Nouvelles du terrorisme et du conflit israélo-palestinien (12 – 19 septembre 2012)

Aperçu général

• Les organisations terroristes et les réseaux islamiques radicaux opérant au Moyen-Orient, principalement le Hezbollah, le Hamas et les réseaux jihadistes  salafistes, ont rejoint la vague de protestation anti-américaine qui déferle dans le monde arabo-musulman suite au film "L'Innocence des musulmans" et cherchent à l'utiliser à leurs propres fins (ou aux fins de l'Iran, comme c'est le cas pour le Hezbollah).
• Durant les marches de protestation organisées au Liban et dans la bande de Gaza, les États-Unis ont été accusés d'être responsables du film (le nom d'Israël a également été mentionné). Le monde arabo-musulman a été invité à continuer à protester, et le Hezbollah a appelé à mettre un terme à la distribution du film et à traduire ses créateurs en justice.

Hezbollah

• Les marches de protestation organisées principalement par le Hezbollah au Liban ont revêtu un caractère manifestement anti-américain (et anti-israélien). Le rassemblement principal s'est déroulé le 17 septembre dans la banlieue Sud de Beyrouth, avec la présence inhabituelle du dirigeant du Hezbollah Hassan Nasrallah. Pendant la manifestation, les participants ont scandé des slogans contre les États-Unis, dont : "Les États-Unis sont l'ennemi de l'humanité et des religions", "États-Unis = Terrorisme", etc. (Al-Intiqad, 17 septembre 2012). D'autres marches de protestation ont été organisées dans des villes libanaises, dans des centres de population sunnites (Tripoli et Sidon) et des centres de population chi'ites (Tyr, Baalbek, Hermel, Nabatiyeh et Nana Jbeil).
• Hassan Nasrallaha fait appel à ses aptitudes rhétoriques et a profité de l'événement pour prôner l'incitation anti-américaine et anti-israélienne, dans le cadre de la campagne de propagande iranienne^[1] et tentant de détourner l'attention des événements dramatiques se déroulant en Syrie. Les deux discours prononcés (Al-Manar, 16 et 17 septembre) se sont focalisés sur l'accusation des Etats-Unis comme étant responsables du film :

• Hassan Nasrallah a qualifié le film de diffamation sérieuse et sans précédent contre le prophète Mahomet. Selon Nasrallah, le fait que le film a été publié en ligne rend la diffamation plus sérieuse que des événements semblables dans le passé, y compris la publication des Versets Sataniques par Salman Rushdie (Nasrallah a salué la fatwa publiée par l'Imam Khomeiny contre l'auteur du livre, affirmant qu'elle a empêché des "agressions" de la sorte pendant des années).
• L'administration américaine a été accusée de passivité et de ne rien avoir fait pour arrêter la sortie du film sous le prétexte de la liberté d'expression.
• Nasrallah a appelé le monde musulman à forcer les États-Unis et l'Europe à respecter le prophète et à continuer à protester jusqu'à ce que le film soit interdit, ses créateurs traduits en justice et que des délits futurs contre le prophète Mahomet soient empêchés (par la législation ou des résolutions votées par la communauté internationale).
• Selon Nasrallah, les responsables du film doivent être punis, ainsi que ceux qui le soutiennent et le défendent, particulièrement les États-Unis. Dans son discours du 17 septembre, Nasrallah a implicitement menacé les États-Unis en disant que la sortie de la version complète du film aura "des conséquences sévères" (le mot "sévère" a été répété trois fois) (Télévision Al-Manar,17 septembre 2012).

Bande de Gaza

• Les 13 et 14 septembre, des marches de protestation ont été organisées dans la ville de Gaza et ailleurs dans la bande de Gaza en présence de milliers de résidents et de représentants du Hamas, du JIP et d'autres organisations terroristes. Les manifestants ont scandé des slogans contre les États-Unis ("l'Amérique est le grand Satan") et ont brûlé les drapeaux des États-Unis et d'Israël ainsi que des cercueils recouverts des drapeaux américains et israéliens.
• Ismail Haniya, le responsable de l'administration de facto du Hamas, a consacré son sermon du vendredi dans une mosquée de la ville de Gaza au film. Il l'a qualifié de "crime" et a dit qu'il avait été sorti pour coïncider avec les événements du 11 septembre. Haniya a accusé Israël et les États-Unis d'être responsables du film, affirmant qu'ils veulent déclarer une nouvelle guerre à l'Islam. Il a appelé les Arabes à descendre dans la rue afin de protester contre le délit causé par Israël et les États-Unis à la culture de l'Islam. Il a également appelé le monde islamique à  diriger les révolutions du monde arabe aux frontières de la Palestine, à Jérusalem et à la Mosquée Al-Aqsa (Télévision Al-Aqsa, 14 septembre 2012).

