Pleins feux sur le jihad mondial (10-15 mai 2018)

Soldats de l'armée syrienne dans le quartier d'al-Hajar al-Aswad (Sana, 12 mai 2018).

Soldats de l'armée syrienne dans le quartier d'al-Hajar al-Aswad (Sana, 12 mai 2018).

Véhicule blindé de l'armée syrienne dans le quartier d'Al-Hajar al-Aswad (Sana, 10 mai 2018).

Véhicule blindé de l'armée syrienne dans le quartier d'Al-Hajar al-Aswad (Sana, 10 mai 2018).

Tirs d'artillerie sur le camp de réfugiés de Yarmouk (Chaîne Youtube de la Brigade Al-Quds, 8 mai 2018)

Tirs d'artillerie sur le camp de réfugiés de Yarmouk (Chaîne Youtube de la Brigade Al-Quds, 8 mai 2018)

Tirs d'artillerie sur le camp de réfugiés de Yarmouk (Chaîne Youtube de la Brigade Al-Quds, 8 mai 2018)

Tirs d'artillerie sur le camp de réfugiés de Yarmouk (Chaîne Youtube de la Brigade Al-Quds, 8 mai 2018)

Mortiers

Mortiers

Divers types d'armes légères.

Divers types d'armes légères.

L'un des trois attentats terroristes de l'Etat islamique à Surabaya, en Indonésie.

L'un des trois attentats terroristes de l'Etat islamique à Surabaya, en Indonésie.

La famille responsable des trois attentats suicide contre les trois églises (fanarmisr.com, 13 mai 2018)

La famille responsable des trois attentats suicide contre les trois églises (fanarmisr.com, 13 mai 2018)

