Nouvelles du terrorisme et du conflit israélo-palestinien (30 octobre – 6 novembre 2018)

Evènements de la “marche du retour”^[1]

• Le vendredi 2 novembre 2018, une autre “marche du retour” a eu lieu dans la bande de Gaza. Elle était relativement petite, avec quelques milliers de participants (contre 16 000 la semaine précédente). La plupart des participants n’ont pas approché la barrière de sécurité et le degré de friction avec les forces de l’armée israélienne était donc relativement faible. En conséquence, le nombre de victimes est resté faible (selon les données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, 32 Palestiniens blessés ont été évacués vers des hôpitaux). Aucun cerf-volant ou ballon incendiaire n’a été lancé en territoire israélien et aucune tentative n’a été faite de franchir la clôture.
• La diminution significative du niveau de violence résultait apparemment de la pression exercée par l’Égypte sur le Hamas et les autres organisations terroristes, à la suite des progrès réalisés dans les négociations en vue d’un arrangement. La délégation égyptienne s’est rendue sur l’un des sites de manifestation pour voir directement si les Palestiniens appliquaient ce qui avait été discuté. Les membres de l’Autorité nationale suprême de la marche du retour ont rencontré la délégation de la sécurité égyptienne, puis ont tenu une conférence de presse au cours de laquelle ils ont appelé à la tenue pacifique de la marche (Al-Watania, 1^er novembre 2018). Cependant, des hauts responsables du Hamas et des autres organisations terroristes de la bande de Gaza ont clairement indiqué que les manifestations continueraient.

• L’Autorité nationale suprême de la marche du retour a appelé le public palestinien à participer à la “marche du retour” du 9 novembre, dont le slogan sera “La marche continue” (Page Facebook de l’Autorité nationale suprême de la marche du retour, 5 novembre 2018).

Autres incidents

• Le 5 novembre 2018 a eu lieu la 15^ème mini-flottille hebdomadaire. Quinze bateaux ont participé, partant du port de Gaza et se dirigeant vers le Nord. Au même moment, des Palestiniens ont manifesté près de la frontière au Nord de la bande de Gaza. Les médias palestiniens ont rapporté que contrairement aux événements survenus lors de la mini-flottille précédente, des pneus n’avaient pas été brûlés et les bateaux n’avaient pas atteint la frontière navale israélienne, mais s’étaient arrêtés à un demi-kilomètre au Sud de celle-ci (Al-Andalou News, 5 novembre 2018).
• Cependant, malgré la diminution du niveau de violence, les médias palestiniens ont rapporté que pendant les émeutes, les participants ont traversé la barrière de sécurité. Le Croissant-Rouge palestinien a signalé que 21 Palestiniens avaient été blessés lors des émeutes (Safa, 5 novembre 2018).
•  Au cours des événements, de hauts responsables du Hamas et les organisateurs des marches ont fait référence à la poursuite des activités :
  • Un haut responsable du Hamas, Ismaël Radwan, a déclaré que les marches près de la frontière et les marches accompagnant les mini-flottilles se poursuivraient jusqu’à la levée complète du “siège” sur la bande de Gaza (Site Internet de la radio Sawt al-Aqsa, 5 novembre 2018) .
  • Adhem Abu Salmiya, porte-parole de l’Autorité nationale de la marche du retour, a déclaré que la nature des marches était influencée par le degré d’activité régionale et internationale répondant aux exigences des Palestiniens et par la perception des Palestiniens dans la bande de Gaza au sujet des conditions de vie ; la condition la plus importante était le nombre d’heures d’électricité (Site Internet de la radio Sawt al-Aqsa, 5 novembre 2018).
  • Talal Aby Zarifa, membre de l’Autorité nationale suprême de la marche du retour, a déclaré que les pourparlers avançaient. Il a ajouté que les marches se poursuivaient, mais avec une diminution du nombre de cerfs-volants incendiaires lancés et une interruption de l’incendie de pneus et du sabotage de la barrière de sécurité. Cela, a-t-il dit, a été fait pour qu’Israël ne dispose d’aucune excuse pour faire échouer les efforts de l’Egypte visant à parvenir à un accord (al-Andalou News, 5 novembre 2018).

