Pleins feux sur le jihad mondial (19-27 septembre 2017)

Infographie publiée par le ministère russe de la défense qui résume deux ans de la participation des Russes en Syrie

Infographie publiée par le ministère russe de la défense qui résume deux ans de la participation des Russes en Syrie

Le Lieutenant-général Valery Asapov, tué près de Deir ez-Zor (World War News, 24 septembre 2017)

Le Lieutenant-général Valery Asapov, tué près de Deir ez-Zor (World War News, 24 septembre 2017)

Combattants des FDS dans une rue d'al-Raqqa (Compte Twitter, 24 septembre 2017)

Combattants des FDS dans une rue d'al-Raqqa (Compte Twitter, 24 septembre 2017)

Le Premier ministre irakien Haider al-'Abadi informe les chefs de la sécurit irakienne des préparatifs militaires en vue de l'attaque d'al-Hawija (Centre d'information de Ninive, 24 septembre 2017)

Le Premier ministre irakien Haider al-'Abadi informe les chefs de la sécurit irakienne des préparatifs militaires en vue de l'attaque d'al-Hawija (Centre d'information de Ninive, 24 septembre 2017)

Les forces irakiennes dans le secteur d'al-Zab (Chaîne al-A'un, 25 septembre 2017)

Les forces irakiennes dans le secteur d'al-Zab (Chaîne al-A'un, 25 septembre 2017)

La scène de l'attentat suicide dans le restaurant à Baiji (aliraq.net, 19 septembre 2017)

La scène de l'attentat suicide dans le restaurant à Baiji (aliraq.net, 19 septembre 2017)

Principaux événements de la semaine
  • L’État islamique se désintègre en Syrie et en Irak. Ses zones de contrôle en Irak et en Syrie tombent l’une après l’autre aux mains de la coalition, bien que dans certaines places fortes, les membres de l’organisation mènent des combats tenaces.
  • Ci-après les principales évolutions de la semaine dernière :
    • En Syrie : Les forces démocratiques syriennes (FDS) contrôlent maintenant la plupart de la ville d’al-Raqqa, “la capitale de l’Etat islamique.” Les membres de l’Etat islamique continuent à se battre dans la zone limitée sous leur contrôle dans le centre de la ville. Dans la région de Deir al-Zor, les forces syriennes ont pris le contrôle du secteur Ouest de l’Euphrate, élargissant ainsi le secteur sous leur contrôle dans la région de Deir al-Zor et s’établissant à l’Est de l’Euphrate (provoquant de violentes frictions avec les forces des FDS soutenues par les Etats-Unis).
    • En Irak : Les forces irakiennes ont commencé à occuper et à nettoyer d’autres enclaves de l’Etat islamique dans le Nord et l’Ouest du pays. La semaine dernière, elles ont lancé une attaque sur une enclave de l’Etat islamique dans la région d’al-Hawija, au Sud de Mossoul. Les Irakiens ont fait état de réalisations. En parallèle, les forces irakiennes ont commencé une opération de reprise du contrôle de la partie Ouest de la province sunnite d’al-Anbar, le long de l’Euphrate. Les Irakiens ont déclaré avoir repris le district d’Ana et être en train de progresser vers la forteresse de l’Etat islamique à al-Qa’im, près de la frontière irako-syrienne.
  • Les Russes, qui jouent un rôle actif dans les opérations menées par les forces syriennes, ont participé la semaine dernière à deux épisodes violents de frictions avec les forces jihadistes dans la région de Deir al-Zor et autour d’Idlib :
    • La participation des Russes est évidente dans la campagne de Deir al-Zor. Par exemple, des spécialistes militaires russes ont construit un pont flottant sur l’Euphrate pour permettre le passage de véhicules blindés de l’armée syrienne. Cependant, les Russes ont perdu des vies. La semaine dernière, le lieutenant-général Valery Asapov et plusieurs de ses adjoints ont été tués par des tirs de mortiers de l’Etat islamique sur un siège de l’armée syrienne dans la région de Deir al-Zor. Il s’agit apparemment du plus haut gradé de l’armée russe tué en Syrie jusqu’à présent. Pour réduire le niveau de friction autour de Deir al-Zor, surtout sur la rive Est de l’Euphrate, la semaine dernière, de hauts militaires américains et russes se sont réunis et ont discuté des moyens de renforcer la coordination bilatérale.
    • Des membres du Siège de Libération d’al-Sham (une organisation affiliée à al-Qaïda) ont entouré des policiers russes contrôlant la nouvelle zone de désescalade à Idlib. Les policiers russes ont été secourus par une force d’assaut des forces spéciales russes soutenues par un soutien aérien. Ces heurts illustrent le risque de friction dans la nouvelle zone de désescalade dans lequel le Siège de Libération d’al-Sham est la principale force militaire. Selon nous, le Siège de Libération d’al-Sham n’a pas l’intention de permettre la mise en œuvre du projet de désescalade sur le terrain.
L’implication russe