 Principaux événements
  • En dépit des tensions entre l’armée israélienne et les forces iraniennes, les combats se poursuivent entre l’armée syrienne et les forces des FDS contre l’Etat islamique sans interruption dans deux arènes principales : dans les quartiers du Sud de Damas, l’armée syrienne et les forces qui l’aident ont conquis des parties du camp de réfugiés d’Al-Yarmouk et le quartier d’Al-Hajar Al-Aswad, au Sud. La zone contrôlée par l’Etat islamique se rétrécit. Dans la basse vallée de l’Euphrate, les FDS occupent une importante place forte de l’Etat islamique au Sud-Est d’Abu Kamal et leurs hommes se dirigent vers la frontière syro-irakienne où ils ont été rejoints par les forces irakiennes. 
  • En Irak, l’Etat islamique a tenté de perturber les élections législatives sans succès. Cet échec, qui témoigne de sa faiblesse actuelle en Irak, s’ajoute à l’échec de perturber les élections présidentielles en Egypte. Une preuve supplémentaire des difficultés de l’Etat islamique est la capture de cinq responsables de l’organisation, y compris l’assistant personnel du chef de l’Etat islamique, interpellés (selon un média irakien) dans une opération de renseignement irako-américaine. Les cinq sont maintenant aux mains de l’Irak et ils ont été présentés dans les médias irakiens.  
  • Alors que l’Etat islamique fait face aux pressions de l’Irak et de la Syrie, ses membres continuent de mener des attaques à travers le monde. La semaine a été marquée par une attaque à l’arme blanche dans le Centre de Paris près de l’Opéra (un mort et quatre blessés), exécutée par un terroriste tchétchène qui a reçu l’asile en France. Dans la ville de Surabaya, en Indonésie, les membres d’une famille de retour en Indonésie de Syrie où ils étaient actifs dans les rangs de l’Etat islamique ont attaqué trois églises (12 morts). Dans la même ville, un attentat-suicide a été commis au siège de la police par une famille locale de cinq membres et l’Etat islamique a revendiqué la responsabilité des émeutes de prisonniers dans un centre de détention en Indonésie (cinq morts). Dans la ville de Jalabad, en Afghanistan, des terroristes ont effectué une fusillade et un attentat suicide dans le bâtiment du ministère des Finances locales (15 morts).
  • A Londres, une attaque suicide a été déjouée (Avril) contre le British Museum, par une femme, qui était fiancée à un membre de l’Etat islamique d’origine pakistanaise (qui a été tué). Sa mère et sa sœur avaient prévu de mener une attaque à l’arme blanche à Westminster après son arrestation. Toute la famille est maintenant en procès. Le responsable du MI5 a affirmé lors d’une conférence à Berlin que l’Etat islamique cherche à mener des attaques plus destructrices et plus complexes en Europe.
  • Ayman al-Zawahiri, le leader d’Al-Qaïda a appelé les musulmans (14 mai 2018) à mener le jihad contre les Etats-Unis et d’autres pays occidentaux après le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem. Il a cité Oussama Ben Laden qui a juré que les États-Unis ne seront pas en sécurité “jusqu’à ce que nous les musulmans nous installons en Palestine, jusqu’à ce que toutes les armées hérétiques soient expulsées de la péninsule arabique. L’Etat islamique a publié le testament enregistré du terroriste responsable de l’attaque à l’arme blanche à Paris, qui a appelé les musulmans : “Réalisez vos attaques ici, sur la terre des infidèles, et n’attendez pas”.
Implication russe en Syrie
  • Dans un discours à la conférence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), le vice-ministre russe des Affaires étrangères Oleg Siromolotov a déclaré que plus de 4 000 citoyens russes combattaient en Syrie aux côtés des organisations terroristes et seraient poursuivis pénalement à leur retour en Russie. Il a précisé que l’épine dorsale du terrorisme international en Syrie a été brisée, mais qu’il est néanmoins possible de s’attendre à ce que d’autres centres terroristes continuent à apparaître dans un proche avenir (Tass, 10 mai 2018).
Syrie
Campagne de reprise des quartiers Sud de Damas
  • L’armée syrienne continue de remporter des succès dans la bataille pour la reprise de la banlieue Sud de Damas des mains de l’Etat islamique. Le contrôle de l’Etat islamique sur ses deux principaux bastions diminue : dans le camp de réfugiés d’Al-Yarmouk, la majeure partie de la partie Sud et le quartier d’Al-Hajar al-Aswad restent aux mains de l’organisation. Les manœuvres au sol de l’armée syrienne ont été assistées par des tirs d’artillerie et des frappes aériennes, qui ont causé des destructions importantes.
Char de l'armée syrienne dans le quartier d'Al-Hajar al-Aswad (Sana, 10 mai 2018)   Soldats de l'armée syrienne dans le quartier d'al-Hajar al-Aswad (Sana, 12 mai 2018).
Droite : Soldats de l’armée syrienne dans le quartier d’al-Hajar al-Aswad (Sana, 12 mai 2018). Gauche : Char de l’armée syrienne dans le quartier d’Al-Hajar al-Aswad (Sana, 10 mai 2018)
Soldats et miliciens syriens à côté d'un char syrien du quartier d'Al-Hajar al-Aswad (Sana, 10 mai 2018)   Véhicule blindé de l'armée syrienne dans le quartier d'Al-Hajar al-Aswad (Sana, 10 mai 2018).
Droite : Véhicule blindé de l’armée syrienne dans le quartier d’Al-Hajar al-Aswad (Sana, 10 mai 2018). Gauche : Soldats et miliciens syriens à côté d’un char syrien du quartier d’Al-Hajar al-Aswad (Sana, 10 mai 2018)
Frappes aériennes et tirs d’artillerie dans le camp de réfugiés de Yarmouk
  • L’avancée terrestre de l’armée syrienne dans les quartiers Sud de Damas s’est accompagnée de frappes aériennes et de bombardements d’artillerie centrés sur le camp de réfugiés d’Al-Yarmuk, les quartiers d’Al-Hajar al-Aswad et le quartier d’Al-Takhman. La Brigade palestinienne Al-Quds, qui combat aux côtés de l’armée syrienne, a publié une vidéo tournée par un drone. La vidéo montre des tirs d’artillerie et des frappes aériennes contre les cibles de l’Etat islamique dans le camp de réfugiés d’Al-Yarmuk. Les images montrent des attaques contre des bâtiments dans tout le camp (Chaîne Youtube de la Brigade Al-Quds, 8 mai 2018).
Tirs d'artillerie sur le camp de réfugiés de Yarmouk (Chaîne Youtube de la Brigade Al-Quds, 8 mai 2018)   Tirs d'artillerie sur le camp de réfugiés de Yarmouk (Chaîne Youtube de la Brigade Al-Quds, 8 mai 2018)
Tirs d’artillerie sur le camp de réfugiés de Yarmouk (Chaîne Youtube de la Brigade Al-Quds, 8 mai 2018)
Pertes
  • Le 14 mai 2018, l’Observatoire syrien des droits de l’homme a rapporté que depuis le début de la campagne le 19 avril 2018, 215 soldats syriens et miliciens qui les soutiennent, y compris de la Brigade Al-Quds, ont été tués. Parmi les morts se trouvent 26 officiers de divers rangs, dont neuf ont été exécutés par l’Etat islamique. En outre, 168 membres de l’Etat islamique ont été tués (Observatoire syrien des droits de l’homme, 14 mai 2018). Selon l’Etat islamique, depuis le début des combats au Sud de Damas, 670 soldats syriens ont été tués, la plupart d’entre eux dans le camp de réfugiés et dans le quartier d’Al-Hajar al-Aswad (Haq, 11 mai 2018).
Documentation des armes remises à l’armée syrienne par le Siège de Libération d’Al-Sham
  • Le gouvernement syrien a publié une vidéo montrant des armes diverses remises par les membres du Siège de Libération d’Al-Sham dans les quartiers de Yalda, Bila et Bayt Sham, à l’Est du camp d’Al-Yarmouk (dans le cadre de l’accord selon lequel eux-mêmes et leurs familles ont été évacuées des zones d’Idlib et de Jarabulus). Ci-après quelques photos (Sana, 11 mai 2018) :
Mortiers    Obus de mortier
Droite : Obus de mortier. Gauche : Mortiers
 Lanceurs de fusées et de RPG   Véhicules transportant des canons antiaériens à deux canons.
 Droite : Véhicules transportant des canons antiaériens à deux canons. Gauche : Lanceurs de fusées et de RPG
Est de la Syrie

