Pleins feux sur le jihad mondial (18-25 avril 2018)

Le retranchement de l'Etat islamique dans le camp de réfugiés de Yarmouk - ImageSat International (ISI)

Le retranchement de l'Etat islamique dans le camp de réfugiés de Yarmouk - ImageSat International (ISI)

Forces blindées (de l'armée syrienne et les forces qui la soutiennent) détectées dans une image satellite du Nord du camp de réfugiés de Yarmouk à la veille de l'attaque (ImageSat International - ISI)

Forces blindées (de l'armée syrienne et les forces qui la soutiennent) détectées dans une image satellite du Nord du camp de réfugiés de Yarmouk à la veille de l'attaque (ImageSat International - ISI)

Les chars syriens attaquent des centres et des positions fortifiées dans le quartier d'Al-Hajar Al-Aswad au Sud de Damas (Al-Hadath Suriya, 24 avril 2018)

Les chars syriens attaquent des centres et des positions fortifiées dans le quartier d'Al-Hajar Al-Aswad au Sud de Damas (Al-Hadath Suriya, 24 avril 2018)

Missiles antichars et rampes de lancement remis à l'armée syrienne (SANA, 22 avril 2018)

Missiles antichars et rampes de lancement remis à l'armée syrienne (SANA, 22 avril 2018)

Mortiers et obus de mortier (Chaîne Youtube SANA, 22 avril 2018)

Mortiers et obus de mortier (Chaîne Youtube SANA, 22 avril 2018)

Chars saisis par l'armée syrienne (Compte Twitter Islamic World Update@islamicworldupd, 21 avril 2018)

Chars saisis par l'armée syrienne (Compte Twitter Islamic World Update@islamicworldupd, 21 avril 2018)

Principaux événements
  • L’événement principal de la semaine a été l’expansion du contrôle du régime syrien sur la région de Damas. Le 19 avril 2018, l’armée syrienne et les forces qui la soutiennent ont lancé une campagne de reprise des quartiers Sud de Damas, qui sont sous le contrôle de l’Etat islamique. Après une attaque aérienne et des tirs d’artillerie, les forces syriennes ont lancé une attaque visant apparemment la partie Nord du camp de réfugiés de Yarmouk. En outre, suite à la reprise de la Ghouta orientale, l’armée syrienne a élargi son contrôle (sans résistance significative) à l’Est des monts d’Al-Qalamoun au Nord-Est de Damas. L’Armée de l’Islam (Jaysh Al-Islam), qui était déployée dans la région, a préféré évacuer vers le Nord sans lutter, tout en remettant de grandes quantités d’armes (y compris des chars) à l’armée syrienne.
  • Le principal événement dans les provinces de l’Etat islamique à l’étranger cette semaine a été un attentat suicide à Kaboul, la capitale de l’Afghanistan. L’attaque a été menée parmi des civils qui attendaient de recevoir leur carte d’identité. Le but de l’attaque était de perturber les élections législatives prévues pour Octobre 2018. Près de 60 personnes ont été tuées dans l’attaque et plus de 100 ont été blessées. Au cours des six mois qui se sont écoulés depuis la chute de l’État islamique, l’Afghanistan est un foyer important pour l’activité de l’organisation. En contraste avec la position défensive des membres de l’Etat islamique en Syrie, en Irak et dans d’autres provinces, l’organisation en Afghanistan prend l’initiative et œuvre intensément pour tenter de gagner une position de pouvoir vis-à-vis du gouvernement afghan et des talibans.
Syrie
La campagne de reprise des provinces Sud de Damas
Aperçu général
  • Le 19 avril 2018, l’unité d’information de l’armée syrienne a annoncé le lancement de la campagne pour libérer les zones contrôlées par l’Etat islamique au Sud de Damas. Après environ deux semaines de préparatifs, l’opération a commencé avec des tirs d’artillerie et des frappes aériennes contre des sièges de l’Etat islamique, des avant-postes, des armes et des routes d’approvisionnement dans le camp de réfugiés d’Al-Yarmouk et dans le quartier d’Al-Hajar al-Aswad à l’Ouest du camp (les deux principales zones contrôlées par l’organisation). Après ces tirs, l’armée syrienne a lancé une offensive contre plusieurs zones sous le contrôle de l’Etat islamique et des organisations rebelles dans les quartiers Sud de Damas.
Tracts
  • L’état-major général de l’armée syrienne a distribué des tracts appelant les individus armés à déposer leurs armes dans le Sud de Damas. Les tracts ont été distribués dans les quartiers d’Al-Hajar al-Aswad et d’Al-Tadamon et dans le camp de réfugiés de Yarmouk. Les tracts précisaient : “Prenez votre destin en main. La mort se rapproche de vous. Partez avant qu’il ne soit trop tard. Vous avez deux options : abandonner vos armes ou un destin inéluctable. L’état-major général de l’armée et des forces armées” (Page Facebook “Al-Yarmouk Camp in Our Hearts”, 23 avril 2018).