Résumé des activités de la Russie après deux années d’implication en Syrie

  • Le ministère russe de la Défense a publié une infographie résumant les activités des forces russes en Syrie depuis le début de l’implication de la Russie dans la guerre civile en Syrie jusqu’en Septembre 2017. Les principales données présentées ont été les suivantes (Ministère russe de la Défense, 22 septembre 2017) :
    • L’armée syrienne a réussi à reprendre le contrôle de 87,4 % du territoire contrôlé par l’Etat islamique en Syrie.
    • Environ 2 234 zones peuplées ont rejoint les accords de cessez-le-feu (cf., les accords de désescalade) depuis Février 2016.
    • La force aérienne russe a effectué plus de 30 000 sorties et détruit plus de 96 000 “cibles terroristes“, dont 8 332 postes de commandement, environ 1000 camps d’entraînement et 6 769 entrepôts de munitions et de pétrole. Les attaques ont tué 53 707 combattants de l’organisation terroriste.
    • Les infrastructures pétrolières ont été lourdement endommagées. 212 champs de pétrole et 184 ateliers et raffineries ont été détruits.

Infographie publiée par le ministère russe de la défense qui résume deux ans de la participation des Russes en Syrie
Infographie publiée par le ministère russe de la défense qui résume deux ans de la participation des Russes en Syrie

Participation des Russes autour de Deir ez-Zor
  • La campagne de Deir ez-Zor a créé des frictions entre les forces russes et la Syrie d’une part et les États-Unis et les FDS de l’autre. Les FDS œuvrent dans le cadre de cellules de terrain proches (les forces syriennes opèrent essentiellement sur la rive occidentale de l’Euphrate et les FDS sur la rive orientale). L’effort des forces syriennes pour s’établir sur la rive Est (voir ci-dessous, la Syrie) augmente le risque de friction. Pour cette raison Igor Konashenkov, porte-parole du ministère russe de la Défense, a déclaré que les forces russes avaient récemment été la cible de tirs à deux reprises de la part des FDS. Il a averti que toute tentative des FDS d’ouvrir le feu ferait face à une réponse russe (CNN, 21 septembre 2017 ; Deutsche Welle, 22 septembre 2017).
  • Les Russes prétendent avoir des photographies aériennes du 12 septembre 2017 montrant l’emplacement de membres de l’Etat islamique dans la province de Deir ez-Zor. Un grand nombre de véhicules de type Hummers apparaissent dans les photographies. Ces véhicules sont utilisés par les forces spéciales américaines. Ils ont été vus dans la région de places fortes qui appartenaient autrefois à l’Etat islamique (Page Facebook du ministère russe de la Défense, 24 septembre 2017).
  • Le ministère russe de la Défense a signalé la mort du Lieutenant-général Valery Asapov, tué près de Deir al-Zor par un obus de mortier. Asapov était commandant dans l’armée russe et était stationné en Syrie avec un groupe de conseillers militaires russes à l’appui des commandants syriens dans la campagne pour la libération de Deir ez-Zor. Avant d’aller en Syrie, il a servi au front ukrainien. Asapov devrait recevoir une médaille posthume (Spoutnik, 24 septembre 2017). Il s’agit apparemment du plus haut officier russe tué en Syrie jusqu’à présent.
Incident violent entre une force de surveillance russe et des membres du Fatah al-Sham dans la région d’Idlib
  • Le 19 septembre 2017, des membres du Fatah al-Sham, un organisme affilié à al-Qaïda, ont entouré 29 policiers militaires russes avec l’intention de les enlever. Les policiers effectuaient une mission de surveillance dans la province d’Idlib, dans la nouvelle zone de désescalade. Pendant plusieurs heures, les forces russes, avec l’appui des autorités locales syriennes, ont tenté en vain de sauver la police militaire.
  • En réponse, une équipe a été organisée pour les extraire, composée de forces spéciales russes, d’officiers du Caucase du Nord et de soldats de l’armée syrienne. Au cours des combats, trois membres des forces spéciales russes ont été blessés (Site Internet du ministère russe de la Défense, 20 septembre 2017). L’opération a été accompagnée par des attaques aériennes, et a pris fin avec le sauvetage des policiers. En outre, le Veliki Novgorod, un sous-marin russe stationné dans la mer Méditerranée, a tiré plusieurs missiles de croisière Kalibr sur des cibles du Fatah al-Sham. [1]Selon un rapport russe, des postes de commandes et de contrôle ont été détruits dans l’attaque, ainsi que des bases de formation et des véhicules blindés impliqués dans la tentative d’enlèvement (Page Facebook du ministère russe de la Défense, 22 septembre 2017).
  • L’affrontement illustre clairement le risque de friction entre la Russie et les forces syriennes militaires d’une part et le Fateh al-Sham de l’autre en ce qui concerne l’accord pour la désescalade autour d’Idlib. Le Fateh al-Sham est la force dominante autour d’Idlib, et la mise en œuvre de l’accord sur le terrain pourrait se heurter à une résistance violente envers les forces syriennes et leurs alliés (la Russie et la Turquie).
Principaux développements en Syrie
La campagne d’Al-Raqqah
  • Les combats dans Al-Raqqa continuent. En ce moment, les FDS semblent contrôler la plupart des quartiers de la ville (environ 80%). Les membres de l’Etat islamique ont reculé du centre-ville et sont pour la plupart engagés dans une guerre de sniper. Selon Talal Salo, porte-parole officiel des FDS, Al-Raqqa sera entièrement libérée dans une semaine ou deux. Il a affirmé que les forces doivent encore prendre le contrôle de 20 % de la ville, y compris de la place d’al-Saa’h et de la place d’al-Na’im situées dans le “carré de sécurité” – un point de contrôle et d’activités de l’Etat islamique dans le centre-ville (al-Durar al-Shamiya, Dimasq-a’an, 23 septembre 2017).