Opération “Al-Jazeera Storm”

  •  Dans la basse vallée de l’Euphrate, les forces des FDS ont poursuivi l’opération Al-Jazeera Storm, qui devrait durer plusieurs semaines[1]. Le but de l’opération est de purger la vallée de l’Euphrate et la frontière syro-irakienne de la présence de l’Etat islamique. L’opération est menée avec le soutien aérien de la coalition dirigée par les États-Unis et en coopération avec les forces des FDS et les combattants irakiens (apparemment des forces chiites de la Mobilisation populaire). La semaine dernière, les troupes des FDS ont repris de l’Etat islamique son avant-poste important dans le village d’al-Bahouj, au Sud d’Abu Kamal, en coopération avec une force irakienne et le soutien aérien de la coalition. Dans le village d’Al-Jin, à environ 26 kilomètres au Nord d’Abu Kamal, les militants de l’Etat islamique continuent de s’opposer.
  • Il a été rapporté que l’armée syrienne et ses forces ont lancé une nouvelle opération visant à empêcher l’infiltration de militants de l’Etat islamique dans le désert de Deir ez-Zor. Les forces syriennes auraient conquis de vastes zones au Sud-Ouest de Deir ez-Zor et avancé de 60 kilomètres dans le désert (Anab Baladi, 11 mai 2018).