Péninsule du Sinaï

• Le 14 septembre, des activistes armés des réseaux salafistes affiliés au jihad mondial dans la Péninsule du Sinaï ont fait irruption dans un avant-poste de la force multinationale à Al-Jawra (Est d'Al-Arish). Les terroristes ont tiré sur l'avant-poste, ont lancé des grenades, l'ont incendié et ont accroché un drapeau noir généralement associé à Al-Qaïda. Trois soldats colombiens de la force multinationale ont été blessés dans l'incident (Al-Dustour, 14 septembre 2012).

Judée-Samarie

• Des marches de protestation ont eu lieu dans plusieurs villes de Judée-Samarie, avec peu de participants et sans violences. L'événement principal s'est déroulé à Ramallah le 17 septembre, en présence du ministre des Affaires religieuses de l'AP. Des protestations ont également été organisées à Bethléem, Hébron, Qalqiliya et ailleurs.
• Le Hamas a organisé une marche de protestation dans le camp de réfugiés de Shoefat où les manifestants ont confronté les forces de Tsahal (Felesteen Al-Aan, 18 septembre 2012).

Poursuite des tirs de roquettes

• Les tirs de roquettes sur le Sud d'Israël continuent. Trois engins se sont abattus dans des terrains vagues en territoire israélien, sans faire ni blessés ni dégâts.

Tirs de roquettes depuis début 2011^[2]

Démantèlement d'une cellule dans le secteur de Hébron

• Une importante quantité d'armes a été saisie au cours d'une vague d'arrestations de terroristes effectuée par les forces de Tsahal au Sud du Mt Hébron. Les arrestations ont été effectuées dans plusieurs villages palestiniens de la région de Hébron suite à des renseignements reçus sur la présence d'armes dans l'une des maisons. Les soldats de Tsahal ont notamment saisi deux fusils Uzi, un pistolet, un fusil Kalachnikov et de nombreuses munitions. Les activistes ont été transférés aux forces de sécurité pour être interrogés (Porte-parole de Tsahal, 12 septembre 2012).

Manifestations aux points de friction

• En parallèle aux événements de protestation suite au film "L'Innocence des musulmans", des manifestations ont été organisées comme chaque semaine aux points de friction habituels en Judée-Samarie. Les manifestants ont lancé des pierres sur les forces de Tsahal, qui ont riposté dans plusieurs cas par des mesures anti-émeute. Par ailleurs, à plusieurs occasions, des pierres et des cocktails Molotov ont été lancés sur des véhicules civils et des véhicules des forces de sécurité.

Relations entre l'administration du Hamas et l'Egypte

• Durant des entretiens récemment menés en Egypte entre des responsables du régime égyptien et la direction du Hamas, plusieurs accords ont été conclus entre les parties. La création d'un comité sécuritaire conjoint a été annoncée, ainsi que des échanges de renseignements sur des sujets sécuritaires, l'allègement des conditions de passage au terminal de Rafah et l'ouverture d'une représentation officielle du Hamas en Egypte (Al-Hayat, 11 septembre 2012).

• Le ministre égyptien de l'Intérieur a annoncé dans un communiqué que les forces de sécurité égyptiennes œuvrant dans la Péninsule du Sinaï avaient réussi à identifier sept suspects, palestiniens pour la plupart, impliqués dans l'attentat de Kerem Shalom dans lequel 16 soldats égyptiens ont été tués (5 août 2012). Par ailleurs, des quantités d'armes ont été saisies, dont des centaines de missiles anti-aériens, sol-sol, et des roquettes RPG (Portail al-Wafd, 6 septembre 2012).

