Pleins feux sur le jihad mondial (4-10 octobre 2018)

La rencontre entre le Président russe et le Chancelier autrichien.

La rencontre entre le Président russe et le Chancelier autrichien.

Conférence de presse des deux chefs d'Etat à l'issue de leur réunion (Site Internet du Président russe, 3 octobre 2018)

Conférence de presse des deux chefs d'Etat à l'issue de leur réunion (Site Internet du Président russe, 3 octobre 2018)

Nouveaux membres du Siège de Libération d'Al-Sham qui ont terminé leurs études à l'institut de la charia, du nom d'Ibn Taymiyyah, dans une mosquée de la zone rurale d'Idlib (Agence de presse Ibaa affiliée au Siège de Libération d'Al-Sham, 8 octobre 2018)

Nouveaux membres du Siège de Libération d'Al-Sham qui ont terminé leurs études à l'institut de la charia, du nom d'Ibn Taymiyyah, dans une mosquée de la zone rurale d'Idlib (Agence de presse Ibaa affiliée au Siège de Libération d'Al-Sham, 8 octobre 2018)

Tirs de roquettes de l'armée syrienne sur des cibles de l'Etat islamique dans la région d'Al-Safa (Butulat Al-Jaysh Al-Suri, 4 octobre 2018)

Tirs de roquettes de l'armée syrienne sur des cibles de l'Etat islamique dans la région d'Al-Safa (Butulat Al-Jaysh Al-Suri, 4 octobre 2018)

Manifestation des habitants d'As-Suwayda pour libérer les femmes et les enfants enlevés par l'Etat islamique.

Manifestation des habitants d'As-Suwayda pour libérer les femmes et les enfants enlevés par l'Etat islamique.

Colonne de véhicules blindés de l'armée égyptienne pendant l'opération Sinaï 2018.

Colonne de véhicules blindés de l'armée égyptienne pendant l'opération Sinaï 2018.