Le "carré de sécurité" dans le centre d'al-Raqqa (Orient News, 1er septembre 2017)
Le “carré de sécurité” dans le centre d’al-Raqqa (Orient News, 1er septembre 2017)

Les forces des FDS dans l'un des quartiers d'al-Raqqa récemment repris (Chaîne al-A'un, 23 septembre 2017)   Les forces des FDS dans l'un des quartiers d'al-Raqqa récemment repris (Chaîne al-A'un, 23 septembre 2017)
Les forces des FDS dans l’un des quartiers d’al-Raqqa récemment repris (Chaîne al-A’un, 23 septembre 2017)
  •  Le 24 septembre 2017, une vidéo a été publiée sur Twitter montrant un affrontement entre les forces armées et les FDS dans al-Raqqa. La vidéo montre les forces des FDS avançant vers le champ de bataille, en passant par les rues dévastées d’al-Raqqa (lieu exact non noté). Les forces sont vues passant au-travers murs de bâtiments, probablement pour éviter les tirs de snipers (Youtube, 24 septembre 2017).
  • Les membres de l’Etat islamique luttent avec détermination, causant de nombreuses pertes parmi les forces des FDS. Les membres de l’Etat islamique tirent des missiles antichars et emploient des tireurs embusqués.
La campagne de Deir ez-Zor
  • Les forces syriennes continuent de s’établir sur la rive occidentale de l’Euphrate et de prendre le contrôle d’autres secteurs dans la région de Deir ez-Zor. Le 25 septembre 2017, l’armée syrienne a indiqué que ses forces avaient pris le contrôle de l’ensemble de la zone à l’Ouest de Deir ez-Zor (Télévision syrienne, 25 septembre 2017). Selon Igor Konashenkov, porte-parole du ministère russe de la Défense, plus de 85 % de Deir ez-Zor est maintenant sous le contrôle de l’armée syrienne, et selon lui, la ville sera bientôt libérée. Konashenkov a ajouté que les forces spéciales russes soutiennent les soldats de l’armée syrienne contre l’Etat islamique (TASS, 21 septembre 2017). Entretemps, les forces syriennes, avec le soutien de la Russie, sont en train de s’établir sur la rive Est de l’Euphrate, tout en affrontant les FDS, soutenues par les Etats-Unis, qui opèrent dans le même secteur.
Activités des forces syriennes sur la rive Ouest de l’Euphrate
  • Les forces syriennes continuent de renforcer leur assise dans le secteur rural de l’Ouest de l’Euphrate. L’armée syrienne a repris le contrôle de M’adan, près de la vallée de l’Euphrate, entre al-Raqqah et Deir ez-Zor. Une source syrienne a souligné que M’adan était le dernier bastion de l’Etat islamique dans la province d’al-Raqqah (Télévision syrienne, 24 septembre 2017). Selon un journaliste militaire de la télévision syrienne, l’armée syrienne a pris le contrôle de 44 villages, localités et sites divers qui étaient contrôlés par l’Etat islamique le long de la rive occidentale de l’Euphrate, dans le secteur d’al-Bghiliyah et d’Ayash’, au Nord-Ouest de Deir ez-Zor et jusqu’à M’adan (Télévision syrienne, 24 septembre 2017).
 Maisons de la localité de M'adan (Télévision syrienne, 24 septembre 2017)   Jafar Yunes, journaliste militaire de la télévision syrienne, annonce la libération de la ville de M'adan par l'armée syrienne.
Droite : Jafar Yunes, journaliste militaire de la télévision syrienne, annonce la libération de la ville de M’adan par l’armée syrienne. Gauche : Maisons de la localité de M’adan
(Télévision syrienne, 24 septembre 2017)
