembre 2017)
L’armée irakienne annonce la reprise du terminal de Husybah (Compte Twitter de l’armée nationale irakienne, 3 novembre 2017)

Activité de l’Etat islamique en Irak

  • Les membres de l’Etat islamique ont commis des actes de terrorisme et de guérilla dans divers endroits en Irak où il y a encore des réseaux opérationnels de l’organisation. Apparemment, après l’effondrement de l’État islamique, il y a eu une diminution de l’intensité des attaques :
    • Province de Diyala : Une escouade de plusieurs membres de l’Etat islamique a attaqué des positions de l’armée irakienne et des milices chiites au terminal d’al-Safra, au nord-est de Bagdad. L’Etat islamique a affirmé que plus de neuf combattants irakiens ont été tués dans les affrontements. Des membres de l’organisation ont fait exploser une bombe artisanale dans une attaque contre une colonne de véhicules de l’armée irakienne (Haq, 5 novembre 2017).
    • Le 4 novembre 2017, l’Etat islamique a annoncé que deux membres de la Mobilisation populaire (milices chiites soutenues par l’Iran) ont été tués dans l’explosion d’un engin piégé dans la ville d’al-Miqdadiya, au Nord-Est de Bagdad (Haq, 5 novembre 2017).
    • Province de Bagdad : Cinq civils ont été blessés dans l’explosion d’une bombe artisanale dans la région de Hur Rajab au Sud de Bagdad (al-Sumaria News, 4 novembre 2017).
L’Egypte et la Péninsule du Sinaï
Attaque contre les forces de sécurité égyptiennes déjouée
  • L’armée égyptienne a annoncé que ses forces avaient empêché une attaque de terroristes à un barrage des forces de sécurité égyptiennes dans le Nord de la péninsule du Sinaï. Six terroristes ont été tués et cinq blessés. L’armée de l’air égyptienne a appuyé les forces terrestres et détruit des véhicules et deux bâtiments où des membres se cachaient (Compte Twitter du porte-parole de l’armée égyptienne, 2 novembre 2017).
Activités de l’Etat islamique dans d’autres pays
Nouveaux détails sur l’attaque à la voiture bélier de New York[2]
  • Le 2 novembre 2017, l’Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l’attentat perpétré à New York. Le texte était différent des précédentes revendications de responsabilité, et a été publié après une période de temps relativement longue, plus de deux jours après l’attaque. Du point de vue de l’organisation, l’attaque était une réussite et pourrait être très utile à des fins de propagande (dans le passé, l’organisation a été prompte à revendiquer la responsabilité d’attaques, y compris celles ne pouvant assurément être prouvées comme ayant été effectuées par ses partisans). En outre, la réclamation de responsabilité a été publiée comme un article dans le magazine hebdomadaire de l’organisation al-Naba’, et non pas comme une annonce officielle dans le format utilisé habituellement par Amaq, l’agence de presse de l’organisation. [3]
  • Selon la revendication de responsabilité, un membre de l’Etat islamique a attaqué des “croisés” à New York près du mémorial des tours jumelles. L’article cite les rapports des médias affirmant que huit personnes ont été tuées et 12 blessées. Il prétend aussi que l’attaque a semé la panique aux États-Unis et a conduit à resserrer les contrôles de sécurité sur les immigrants qui entrent dans le pays. Cette attaque et d’autres, précise le texte, sont la réponse des membres de l’Etat islamique aux Etats-Unis et en Europe à l’appel à attaquer les citoyens des pays membres de la coalition internationale contre l’Etat islamique (al-Nabā’, 2 novembre 2017).
    Exemple de revendication de responsabilité de l'Etat islamique : le texte revendiquant la responsabilité de l'attaque sur le marché de Noël de Berlin, en 2016 (Aamaq, 20 décembre 2016)   La revendication de responsabilité de l'attaque à la voiture bélier de New York (Haq et site Internet de partage de fichiers, 4 novembre 2017).
    Droite : La revendication de responsabilité de l’attaque à la voiture bélier de New York (Haq et site Internet de partage de fichiers, 4 novembre 2017). 
    Gauche : Exemple de revendication de responsabilité de l’Etat islamique : le texte revendiquant la responsabilité de l’attaque sur le marché de Noël de Berlin, en 2016 (Aamaq, 20 décembre 2016)