Principaux évènements
  • Les membres du Front de libération nationale (affiliés à l’Armée syrienne libre et opérant sous la protection de la Turquie et avec son soutien) ont commencé à mettre en œuvre l’accord russo-turc et à retirer les armes lourdes de la région d’Idlib, qui été déclarée zone démilitarisée. Les forces de patrouille turques ont commencé à pénétrer dans la zone. À l’heure actuelle, on ignore si les autres organisations de l’opposition s’efforcent de remplir leur part de l’accord et de retirer leurs forces. En vertu de l’accord signé le 17 septembre 2018 entre le Président russe Vladimir Poutine et le Président turc Recep Tayyip Erdoğan à Sochi (Russie), une zone démilitarisée sera créée le long de la ligne de contact entre les forces du régime syrien et les forces de l’opposition. Selon le calendrier prévu pour l’accord, les “forces armées radicales” seront retirées d’ici le 10 octobre 2018 et une zone démilitarisée sera créée d’ici le 15 octobre 2018.
  • Dans la zone située au Nord d’Abu Kamal, des forces des FDS, avec l’aide des forces de la coalition internationale, continuent à attaquer les avant-postes de l’Etat islamique. Le centre des combats était dans la région d’Al-Susah. Les avions de la coalition ont largué des tracts appelant les membres de l’Etat islamique à se rendre. Le 6 octobre 2018, il a été signalé que des forces russes s’étaient déployées dans la zone rurale d’Abu Kamal. L’armée syrienne et ses alliés ont pris le contrôle de la rive Ouest de l’Euphrate de l’Etat islamique.
  • L’organisation continue de menacer des cibles dans les pays européens, en se concentrant cette fois sur des concerts tels que l’attaque de Mai 2017 à Manchester, en Angleterre.
Implication de la Russie et des Etats-Unis en Syrie
Russie
  • Lors du Forum international russe sur l’énergie (qui s’est tenu à Moscou du 3 au 6 octobre 2018), le Président russe Vladimir Poutine a été interrogé sur la présence des forces américaines en Syrie. Il a répondu que par leur seule présence en Syrie, les États-Unis violaient la Charte des Nations Unies et le droit international. Il a ajouté que les États-Unis devaient obtenir un mandat du Conseil de sécurité des Nations Unies ou recevoir une invitation du gouvernement syrien à déployer leurs forces dans le pays. Poutine a également noté que, malgré la présence illégale des États-Unis en Syrie, la Russie avait coopéré avec eux dans la lutte contre le terrorisme, en particulier contre l’Etat islamique. Toutefois, selon lui, l’organisation cesse progressivement d’exister en Syrie et la présence des États-Unis n’est donc pas justifiée. Poutine a ajouté que l’aspiration est qu’aucune force étrangère ne reste sur le sol syrien, y compris les forces russes (Site Internet du Président russe, 3 octobre 2018).
Résumé de l’engagement russe en Syrie
  • Viktor Bondarev, président du Conseil de défense et de sécurité de la Russie et ancien commandant de l’armée de l’air russe, a déclaré lors d’une conférence de presse que lors des trois années de son opération en Syrie, la Russie avait perdu 112 membres de ses forces de sécurité. La Russie a également perdu huit avions, sept hélicoptères et un ou deux véhicules blindés. Bondarev a souligné que les activités de la Russie en matière de lutte contre le terrorisme en Syrie contribuaient à protéger la Russie des terroristes, car nombre d’entre eux sont des citoyens russes. Selon l’Etat-major général russe, environ 4 000 combattants munis d’un passeport russe et environ 5 000 citoyens des républiques soviétiques ont combattu aux côtés de l’État islamique. Il a noté que ces chiffres n’incluaient que les combattants identifiés (Agence de presse TASS, 30 septembre 2018).
Etats-Unis
  • Selon le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, malgré la tension actuelle entre la Turquie et les États-Unis, les armées des deux pays commenceront bientôt une série de patrouilles conjointes dans la région de Manbij et des soldats des deux armées effectueront bientôt un exercice conjoint pour les préparer à la mission (Reuters, 2 octobre 2018). Deux jours plus tard, le porte-parole du Président turc Ibrahim Kalin a affirmé que les États-Unis retardaient le début des patrouilles conjointes turco-américaines à Manbij, qui avaient été convenues par les deux pays, et que la Turquie considérait qu’il s’agissait d’un problème croissant (Reuters, 4 octobre 2006). 2018).
Mise en œuvre de l’accord dans la région d’Idlib
Déclarations des parties impliquées
  • Lors d’une conférence de presse du Président russe Vladimir Poutine et du Chancelier autrichien Sebastian Kurz à l’issue de leur réunion à Saint-Pétersbourg, Poutine a évoqué la question de la création d’une zone démilitarisée à Idlib, à propos de laquelle la Russie a conclu un accord avec la Turquie. Selon Poutine, des “membres armés” ont été amenés à Idlib depuis toute la Syrie, y compris des représentants d’organisations radicales telles que l’Etat islamique et le Siège de Libération d’Al-Sham. Ces organisations attaquent souvent des villes et des villages syriens (notamment Alep, la deuxième plus grande ville du pays), et plus grave encore, la région d’Idlib est utilisée comme base de tentative d’attaque contre les installations militaires russes (y compris la base aérienne de Hmeymim). Poutine a indiqué qu’ils étaient coordonnés avec la Turquie sur cette question et que les efforts déployés actuellement à Idlib n’auraient pas été possibles sans une coordination avec les autorités syriennes et sans le soutien de l’Iran. À la fin de sa déclaration, Poutine a exprimé l’espoir que, sur la base de cet accord, il serait possible d’éviter une opération militaire à grande échelle dans la région (Site Internet du Président russe, 3 octobre 2018).