Activités des forces syriennes et des FDS sur la rive Est de l’Euphrate dans le secteur de Deir ez-Zor
  • Au cours de la semaine dernière, les forces de l’armée syrienne ont repris le contrôle de plusieurs villages sur la rive Est de l’Euphrate, dont le village de Mazlum et la ville de Khashem, provoquant des heurts avec les FDS qui opèrent sous égide américaine dans le secteur (voir carte ci-dessus) (Syria-Victory, 24 septembre 2017). L’Etat islamique a signalé que, le 23 septembre 2017, ses combattants ont attaqué le village de Mazlum, tuant sept soldats syriens et faisant trois blessés (al-Sawarim, 24 septembre 2017).
  • Pour permettre aux tanks et aux véhicules blindés de l’armée syrienne de traverser la rive Est de l’Euphrate, les Russes ont construit un pont flottant. Vladimir Burovtsev, chef de service routier au ministère russe de la Défense, a déclaré que les spécialistes de la route avaient construit un pont flottant sur l’Euphrate pour le passage de véhicules, à seulement quelques kilomètres de Deir al-Zor. Le pont, d’après les Russes, a été construit sous le feu en deux jours, et permet le passage de véhicules blindés lourds (TASS, 26 septembre 2017).
  • D’autre part, les forces des FSD ont pris le contrôle du champ de gaz de Conoco à l’Est de l’Euphrate et de l’usine adjacente (al-Durar al-Shamiya, 22 septembre 2017 ; Syria.net, 24 septembre 2017). Il s’agit du plus grand champ de gaz en Syrie, jusqu’à présent contrôlé par l’Etat islamique. [2] Elles ont également pris le contrôle du champ de gaz d’al-‘Izbah (Observatoire syrien des droits de l’homme, 23 septembre 2017). En outre, les forces de la coalition internationale ont débarqué dans le champ de pétrole de Conoco, et un commandant de l’Etat islamique appelé Hamam Turki al-Ramadan a été interpellé (Khutwa, 20 septembre 2017).
  • Dans une tentative d’éviter le frottement entre les différentes forces qui opèrent sur le même terrain (à l’Est de l’Euphrate), des contacts américano-européens ont eu lieu à ce sujet. Le Colonel Ryan Dillon, porte-parole de la Combined Joint Task Force, a déclaré que de hauts officiers des armées américaine et russe se sont réunis près de Deir ez-Zor pour empêcher des affrontements entre leurs forces. Il a dit qu’ils ont discuté de l’accroissement de la coordination et des moyens de prévenir les crises, comme les renseignements et la collaboration. Il a précisé que d’autres réunions auraient lieu (Reuters, 21 septembre 2017)
Activités militaires et civiles de l’Etat islamique
  • En dépit des fortes pressions exercées à son encontre, l’Etat islamique continue sa résistance militaire. Sa réalisation la plus importante a été le meurtre du lieutenant-général Valery Asapov. Selon des rapports, lui et plusieurs de ses adjoints ont été tués par des obus de mortier de l’Etat islamique qui ont frappé un quartier général syrien qu’ils visitaient.
  • Le 23 septembre 2017, plusieurs dizaines de soldats de l’armée syrienne ont été tués et plusieurs autres blessés dans une attaque de l’Etat islamique sur Hawijat Sakr, une île près de Deir ez-Zor. Un terroriste suicide a également participé à l’attaque, faisant exploser une voiture piégée. Trois soldats russes figurent parmi les victimes (Observatoire syrien des droits de l’homme, 24 septembre 2017).