Région d’al-Salamiya (Sud-Est de Hama)

  • Dans la zone de la ville d’Al-Salamiya, un accord d’évacuation supplémentaire a été conclu entre la Russie et le Siège de Libération d’Al-Sham. Selon l’accord, 3 500 membres du Siège de Libération d’Al-Sham ont été évacués vers Idlib depuis les villes et villages de la région d’Al-Salamiya. L’évacuation a été effectuée par des bus et des voitures (Smart News, 13 mai 2018).
Principaux développements en Irak

Le 12 mai, des élections ont eu lieu en Irak, et se sont déroulées dans un calme relatif. L’Etat islamique a mené plusieurs attaques le jour des élections, qui se sont concentrées dans la région de Kirkuk (où il semble relativement facile à l’organisation d’opérer). Les attaques n’ont pas attiré l’attention politique et médiatique ni perturbé les élections, comme l’avait menacé le porte-parole de l’organisation. L’échec de l’Etat islamique témoigne de sa faiblesse actuelle en Irak et de son échec à perturber les élections présidentielles égyptiennes (malgré les menaces adressées au public égyptien).

  • Ci-après les attaques menées par l’Etat islamique ou tentées le jour du scrutin :
    • Deux membres de l’Etat islamique portant des ceintures explosives ont été tués par les forces de sécurité irakiennes le 12 mai 2018 alors qu’ils s’apprêtaient à attaquer un centre électoral dans la ville de Baqubah (Al-Sumaria, 12 mai 2018).
    • L’Etat islamique a revendiqué l’explosion d’une charge explosive contre le véhicule d’observateurs électoraux au Sud de Kirkuk (Haqq, 12 mai 2018). En outre, il était responsable de l’assassinat du dirigeant d’un bureau de vote à l’Est de Hawijah au moyen d’une charge explosive (Haq, 12 mai 2018).
    • L’Etat islamique a revendiqué la responsabilité du tir d’obus de mortier sur un centre électoral dans la région de Baqubah. L’Etat islamique a annoncé que six personnes avaient été blessées dans l’attaque, dont trois gardes de sécurité (Haqq, 12 mai 2018).
    • Selon une source de sécurité dans le district de Kirkuk, sept policiers et militants de la Mobilisation populaire ont été tués lors d’une attaque lancée par des activistes de l’Etat islamique contre des postes de contrôle de police dans le district du Sud-Ouest. Deux membres de la Mobilisation populaire ont été blessés dans l’attaque (Al-Sumaria, 12 mai 2018). L’Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l’opération (Haqq, 12 mai 2018).
    • Le 12 mai 2018, l’Etat islamique a revendiqué la responsabilité de la destruction de véhicules dans lesquels des policiers irakiens voyageaient dans la région de Hawijah, au Sud-Ouest de Kirkuk. Selon l’organisation, trois policiers ont été tués (Haqq, 12 mai 2018). Par ailleurs, l’Etat islamique a annoncé avoir tué sept policiers par des engins piégés activés contre trois véhicules, à 35 km au Sud-Ouest de Kirkuk (Haqq, 12 mai 2018).
    • Kirkuk : Le 8 mai 2018, il a été signalé que trois employés de la compagnie pétrolière irakienne ont été blessés par un engin explosif improvisé, utilisé contre des véhicules à l’Ouest de Kirkuk (Al-Sumaria, 8 mai 2018). L’Etat islamique a annoncé le lendemain que les militants ont attaqué les oléoducs appartenant au gouvernement irakien (Nasher, 9 mai 2018).
    • Province de Diyala : Un soldat irakien a été tué le 13 mai 2018 dans l’explosion d’une bombe dans la région de Khanaqin, à environ 100 km au Nord-Est de Baqubah. L’Etat islamique est probablement responsable (Al-Sumaria, 13 mai 2018).
    • Province de Salah al-Din : Le 10 mai 2018, l’agence Amaq de L’Etat islamique a annoncé que quatre soldats de l’armée irakienne ont été tués et deux autres ont été blessés lors d’affrontements dans de la région d’Al-Tabi, à environ 32 kilomètres au Nord de Bagdad (Haqq, 10 mai 2018).
    • Province de Ninive : Le 10 mai 2018 l’agence Amaq a annoncé que trois combattants de la Mobilisation populaire ont été tués et qu’un véhicule militaire a été visé par un engin explosif improvisé dans un village à environ 11 km au Sud de Mossoul (Haqq, 10 mai 2018).
Arrestation de cinq responsables de l’Etat islamique dans une opération turco-américano-irakienne
  •  Les médias irakiens ont rapporté qu’une vaste opération visant à capturer quatre responsables de l’Etat islamique a été couronnée de succès. L’opération a été menée par l’Irak en coopération avec les services secrets américains et turcs. Les quatre hauts responsables ont été tentés de passer de Syrie en Irak via l’application Telegram, installée sur le téléphone portable d’Ismail al-Athawi (un autre haut responsable de l’Etat islamique arrêté en Turquie en Février 2018 par les renseignements turcs et transféré aux renseignements irakiens). Les quatre individus ont été capturés en Irak (Akhbar al-Arak, 10 mai 2018). Les médias irakiens ont publié une déclaration donnant des détails sur les cinq hommes.