  • Selon une déclaration de la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, les mesures prises pour mettre en œuvre l’accord russo-turque sur Idlib ont un impact particulier sur la situation en Syrie. Zakharova a souligné que la Russie s’était engagée à poursuivre sa lutte acharnée contre le terrorisme en Syrie jusqu’à son élimination complète (Site Internet du ministère russe des Affaires étrangères, 4 octobre 2018).
  • Lors d’une réunion du Comité central du parti Baath, le Président syrien Bashar Assad a déclaré que l’hystérie pouvait être ressentie par les pays occidentaux à propos de la campagne d’Idlib car, selon lui, il s’agissait d’une campagne décisive pour eux. Assad a noté qu’une victoire syrienne dans la campagne d’Idlib contrecarrerait les plans des pays occidentaux concernant la Syrie et servirait d’exemple aux pays de la région et au monde entier. En ce qui concerne l’accord conclu à Idlib, Assad a déclaré que cette région, à l’instar d’autres territoires syriens contrôlés par des terroristes, redeviendrait partie intégrante de la patrie (Agence de presse syrienne, 7 octobre 2018).
Mise en œuvre de l’accord
  • Le Front de libération nationale, qui est affilié à l’Armée syrienne libre et opère sous la protection et le soutien de la Turquie, a commencé à appliquer l’accord et à retirer ses armes lourdes de la région déclarée zone démilitarisée. Pour le moment, il n’est pas clair si les autres organisations s’emploient à respecter leur part de l’accord et à retirer leurs forces. Selon l’accord russo-turc, l’établissement de la zone démilitarisée le long de la ligne de contact entre les forces du régime syrien et celles de l’opposition sera achevé le 15 octobre 2018. Le retrait des “forces armées radicales” (y compris appartenant au Siège de Libération d’Al-Sham) sera mis en œuvre d’ici le 10 octobre 2018.
  • Le 6 octobre 2018, le porte-parole officiel du Front de libération nationale, Naqib (capitaine) Naji al-Mustafa, a publié un tract dans lequel il annonçait que, conformément à l’accord de Sochi, il commençait à retirer les armes lourdes de la zone démilitarisée d’Idlib (Radio Al-Kul, 7 octobre 2018). À l’aide de camions, l’armée syrienne libre aurait commencé à retirer des armes lourdes, notamment des roquettes, des lance-roquettes, des obus de mortier, etc. Selon une source de l’Armée syrienne libre, les armes lourdes sont principalement retirées de la zone rurale située au Nord de Hama et des fronts Sud-Ouest de la province d’Idlib. Selon un rapport de l’Observatoire syrien des droits de l’homme du 9 octobre 2018, la plus grande partie de la zone démilitarisée est dépourvue d’armes lourdes (Observatoire syrien des droits de l’homme, 9 octobre 2018).
Evacuation d'un char de l'Armée syrienne libre, avec le drapeau de l'organisation (marqué d'un cercle dans l'original) de la zone démilitarisée de la zone d'Idlib (Compte Twitter Secular Syria, 8 octobre 2018)    Membres du Front national de libération dans une zone contrôlée par les forces rebelles (Radio Al-Kul, 7 octobre 2018).
Droite : Membres du Front national de libération dans une zone contrôlée par les forces rebelles (Radio Al-Kul, 7 octobre 2018). Gauche : Evacuation d’un char de l’Armée syrienne libre, avec le drapeau de l’organisation (marqué d’un cercle dans l’original) de la zone démilitarisée de la zone d’Idlib (Compte Twitter Secular Syria, 8 octobre 2018)
  • Les organes de presse du Siège de Libération d’Al-Sham, l’organisation jihadiste dominante dans la région d’Idlib, n’ont publié aucune information officielle sur le retrait des armes de la région. Une source de l’opposition a déclaré qu’au cours des derniers jours, des membres du Siège de Libération d’Al-Sham avaient retiré une grande partie de leurs armes légères de la zone démilitarisée autour d’Idlib (Al-Modon, 9 octobre 2018). Dans le même temps, les membres de l’organisation ont continué de signaler leurs activités de mobilisation de nouvelles recrues dans la région (Agence de presse Ibaa affiliée au Siège de Libération d’Al-Sham, 8 octobre 2018).
Activités de propagande du Siège de Libération d’Al-Sham
  • Peu avant l’évacuation des forces de la région d’Idlib, la Fondation Balagh Media du Siège de Libération d’Al-Sham a diffusé une vidéo intitulée “Trois messages”. La vidéo montre un membre de l’organisation nommé Abu Qutaiba al-Shami (cf., le Syrien) proférant des menaces contre le régime syrien, les forces russes et les forces pro-iraniennes opérant en Syrie. Il les avertit d’entrer dans la zone d’Idlib. L’activiste conclut son message en disant que “la gloire est dans le jihad et dans le port des armes» et cite un verset coranique (Telegram, 6 octobre 2018).