Bombe lancée d'un drone de l'Etat islamique. Son objectif est un camion utilisé parl'équipe d'information de l'armée syrienne à Deir ez-Zor (al-Sawarim, 21 septembre 2017)
Bombe lancée d’un drone de l’Etat islamique. Son objectif est un camion utilisé parl’équipe d’information de l’armée syrienne à Deir ez-Zor (al-Sawarim, 21 septembre 2017)

  • La télévision syrienne a indiqué que compte tenu de la forte pression exercée à son encontre, l’Etat islamique avait évacué la plupart de ses membres et leurs familles de Deir ez-Zor vers les zones rurales de l’Est (Compte Twitter de la télévision syrienne ORTAS Vidéos, 20 septembre 2017). Une source locale à Deir ez-Zor a déclaré que l’organisation avait nommé Ahmed Daham, ancien commandant de l’Armée syrienne libre, au poste “d’émir” de la province de Deir ez-Zor (All4Syria, 24 septembre 2017).
Frappes de cibles de l’Etat islamique dans le désert syrien par des drones iraniens
  • Le 24 septembre 2017, l’armée syrienne aurait publié une vidéo montrant des UAV armés des Gardiens de la Révolution islamique frappant à l’aide de missiles des positions et des véhicules de l’Etat islamique dans le désert de Syrie, à la frontière syro-irakienne. La vidéo montrait des cibles de l’Etat islamique (deux positions, un véhicule blindé et une station d’essence) photographiées avec deux caméras : une montée sur un drone de surveillance et l’autre sur un missile lancé à partir d’un UAV armé (Compte Twitter du centre d’information militaire de l’armée syrienne, 24 septembre 2017).
Principaux développements en Irak
  • Le 21 septembre 2017 dans la matinée, le Premier ministre irakien Haider al-‘Abadi a annoncé le début d’une campagne de reprise de l’enclave de l’Etat islamique à al-Hawija (al-Arabi al-hadath, 21 septembre 2017). La ville d’al-Hawija se trouve au Sud de Mossoul, entre Kirkouk et l’Euphrate. Depuis sa conquête par l’Etat islamique début 2014, la ville et ses environs ont servi aux membres de l’Etat islamique de base d’attaques sur Baiji, Tikrit et Kirkouk. En Juillet 2016, pendant la campagne de Mossoul, la région d’al-Hawija a été isolée des autres régions contrôlées par l’Etat islamique et le terrain a été préparé pour l’occuper.
  • Lorsque le début de l’opération a été annoncé, il a été signalé que les forces de sécurité irakiennes ont repris le contrôle de la partie Ouest de la ville. En même temps, dans le cadre de la campagne de libération d’al-Hawija, le gouvernement irakien a lancé une campagne de libération d’al-Zawiya et d’al-Namal, à l’Ouest du Tigre à environ 40 kilomètres à l’Ouest d’al-Hawija (Al-Sumaria, 23 septembre 2017). Apparemment, la campagne a été menée avec une relative facilité en raison du faible nombre de membres de l’Etat islamique déployés dans la zone (Chaîne Al-Rafidayn, 24 septembre, 2017). L’armée irakienne a également pris le contrôle de la région d’al-Zab, à environ 25 kilomètres à l’Ouest d’al-Hawija, qui est aussi sous le contrôle de l’Etat islamique.
Accroissement du contrôle irakien sur la province d’al-Anbar
  • Dans l’intervalle, avec l’appui aérien de la coalition, les forces de sécurité irakiennes ont lancé une opération afin d’accroître leur contrôle sur la partie occidentale de la province d’al-Anbar. L’objectif était d’occuper les villes d’Ana, de Rawa et d’al-Qa’im, et de nettoyer la région désertique à la frontière irako-syrienne. La région d’Ana a été libérée. Les forces de sécurité irakiennes ont poursuivi en direction de Ra’wa et al-Qa’im. La campagne d’al-Qa’im devrait être difficile parce que la ville est une importante place forte pour l’Etat islamique. Jusqu’à présent, des dizaines de membres de l’Etat islamique ont été tués et des dizaines d’autres détenus (Chaîne al-Ghad, 23 septembre 2017 ; chaîne al-Fallujah, 19 septembre 2017). Selon des sources de l’armée irakienne, dans l’attaque aérienne menée par la force aérienne irakienne le 19 septembre 2017 contre l’Etat islamique à al-Qa’im, 49 membres de l’Etat islamique ont été tués, dont l’adjoint d’Abu Bakr al-Baghdadi (Chaîne al-A’un, 19 septembre 2017).