Fin des protestations en Judée-Samarie sur fond économique

• La vague de protestation économique en Judée-Samarie provoquée par le coût de la vie élevé, a commencé à tirer sur la fin cette semaine après que des responsables de l'Autorité Palestinienne ont promis d'essayer de faciliter la situation.Par exemple, le Premier ministre palestinien Salam Fayyad a promis de baisser la TVA à 15%, de rétablir le prix de l'essence à son ancien niveau et de réduire les dépenses des ministères de l'AP (Maan, 13 septembre 2012).
• À la lumière de la situation économique difficile dans l'AP, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a décidé de transférer 250 millions de shekels à l'AP pour aider son Président à rétablir le calme et à payer les salaires des employés du secteur public (Ministère israélien des Affaires étrangères, 12 septembre 2012).
• Néanmoins, des éléments palestiniens, y compris des responsables de l'AP, continuent d'accuser Israël d'être responsable de la crise économique. Ci-après les principales remarques :

• A l'occasion de la visite à Ramallah du maire de Milan Giuliano Pisapia et de sa délégation, Salam Fayyad a fait référence à la crise économique.Selon Fayyad, la crise provient de la non-transmission des donations de l'étranger et des restrictions imposées aux Palestiniens par Israël, particulièrement dans la zone C, qui représente environ 60 % de la Judée-Samarie (Agence de presse Maan,12 septembre 2012).
• Ashraf al-Ajrami, commentateur palestinien et ancien ministre chargé des Affaires des prisonniers dans l'Autorité Palestinienne, a déclaré dans une rubrique que l'occupation est la raison principale de la crise actuelle. Selon al-Ajrami, la direction palestinienne est incapable de réaliser une percée réelle  dans le combat visant à mettre fin à l'occupation, qui cause la frustration et le désespoir au sein de la population (Al-Ayam, 12septembre 2012).

Appels à annuler les Accords d'Oslo

• À la lumière des protestations économiques et de la stagnation du processus de paix,des responsables palestiniens envisagent la possibilité de supprimer les Accords d'Oslo.Ces responsables affirment que les Accords d'Oslo devaient mettre en place un traité de paix final et la fin de "l'occupation", ce qui n'est pas arrivé en pratique.En outre, la situation s'est aggravée, parce que l'AP est laissée sans souveraineté sur son territoire (Agence de presse Maan, 13 septembre 2012).
• Ci-après un extrait des propos tenus à ce sujet :

• Saeb Erekat, membre du comité exécutif de l'OLP, a déclaré que la direction de l'AP avait présenté la possibilité de supprimer les Accords d'Oslo comme une des options pour traiter avec l'impasse du processus de paix à une conférence organisée à Ramallah le week-end dernier. Selon Erekat, la question fera l'objet d'une discussion approfondie après l'appel à l'ONU du 27 septembre (Agence de presse chinoise en arabe, 18 septembre 2012).
• Yasser Abd Rabbo, le président du comité exécutif de l'OLP, a déclaré que la suppression des Accords d'Oslo était ouverte au débat palestinien, Israël ayant déjà supprimé les accords d'un point de vue pratique. Selon Abd Rabbo, vingt ans après, les Palestiniens doivent chercher une meilleure alternative aux Accords d'Oslo (Agence de presse Maan, 18 septembre 2012).
• Mahmoud al-Aloul, membre du comité central du Fatah, a appelé les Palestiniens à "se débarrasser des Accords d'Oslo et de leurs obligations". Selon al-Aloul, l'AP peut se libérer des Accords d'Oslo puisqu'il n'en reste rien après qu'Israël ne respecte pas ses obligations et continue avec les implantations. Au sujet de la coordination sécuritaire, il a déclaré qu'elle pouvait également être abolie puisque son but est de maintenir la paix, qui n'existe pas actuellement (Agence de presse Maan, 13 septembre 2012).

Arrivée prochaine du convoi Ansar 3 à Gaza

• Le convoi "Ansar 3" devrait atteindre la bande de Gaza à la fin du mois de Septembre. Selon les organisateurs, des membres du comité Lifeline jordanien, le convoi aurait reçu l'autorisation de passage des autorités égyptiennes. Des représentants des syndicats professionnels, des partis politiques et d'autres activistes devraient séjourner une semaine dans la bande de Gaza. D'après le Hamas, le comité Lifeline est supposé financer 23 initiatives de développement dans la bande de Gaza (Chaîne Al-Quds, 4 septembre 2012).