L'un des tracts largués depuis les airs dans les quartiers d'Al-Hajar al-Aswad et d'Al-Tadamon et dans le camp de réfugiés de Yarmouk (Page Facebook "Al-Yarmouk Camp in Our Hearts", 23 avril 2018)
L’un des tracts largués depuis les airs dans les quartiers d’Al-Hajar al-Aswad et d’Al-Tadamon et dans le camp de réfugiés de Yarmouk
(Page Facebook “Al-Yarmouk Camp in Our Hearts”, 23 avril 2018)

Préparatifs de la campagne
  • L’Etat islamique s’est préparé à l’attaque, estimant qu’à la fin de la campagne de
    Ghouta, l’armée syrienne lancerait une campagne pour s’emparer du Sud de Damas. Les préparatifs de la campagne comprenaient l’expansion des zones sous le contrôle de l’Etat islamique dans le quartier d’Al-Qadam à l’Ouest du camp de réfugiés de Yarmouk ; la fortification (creuser des tranchées, des positions et des tunnels) ; et des tentatives infructueuses de se joindre aux autres organisations rebelles opérant dans la région (le Siège de Libération d’Al-Sham et l’Armée syrienne libre ont refusé de coopérer avec l’Etat islamique).

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Le retranchement de l’Etat islamique dans le camp de réfugiés de Yarmouk – ImageSat International (ISI)

  • Parallèlement aux préparatifs de l’attaque, l’Etat islamique a négocié avec le régime pour parvenir à un accord d’évacuation, se sachant désavantagé par rapport à l’armée syrienne dans les quartiers Sud de Damas. Pendant les négociations, il a été proposé d’évacuer les membres de l’Etat islamique dans la zone de Bir Qassab dans le désert syrien (à l’Est de Damas) et plus tard vers le bassin du Yarmouk dans le Sud des hauteurs du Golan (une zone contrôlée par l’Armée Khaled bin al-Walid, affiliée à l’Etat islamique). Suite à l‘échec des négociations, le régime syrien a donné à l’Etat islamique 48 heures pour quitter la zone au Sud de Damas pour le bassin de Yarmouk. A la fin de cette période, l’organisation a reçu une nouvelle prolongation de 24 heures. Quand aucun accord n’a été trouvé, l’armée syrienne a lancé une offensive.
Le début de l’offensive
  • La campagne a commencé le 19 avril 2018, avec des tirs d’artillerie et des frappes aériennes syriennes sur des cibles de l’Etat islamique. Les attaques se sont concentrées sur le camp de réfugiés de Yarmouk et le quartier d’Al-Hajar al-Aswad, deux quartiers clés contrôlés par l’organisation. Le camp de Yarmouk a été attaqué par une force blindée du Nord. L’Etat islamique a affirmé qu’il avait stoppé l’attaque. En outre, l’armée syrienne a attaqué l’Etat islamique et les autres organisations rebelles le long d’autres routes dans des quartiers supplémentaires au Sud de Damas.
Emplacement des différentes forces

Forces blindées (de l'armée syrienne et les forces qui la soutiennent) détectées dans une image satellite du Nord du camp de réfugiés de Yarmouk à la veille de l'attaque (ImageSat International - ISI)
Forces blindées (de l’armée syrienne et les forces qui la soutiennent) détectées dans une image satellite du Nord du camp de réfugiés de Yarmouk à la veille de l’attaque 
(ImageSat International – ISI)

