Pleins feux sur le jihad mondial (1-7 novembre 2018)

L'explosion d'une voiture piégée à Al-Raqqah (Halab Al-Youm, 4 novembre 2018)

L'explosion d'une voiture piégée à Al-Raqqah (Halab Al-Youm, 4 novembre 2018)

Hachem al-Mussawi, commandant des forces de Mobilisation populaire et porte-parole du mouvement Nujaba (Page Facebook Furat Post, 5 novembre 2018)

Hachem al-Mussawi, commandant des forces de Mobilisation populaire et porte-parole du mouvement Nujaba (Page Facebook Furat Post, 5 novembre 2018)

Forces de la Mobilisation populaires lors d'activités de sécurité (Al-Bawaba, 1er novembre 2018)

Forces de la Mobilisation populaires lors d'activités de sécurité (Al-Bawaba, 1er novembre 2018)

Activités de sécurité de la police fédérale irakienne (Al-Sumaria News, 2 novembre 2018)

Activités de sécurité de la police fédérale irakienne (Al-Sumaria News, 2 novembre 2018)

Des gardes de sécurité afghans près de l'entrée de la prison Pul Charkhi à Kaboul (www.khaama.com, 31 octobre 2018)

Des gardes de sécurité afghans près de l'entrée de la prison Pul Charkhi à Kaboul (www.khaama.com, 31 octobre 2018)