Les cinq responsables de l'Etat islamique capturés par les Irakiens (Al-Alam, 11 mai 2018)
Les cinq responsables de l’Etat islamique capturés par les Irakiens 
(Al-Alam, 11 mai 2018)

  • Ci-après les détails des cinq commandants :
    • Isma’il ‘Alwan Salman al-‘Ithawi, connu sous le nom d’Abu Zeid l’Irakien, était un assistant personnel du chef de l’Etat islamique Abu Bakr al-Baghdadi. Il était responsable du transfert de fonds sur les comptes bancaires de l’organisation dans divers pays. Comme mentionné, les membres des renseignements irakiens ont utilisé l’application Telegram, installée sur son téléphone portable pour inciter les commandants de l’organisation à passer de Syrie en Irak (Reuters, 10 mai 2018).
    • Muhammad Hussein Hader Al-Qadir connu sous le nom d’Abu Sayf Al-Shouaity : Commandant (émir) de la région d’Al-Mayadeen et commandant du Bataillon révolutionnaire d’Al-Shaitat.[2]
    • Saddam Omar Yahya Al-Jamal connu sous le nom d’Abu Ruqaia Al-Ansari et Abu Uday Abu Obeida : commandant en chef, a également été responsable de la sécurité dans la province de Furat.
    • Omar Shihab Hammad al-Karbouli, alias Abu Hafs al-Karbouli : Commandant (émir) des renseignements de la province de Furat et commandant de la zone d’al-Mayadeen.
    • Issam Abd al-Qader Ashour al-Zouba’i, alias Abu Abd al-Haqq al-Iraqi commandant (émir) de la force d’élite de l’unité Al-Fatah.
L’Egypte et la péninsule du Sinaï
Opération Sinaï 2018 – Annonce des forces égyptiennes
  • Le 11 mai 2018, l’état-major égyptien a publié un rapport sur l’activité des forces de sécurité égyptiennes dans le cadre de l’Opération Sinaï 2018. Selon le rapport, 21 terroristes ont été tués dans le Nord et le Centre de l’Egypte, la plupart dans une frappe aérienne. 390 cachettes et entrepôts terroristes ont été détruits. Trente voitures et quarante-neuf motos sans plaque d’immatriculation ont été détruites ou confisquées (Al-Masri Al-Yawm, 11 mai 2018).
Activités du jihad dans d’autres pays
France

Attentat à l’arme blanche à Paris

  •  Le 12 mai 2018, une attaque à l’arme blanche a eu lieu dans le centre de Paris près de l’opéra, qui était bondé (une zone avec de nombreux lieux de divertissement). Un terroriste a commencé à poignarder un passant avec un couteau de cuisine dans la rue, puis a essayé d’entrer dans des lieux de divertissement dans le secteur, en criant “Allahu Akbar”. Une personne a été tuée et quatre autres ont été blessées (dont deux grièvement). Les forces de sécurité françaises ont d’abord tenté de neutraliser le terroriste avec un pistolet paralysant, mais ont été forcés de le tuer (France 24, BBC, Telegraph, 13 mai 2018).