Documentation des combats

Les chars syriens attaquent des centres et des positions fortifiées dans le quartier d'Al-Hajar Al-Aswad au Sud de Damas (Al-Hadath Suriya, 24 avril 2018)
Les chars syriens attaquent des centres et des positions fortifiées dans le quartier d’Al-Hajar Al-Aswad au Sud de Damas (Al-Hadath Suriya, 24 avril 2018)

Pertes
  • Selon les rapports du régime syrien, l’Etat islamique a subi de nombreuses pertes jusqu’à présent. Les médias syriens ont rapporté que parmi les morts se trouvent des commandants et les dirigeants de l’Etat islamique et d’autres organisations. Une des victimes serait Abu Hashem al-Khabouri, responsable de l’Etat islamique (émir) dans le Sud de Damas (Page Facebook “Al-Yarmouk Camp in Our Hearts”, 20 avril
    2018). Un autre dirigeant de l’Etat islamique, Khaled Houshan, a été tué dans le quartier d’Al-Qadam (Page Facebook “Al-Yarmouk Camp in Our Hearts”, 23 avril 2018). Un autre commandant, appelé Abu Fatimah al-Saudi, d’origine saoudienne, a également été tué.
Khaled Houshan, commandant de l'Etat islamique tué dans le quartier de Qadam (Page Facebook "Al-Yarmouk Camp in Our Hearts", 23 avril 2018)   L'émir de l'Etat islamique dans le Sud de Damas, Abu Hashem al-Khabouri (Page Facebook "Al-Yarmouk Camp in Our Hearts", 20 avril 2018).
Droite : L’émir de l’Etat islamique dans le Sud de Damas, Abu Hashem al-Khabouri (Page Facebook “Al-Yarmouk Camp in Our Hearts”, 20 avril 2018). À gauche: Khaled Houshan, commandant de l’Etat islamique tué dans le quartier de Qadam (Page Facebook “Al-Yarmouk Camp in Our Hearts”, 23 avril 2018)
  • D’autre part, des sources affiliées à des opposants au régime ont signalé que pendant les combats dans les quartiers Sud, 55 soldats syriens et membres des milices soutenant l’armée syrienne ont été tués (Qasiyoun, 23 avril 2018). L’agence de presse Amaq de l’Etat islamique a rapporté que 51 soldats de l’armée syrienne ont été tués le 23 avril 2018 dans le quartier de Tadamon (Haqq, 24 avril 2018). Les décès comprenaient des Palestiniens combattant aux côtés de l’armée syrienne.
  • Des sources du camp de réfugiés de Yarmouk ont ​​signalé que plus de dix personnes ont été tuées depuis le début de l’attaque. Il a également été signalé que l’hôpital Palestine a cessé d’opérer à la suite de l’attaque. Divers quartiers du camp auraient subi de lourds dommages.
Reprise des monts d’Al-Qalamoun
  • Le 21 avril 2018, suite à la reprise de la Ghouta orientale, l’armée syrienne a élargi sa zone de contrôle jusqu’aux crêtes de l’Est d’Al-Qalamoun, au Nord-Est de Damas. La zone reprise par l’armée syrienne était occupée par l’Armée de l’Islam (Jaysh al-Islam), dont les membres étaient réticents à se battre et ont préféré remettre leurs armes (y compris des chars) et évacuer la zone. Selon l’accord d’évacuation, les membres de l’organisation ont été transférés à Idlib (contrôlée par le Siège de Libération d’Al-Sham) et à Jarabulus dans le Nord de la Syrie (sous protection turque) (Muraselon, 21 avril 2018). L’armée syrienne a publié des photos de nombreuses armes qui lui ont été remises et d’un grand dépôt d’armes appartenant à l’armée de l’Islam, contenant des chars et des véhicules blindés (voir ci-dessous).
  •  Dans la semaine qui a précédé l’attaque de l’armée syrienne, des accords d’évacuation ont été atteints, en vertu desquels les membres de l’armée de l’Islam et leurs familles ont été évacués et transférés au Nord de la Syrie. Dans le cadre des arrangements, il était stipulé que les membres de l’armée de l’Islam remettraient à l’armée syrienne une trentaine de chars et de nombreuses armes, y compris des canons antiaériens, des missiles antichars, des mortiers, des véhicules, divers types de fusées et des dispositifs de communication (SANA on Youtube, 22 avril 2018; SANA, 24 avril 2018). Au vu de ces arrangements, l’armée syrienne n’a pas rencontré de résistance importante en s’emparant des crêtes orientales d’Al-Qalamoun. L’opération, qui a débuté le 20 avril 2018, s’est terminée le lendemain.
  • L’Armée de l’Islam a publié un dépliant expliquant les raisons du retrait de ses membres de l’Est d’Al-Qalamoun sans se battre en se rendant leurs armes. Elle a notamment accusé l’Etat islamique d’avoir pendant trois ans utilisé et tué des centaines de membres de l’armée de l’Islam à Al-Qalamoun. Les raisons mentionnées sont les armes sophistiquées utilisées par les Syriens, les menaces russes et le souhait de protéger la vie des civils. Il a été revendiqué dans la brochure que la partie russe a insisté pendant les négociations que toutes les armes lourdes et moyennes aux mains des membres de l’armée de l’Islam soient cédées, en échange de la promesse de ne pas attaquer les villes à l’Est d’Al-Qalamoun (Page Facebook Euphrate Post, 23 avril 2018).