Principaux évènements
  • Les porte-parole russes et le ministre turc des Affaires étrangères ont annoncé que la mise en œuvre de l’accord de Sotchi (entre la Russie et la Turquie) se déroulait comme prévu, sans interruption significative. En pratique, le Siège de Libération d’Al-Sham et d’autres organisations jihadistes ont refusé de quitter la zone démilitarisée, et sa mise en place est toujours difficile. Il semble que les déclarations optimistes visaient à gagner du temps supplémentaire afin d’empêcher ou au moins de différer, dans la mesure du possible, le lancement d’une campagne de l’armée syrienne pour conquérir la région d’Idlib.
  • Au Nord d’Abu Kamal et le long de la frontière irakienne, des membres de l’Etat islamique établissent leur contrôle après avoir repris le village d’Al-Susah. L’armée irakienne et la Mobilisation populaire (milices chiites) ont renforcé la zone frontalière et construit des fortifications le long de celle-ci. Les FDS ont renforcé leurs forces et se préparent à une nouvelle offensive contre l’enclave de l’Etat islamique au Nord d’Abu Kamal.
  • Dans l’ancienne “capitale” de l’Etat islamique, Al-Raqqah, reprise par les FDS il y a environ un an, l’organisation a commencé à accroître son activité. Cette semaine, un certain nombre d’attaques terroristes ont été perpétrées dans la ville : un attentat à la voiture piégée, l’assassinat d’un dignitaire local et l’explosion d’une voiture avec un engin piégé. La série d’attaques pourrait indiquer la présence d’un réseau de collaborateurs avec l’Etat islamique dans la ville d’Al-Raqqah et une possible tension entre les forces des FDS (kurdes) et la population locale.
  • Cette semaine également, des attaques se sont poursuivies dans les provinces de l’Etat islamique autres que la Syrie et l’Irak. En Égypte, des minibus transportant des chrétiens coptes ont été attaqués dans la région de Minya, au Sud du Caire (au moins sept morts et 15 blessés). En Afghanistan, des gardiens de prison et des membres des forces de sécurité ont été attaqués près d’une prison à Kaboul (huit morts et une vingtaine de blessés). Au niveau de la propagande, une fondation médiatique affiliée à l’Etat islamique a récemment publié des affiches menaçant la vie du pape et des chrétiens.
Réunion de presse avec le ministère russe de la Défense : présentation optimiste de la mise en œuvre de l’accord de Sotchi
  • Le 31 octobre 2018, le porte-parole du ministère de la Défense russe, le général major Igor Konashenkov, a informé les journalistes de la situation en Syrie. S’agissant de la question d’Idlib, il a déclaré lors de la réunion d’information que l’accord de Sotchi, important pour le maintien de la normalisation en Syrie, était appliqué dans la pratique. La Turquie fait des efforts pour mettre en œuvre l’accord, bien qu’elle ne soit pas parvenue à le faire complètement. Selon le briefing, plus de 2 450 “extrémistes” ont été retirés de la zone démilitarisée, ainsi que des armes, dont 31 chars, de l’artillerie lourde, 23 mortiers et des armes supplémentaires. Le porte-parole a noté que dans la zone démilitarisée, l’activité était surveillée par des postes d’observation : 10 russes, 12 turcs et 7 iraniens (Site Internet du Ministère de la Défense russe, 31 octobre 2018).
  • Selon nous, le porte-parole russe a présenté les «progrès» dans l’établissement de la zone démilitarisée d’une manière tendancieuse qui ne reflétait pas pleinement ce qui se passait sur le terrain. Les «hommes armés» et les armes lourdes qui se sont retirés unilatéralement de la zone démilitarisée appartiennent à l’Armée syrienne libre et à d’autres organisations rebelles opérant sous la protection de la Turquie. D’autre part, le Siège de Libération d’Al-Sham et d’autres organisations terroristes jihadistes hostiles à la Russie et à la Turquie n’ont pas quitté la zone démilitarisée et ont clairement indiqué dans leurs déclarations publiques qu’elles n’avaient pas l’intention de le faire. La situation sur le terrain n’a pas beaucoup changé même après le 15 octobre 2018, date prévue pour l’achèvement de l’établissement de la zone démilitarisée. Il semble que les déclarations optimistes faites par la Russie (et la Turquie) visent à gagner du temps afin d’empêcher ou au moins de différer, dans la mesure du possible, le lancement de la campagne de l’armée syrienne pour s’emparer de la région d’Idlib.
Annonces russes et turques indiquant que la mise en œuvre de l’accord se déroule sans interruption significative
  • Selon le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, malgré les difficultés rencontrées, la mise en œuvre de l’accord de Sotchi n’est pas menacée. Selon lui, la Russie ne voit aucune menace réelle qui empêcherait la mise en œuvre de l’accord turco-russe. Il a souligné que malgré les difficultés rencontrées, la partie turque s’efforçait de respecter l’accord (ITAR-TASS; Reuters, 30 octobre 2018).
  • Lors d’une conférence de presse avec les ministres des Affaires étrangères d’Iran et d’Azerbaïdjan, le ministre turc des Affaires étrangères a déclaré que la mise en œuvre de l’accord turco-russe à Idlib se déroulait comme prévu, sans interruption. Il a ajouté que si les terroristes ou les groupes radicaux à Idlib affichaient une “attitude différente” à l’égard de l’accord, la Turquie interviendrait (Reuters, 30 octobre 2018).
Mise en œuvre de l’accord de Sotchi dans la région d’Idlib
Incidents locaux entre l’armée syrienne et les organisations rebelles
  • Dans la région d’Idlib, les incidents locaux entre l’armée syrienne et organisations rebelles, notamment le Siège de Libération d’Al-Sham et d’autres groupes jihadistes se poursuivent. Ci-après les incidents notables de la semaine dernière :
    • Des membres du Parti islamique du Turkestan, organisation jihadiste originaire de Chine et affiliée au Siège de Libération d’Al-Sham, ont tiré des obus de mortier sur le village de Jourin (à environ 22 km au Sud de Jisr al-Shughour, au cœur de la zone démilitarisée) et le village de Maan (au Sud de la zone démilitarisée). Il n’y a pas eu de victimes, mais des dommages matériels ont été causés (SANA, 4 novembre 2018).
    • Des membres du Siège de Libération d’Al-Sham ont tenté de s’infiltrer dans les positions de l’armée syrienne par la voie Atshan, dans le Sud de la province d’Idlib. L’armée syrienne a tiré des tirs d’artillerie, tuant et blessant certains des assaillants. Les autres se sont retirés d’où ils étaient venus (Butulat Al-Jaysh Al-Suri, 31 octobre 2018).
    • L’armée syrienne a tiré sur plusieurs villes et villages de la zone démilitarisée, à plusieurs dizaines de kilomètres au Sud d’Idlib, faisant au moins huit morts, dont cinq civils, et blessant une vingtaine de personnes (Observatoire syrien des droits de l’homme, 2 novembre 2018).

