Pleins feux sur le jihad mondial (22-28 février 2018)

Principaux événements

• L’objectif de la guerre en Syrie a été déplacé vers la région de l’Est de Ghouta (à l’Est de Damas), où les forces syriennes ont attaqué (avec l’appui de l’armée de l’air russe) afin d’éliminer la menace des rebelles sur la capitale syrienne. Les combats dans l’Est de Ghouta continuent même après la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies sur un cessez-le-feu général dans toute la Syrie et l’ordre du Président Poutine d’une “pause humanitaire” quotidienne.
• La réorientation des combats à l’est de Ghouta a donné un délai aux organisations rebelles dans la région d’Idlib, principalement au Siège de Libération d’Al-Sham. La pause a été utilisée par l’organisation pour faire des préparatifs sur le terrain pour l’attaque syrienne (prévue) sur Idlib. En même temps, les affrontements internes se sont poursuivis entre les organisations rebelles dans la région d’Idlib, affaiblissant le Siège de Libération d’Al-Sham.
• Dans diverses provinces de l’Irak, les forces de sécurité irakiennes continuent à exercer des pressions sur les réseaux de l’Etat islamique. Cette semaine, de nombreux membres de l’Etat islamique ont été tués et placés en détention et des armes ont été saisies. L’organisation a encore des difficultés à répondre de façon adéquate à l’activité irakienne.
• Selon les rapports des médias jordaniens, les renseignements généraux jordaniens ont démantelé un réseau de 17 membres de l’Etat islamique en Novembre 2017. Le réseau avait prévu de mener des attaques sur un certain nombre de cibles, y compris des hommes d’affaires israéliens qui rendent régulièrement visite à une usine de confection en Jordanie.

La Russie et les Etats-Unis

Arrivée de deux avions de combat en Syrie

• Selon les médias russes, deux avions de combat SU-57 ont atterri à la base de Hmeymim le 12 février 2018, ainsi que quatre Su-35s et un A-50. Le Su-57 est un avion de chasse furtif à deux moteurs, équipé de systèmes de missiles avancés de nouvelle génération (Wikipédia ; site Internet TV Zvezda, 11 août 2017). Une source du ministère russe de la Défense a déclaré que l’avion est arrivé dans le cadre d’une “mission pour tester les performances de l’avion dans des conditions réelles” (RBK, 22 février 2018). Des sources militaires russes ont déclaré que les avions n’ont pas participé aux combats en Syrie (Spoutnik, 26 février 2018).

Atteinte à un site russe dans la Ghouta orientale^[1]

• Selon un rapport publié par le Centre russe de réconciliation, “des groupes armés” opérant dans la région de l’Est de Ghouta ont ouvert le feu sur les secteurs résidentiels et des hôtels dans la banlieue de Damas. Le 20 février 2018, plus de 10 obus de mortier ont été tirés sur le Centre russe de réconciliation (Site Internet du ministère russe de la Défense, 20 février 2018). Selon une source proche du ministère russe de la Défense, les assaillants appartenaient au Siège de Libération d’Al-Sham et l’attaque a causé des dommages mineurs à l’infrastructure du Centre russe de réconciliation (Kommersant, 20 février 2018). À l’heure actuelle, on ignore si le Centre russe était la cible de l’attaque, ou s’il s’agit de dommages collatéraux.

Etats-Unis

• Daniel R. Coats, directeur du Renseignement National américain (DNI), a présenté un document sur l’évaluation des menaces globales. Le document estime que l’Etat islamique et Al-Qaïda continueront de constituer une menace pour les intérêts et les partenaires des Etats-Unis dans le monde. En ce qui concerne l’Etat islamique, l’estimation est que dans l’année à venir, l’organisation devrait se concentrer sur la réorganisation en Syrie et en Irak tout en renforçant sa présence internationale. L’affirmation de l’Etat islamique selon laquelle elle dispose de califats qui contrôlent la population est incorrecte. Cependant, l’organisation opère toujours en Irak et en Syrie, dans le cadre de sa stratégie à long terme de rétablir le califat. Selon le document, il est probable qu’elle continue de privilégier les attaques terroristes à l’étranger, parce que ses dirigeants pensent que si ces attaques continuent de dominer le discours public, il sera difficile pour la Coalition de la présenter comme une organisation défaite (Site Internet de la DNI, 13 février 2018).