Brochure publiée par l'Armée de l'Islam expliquant les raisons de son retrait de l'Est d'Al-Qalamoun (Page Facebook Euphrate Post, 23 avril 2018)
Brochure publiée par l’Armée de l’Islam expliquant les raisons de son retrait de l’Est d’Al-Qalamoun (Page Facebook Euphrate Post, 23 avril 2018)

Armes saisies par l’armée syrienne
Canon transporté sur un camion, remis à l'armée syrienne (SANA, 22 avril 2018)   Chars remis à l'armée syrienne.
Droite : Chars remis à l’armée syrienne. Gauche : Canon transporté sur un camion, remis à l’armée syrienne (SANA, 22 avril 2018)
Missiles antichars et rampes de lancement remis à l'armée syrienne (SANA, 22 avril 2018)   Missiles antichars et rampes de lancement remis à l'armée syrienne (SANA, 22 avril 2018)
Missiles antichars et rampes de lancement remis à l’armée syrienne (SANA, 22 avril 2018)
Mortiers et obus de mortier (Chaîne Youtube SANA, 22 avril 2018)   Armes antiaériennes remises à l'armée syrienne.
Droite: Armes antiaériennes remises à l’armée syrienne. Gauche: Mortiers et obus de mortier (Chaîne Youtube SANA, 22 avril 2018)
La vallée de l’Euphrate
  • Des affrontements ont eu lieu cette semaine dans la vallée de l’Euphrate, entre l’Etat islamique et l’armée syrienne, à un niveau d’intensité plus élevé que ces dernières semaines. Les principaux sites des batailles étaient la ville d’Al-Mayadeen et la ville de Hajin, au Nord d’Abu Kamal. Dix-huit soldats de l’armée syrienne auraient été tués dans une attaque menée par des membres de l’Etat islamique contre des positions de l’armée syrienne à Al-Mayadeen. En outre, il a été signalé qu’au moins 13 membres de l’Etat islamique ont été tués par des tirs d’artillerie et des frappes aériennes de l’armée syrienne contre des cibles à Al-Mayadeen (Observatoire syrien des droits de l’homme, 19 avril 2018).
Attaques aériennes contre des cibles de l’Etat islamique dans l’Est de la Syrie par la coalition et l’armée de l’air irakienne
  • Le 17 avril 2018, des frappes aériennes ont été menées, apparemment par la coalition internationale, contre des cibles de l’Etat islamique dans la ville de Hajin, au Nord d’Abu Kamal. Un total de 28 membres de l’Etat islamique ont été tués, y compris sept commandants. L’un des objectifs aurait été un appartement où se tenait une réunion des commandants de la Province de Furat de l’organisation (Observatoire des droits de l’homme, 20 avril 2018).
  • Les médias irakiens ont rapporté que le 19 avril 2018, des avions de combat irakiens avaient attaqué des cibles de l’Etat islamique en Syrie. L’emplacement de la frappe aérienne n’a pas été mentionné, mais selon nous, il s’agit d’une zone proche de la frontière entre la Syrie et l’Irak. 36 membres de l’Etat islamique, dont six commandants, auraient été tués dans l’attaque aérienne. Auparavant, le Premier ministre irakien Haydar al-Abadi a déclaré que les forces de sécurité irakiennes traqueraient les membres de l’Etat islamique dans toute la région et pas seulement en Irak (Al-Sumaria News, 22 avril 2018).