Scène de l'attaque à Paris (Haqq, 13 mai 2018)
Scène de l’attaque à Paris (Haqq, 13 mai 2018)

  • L’Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l’attaque. Selon la revendication de responsabilité publiée par l’agence Amaq (sous sa forme habituelle), “l’opération de Paris a été menée par un soldat de l’Etat islamique en réponse aux appels à porter atteinte aux pays de la coalition internationale” (Haq, 13 mai 2018). L’agence a également publié une vidéo, dans laquelle l’auteur de l’attaque à l’arme blanche lit son testament, masqué. Sous une légende de l’image on peut lire en arabe : “Si vous ne pouvez pas [émigrer vers l’Etat islamique], menez vos attaques ici, sur la terre des infidèles et n’attendez pas” (Haq, 13 mai 2018).

L'auteur de l'attentat à l'arme blanche à Paris, lit son testament et appelle à mener des attaques "sur les terres des infidèles" et à ne pas attendre (Haq, 13 mai 2018)
L’auteur de l’attentat à l’arme blanche à Paris, lit son testament et appelle à mener des attaques “sur les terres des infidèles” et à ne pas attendre (Haq, 13 mai 2018)

  • Les médias français ont rapporté que le terroriste était Khamzat Azimov, 20 ans, originaire de la République Tchétchène de Russie. La famille d’Azimov est arrivée en France au début des années 2000 et a reçu l’asile dans le pays. Le terroriste a reçu la nationalité française en 2010. Azimov a récemment vécu dans le nord de Paris dans un quartier avec une forte population immigrée. Il était surveillé par les autorités françaises depuis 2016 à cause de ses liens avec des activistes jihadistes en Syrie et des militants islamistes radicaux en France, mais n’avait pas agi de manière extrême ni exprimé des opinions extrêmes. Il a été interrogé par les autorités en 2017. Il a été identifié comme une menace potentielle à la sécurité mais n’avait aucun casier judiciaire (Telegraph, Huffington Post, 13 mai 2018).
Indonésie

Attentat suicide d’une famille de membres de l’Etat islamique contre trois églises

  • En Indonésie, une série d’attaques a été réalisée par l’Etat islamique et une organisation jihadiste liée : 13 mai 2018, l’Etat islamique a attaqué trois églises à Surabaya, dans la province de Java en Indonésie du Sud (environ 665 km à l’Est de la capitale Jakarta[3]). Les auteurs des attaques étaient les membres d’une famille identifiée avec l’Etat islamique. Cette famille est l‘une des 500 familles qui sont revenues en Indonésie depuis la Syrie (Reuters, 13 mai 2018[4]). Il a été rapporté que les membres de la famille qui ont perpétré les attentats suicide étaient liés à Jamaat Ansharut Al Dawla, une organisation affiliée à l’Etat islamique, qui a également été associée à une émeute dans un centre de détention de la ville de Depok et un attentat suicide contre le siège de la police dans la ville de Surabaya (voir ci-dessous).
  •   Pendant l’attaque, le père de la famille a fait exploser un engin explosif dans une voiture après avoir franchi la porte de la première église. La mère et ses deux filles, âgées de 9 et 12 ans, se sont fait exploser à l’entrée d’une deuxième église, tandis que les gardes de sécurité l’ont détenue pour inspection. Les deux garçons, âgés de 16 et 18 ans, ont commis une attaque terroriste dans une troisième église en faisant exploser des engins explosifs qu’ils transportaient sur une moto (Reuters, 13 mai 2018). Dans ces trois attaques, 12 personnes ont été tuées et 41 blessées (CNN, 14 mai 2018).