Tirs de roquettes et d’obus de mortier

• Au cours de la semaine, aucune roquette ni obus de mortier n’ont visé Israël.

Tirs de roquettes et d’obus de mortier des dernières séries d’escalade^[2]

Tirs de roquettes et d’obus de mortier de l’année écoulée

Répartition annuelle des tirs

Tentative d’attaque à l’arme blanche

• Le 5 novembre 2018, un Palestinien a tenté de commettre une attaque à l’arme blanche au carrefour Elias (à l’entrée de Kiryat Arba). Il s’est rendu au carrefour et a tenté d’ouvrir les portes de deux véhicules et de poignarder les passagers, des civils et un officier de Tsahal. Un soldat de Tsahal a ouvert le feu et blessé le Palestinien. Aucune victime israélienne n’a été signalée. Le Palestinien, grièvement blessé, a été évacué à l’hôpital (Médias israéliens, 5 novembre 2018). Les médias palestiniens ont rapporté que le terroriste était Ahmed Abd al-Nasr Idi’is, 28 ans, de Bani Na’im (Ma’an, 5 novembre 2018).Une Palestinienne a tenté de poignarder un garde-frontière près de la station-service de Kfar Adumim (Est de Jérusalem). Elle est allée à la station-service et s’est cachée dans la boutique. Les forces de police des frontières arrivant sur les lieux l’ont identifiée et elle a tenté de s’enfuir. Ils lui ont ordonné de s’arrêter. Elle sortit une paire de ciseaux et a couru vers eux. Un des policiers l’a blessée par balle. Une fouille de son sac a révélé un couteau (Unité du porte-parole de la police israélienne, 6 novembre 2018).

Attaques déjouées en Judée-Samarie

• Nadav Agmon, chef de l’Agence de sécurité israélienne, a informé les membres du Comité des affaires étrangères et de la défense de la Knesset que la situation sur la scène palestinienne n’avait pas été stable au cours de l’année écoulée. Il a qualifié de “trompeur” le silence relatif en Judée-Samarie et a déclaré que “le Hamas fait de gros efforts pour mener des attaques terroristes en et depuis la Judée-Samarie”. Il a ajouté que les attaques étaient dirigées depuis la bande de Gaza, la Turquie et le Liban. Il a précisé qu’au cours de l’année écoulée, l’Agence de sécurité israélienne avait déjoué 480 attaques terroristes et arrêté environ 500 Palestiniens qui préparaient des attaques solitaires. Il a ajouté que l’ampleur des attaques empêchées pouvait indiquer ce qui “bouillonnait sous la surface” (Ynet, 6 novembre 2018).

Principales attaques de l’année écoulée en Judée-Samarie ^[3]

Approvisionnement en électricité

• Les médias palestiniens ont rapporté une augmentation significative du nombre d’heures d’électricité fournies aux habitants de la bande de Gaza. L’augmentation est survenue après la livraison de carburant diesel du Qatar à la centrale électrique de la bande de Gaza. Les autorités énergétiques de Gaza ont annoncé qu’une troisième turbine était désormais opérationnelle. Ainsi, l’électricité serait fournie 16 heures par jour et, dans certaines régions, 20 ou 24 heures par jour (Raya, 5 novembre 2018; al-Khalij Online, 4 novembre , 2018).

Grève au terminal de Kerem Shalom

• Nahed Shehibar, responsable de l’Association des transports privés dans la bande de Gaza, a déclaré que le 5 novembre 2018, l’administration du côté palestinien du terminal de Kerem Shalom (géré par l’Autorité palestinienne) avait annoncé à l’association qu’elle avait décidé de porter une amende de 30 shekels. (environ 8 dollars) pour chaque camion qui entrait dans la bande de Gaza en provenance d’Israël. En réponse, l’Association a fermé le passage des camions au jusqu’à ce que la décision soit modifiée (al-Ayam, 6 novembre 2018). L’association a publié des commentaires sur sa page Facebook indiquant Nazmi Muhannah, chef de l’autorité des postes-frontières de Palestine (subordonné à Mahmoud Abbas), serait responsable des conséquences de la grève (Page Facebook de l’Association des transports privés, 5 novembre 2018).