  • Les médias irakiens ont rapporté que le 23 avril 2018, l’armée de l’air irakienne avait effectué une autre frappe aérienne, tuant le député du chef de l’Etat islamique, Abu Luqman al-Suri, qui assistait à une réunion dans un bâtiment en territoire syrien. Abu Luqman al-Suri était en charge du recrutement de terroristes suicide et de leur envoi en Irak afin de mener des attaques terroristes (Iraqi News, 23 avril 2018).
Principaux développements en Irak
Activités des forces de sécurité irakiennes contre l’Etat islamique
  • Les forces de sécurité irakiennes continuent d’opérer contre les réseaux locaux de l’Etat islamique en Irak :
  • Province de Kirkouk : Trois membres de l’Etat islamique ont été tués dans des affrontements avec la police irakienne et les forces de la Mobilisation populaire dans le district d’Al-Zab, à environ 88 km à l’Ouest de Kirkuk (Al-Sumaria News, 19 avril 2018).
  • La ville de Mossoul : Le centre irakien d’information a rapporté que trente ceintures explosives, plusieurs engins piégés et le corps d’un terroriste suicide avaient été découverts dans la ville de Mossoul, sur la rive Est du Tigre (Al-Sumaria News, 20 avril 2018).
  • La ville de Mossoul : Les forces de sécurité irakiennes ont arrêté le responsable de la sécurité de l’Etat islamique après son retour de Syrie. De nombreuses armes ont été trouvées en sa possession. Il a admis avoir mis en place deux groupes terroristes dont l’intention était de saper la sécurité. En outre, l’homme en charge de la préparation des armes de l’organisation a également été arrêté à Mossoul (Agence de presse irakienne, 22 avril 2018).
Activités de l’Etat islamique
  • L’Etat islamique a indiqué que ses membres avaient tendu des embuscades aux membres de la Mobilisation populaire sur une route dans la région de Khanaqin (96 km au Nord-Est de Baqubah, à environ 8 km à l’Ouest de la frontière entre l’Irak et l’Iran). Un commandant de la Mobilisation populaire a été tué et quatre autres combattants ont été blessés. Les forces de police irakiennes qui sont arrivées sur les lieux ont également été attaquées (Nasher, 19 avril 2018).

Quinze membres de l'Etat islamique font une prière avant de tendre des embuscades aux combattants de la Mobilisation populaire à Khanaqin (Nasher, 19 avril 2018)
Quinze membres de l’Etat islamique font une prière avant de tendre des embuscades aux combattants de la Mobilisation populaire à Khanaqin (Nasher, 19 avril 2018)