Des lance-roquettes de l'armée syrienne en action (Butulat Al-Jaysh Al-Suri, 31 octobre 2018)
Des lance-roquettes de l’armée syrienne en action (Butulat Al-Jaysh Al-Suri, 31 octobre 2018)

Des membres rejoignent le Siège de Libération d’Al-Sham
  • Selon des sources syriennes, plusieurs centaines de membres de Faylaq Al-Rahman (la légion d’Al-Rahman, un cadre regroupant des organisations islamiques affiliées à l’Armée syrienne libre), ont rejoint le Siège de Libération d’Al-Sham. Dans le passé, ils avaient principalement opéré dans la Ghouta orientale, puis avaient été transférés dans le Nord de la Syrie dans le cadre des accords de reddition. Ils ont rejoint le Siège de Libération d’Al-Sham et ont été déployés dans les montagnes Turkmènes et les montagnes Kurdes, au Nord-Est de Lattaquié (Observatoire syrien des droits de l’homme, 4 novembre 2018). L’un des commandants de Faylaq Al-Rahman a déclaré que la décision de rejoindre le Siège de Libération d’Al-Sham découlait du fait que, depuis leur départ de Ghouta orientale, ils n’étaient plus soutenus financièrement et que ni armes ni munitions n’étaient plus fournies (Khotwa, 13 novembre 2018).

L'emblème de Faylaq Al-Rahman : Au bas de la page se trouve un verset coranique : "Un pays dont le chef est Mahomet ne doit pas s'agenouiller" (Wikipedia)
L’emblème de Faylaq Al-Rahman : Au bas de la page se trouve un verset coranique : “Un pays dont le chef est Mahomet ne doit pas s’agenouiller” (Wikipedia)

Sud de la Syrie
L’armée syrienne subit de lourdes pertes dans la région d’Al-Safa
  • Cette semaine, les combats entre l’armée syrienne et l’Etat islamique se sont poursuivis dans la région d’Al-Safa. Le 31 octobre 2018, l’Etat islamique a signalé que plus de 30 soldats syriens avaient été tués et blessés au cours des affrontements (Province de Damas de l’Etat islamique, 31 octobre 2018). Selon un rapport daté du 1er novembre 2018, sept soldats de l’armée syrienne et des membres des forces qui la soutiennent ont été tués lors d’affrontements avec l’Etat islamique près de la région d’Al-Safa (Page Facebook d’Al-Badiyah 24, 1er novembre 2018). Au cours des affrontements, un char de l’armée syrienne aurait tiré sur un groupe de «l’équipe de réconciliation», apparemment l’équipe chargée des négociations en vue de la libération des druzes enlevées (Page Facebook d’Al-Badiyah 24, 2 novembre 2018).
Syrie orientale
L’Etat islamique s’établir dans l’enclave au Nord d’Abu Kamal
  • Après avoir repris le village d’Al-Susah, l’Etat islamique a établi sa présence dans l’enclave située au nord d’Abu Kamal et a étendu son contrôle jusqu’à la zone frontalière syro-irakienne. Des centaines de combattants auraient renforcé les forces des FDS alors qu’elles se préparaient à une nouvelle offensive contre l’enclave de l’Etat islamique.
Attaque au Nord de la ville de Hajin
  • Des membres de l’Etat islamique ont lancé une attaque soudaine à grande échelle contre les forces des FDS dans la région d’Al-Bahra, au Nord de Hajin, sous le couvert du mauvais temps (pluie et brouillard). Selon certaines informations, les forces des FDS, ayant subi au moins 12 morts et plus de 20 blessés, se sont retirées de leurs lignes de défense dans cette zone (Observatoire syrien des droits de l’homme, 4 novembre 2018).

L'enclave de l'Etat islamique (en marron) après les affrontements qui ont eu lieu la semaine dernière avec les forces des FDS (en jaune). L'armée syrienne et les forces qui la soutiennent sont marquées en rouge (Compte Twitter SyriaInfo@syria_map, probablement affilié au régime irakien, 1er novembre 2018)
L’enclave de l’Etat islamique (en marron) après les affrontements qui ont eu lieu la semaine dernière avec les forces des FDS (en jaune). L’armée syrienne et les forces qui la soutiennent sont marquées en rouge (Compte Twitter SyriaInfo@syria_map, probablement affilié au régime irakien, 1er novembre 2018)