   
Des camionneurs palestiniens manifestent devant l’entrée du côté palestinien du terminal de Kerem Shalom en réponse à la décision de l’Autorité Palestinienne de taxer les camions entrant dans la bande de Gaza (Page Facebook Qudsn, 5 novembre 2018)

Contributions étrangères à la bande de Gaza

• La chaîne de télévision officielle qatarie a annoncé que depuis le début de la campagne lancée il y a 24 jours sous le slogan “La bande de Gaza mérite de vivre”, 4 360 000 dollars ont été collectés (Filastin al-Yawm, 3 novembre 2018).
• Mahmoud al-Shurafa, porte-parole de l’organisation turque IHH dans la bande de Gaza, a déclaré que son organisation avait fourni une aide de 100 000 dollars à 565 résidents de la bande de Gaza blessés par des tirs de Tsahal alors qu’ils participaient à des “marches du retour” (al-Andalou News, 2 novembre 2018).

Poursuite des tentatives égyptiennes de parvenir à un accord

• Les efforts égyptiens se poursuivent dans la bande de Gaza afin de parvenir à une accalmie entre Israël et le Hamas. Dans le cadre de ces efforts, le 5 novembre 2018, une délégation égyptienne conduite par Ahmed Abdel Khaliq, qui détient le portefeuille palestinien au sein des renseignements généraux égyptiens, est arrivée pour la cinquième visite de la série de négociations en cours. Selon certaines informations, la délégation a apporté la réponse d’Israël à la question d’un arrangement à la suite d’une réunion du Cabinet israélien tenue le 4 novembre 2018 (Ma’an, 5 novembre 2018; al-Andalou News, 5 novembre 2018).

Réunion de dirigeants du Hamas et du JIP

• Le 1^er novembre 2018, le Hamas et le JIP ont tenu une réunion dans le bureau d’Isma’il Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas. Ils ont discuté de diverses questions, parmi lesquelles les “marches du retour” et les efforts déployés pour lever le siège et parvenir à une accalmie. Il est également possible qu’ils aient discuté des derniers tirs de roquettes initiés par le JIP en tant qu’acte indépendant, apparemment à l’insu du Hamas. À la fin de la réunion, ils ont annoncé qu’ils s’étaient mis d’accord sur plusieurs points (Filastin al-Yawm, 1^er novembre 2018) :
  • Établir des relations entre le Hamas et le JIP et poursuivre la coordination dans tous les domaines.
  •  Défendre la “résistance” et ouvrir une salle d’opérations communes pour toutes les organisations terroristes de la bande de Gaza.
  •  Poursuivre les “marches du retour” jusqu’à ce que tous leurs objectifs soient atteints, tout en les tenant par des “moyens pacifiques”.

Exercice au Nord de la bande de Gaza

• Le 1^er novembre, un exercice a été organisé au Nord de la bande de Gaza afin d’examiner l’état de préparation du front intérieur et l’état de préparation des ministères et des appareils du gouvernement pour faire face aux situations d’urgence, telles qu’une attaque israélienne. L’exercice a duré deux heures et s’est déroulé dans plusieurs endroits de la bande de Gaza. Au cours de l’exercice, des explosions ont été entendues et des véhicules de police et des ambulances se sont déplacés. En outre, de nombreuses forces ont été déployées dans les rues et aux carrefours.
• Selon des sources dans la bande de Gaza, la préparation de l’évacuation et des équipes médicales a été évaluée selon un certain nombre de scénarios, notamment la détonation d’un engin piégé dans un commissariat de police, l’attaque d’un véhicule, l’attaque d’une école (al-Ra’, 31 octobre 2018; al-Andalou News, 1^er novembre 2018; site Internet de la police palestinienne dans la bande de Gaza, 1^er novembre 2018). Un porte-parole du ministère de l’Intérieur de la bande de Gaza a déclaré que l’exercice visait à améliorer le fonctionnement des forces de sécurité, des ministères et des services fournis au public en cas de situation d’urgence, et faisait partie du processus de vérification de l’état de préparation des systèmes gouvernementaux (Site Internet du ministère de l’Intérieur de la bande de Gaza, 1^er novembre 2018).