L’Egypte et la péninsule du Sinaï
  • L’armée égyptienne a signalé que Nasser Abu Zaqul, l’émir de l’Etat islamique dans le Centre du Sinaï, a été tué dans les combats dans la péninsule centrale du Sinaï (Page Facebook du porte-parole de l’armée égyptienne, 18 avril 2018). L’agence de presse Amaq de l’organisation a publié une vidéo montrant l’épave d’un APC de l’armée égyptienne détruit par un engin piégé de l’Etat islamique près de l’aéroport de Jura, au Sud de Sheikh Zuweid (Amaq, 21 avril 2018).
Activités dans d’autres pays
Attentat suicide à Kaboul
  • Le 22 avril 2018, un terroriste suicide de l’Etat islamique s’est fait exploser dans l’Ouest de Kaboul. L’explosion a eu lieu parmi les civils qui attendaient de recevoir leurs cartes d’identité. Les cartes d’identité étaient distribuées en préparation des élections parlementaires afghanes prévue pour Octobre 2018. Selon le porte-parole du ministère afghan de la Santé, 57 personnes ont été tuées et 119 autres ont été blessées (Afghanistan Times, 22 avril 2018). Selon nous, le dernier attentat suicide indique que l’Etat islamique a l’intention de tout faire pour perturber les prochaines élections en Afghanistan.
  • L’Etat islamique a indiqué que l’attentat avait été perpétré dans un centre électoral à Kaboul par un terroriste équipé d’un gilet explosif (Agence de presse Amaq, 22 avril 2018). Le nom de l’auteur de l’attentat indique qu’il s’agit apparemment d’un membre actif de l’Etat islamique au Pakistan (Haqq, 22 avril 2018).
  • Depuis les six mois qui se sont écoulés depuis la chute de l’État islamique, l’Afghanistan est un foyer cardinal de l’activité de l’organisation dans les différentes provinces. Alors qu’en Syrie, en Irak, en Egypte et dans d’autres pays, les membres de l’Etat islamique sont sur la défensive, la province du Khorasan (Afghanistan/Pakistan) est une arène où l’organisation prend l’initiative et œuvre intensément à atteindre une position de pouvoir vis-à-vis du gouvernement afghan et des talibans. L’activité terroriste de l’Etat islamique comprend des attentats suicide contre l’armée et les forces de sécurité afghanes, les institutions gouvernementales afghanes et les chiites musulmans vivant en Afghanistan. Au cours des six derniers mois, l’organisation a effectué au moins neuf attentats suicide (en faisant exploser des gilets explosifs) et une autre attaque combinée (comprenant l’explosion d’une voiture piégée, le tir d’une roquette et des engins explosifs improvisés).
Activités de contre-terrorisme
Découverte d’un tunnel entre la Tunisie et la Libye utilisé par l’Etat islamique
  • Selon un reportage des médias libyens, la garde nationale tunisienne a annoncé la découverte d’un tunnel de 70 km entre la Tunisie et la Libye. Le tunnel était apparemment utilisé pour envoyer des membres de l’Etat islamique en Tunisie et des Tunisiens dans les rangs de l’organisation. On estime qu’après les défaites subies par l’Etat islamique en Irak et en Syrie, le tunnel devait être utilisé par les Tunisiens revenant des zones de tension (cf., la Syrie et Irak). Les sources de sécurité tunisiennes supposent qu’il existe des tunnels supplémentaires traversant la frontière tuniso-libyenne et frontière tuniso-algérienne (Akhbar Libye, 24 avril 2018).
Activités sur Facebook contre les contenus radicaux liés à l’Etat islamique et à Al-Qaïda
  • Selon Reuters, au cours des trois premiers mois de 2018 (de Janvier à fin Mars 2018), Facebook a supprimé ou ajouté des notes d’avertissement à 1,9 million de contenus radicaux liés à l’Etat islamique et Al-Qaïda. C’est presque le double par rapport au précédent trimestre (Octobre à Décembre 2017). Facebook a précisé utiliser un logiciel automatique qui compare les images afin de détecter le contenu lié au radicalisme et a ajouté que la suppression de contenu radical a pris une moyenne de moins d’une minute au cours du premier trimestre de 2018 (Reuters, 24 avril 2018).
La guerre de propagande
  • L’institut Al-Furqan de l’Etat islamique[1] a récemment publié un enregistrement audio attribué à Abu Hassan al-Muhajir, le porte-parole officiel de l’organisation (environ 50 minutes). C’est la première annonce de ce genre depuis la chute de l’État islamique (Novembre 2017). [2] Son but est de renforcer le moral des membres de l’Etat islamique dans les différentes provinces et de les encourager à adhérer au “jihad contre les infidèles”. Al-Muhajir a souligné que du point de vue de l’organisation, il n’y a pas de différence entre les combats contre les régimes occidentaux (y compris l’Egypte et l’Arabie Saoudite) et la guerre contre les autres ennemis (les Etats-Unis, le peuple juif et l’Iran). Il a terminé en s’adressant aux “soldats” et aux partisans du califat islamique, notant que le jihad contre l’ennemi, qui veut prendre le contrôle de terres musulmanes, est maintenant confronté à une nouvelle étape et à un carrefour. Il a appelé les partisans de l’organisation à attaquer la Russie, l’Iran et les Etats-Unis que, selon lui, les combattants du jihad ont réussi à s’user.