Frappes aériennes de la coalition

  • Les avions de la coalition ont poursuivi leurs frappes aériennes contre des cibles de l’Etat islamique, en particulier contre la ville de Hajin (fief de l’Etat islamique dans l’enclave au Nord d’Abu Kamal). À la suite des frappes aériennes à Hajin, 14 civils auraient été tués. D’autres frappes aériennes contre l’enclave de l’Etat islamique ont tué neuf membres de l’Etat islamique (Observatoire syrien des droits de l’homme, 3 novembre 2018). Lors de l’une de ces attaques, une voiture piégée a été détruite et un terroriste de l’Etat islamique tué dans l’un des quartiers de l’Ouest de Hajin (Page Facebook Furat Post, 3 novembre 2018).
Fumée après que les avions de la coalition aient détruit une voiture piégée de l'Etat islamique dans la ville de Hajin (Page Facebook de Furat Post, 3 novembre 2018)     Fumée après une frappe aérienne de la coalition dans la ville de Hajin (Twitter, 3 novembre 2018).
 Droite : Fumée après une frappe aérienne de la coalition dans la ville de Hajin (Twitter, 3 novembre 2018). Gauche : Fumée après que les avions de la coalition aient détruit une voiture piégée de l’Etat islamique dans la ville de Hajin (Page Facebook de Furat Post, 3 novembre 2018)
Pertes
  • L’Observatoire syrien des droits de l’homme a signalé que depuis le début de l’attaque contre l’enclave de l’Etat islamique au Nord d’Abu Kamal, 523 membres de l’Etat islamique et 327 combattants des FDS avaient été tués (Observatoire syrien des droits de l’homme, 4 novembre 2018).
Rapport sur les renforts des FDS
  • Selon un rapport de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, du 28 au 30 octobre 2018, plus de 500 combattants kurdes appartenant aux forces spéciales des YPG sont arrivés dans la province de Deir ez-Zor. En outre, au moins une centaine de combattants des FDS sont arrivés le 30 octobre 2018 en provenance de la ville de Manbij (à environ 75 km au Nord-Est d’Alep). Ces renforts sont destinés à prendre part à une nouvelle attaque contre l’enclave de l’Etat islamique au Nord d’Abu Kamal (Observatoire syrien des droits de l’homme, 30 octobre 2018).
Nord-Est de la Syrie
Guérilla de l’Etat islamique contre les FDS et leurs partisans
  • L’Etat islamique a commencé à accroître ses activités à Al-Raqqah, son ancienne “capitale” en Syrie, reprise par les forces des FDS il y a un an (le 17 octobre 2017). Cette semaine, des membres de l’Etat islamique ont fait exploser une voiture piégée au centre de la ville, tué l’un des éminents cheikhs locaux et fait exploser un véhicule muni d’un engin piégé. Dans tous les cas, l’organisation a revendiqué la responsabilité des attaques et a averti les FDS de toute action ultérieure. La série d’attaques pourrait témoigner de la présence d’une infrastructure de membres de l’Etat islamique dans la ville d’Al-Raqqah voire de tensions entre les forces des FDS kurdes et la population arabe sunnite locale.
Explosion d’une voiture piégée
  • Le 4 novembre 2018, un terroriste de l’Etat islamique a fait exploser un véhicule piégé au centre d’Al-Raqqah. Selon des responsables de la sécurité dans la ville, un civil aurait été tué et une dizaine de civils et “d’hommes armés” auraient été blessés. Selon certaines informations, il y aurait eu des échanges de tirs après l’explosion et il est possible qu’il y ait eu plus de victimes que prévu (Observatoire syrien des droits de l’homme, 4 et 5 novembre 2018).
  • L’Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l’attaque. Selon son message, une équipe de l’Etat islamique a garé une voiture piégée dans un quartier général où des combattants des FDS venaient recevoir leur salaire. Selon la revendication de responsabilité de l’Etat islamique, environ 50 combattants des FDS ont été tués et blessés. Le message de l’organisation se terminait comme suit : “Si Allah le veut, nous allons rendre la vie des infidèles et de ceux qui les soutiennent amère, et nous ne montrerons aucune compassion ni pitié. Ce qui reste à venir sera plus terrible” (Province d’Al-Raqqah de l’Etat islamique, 4 novembre 2018).
Elimination d’un cheikh local
  • Le 2 novembre 2018, Bashir al-Huwaidi a été tué par balle dans le centre d’Al-Raqqah. Al-Huwaidi était l’un des principaux cheikhs de la tribu Al-Afadla, membre du conseil civil d’Al Raqqah. L’assaillant, qui s’est assis à côté de lui dans le véhicule, a saisi son arme et l’a abattu (Observatoire syrien des droits de l’homme, 4 novembre 2018).
  • L’Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l’assassinat. L’organisation a annoncé qu’une de ses équipes avait assassiné Bashir al-Faisal al-Huwaidi avec une arme à feu. Selon l’organisation, Al-Huwaidi était l’un des principaux collaborateurs des forces des FDS. La réclamation de responsabilité de l’Etat islamique s’est terminée par les mots : “Nous avertissons tous ceux qui aident les renégats [c’est-à-dire les FDS] à les protéger que les soldats du califat l’attendent et qu’il finira tôt ou tard avec sa mort, si Allah le veut” (Province d’Al-Raqqah de l’Etat islamique, 2 novembre 2018).
Explosion d’une voiture piégée
  • Le 5 novembre 2018, un engin piégé attaché à un véhicule des FDS a explosé au centre d’Al-Raqqah. Il n’y a pas eu de rapports de victimes. L’Etat islamique a revendiqué la responsabilité (Enab Baladi, 5 novembre 2018).
Principaux développements en Irak