    
Le scénario de réponse à une explosion au commissariat de police de Jabaliya (Site Internet de la police palestinienne dans la bande de Gaza, 1^er novembre 2018; page Facebook du ministère de l’Intérieur de la bande de Gaza, 1^er novembre 2018)

    
Des chiens policiers recherchent des explosifs (Site Internet de la police palestinienne dans la bande de Gaza, 1^er novembre 2018; page Facebook du ministère de l’Intérieur de la bande de Gaza, 1^er novembre 2018)

Mort d’un terroriste du Hamas dans un “accident de travail”

• Un porte-parole du ministère de la Santé dans la bande de Gaza a annoncé le décès de Daoud Rizeq ‘Eid Jneid (Site Internet des brigades Izz al-Din Qassam, 1^er novembre 2018). Les médias palestiniens ont annoncé qu’il avait été tué dans une explosion dans l’ancien bâtiment de l’administration civile à Jabaliya (Page Facebook de la télévision Al-Quds, 1^er novembre 2018; Emad, 1^er novembre 2018). La branche armée du Hamas a publié un avis indiquant que Jneid avait été l’un de ses membres (Site Internet des Brigades Izz al-Din Qassam, 1^er novembre 2018).

Conférence du Conseil central de l’OLP

• Après les délibérations du Conseil central de l’OLP tenues à Ramallah les 28 et 29 octobre 2018, une annonce résumant les réunions a été publiée. Le texte a longuement traité des relations entre l’Autorité Palestinienne et Israël. Le Conseil a décidé de mettre fin à l’engagement de l’OLP et de l’AP de conclure des accords avec Israël (“l’autorité occupante”, selon l’annonce). Ainsi, il a été décidé de suspendre la reconnaissance de l’État d’Israël par l’Autorité Palestinienne jusqu’à ce qu’Israël reconnaisse un État palestinien dans les frontières du 4 juin 1967 et Jérusalem-Est comme capitale. Il a également été décidé d’arrêter toute forme de coopération en matière de sécurité avec Israël et de séparer économiquement l’Autorité Palestinienne d’Israël (annulant ainsi le Protocole de Paris). Le Conseil central donnera à Mahmoud Abbas et au Comité exécutif le pouvoir de surveiller la mise en œuvre des décisions (Wafa, 29 octobre 2018). Jusqu’à présent, aucune mesure pratique n’a été vue sur le terrain pour mettre en œuvre les décisions. Un membre du Conseil révolutionnaire de l’OLP a déclaré que les décisions du Conseil central seraient mises en œuvre progressivement (donnant ainsi à Mahmoud Abbas la flexibilité de savoir quand, comment et à quelle vitesse elles seront appliquées).

Rencontre entre Abbas et le Président égyptien

• Le 3 novembre 2018, Mahmoud Abbas a rencontré le Président égyptien Abdel Fattah el-Sisi en marge du Forum mondial de la jeunesse tenu à Charm el-Cheikh (Wafa, 3 novembre 2018). Selon Azzam al-Hamed, membre du Comité exécutif du Fatah, el-Sisi a promis à Mahmoud Abbas qu’aucune suggestion pour la cause palestinienne ne serait formulée sans un accord palestinien. Il a ajouté que l’Egypte ne ferait aucun compromis sur la création d’un Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale et la recherche d’une solution au problème des réfugiés. En ce qui concerne la situation dans la bande de Gaza, el-Sisi a déclaré à Mahmoud Abbas que l’Égypte s’était attachée à maintenir le calme le long de la frontière entre la bande de Gaza et Israël et à œuvrer pour faire cesser l’effusion de sang. Selon Izzat al-Ahmed, Mahmoud Abbas a déclaré à el-Sisi que tous les accords devaient être signés par les dirigeants palestiniens légitimes, à savoir l’OLP, et Israël (Télévision palestinienne, 3 novembre 2018).
• La page Facebook officielle du président el-Sisi ne fait aucune mention de sa rencontre avec Mahmoud Abbas et Abbas n’apparaît pas sur les photos publiées par el-Sisi à propos de sa participation au forum de Charm el-Cheikh.