Abu Hassan al-Muhajir, qui a été nommé porte-parole officiel de l'Etat islamique en Décembre 2016 après la mort de son prédécesseur, Abu Mohammad al-Adnani (Al-Sabah, 5 décembre 2016)
Abu Hassan al-Muhajir, qui a été nommé porte-parole officiel de l’Etat islamique en Décembre 2016 après la mort de son prédécesseur, Abu Mohammad al-Adnani (Al-Sabah, 5 décembre 2016)

  • Ci-après les principaux points des déclarations d’Abu Hassan al-Muhajir (Site Internet Archive.org, via lequel l’Etat islamique diffuse fréquemment des vidéos qu’il produit) :
    • L’État islamique a toujours des combattants loyaux qui continuent de se battre contre les infidèles en Irak, en Syrie, au Yémen, au Khorasan (Afghanistan et Pakistan), en Libye, dans le Sinaï, en Afrique de l’Ouest, en Somalie et en Tunisie. Ces combattants adhèrent constamment à leur foi et continuent à pratiquer le jihad.
    • Du point de vue de l’Etat islamique, il n’y a pas de différence entre lutter contre le régime saoudien, l’armée égyptienne, le Hamas et l’Autorité Palestinienne, et les États-Unis, la Syrie et l’Europe. Dans sa guerre, l’État islamique ne fait pas de distinction entre les tyrans dans les pays arabes et musulmans et les maîtres de ces tyrans. Le porte-parole appelle à adhérer au jihad jusqu’à ce que l’Islam régisse le monde.
    • Les Etats-Unis “rêvent” quand ils pensent que l’Etat islamique a été éliminé. La situation des combattants du jihad est excellente. Leur pouvoir est en hausse, ils sont unis, et dans quelques années, Allah leur accordera la victoire. Le porte-parole note que l’annonce américaine sur le déplacement de l’ambassade à Jérusalem est un désir de détourner l’attention de l’échec de la politique américaine au Moyen-Orient, et que le compte des “soldats de l’Islam” avec les Juifs est de longue date. Il appelle les Etats-Unis à quitter la région et ajoute que les branches de l’organisation à travers le monde attaquent ceux qui collaborent avec eux et continueront à le faire jusqu’à la fin des temps. Il ajoute que la Russie, qui se croit gagnante, a également échoué. Il accuse les deux puissances mondiales de la dévastation causée en Syrie et les accuse de persécuter les musulmans sunnites.
    • Le porte-parole encourage les membres de l’Etat islamique en Egypte et au Sinaï et les appelle à être patients. Il ajoute que les combattants de l’organisation se battent contre les “infidèles” pour (finalement) affronter les Juifs (Israël). Le porte-parole consacre une attention particulière à l’Irak : il appelle à des attaques contre les chiites iraniens et leurs collaborateurs en Irak. Il s’adresse aux combattants du jihad irakien et les appelle à détruire toutes les installations de sécurité, militaires ou médiatiques du gouvernement irakien. Le porte-parole appelle les sunnites en Irak à rester à l’écart des urnes lors des prochaines élections (les élections générales sont prévues pour le mois prochain). Les bureaux de vote seront les cibles des attaques de l’organisation.
    • Il conclut en s’adressant aux soldats et aux partisans du califat, en disant que le jihad contre l’ennemi haï, qui veut prendre le contrôle des terres musulmanes, est maintenant confronté à une nouvelle étape et à un carrefour. Il affirme que les combattants du jihad ont réussi à épuiser les Etats-Unis et les appelle à porter atteinte aux Américains, aux Russes et aux Iraniens.

[1] Institut de production de matériel de propagande de l'Etat islamique, en particulier des vidéos.
[2] Abu al-Hassan al-Muhajir a été nommé porte-parole de l'Etat islamique le 5 décembre 2016. Ce jour-là, un enregistrement a été publié. Ses autres enregistrements ont été publiés le 4 avril 2017 et le 22 juin 2017. Le chef de l'Etat islamique Abu Bakr al-Baghdadi a publié son dernier enregistrement audio le 28 septembre 2017. Depuis la chute de l'État islamique, aucun enregistrement du chef de l'Etat islamique ou de son porte-parole n'a été publié.