 Forces de sécurité irakiennes à 'Ana après sa libération (al-Hura, 23 septembre 2017)   Forces de l'armée irakienne dans l'Ouest de la province d'al-Anbar (Chaîne al-Fallujah, 19 septembre 2017).
Droite : Forces de l’armée irakienne dans l’Ouest de la province d’al-Anbar (Chaîne al-Fallujah, 19 septembre 2017). Gauche : Forces de sécurité irakiennes à ‘Ana après sa libération
(al-Hura, 23 septembre 2017)
Un soldat irakien efface l'inscription "l'État islamique reste ferme et se propage," écrit sur un mur à 'Ana (al-Mayadeen, 25 septembre 2017)   Des civils à 'Ana tiennent un drapeau de l'Etat islamique à l'envers pour témoigner de sa défaite (al-Hura, 23 septembre 2017).
Droite : Des civils à ‘Ana tiennent un drapeau de l’Etat islamique à l’envers pour témoigner de sa défaite (al-Hura, 23 septembre 2017).
Gauche : Un soldat irakien efface l’inscription “l’État islamique reste ferme et se propage,” écrit sur un mur à ‘Ana (al-Mayadeen, 25 septembre 2017)
Activités de terrorisme et de guérilla de l’Etat islamique en Irak
  • La semaine dernière, l’Etat islamique a procédé à une série d’attentats terroristes en Irak :
    • Tel Afar – Quinze membres d’une milice de tribus qui soutiennent le gouvernement irakien dans sa lutte contre l’Etat islamique ont été tués dans une explosion dans une école de la ville de Tel Afar, qui a été libérée des mains de l’Etat islamique il y a un mois (al-Jazeera, 17 septembre 2017).
    • Baiji : Quatre personnes ont été tuées et sept autres blessées par un terroriste suicide équipé d’une ceinture d’explosifs dans un restaurant local (al-Sumaria, 19 septembre 2017).
    • Kirkouk – Quatre combattants peshmergas kurdes ont été tués lorsqu’une bombe artisanale a explosé sur une route sur laquelle ils patrouillaient à environ trois kilomètres au Sud de Kirkouk (al-Sumaria, 23 septembre 2017).
    • Bagdad – Les forces de sécurité irakiennes ont annoncé le démantèlement d’un réseau terroriste qui envisageait de mener des attaques contre des rassemblements chiites à Bagdad et dans le Sud de l’Irak (al-Sumaria, 23 septembre 2017).
Le jihad dans d’autres pays
Libye
  • Le 22 septembre 2017, les forces américaines, en collaboration avec le gouvernement libyen, ont effectué six attaques aériennes contre un camp de l’Etat islamique situé au Sud-Est de Syrte. Dix-sept membres de l’Etat islamique ont été tués et trois véhicules ont été détruits. Le camp était utilisé par l’organisation pour transférer des membres vers et en provenance de la Libye et planifier et exécuter des attaques.
  • Selon l’armée américaine, l’Etat islamique et al-Qaïda profitent de l’instabilité politique de la Libye pour établir des places fortes utilisées pour assurer le transfert des combattants et des combattants étrangers, lancer des attaques directes et recruter et transférer des fonds pour financer des attentats terroristes. Des terroristes en Libye profitent de la relative liberté de mouvement pour commettre des attentats dans les pays voisins. En outre, il y a un lien entre les terroristes en Libye et un certain nombre d’attaques terroristes menées en Europe (Site Internet de l’United States Africa Command, 24 septembre 2017).
  • Le 17 septembre 2017, le Wall Street Journal a publié un article à propos de l’Etat islamique en Libye. Ses principaux points sont les suivants :
    • L’Etat islamique s’efforce de réorganiser ses membres en Libye. L’organisation a établi plusieurs cellules au cours des derniers mois et a également mis en place de nouvelles bases à l’extérieur des villes et ses membres ont commencé à acquérir des fonds en détournant des camions commerciaux.
    • Selon Abou al-Baraa’ le Syrien, un membre de l’Etat islamique d’al-Raqqa qui a fait défection en Turquie en Juin 2017, l’organisation considère la Libye comme sa porte d’entrée en Europe. Les autorités européennes de sécurité sont inquiètes par les efforts de l’organisation de réorganiser sa présence en Libye et ont rapporté que les membres de l’Etat islamique sont passés de la Turquie au Soudan et de là en Libye.