  • La mise en accusation prononcée contre Sayfullo Habibullaevic Saïpov, le terroriste qui a mené l’attaque à la voiture bélier à New York, fourni des informations supplémentaires sur la façon dont l’attaque a été menée (New York Times, 1er novembre 2017).
  • Selon l’accusation, Sayfullo Saipov a commencé à planifier l’attaque il y a un an. Il y a deux mois, il a décidé d’utiliser un camion afin de causer un maximum de victimes. Il a loué le véhicule le 22 octobre 2017, pour s’entraîner à conduire autour de New York. Il a décidé d’attaquer le 31 octobre, durant la fête d’Halloween, parce qu’il pensait qu’il y aurait plus de personnes dans la rue en raison des vacances.
  • L’un des téléphones cellulaires récupérés dans le véhicule contenait plus de 90 vidéos qui semblent être liées à l’Etat islamique. Il y avait des images d’exécutions et des instructions pour fabriquer des engins explosifs improvisés. Saipov a été inspiré pour effectuer l’attaque par les vidéos qu’il regardait sur son téléphone cellulaire. Il s’est particulièrement inspiré d’une vidéo du leader de l’Etat islamique Abu Bakr al-Baghdadi, appelant les musulmans d’Amérique à répondre à l’assassinat de musulmans en Irak.
  • Un sac a été trouvé dans le camion contenant des couteaux, mais Saïpov n’a pas réussi à l’atteindre avant de sortir du véhicule (les couteaux peuvent indiquer qu’il prévoyait de commettre une attaque combinée comme, selon l’accusation, cela était préconisé dans un article dans la publication de l’Etat islamique, Rumiyah).
  • Saipov avait initialement prévu d’accrocher un drapeau de l’Etat islamique sur le camion.
  • Le FBI a annoncé l’arrestation de Mukhammadzoir Kadiron, un citoyen d’Ouzbékistan, qui était un ami de Sayfullo Saïpov et est soupçonné d’être impliqué dans l’attaque.
Attaque contre les forces de sécurité yéménites à Aden
  • Le 5 novembre 2017, l’Etat islamique a annoncé que 69 membres des forces de sécurité yéménites ont été tués dans une attaque de l’organisation à Aden. Au cours de la matinée, les membres de l’Etat islamique ont attaqué la brigade d’enquêtes criminelles du ministère de l’Intérieur du Yémen. Un terroriste suicide au volant d’une voiture piégée est arrivé par l’entrée principale pendant la parade du matin et a fait exploser le véhicule, tuant 29 personnes. Trois autres terroristes ont ensuite fait irruption dans le bâtiment et ont tué 21 policiers et employés de l’administration. Les forces de sécurité yéménites ont envoyé des renforts sur place. Dans l’affrontement qui a suivi, l’un des terroristes de l’Etat islamique a fait exploser une ceinture d’explosifs et a causé la mort et les blessures de plus de 30 membres des forces de sécurité yéménites. L’affrontement a duré environ 11 heures (Twitter, 5 novembre 2017).
Activités de propagande
L’Etat islamique publie une infographie résumant ses activités en Syrie durant l’année 1438 de l’Hégire
  • Le magazine hebdomadaire al-Naba’ de l’Etat islamique a publié une infographie résumant les activités de l’organisation entre le 2 octobre 2016 et le 20 septembre 2017 (Haq et site Internet de partage de fichiers, 4 novembre 2017). Selon l’infographie, au cours de l’année, l’organisation a mené 311 attaques suicide et détruit 831 véhicules. 11 182 victimes ont été signalées au sein de l’armée syrienne, des FDS et des forces rebelles. L’annonce précise le nombre de tués et blessés dans les différentes provinces syriennes.
  • L’annonce montre clairement l’écart croissant entre la réalité et la propagande de l’Etat islamique. Au moment où l’organisation se vante de ses succès contre l’armée syrienne et les FDS, des coups sévères lui ont été infligés, et l’État islamique a presque complètement disparu.

[1] Il s'agit vraisemblablement du Siège de Libération d'al-Sham, qui ne veut pas apparaître sous son vrai nom en raison de son affiliation à al-Qaïda, et a donc choisi le nom "Armée de Mahomet."
[2] Mise à jour des premiers rapports sur l'attaque de New York publiés dans notre bulletin du 26 octobre – 1er novembre 2017.
[3] A ce sujet, voir notre article (en anglais) du 15 août 2017 intitulé "Analysis of ISIS's Claims of Responsibility for Terrorist Attacks Carried Out Abroad"