Activités militaires de la Mobilisation populaire à la frontière irako-syrienne

  •  Les forces de la Mobilisation populaire (milices chiites) ont intensifié leurs activités militaires près de la frontière entre l’Irak et la Syrie, à la suite des succès remportés par l’Etat islamique au Nord d’Abu Kamal et de l’établissement de positions et de points d’observation le long de la frontière au lieu des combattants des FDS, qui ont quitté la zone. Les forces de Mobilisation populaire ont commencé à construire des fortifications et à renforcer les lignes de défense le long de la frontière. Les membres de la Mobilisation populaire ont mis en place un poste de contrôle arrière (sur la route menant à la Syrie), en plus du poste de contrôle existant à la frontière, et ont mis en place plusieurs points de supervision le long de la frontière (Site Internet de la Mobilisation populaire, 1er novembre 2018). En outre, des membres de la Mobilisation populaire ont tiré des coups de feu sur des cibles de l’Etat islamique sur le territoire syrien, près de la frontière irakienne (dans la région située au Nord d’Abu Kamal).
  • Hachem al-Mussawi, commandant de la Mobilisation populaire et porte-parole du mouvement Nujaba (affilié à l’Iran), a annoncé que, sous réserve d’un accord entre la Syrie et l’Irak, des membres de la Mobilisation populaire étaient prêts à entrer en Syrie et à lutter contre l’Etat islamique (Page Facebook Furat Post, 5 novembre 2018; Radio Al-Nur, 1er novembre 2018).

Hachem al-Mussawi, commandant des forces de Mobilisation populaire et porte-parole du mouvement Nujaba (Page Facebook Furat Post, 5 novembre 2018)
Hachem al-Mussawi, commandant des forces de Mobilisation populaire et porte-parole du mouvement Nujaba (Page Facebook Furat Post, 5 novembre 2018)

Activités de l’armée syrienne à la frontière syrienne
  • Cette semaine, des forces de la 9ème division de l’armée irakienne ont été transférées près de la frontière syrienne. Les forces y ont été transférées afin de renforcer la défense à la frontière après que les forces des FDS se sont retirées de toutes leurs positions dans la zone frontalière (dans la région d’Abu Kamal) et ont stoppé l’avancée des membres de l’Etat islamique sur ces positions (Compte Twitter Deir ez-Zor Now, 2 novembre 2018).

 Des chars de la 9e division en route vers la frontière irako-syrienne (Compte Twitter de Deir ez-Zor Now, 2 novembre 2018)
 Des chars de la 9e division en route vers la frontière irako-syrienne (Compte Twitter de Deir ez-Zor Now, 2 novembre 2018) 