Syrie

Les combats dans la Ghouta orientale

• Les combats en Syrie ont porté cette semaine sur l’Est de Ghouta, où les forces syriennes (avec l’appui de l’armée de l’air russe) ont effectué des frappes aériennes et des attaques terrestres afin d’éliminer la menace rebelle de Damas. Le 24 février 2018, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté à l’unanimité une résolution appelant à un cessez-le-feu général de 30 jours dans toute la Syrie. Selon la résolution, toutes les parties doivent permettre aux convois de l’ONU, sans entrave et en toute sécurité, d’avoir un accès durable à tous les secteurs. Le Conseil de sécurité a également appelé toutes les parties à lever le siège des zones peuplées comme l’est de Ghouta, le bassin du Yarmouk (contrôlé par l’Etat islamique, dans le Sud du plateau du Golan), Al-Fu’ah et Kafraya (deux villages chiites à environ 7 km au Nord-Est d’Idlib, assiégés par les organisations rebelles). Le Président Poutine a ordonné une pause humanitaire “quotidienne” pour permettre l’évacuation des civils souffrant de graves difficultés.
• La résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies note que le cessez-le-feu ne s’applique pas aux opérations militaires contre l’Etat islamique, Al-Qaïda, le Siège de Libération d’Al-Sham et d’autres organismes décrits par le Conseil de sécurité comme des “organisations terroristes” (Site officiel de l’ONU, 25 février 2018). L’exclusion de ces organisations de l’accord de cessez-le-feu donne de la légitimité au régime syrien (et à la Russie, qui le soutient) pour poursuivre l’activité militaire contre les organisations rebelles dans l’Est de Ghouta.