Emeutes mortelles de prisonniers terroristes dans un centre de détention en Indonésie

  • Le 8 mai 2018, des émeutes ont éclaté dans la prison de la ville de Depok, en Indonésie (au Sud de la capitale, Jakarta). Les terroristes détenus dans l’établissement bénéficient d’une sécurité maximale. L’Etat islamique a revendiqué la responsabilité des émeutes. Selon le porte-parole de la police indonésienne, les prisonniers qui ont participé aux émeutes appartenaient à l’organisation terroriste Jamaat Ansharat al-Doula, qui a prêté allégeance à L’Etat islamique.
  • Pendant les émeutes, des combats ont opposé 156 prisonniers qui ont réussi à prendre le contrôle des armes aux gardiens de la prison. Les prisonniers ont pris en otage un certain nombre d’officiers du contre-terrorisme. Cinq des policiers ont été tués par les prisonniers, la plupart d’entre eux par des blessures à la gorge (probablement par des éclats de verre). Quatre autres policiers ont été grièvement blessés. Un des prisonniers qui a pris part aux émeutes a été tué. Les émeutes ont duré environ 36 heures et se sont terminées le 10 mai 2018, lorsque les forces de sécurité indonésiennes ont fait irruption dans le centre de détention et ont défait les prisonniers.
  • Après les émeutes, l’audience a été reportée au procès du dirigeant de la JAN, Aman Abdurrahman. L’audience était prévue le 11 mai 2018. Aman Abu Darham est jugé pour avoir participé à un certain nombre d’attaques en Indonésie au cours des dernières années. Selon les médias indonésiens, lors des émeutes dans la prison, les prisonniers, qui ont pris en otage plusieurs policiers, ont demandé à parler à Abu Dharam, qui était détenu séparément des autres prisonniers identifiés avec l’Etat islamique. La police indonésienne a déclaré que les forces de sécurité n’ont pas négocié avec les prisonniers pendant les émeutes et n’ont pas répondu à leurs demandes (The Jakarta Post, 11 mai 2018).

Version de l’Etat islamique des événements

  • Le 9 mai 2018, la Province d’Asie de l’Est de l’Etat islamique a publié une déclaration reconnaissant la responsabilité des émeutes. La déclaration affirme que 10 membres de l’unité antiterroriste ont été tués après que plusieurs militants de l’organisation emprisonnés dans la prison ont réussi à prendre le contrôle des fusils et des pistolets et à s’en servir. En outre, l’Etat islamique a publié des photos de la prison de Depok, où des prisonniers sont montrés armés de fusils et de pistolets avec en toile de fond le drapeau de l’Etat islamique et un soldat de l’unité antiterroriste pris en otage (Haq, 9 mai 2018).

Attentat suicide d’une famille proche de JAD contre le siège de la police dans la ville de Surabaya

  • Le 14 mai, un attentat suicide a été perpétré au siège de la police indonésienne dans la ville de Surabaya. L’attentat a été perpétré par une famille de cinq personnes (quatre adultes et une fille), arrivés par deux motos à un point de contrôle à l’entrée du siège de la police. Après s’être vus refuser l’entrée, les terroristes ont fait exploser les engins piégés en leur possession. Quatre des terroristes ont été tués et dix personnes ont été blessées (dont quatre policiers). La famille appartenait à l’organisation terroriste JAD (BBC, Antara News, 14 mai 2018.) L’attaque s’ajoutait aux attaques de JAD en Indonésie la semaine dernière. Selon le chef de la police indonésienne, les attaques ont été commises sur les ordres de l’Etat islamique (Antara News, 14 mai 2018).
Afghanistan