  • Les forces de l’armée irakienne près de la frontière syrienne ont tiré de l’artillerie sur des cibles de l’Etat islamique à l’intérieur du territoire syrien (Iraqi News, 3 novembre 2018). Selon une source de sécurité irakienne, les membres de l’Etat islamique ne pourraient pas faire face aux tirs d’artillerie de l’armée irakienne et se sont retirés de leurs positions à Al-Baghouz et Al-Susah, à environ deux kilomètres de la frontière syro-irakienne (Agence de presse irakienne, 5 novembre 2018).
Activités supplémentaires des forces de sécurité irakiennes contre l’Etat islamique
  • Faits saillants de l’activité des forces de sécurité irakiennes contre l’Etat islamique au cours de la semaine écoulée :
  • La province d’Al-Anbar : Une force de la Mobilisation populaire (les milices chiites) a tué 11 membres de l’Etat islamique à Wadi al-Tharthar, dans le Nord de la province d’Al-Anbar. En outre, une cachette de l’Etat islamique a été détruite et des armes, du matériel et des engins piégés ont été découverts (Al-Sumaria News, 1er novembre 2018).
  • La province de Ninive : Une force de police fédérale irakienne effectuant des perquisitions au Sud-Est de Makhmur (à environ 68 km au Sud-Est de Mossoul), a tué 19 membres de l’Etat islamique. Ils ont trouvé sept fusils d’assaut Kalachnikov sur les lieux ainsi qu’une cache de nourriture (Al-Sumaria News, 2 novembre 2018).
  • La Province de Kirkouk : Le 28 octobre 2018, des avions de la coalition ont attaqué une cachette de l’Etat islamique à environ 34 km au Nord-Ouest de Kirkouk, tuant six membres. Une autre frappe aérienne a tué 19 membres de l’Etat islamique cachés dans un tunnel de 500 mètres de long (Al-Sumaria News, 4 novembre 2018).
  • La province de Kirkouk : Une force de police fédérale irakienne, effectuant des perquisitions dans la province méridionale de Kirkouk, a trouvé 53 engins piégés. Cinquante d’entre eux ont été trouvés dans une cache souterraine dans le Sud de la province. Les engins explosifs improvisés ont explosé de manière contrôlée (Al-Sumaria News, 2 novembre 2018).
Activités de l’Etat islamique
  • L’Etat islamique a intensifié ses activités dans la province de Diyala, au Nord de Bagdad, avec des tirs de tireurs d’élite et la détonation d’engins piégés, probablement en raison de la difficulté à mener des attaques très médiatisées contre les forces de sécurité irakiennes.
  • Ci-après les attaques de l’Etat islamique selon l’annonce de la province de Diyala :
  • Le 1er novembre 2018, un soldat de l’armée irakienne a été blessé par un tir de tireur isolé à environ 81 km au Nord-Est de Baqubah (Amaq, 3 novembre 2018).
  • Un soldat de l’armée irakienne a été blessé par un tir de tireur isolé de l’Etat islamique à environ 120 km au Nord de Bagdad. Un soldat de l’armée irakienne a été tué et d’autres blessés (Amaq, 3 novembre 2018).
La péninsule du Sinaï et l’Egypte
Fusillade de l’Etat islamique contre un autobus de coptes
  • Le 2 novembre 2018, plusieurs escouades de membres de l’Etat islamique ont attaqué deux minibus transportant des chrétiens coptes qui revenaient d’une visite au monastère de Saint-Samuel au Nord de Minya. Une autre voiture transportant des résidents locaux a également été attaquée. Lors d’une attaque qui a eu lieu à environ 137 kilomètres au Sud du Caire, huit personnes ont été tuées et 20 blessées (selon la version de l’Etat islamique, 13 personnes ont été tuées et 18 blessées).

La ville de Minya et le monastère de Saint Samuel (Google Maps)
La ville de Minya et le monastère de Saint Samuel (Google Maps)