La campagne de reprise d’Idlib

• Le déplacement du site principal des combats à l’Est de Ghouta donne aux organisations rebelles, principalement au Siège de Libération d’Al-Sham, une accalmie temporaire dans la région d’Idlib. L’accalmie temporaire est mise à profit par les membres de l’organisation pour se préparer pour la défense contre les forces syriennes. Les préparatifs sur le terrain ont été concentrés sur la ville de Saraqib, à environ 16 km au Sud-Est d’Idlib. La ville est située à un carrefour important à proximité de la route reliant Alep-Damas-Hama. Les organisations rebelles ont bloqué les routes menant à Idlib avec des remblais de sable et de terre, ont placé des tireurs dans les secteurs dominant les routes principales et ont renforcé le contrôle sur les routes conduisant à Idlib (Butulat Al-Jaysh Al-Suri, 26 février 2018). D’autre part, les forces syriennes, qui ont fini de nettoyer la plupart de la zone à l’Est de la route Hama-Alep, ont arrêté leur avancée vers Alep pour l’heure, et porté leur attention sur les combats dans l’Est de Ghouta.
•  Dans l’intervalle, les affrontements internes entre les organisations rebelles dans la région d’Idlib continuent. Le Siège de Libération d’Al-Sham, qui est l’organisation dominante dans ce secteur, a transféré des véhicules blindés et des armes lourdes d’Idlib pour lutter contre le “Front de libération de la Syrie” (une organisation rebelle qui a été créée récemment par la fusion des organisations Ahrar Al-Sham et Nour Al-Din Al-Zenki). L’élément déclencheur de ce mouvement a été la reprise par l’organisation Ahrar Al-Sham d’un hangar appartenant au Siège de Libération d’Al-Sham près de la frontière turque, à environ 35 km au Nord d’Idlib (Page Facebook Furat Post, 27 février 2018).
• Selon un site internet d’information de l’opposition syrienne, l’Etat islamique a récemment envoyé un certain nombre de membres à la zone située au Sud de Damas. L’arrivée de ces membres a eu un effet sur les affrontements entre l’organisation et le Siège de Libération d’Al-Sham. L’un des nouveaux arrivants est Abu Ahmad al-Iraqi, chargé de la charia dans le Sud de Damas. En même temps, des membres de l’organisation au Sud de Damas ont reçu d’importantes sommes d’argent, permettant à l’organisation de payer des salaires, qui n’avaient récemment pas été versés (revospring.com, 21 février 2018).
• Un site Internet libanais d’informations et les médias syriens ont déclaré qu’un accord a été conclu entre le régime syrien et des membres du Siège de Libération d’Al-Sham sur l’évacuation des membres du camp de réfugiés de Yarmouk. Selon l’accord, les membres du Siège de Libération d’Al-Sham seront évacués vers le Nord de la Syrie (probablement dans la région d’Idlib). En retour, des dizaines de blessés (selon une autre version, 160 blessés et malades) seront évacués des villages chiites de Kafraya et d’Al-Fu’ah (environ 7 km au Nord-Est d’Idlib). Le Croissant Rouge supervisera la mise en œuvre de l’accord. En outre, selon l’accord, plusieurs membres des milices soutenant le régime syrien, qui sont actuellement détenus par le Siège de Libération d’Al-Sham, seront libérés. Les côtés doivent toujours discuter de la mise en œuvre de l’accord (Al-Modon, 21 février 2018 ; Khotwa Al-Durar Al-Shamiya, 25 février 2018).
• L’accord aurait été atteint environ une semaine après que des membres de l’organisation ont mené une attaque de grande envergure contre les positions du Siège de Libération d’Al-Sham au Nord-Ouest du camp de réfugiés de Yarmouk. Suite à cette attaque, les membres du Siège de Libération d’Al-Sham contrôlent maintenant un territoire limité dans la partie Nord-Ouest du camp de réfugiés, environ 5 %-15 % du camp (Al-Modon, 21 février 2018).

La zone d’Abu Kamal

• Dans la zone au Nord de la ville d’Abu Kamal, les affrontements se sont poursuivis entre membres de l’Etat islamique et forces des FDS. L’Etat islamique a publié plusieurs photos montrant un véhicule blindé attaquant une position des FDS à la périphérie du village d’Abou Al Hassan, à environ 20 km au Nord d’Abu Kamal.

Nord de la Syrie

• Quatre membres de l’Etat islamique se seraient échappés d’un centre de détention des FDS dans le Nord de la Syrie. Selon le rapport, des milliers de membres de l’Etat islamique, la plupart des Syriens, sont détenus dans des camps des FDS. En outre, environ 500 combattants étrangers de quarante pays différents sont également emprisonnés (Enab Baladi, 24 février 2018).

Plateau du Golan

• Le 24 février 2018, le centre d’information de l’armée syrienne a publié la vidéo d’une attaque de membres du Siège de Libération d’Al-Sham contre des positions de l’armée syrienne autour de Madinat Baas (environ 6 km au Nord-Est de la province). La vidéo montre des tirs de missiles sur un véhicule blindé appartenant au Siège de Libération d’Al-Sham (Chaîne Youtube Sana, 24 février 2018).