Fusillade et attentat suicide à Jalalabad

  • Le 13 mai 2018, huit terroristes ont tiré sur le bâtiment du ministère des Finances de la ville de Jalalabad (à 150 km de Kaboul), et plusieurs terroristes (deux ou trois) se sont fait exploser à l’entrée du ministère des Finances. Les autres terroristes sont entrés dans le bâtiment et ont ouvert le feu, armés de fusils d’assaut et de missiles antichars, et ont échangé des coups de feu avec les forces de sécurité pendant plusieurs heures, tuant au moins 15 personnes et en blessant 42 autres. L’Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l’attaque, mais plusieurs médias ont rapporté que les Taliban étaient responsables de l’attaque (Radio Free Liberty, Reuters, Pajhwok, 13 mai 2018).
Activités de contreterrorisme
Attentat déjoué à Londres
  • Une terroriste qui prévoyait d’effectuer un attentat suicide au British Museum en Avril 2018 est actuellement jugé en Grande-Bretagne. La terroriste est Safaa Boular, une Britannique de 17 ans (apparemment d’origine pakistanaise). Elle prévoyait de mener un attentat suicide à l’aide d’un engin explosif et de lancer des grenades. Safa Boular, qui a adopté l’idéologie de l’Etat islamique, avait l’intention de se rendre en Syrie pour épouser Naweed Hussein, militante de l’organisation d’origine pakistanaise, qu’elle avait contacté sur les réseaux sociaux et avec qui elle s’était fiancée dans même l’avoir rencontré. Son fiancée a été tué en Syrie avant qu’elle puisse l’épouser et elle a été arrêtée à l’aéroport avant son départ (Telegraph, 10 mai 2018).

Safa Boular, qui prévoyait de mener une attaque au British Museum de Londres (Télévision Al-Arabiya, 12 mai 2018)
Safa Boular, qui prévoyait de mener une attaque au British Museum de Londres (Télévision Al-Arabiya, 12 mai 2018)

  • Suite à l’arrestation de Safa Boular (Août 2016), le sceptre a été transféré à sa sœur (21 ans) et à sa mère (43 ans). La sœur et la mère ont acheté des couteaux et avaient prévu de mener une attaque à l’arme blanche dans le quartier de Westminster à Londres[5]. Les deux ont été arrêtées le 27 avril 2018, le jour où elles avaient planifié l’attaque à l’arme blanche (Telegraph, 10 mai 2018).
Le chef du MI5 avertit contre des attaques plus létales de l’Etat islamique en Europe
  • Andrew Parker, chef du MI5 britannique, a déclaré lors d’une conférence avec les responsables de la sécurité à Berlin que l’Etat islamique voulait mener des attaques plus destructrices et plus complexes en Europe. Parker a averti que la menace posée par l’Etat islamique continuerait et que la perte de ses zones centrales en Syrie et en Irak nécessiterait une attention internationale continue dans les années à venir. En outre, Parker a noté que 12 attaques ont été déjouées en Grande-Bretagne depuis l’attaque de Westminster en 2017 (BBC, 14 mai 2018).

[1] Al-Jazeera est le surnom de la région désertique au Nord-Est de la Syrie, de l'Irak et de la Turquie. En Syrie, cette région se trouve à l'Est de l'Euphrate.
[2] Al-Shaitat : Tribu arabe sunnite de la région de Deir ez-Zor qui compte 70000-90000 personnes. En 2014, elle a mené les combats contre l'Etat islamique. En Août 2014, l'Etat islamique a tué 700 membres de la tribu (Wikipedia).

[3] Environ 10% de la population d'Indonésie, qui compte 261 millions d'habitants, sont chrétiens. Environ 227 des habitants du pays sont musulmans. Il s'agit du pays musulman le plus important du monde (Al-Jazeera, 14 mai 2018).

[4] Sur l'agence de presse AP et Reuters cités par Haaretz (15 mai 2018), près de 1100 Indonésiens qui avaient lutté dans les rangs de l'Etat islamique sont rentrés en Indonésie et représentent une menace à la sécurité du pays.

[5] Le 22 mars 2017, un terroriste a percuté avec sa voiture des passants sur le Pont Westminster de Londres. Cinq personnes ont été tuées (quatre civils et un membre des forces de sécurité) et plus de cinquante ont été blessés. Le terroriste a été tué par un policier présent sur place. L'Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l'attaque.