  • Selon les médias égyptiens, l’attaque visait deux minibus transportant des passagers coptes chrétiens qui avaient quitté Minya et un autre véhicule transportant des résidents locaux. Selon des témoins oculaires, quatre hommes masqués parlant arabe dans un dialecte non égyptien voyageaient dans un VTT vert olive. L’un d’eux est sorti du véhicule et a ouvert le feu sur les deux minibus. D’autres terroristes ont participé à la fusillade. Le conducteur de l’un des minibus a réussi à s’en aller. Les membres de l’Etat islamique ont poursuivi le minibus en fuite. Huit personnes ont été tuées et 20 blessées (Al-Masry al-Youm, 6 novembre 2018; Mada Masr, 5 novembre 2018).
  • L’Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l’attaque. Selon la revendication de responsabilité, le 2 novembre 2018, des membres de l’Etat islamique en embuscade ont attaqué trois bus transportant des chrétiens (cf., des coptes) qui se dirigeaient vers l’une des églises de la région de Minya. Les membres de l’Etat islamique ont ouvert le feu avec des armes légères. Selon l’organisation, 13 personnes ont été tuées et 18 blessées. L’Etat islamique a souligné qu’il s’agissait d’une attaque de vengeance dédiée à “nos modestes sœurs, arrêtées par le régime égyptien, qui a abandonné la voie de l’islam…” (Province d’Egypte de l’Etat islamique, 2 novembre 2018).
  • À la suite de l’attaque, les forces de sécurité égyptiennes ont organisé une vaste chasse à l’homme à l’intention des responsables dans la zone désertique du gouvernorat de Minya. En peignant la zone, ils ont découvert une zone de rassemblement opérationnel. Lors des affrontements qui ont eu lieu entre les forces de sécurité égyptiennes et l’Etat islamique, 19 membres ont été tués, dont certains (ou tous) ont été impliqués dans l’attaque. Des fusils, des armes de poing, des munitions et des documents ont été retrouvés en leur possession (Page Facebook du ministère égyptien de l’Intérieur, 4 novembre 2018).
  • Pour l’Etat islamique, les chrétiens coptes en Egypte sont une cible de choix pour les attaques. Ces dernières années, un certain nombre d’attaques meurtrières ont été perpétrées contre eux. Les membres de l’Etat islamique ont notamment perpétré les attentats suivants : un attentat suicide à la bombe dans une église du Caire (au moins 25 personnes ont été tuées le 12 décembre 2016) ; des attentats suicide perpétrés dans deux églises coptes de Tanta et d’Alexandrie (le 9 avril 2017, plus de 50 personnes ont été tuées) ; une fusillade sur un bus transportant des coptes se rendant au monastère de Saint-Samuel au Nord de Minya (le 29 mai 2017, au moins 29 personnes ont été tuées) ; une fusillade près d’une église copte à Helwan, au Sud du Caire (le 29 décembre 2017, dix personnes ont été tuées). La dernière attaque constitue un “signal” de l’Etat islamique selon lequel, malgré la pression exercée sur lui dans le Sinaï, il dispose toujours de capacités opérationnelles lui permettant de mener des attaques de démonstration en Égypte proprement dite.
Activités du jihad dans d’autres pays
  • Le 31 octobre 2018, un attentat suicide à la bombe a été perpétré à Kaboul, près de la prison de Pul Charkhi. L’attaque a eu lieu contre un bus transportant des gardiens de prison et des agents de sécurité. Au moins sept personnes ont été tuées et au moins 10 ont été blessées (www.khaama.com, 31 octobre 2018). L’organisation a annoncé qu’un terroriste avait fait exploser sa veste explosive. En conséquence, plus de 30 membres du personnel pénitentiaire ont été tués et blessés (Province de Khorasan de l’Etat islamique, 31 octobre 2018).
La guerre de propagande
  • Le 29 octobre 2018, la Fondation des médias Al-Abd al-Faqir, affiliée à l’Etat islamique, a publié une affiche menaçant la vie du pape François. L’affiche montre le pape lors d’une visite au camp de concentration d’Auschwitz en Juillet 2016, en face d’un homme portant un brassard noir sur le bras droit et portant le texte en arabe : “Il n’y a pas d’autre Dieu qu’Allah”. L’homme pointe une arme sur le pape, et la légende en anglais précise : “Ne pensez pas que vous êtes à l’abri de nos attaques” (Compte Twitter Rosanna@RosannaMrtnz, 24 octobre 2018; PJ Media [un site d’information américain], 29 octobre 2018).
  • Auparavant, vers le 24 octobre 2018, la même fondation pour les médias avait publié une affiche menaçant la vie du pape et des chrétiens. L’affiche montrait le pape au camp de concentration d’Auschwitz, avec un homme masqué tenant un fusil Kalachnikov qui l’attend. La légende en arabe précisait : “O fidèles de la Croix [un terme péjoratif pour les chrétiens], sachez qu’il y a ceux qui vous guettent qui vont bientôt vous arrêter de respirer, vous pouvez vous y attendre, mais il y en a parmi vous qui vous guettent” (Compte Twitter Rosanna@RosannaMrtnz, 24 octobre 2018; PJ Media [un site d’information américain], 29 octobre 2018).
Menace de l'Etat islamique sur la vie du pape François et des chrétiens (Al-Abd al-Faqir, 24 octobre 2018)   Menace de l'Etat islamique sur la vie du pape François (Al-Abd al-Faqir, 29 octobre 2018).
Droite : Menace de l’Etat islamique sur la vie du pape François (Al-Abd al-Faqir, 29 octobre 2018). Gauche : Menace de l’Etat islamique sur la vie du pape François et des chrétiens (Al-Abd al-Faqir, 24 octobre 2018)