   
Droite : Missiles tirés par l’armée syrienne sr un véhicule blindé du Siège de Libération d’Al-Sham. Gauche : Le missile frappe le véhicule (Chaîne Youtube Sana, 24 février 2018)

•  Le 25 février 2018, des heurts ont été signalés entre les organisations rebelles et l’Armée de Khaled bin Al-Walid affiliée à l’Etat islamique, à divers endroits dans le Sud du plateau du Golan (Agence de presse Khotwa, 25 février 2018). Les organisations rebelles ont attaqué un barrage de l’Armée de Khaled bin Al-Walid autour du village d’Al-Ma. L’agence de presse Amaq de l’Etat islamique a signalé une tentative d’attaque d’une position de l’Armée de Khaled bin Al-Walid près du village de Jamla, à environ 2 km à l’Est de la frontière syro-israélienne (Enab Baladi, 26 février 2018).

Principaux développements en Irak

Activités des forces de sécurité irakiennes contre les réseaux de l’Etat islamique en Irak

• L’activité des forces de sécurité irakiennes contre les réseaux de l’Etat islamique s’est poursuivie dans tout l’Irak. Des membres de l’organisation ont été tués ou arrêtés, et de nombreuses armes ont été saisies. L’organisation a encore du mal à répondre de façon adéquate à l’activité des forces irakiennes. Ci-après les principaux incidents :
  • La ville de Mossoul : Mohammad al-Biyati, président du comité de la sécurité dans la province de Ninive, a déclaré qu’après un effort de collecte de renseignements, 80 membres de l’Etat islamique et environ 170 personnes soupçonnées d’être affiliées à l’organisation ont été détenus au cours des dernières semaines. Les détenus ont été interrogés dans des centres de sécurité, et la plupart ont été jugés (Agence de presse irakienne, 25 février 2018).
  • Tal Afar (Nord-Ouest de Mossoul) : Le personnel du renseignement militaire de la 15e division de l’armée irakienne a découvert une cache d’explosifs de l’Etat islamique dans la zone de Tal Afar (environ 68 km à l’Ouest de Mossoul). Selon eux, le contenu de la cachette recelait 15 ceintures explosives, 12 engins piégés 9 roquettes antichar de type RPG-7, quatre détonateurs pour ceintures explosives et engins piégés, deux grenades et un missile anti-char. Les armes ont été détruites par l’armée irakienne (Al-Sumaria News, 22 février 2018).
  • Province de Diyala : Le général Mazhar al-Azzawi, le commandant des opérations de la province de Diyala, a indiqué que le commandant de la province de Diyala de l’Etat islamique avait été tué dans un bombardement dans la zone de Halawiya (environ 110 km au Nord-Est d’Aquba). Al-Azzawi a noté que l’organisation avait perdu plusieurs de ses commandants dans des frappes aériennes de l’armée de l’air irakienne, grâce, selon lui, aux renseignements des forces irakiennes (Al-Sumaria News, 23 février 2018).
  • Al-Qaim (frontière irako-syrienne) : La Direction du renseignement militaire a annoncé que le renseignement militaire avait découvert un dépôt d’armes et de munitions de l’Etat islamique dans la ville d’Al-Qaim. Le dépôt d’armes contenait notamment 167 obus de mortier, sept ceintures explosives, deux lanceurs de missiles anti-chars, des roquettes Grad et un mortier (Al-Sumaria News, 23 février 2018).
  • La Province Al-Anbar (Hit) : Deux officiers de l’Etat islamique ont été arrêtés par les forces de police irakiennes (Agence de presse irakienne, 25 février 2018). Trois membres de l’organisation ont été tués par des combattants de la tribu d’al-Bunmur, avec l’aide de l’armée syrienne, au Nord d’Hit (Al-Sumaria News, 26 février 2018)
  • La Province Al-Anbar (Hit) : Quatre membres de l’Etat islamique armés de ceintures piégées se sont barricadés dans une usine de plâtre. Les quatre hommes, qui ont été retrouvés et tués par les forces de sécurité irakiennes, avaient l’intention de commettre des attentats terroristes dans la région (Agence de presse irakienne, 26 février 2018).
  • Bagdad : Des dizaines de femmes accusées de soutenir l’Etat islamique sont jugées. Quinze femmes turques auraient été condamnées à mort pour leur soutien à l’organisation. Une autre femme a été condamnée à la prison à vie (Agence de presse irakienne, 25 février 2018). Les femmes ont admis avoir épousé des membres de l’organisation ou fourni un appui logistique, y compris pour mener des attaques (Reuters, 25 février 2018).