    • Un officier du renseignement à Syrte a déclaré que les membres de l’organisation qui ont quitté Syrte sont toujours présents dans les wadis et ont commencé à établir des points de contrôle pour détourner des camions et des marchandises. D’autres se sont échappés vers le village de Ghat dans le Sud-Ouest du pays, près de la frontière algérienne, et ils tiennent des réunions secrètes et se déplacent librement autour de la zone des plus grands champs de pétrole en Libye.
  • La réorganisation de l’Etat islamique et son activité en Libye, après la perte de sa base territoriale à Syrte il y a environ neuf mois (Décembre 2016), peuvent servir de test pour ses activités futures en Syrie et en Irak. En Libye, même après sa défaite et la perte de son territoire à Syrte, l’organisation n’a pas disparu, mais a changé son mode de fonctionnement. En ce moment, elle opère en Libye comme une organisation de guérilla, sans un État islamique ni contrôle territorial et civil sur les résidents locaux. Ses membres se réorganisent, particulièrement dans le Sud du pays, et œuvrent à acquérir des ressources financières, y compris grâce à des activités criminelles (vol, détournement de camions, de passeurs de réfugiés). En plus de la réorganisation, l’organisation étend ses activités terroristes et de guérilla en Libye et lance même des attaques terroristes en Afrique du Nord et en Europe.
Activités de prévention
La police espagnole arrête un homme accusé d’avoir préparé des drones armés pour l’Etat islamique
  • Le 22 septembre 2017, dans la ville de Mérida, au Sud-Ouest de Madrid, un homme a été accusé de fabriquer des UAV armés pour le compte de l’Etat islamique. ‘Ata al-Haque, 34 ans, directeur général d’une société dans le Sud du Pays de Galles, était lié à un réseau de sociétés de façade opérant à partir d’un bureau à Cardiff, Grande-Bretagne. Les entreprises sont accusées de financer les attaques terroristes aux États-Unis et d’envoyer du matériel de type militaire aux membres de l’Etat islamique dans le monde entier (The Times, 24 septembre 2017).
La conduite de l’Etat islamique
Sources de financement de l’Etat islamique
  • Un article écrit à propos des sources actuelles de financement de l’Etat islamique a cité un rapport de Matthew Levitt, chercheur au Washington Institute for Near East Policy. Selon le rapport, la plupart du financement actuel de l’Etat islamique provient d’activités criminelles menées en Syrie et en Irak (y compris le vol de troupeaux d’animaux ; la vente de passeports des combattants étrangers ; la perception de taxes auprès des minorités, des agriculteurs et des chauffeurs de camions ; le vol ; la rançon pour l’enlèvement des civils ; le vol des antiquités ; etc.) Les revenus de l’organisation de la vente de produits pétroliers sont estimés à environ 40 millions de dollars par année. L’argent est principalement utilisé pour financer les institutions de l’organisation et payer les salaires.
  • Selon des journaux britanniques, l’Etat islamique, à la recherche de nouvelles sources de financement, a commencé le trafic d’organes humains. Un médecin de Mossoul a déclaré à un journaliste du Christian Science Monitor que l’organisation emploie des médecins et possède un grand réseau de trafiquants d’organes dans les hôpitaux à Mossoul. Les organes sont vendus sur le marché noir international à grand profit. En outre, des représentants de l’Etat islamique sont actuellement en train de faire le tour de divers pays, essayant de recueillir des contributions (al-Bawaba News, 24 septembre 2017).

[1] La branche d'al-Qaïda en Syrie est un élément dominant du Fatah al-Sham.
[2] Quarante pour cent des champs de pétrole et de gaz naturel de Syrie sont situés autour de Deir ez-Zor, ce qui explique pourquoi les forces des combats en Syrie sont en compétition pour le contrôle de la région (al-Saoudite al-hadath, 19 septembre 2017).