Activités de l’Etat islamique dans la province de Kirkuk

• Le 24 février 2018, la Province de Kirkuk de l’Etat islamique a annoncé avoir commis un attentat suicide contre le siège de la milice chiite. Un terroriste suicide appelé Abu Maad l’Irakien s’est fait exploser, provoquant la mort et les blessures de plusieurs personnes (Akhbar al-Musleem, 25 février 2018).
• Le 25 février 2018, la presse irakienne a publié une vidéo montrant un terroriste suicide armé d’une ceinture piégée et revêtu d’un manteau, s’approchant d’un bâtiment de la milice chiite et tentant d’y pénétrer. Le terroriste s’est enfui lorsque les gardes de sécurité ont ouvert le feu. Il s’est fait exploser dans une rue adjacente, sans faire de blessés (Al-Sumaria News, 25 février 2018).

   
Droite : Le terroriste suicide de l’Etat islamique tente d’entrer au siège de la milice chiite à Kirkuk. Gauche : Le terroriste suicide se fait exploser à proximité (Al-Sumaria News, 25 février 2018)

• Le 24 février 2018, une force de l’Etat islamique a attaqué une base de police au champ de pétrole de Hibaz, l’un des cinq champs de pétrole de Kirkuk. Deux policiers irakiens ont été tués et un troisième a été blessé (Ilaf, AFP, 24 février 2018).

L’Egypte et la péninsule du Sinaï

Résumé de l’opération “Sinaï 2018”

• Le porte-parole des forces armées égyptiennes Tamer al-Refai a tenu une conférence de presse où il a présenté les réalisations de l’opération Sinaï 2018 à ce jour. Selon lui, 500 postes de contrôle ont été mis en place et des patrouilles de sécurité sont stationnées sur les routes principales dans le nord et le centre du Sinaï. Il a noté que l’armée de l’air avait détruit 158 cibles terroristes et que les blindés avaient frappé 413 cibles. Selon lui, 71 terroristes ont été capturés, 1 282 cachettes et entrepôts terroristes ont été détruits, des véhicules et des motos ont été confisqués, et deux centres d’information ont été détruits. En outre, une grande quantité d’armes et d’explosifs ont été saisis. Il a précisé que sept membres des forces de sécurité égyptiennes ont été tués et six autres blessés (Page Facebook officielle du porte-parole des forces armées égyptiennes, 22 février 2018).

Attentat déjoué près d’Al-Arish

• Les forces de sécurité égyptiennes ont déjoué une attaque de quatre membres de l’Etat islamique, dont deux portant des ceintures d’explosifs contre une position de la Direction de la sécurité près d’Al-Arish. Les terroristes suicide ont tenté de se faire exploser. Les forces de sécurité ont ouvert le feu, ce qui a provoqué une explosion, et les deux terroristes ont été tués (Page Facebook de l’Union des tribus du Sinaï, citant Al-Bawaba News, 23 février 2018).
• La Province du Sinaï de l’Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l’attaque. Selon la revendication de responsabilité, deux des terroristes étaient de la bande de Gaza et les deux autres d’Égypte. La revendication de responsabilité a également déclaré que des dizaines de membres des forces de sécurité égyptiennes ont été tués et blessés dans l’attaque (Akhbar al-Muslimeen, 22 février 2018).

Les auteurs de l’attaques près d’Al-Arish

   
Les auteurs de l’attaque. Droite : Abu Khaled al-Masri [c.-à-d., l’Égyptien]. Gauche : Abu Moussab al-Masri [c.-à-d., l’Égyptien] (Akhbar al-Muslimeen, 23 février 2018)

    
Droite : Abu Shamel al-Maqdisi. Un fil vert avec un commutateur pour activer la ceinture d’explosifs à une extrémité est visible sur la photo. Gauche : Khattab al-Maqdisi (Akhbar al-Muslimeen, 23 février 2018)

Tactiques de combat de l’Etat islamique

• L’hebdomadaire Al-Nabā‘, publié par l’Etat islamique, propose un article sur la lutte contre les tactiques de membres de l’organisation contre la campagne menée contre eux par les forces de sécurité égyptiennes. L’article cite une “source militaire” de l’État islamique, qui énumère quatre principaux secteurs où les membres de l’organisation combattent dans la péninsule du Sinaï : Rafah, Sheikh Zuweid, Al-Arish, et le secteur Sud, qui comprend la région de Jabal Halal.
• Selon la même source “militaire”, la doctrine de combat de l’Etat islamique est influencée par l’évolution de la situation sur le terrain. Par exemple, les membres accordent parfois la priorité à l’utilisation d’engins piégés pour attaquer un véhicule, mais lorsque les soldats égyptiens abandonnent le véhicule, ils tirent sur eux avec des fusils de précision. Dans d’autres cas, des voitures piégées sont utilisés contre des soldats. Parfois, les soldats atteignent leur destination et sont aussitôt attaqués. La source a également noté que les convois égyptiens se déplacent en colonnes dirigées par la machinerie lourde et des dispositifs de balayage, ce qui ralentit leur progression et, par implication, fait d’eux une cible facile (Al-Nabā’, 20 février 2018).

Activités de l’Etat islamique dans le monde

L’Etat islamique menace d’attaquer des chrétiens dans les républiques musulmanes de Russie

• Un article publié dans l’hebdomadaire Al-Nabā’ appelle à mener des attaques contre les chrétiens vivant dans les républiques musulmanes de l’ex-Union soviétique. L’article soutient que la Russie occupe les pays islamiques et cherche à convertir la population ou à la déporter vers des régions à majorité chrétienne. En même temps, les chrétiens russes se sont installés dans les territoires occupés comme le Caucase, la Crimée et l’Asie centrale, afin d’établir leur hégémonie. L’article note que l’opération menée par Khalil le Daghestanais^[2] a été l’ouverture d’une série de frappes sanglantes contre les chrétiens dans tous les Etats musulmans occupés par la Russie. Selon l’article, afin de commettre ces frappes, il a fallu faire appel à de grands groupes de combattants entraînés et équipés d’armes (Al-Naba’, numéro 20, 22 février 2018).

Afghanistan

• Un terroriste suicide s’est fait exploser près de la Direction nationale de la sécurité (NDS) située dans le quartier diplomatique de Kaboul, la capitale de l’Afghanistan. L’explosion a eu lieu dans un domaine sécurisé à proximité du siège de l’OTAN et l’ambassade des États-Unis. Trois personnes ont été tuées et cinq autres ont été blessées. L’Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l’attaque (Afghanistan Times ; Samaa TV, Pakistanais, 24 février 2018).

   
Droite : Scène de l’attentat suicide de l’Etat islamique près du quartier diplomatique à Kaboul (Twitter, 23 février 2018). Gauche : Abu Bakr al-Khorasani, l’auteur de l’attentat suicide (Nasher, site Internet de partage de fichiers, 24 février 2018)

• Il semble que la Direction nationale de la sécurité (NDS) semble être devenue une cible de choix pour l’Etat islamique. Le 25 décembre 2017, un terroriste suicide s’est fait exploser près d’un bureau de la Direction de la sécurité nationale afghane à Kaboul. Le 28 décembre 2017, l’Etat islamique a mené une attaque suicide contre le complexe le centre de formation de la Direction de la sécurité nationale afghane à Kaboul.

Yémen

• Deux terroristes suicide au volant de voitures piégées se sont fait exploser à l’entrée d’un bâtiment de la lutte antiterroriste dans la région d’Al-Tawahi au Sud de Aden. Après l’explosion, plusieurs autres terroristes armés ont tenté d’entrer dans le bâtiment. Selon la police, les terroristes d’Aden ont été liquidés avant d’atteindre la porte d’entrée extérieure et de quitter l’église. L’auteur de l’attaque était Khalil Khalilov, 22 ans, un résident local. Il a été abattu par la police. Au moins 14 membres de l’Unité de lutte contre le terrorisme ont été tués et 40 autres ont été blessés (Al-Arabiya (24 février 2018).
• L’Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l’attaque. Selon la revendication de responsabilité publiée par la Province d’Abyan de l’Etat islamique, l’attaque a été effectuée par deux terroristes suicide au volant de deux voitures piégées et leurs passagers, deux terroristes équipés d’armes légères. Deux autres terroristes sortis de la voiture, ont échangé des coups de feu avec les survivants de l’explosion (Akhbar al-Muslimeen, 24 février 2018).

Libye

• La Province de Barqa de l’Etat islamique dans l’Est de la Libye a annoncé que 15 soldats de l’armée nationale libyenne dirigée par Khalifa Haftar ont été tués ou blessés, et deux véhicules ont été détruits, dans l’explosion d’une voiture piégée de l’Etat islamique à un point de contrôle à Al-Jafra, dans le Centre de la Libye (553 km au Sud-Ouest de Tripoli). La voiture piégée était conduite par un terroriste de l’Etat islamique appelé Abu Muhammad al-Muhajir (Akhbar al-Muslimeen, 22 février 2018).

Activités de contreterrorisme

Les renseignements jordaniens démantèlent un réseau de l’Etat islamique qui prévoyait de commettre des attentats, y compris comme des hommes d’affaires

• Le 27 février 2018, les médias jordaniens ont rapporté que les renseignements généraux jordaniens ont démantelé un réseau de 17 membres de l’Etat islamique en Novembre 2017. Les membres du réseau étaient divisés en trois groupes : le premier était chargé d’observer les objectifs ; le second de fournir une assistance technique et de réaliser des attaques insignifiant ; et le troisième était censé mener des attaques suicide (Al-Rai, 27 février 2018)
• Selon les rapports, les cibles des attaques étaient la chaîne d’information Ruaya et ses employés ; le Centre d’entrepreneuriat français ; une boîte de nuit dans le quartier de Shmeisani d’Amman ; des tunnels d’une compagnie de phosphate près du bâtiment des renseignements d’Al-Rusayfah; l’ambassade des Etats-Unis à Amman ; une église dans la région de Marka, et des hommes d’affaires israéliens qui rendent régulièrement visite à une usine de confection.

^[1] La Ghouta est le nom de l'espace de vergers qui entoure la ville de Damas à l'Est (Ghouta orientale) et à l'Ouest (Ghouta occidentale). Ces vergers sont irrigués par des canaux de la rivière Barada, qui ont fait de Damas, situé à la périphérie du désert, une oasis. Les villages ont été établis dans la région des vergers. Au fil des ans, les villages se sont développés en villes. Le mot arabe ghouta signifie oasis fertile. ↑
^[2] Le 18 février 2018, un homme armé d'un fusil de chasse et d'un couteau a ouvert le feu à l'extérieur d'une église dans la ville de Kizlyar au Daghestan (près de la frontière avec la République tchétchène). Cette fusillade a marqué le début d'une série d'attaques sanglantes contre les chrétiens dans tous les pays musulmans occupés par la Russie. Selon l'article, afin de mener ces attaques, il n'est pas nécessaire pour les grands groupes de combattants entraînés, équipés d'armes et toutes les armes disponibles peuvent être utilisés (Al-Nabā', 20 février 2018). ↑

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