 Abu Qutaiba al-Shami (cf., le Syrien) dans la video (Télégramme, 6 octobre 2018)
 Abu Qutaiba al-Shami (cf., le Syrien) dans la video (Télégramme, 6 octobre 2018)

  • La Turquie a envoyé des véhicules blindés dans les zones qui devraient être patrouillées dans la zone démilitarisée (Enab Baladi, 8 octobre 2018). Dans ce contexte, il a été signalé que le 3 octobre 2018, le parlement turc avait renouvelé l’autorité du pays pour mener des opérations à la frontière avec la Syrie et l’Irak. Le renouvellement est pour une période d’un an (Daily Sabah, 3 octobre 2018).
  • Peu de temps avant la mise en œuvre de l’accord et les préparatifs en vue de l’établissement de la zone démilitarisée, les tensions et les affrontements entre les divers éléments opérant dans la région se sont poursuivis. Voici quelques événements marquants :
  • Le 4 octobre 2018, le Siège de Libération d’Al-Sham a annoncé qu’un char de l’armée syrienne avait été touché par une roquette lancée par l’unité antichar de l’organisation dans les montagnes kurdes au Nord-Est de Lattaquié (Ibaa News, affiliée au Siège de Libération d’Al-Sham, 4 octobre 2018).


L’annonce du Siège de Libération d’Al-Sham après l’attaque d’un char de l’armée syrienne (Ibaa, agence de presse affiliée au Siège de Libération d’Al-Sham, 4 octobre 2018)

  • Près du village de Taftanaz (à environ 14 km au Nord-Est d’Idlib), le Front de libération nationale de l’Armée syrienne libre a mis fin à une attaque menée contre l’un des sièges de l’organisation (Compte Twitter du Front de libération nationale, 4 octobre 2018).
  • Le 5 octobre 2018, l’armée syrienne a attaqué au Sud de l’enclave des rebelles à Idlib, dans une zone supposée faire partie de la zone démilitarisée conformément à l’accord russo-turc (Qasiyoun, 5 octobre 2018).

 La zone attaquée par l'armée syrienne (Qasiyoun, 5 octobre 2018)
 La zone attaquée par l’armée syrienne (Qasiyoun, 5 octobre 2018)

  •  Dans le village de Halab (environ 26 km au Sud-Ouest d’Alep), des membres du Siège de Libération d’Al-Sham ont attaqué des membres du Mouvement Nur al-Din al-Zenki, affilié au Front de libération nationale de l’Armée syrienne libre. Selon le Siège de Libération d’Al-Sham, l’attaque aurait été menée en raison de la “volonté du Mouvement Nur al-Din al-Zenki de parvenir à des accords de réconciliation avec le régime syrien” (Khotwa, 5 octobre 2018). Après 36 heures d’affrontements et plusieurs morts, un accord d’accalmie a été conclu entre les parties (Observatoire syrien des droits de l’homme, 6 octobre 2018).
  • Des membres du Siège de Libération d’Al-Sham ont attaqué le quartier général de l’Etat islamique dans le village de Marat Masri (à environ 8 km au Nord d’Idlib). Six membres de l’Etat islamique ont été tués dans l’attaque et deux prisonniers détenus par l’organisation ont été libérés (Observatoire syrien des droits de l’homme, 7 octobre 2018).
  • Des unités de l’armée syrienne ont ouvert le feu sur des membres du Parti islamique du Turkestan (membres ouïgours d’ascendance chinoise) qui ont tenté d’infiltrer les positions de l’armée syrienne dans la région du village de Mansoura, dans le Sud-Ouest de la province d’Idlib. De nombreux membres ont été tués et d’autres se sont retirés (SANA, 7 octobre 2018).
La région de Deir ez-Zor et d’Abu Kamal
  • L’attaque des FDS se poursuit avec l’appui de la coalition internationale contre les avant-postes de l’Etat islamique dans l’enclave au Nord d’Abu Kamal. Les combats se sont concentrés dans la région d’Al-Susah. Les forces kurdes ont libéré le village d’Al-Baghouz Fawqani et se dirigent vers le Nord. Les membres de l’Etat islamique ont mené plusieurs contre-attaques (SDF Media Center, 4 octobre 2018; Twitter, 5 octobre 2018). Les avions de la Coalition internationale ont largué des tracts sur l’enclave de l’Etat islamique au Nord d’Abu Kamal, appelant les membres de l’organisation à se rendre (Compte Twitter Deir ez-Zor 24, 6 octobre 2018). Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (5 octobre 2018), depuis le début de l’opération des FDS dans la région d’Abu Kamal (le 10 septembre 2018), environ 240 membres de l’Etat islamique et 126 combattants du SDF ont été tués.

Les forces kurdes (en jaune) continuent d'avancer vers le Nord et de repousser les membres de l'Etat islamique (en noir) (Twitter, 5 octobre 2018)
Les forces kurdes (en jaune) continuent d’avancer vers le Nord et de repousser les membres de l’Etat islamique (en noir) (Twitter, 5 octobre 2018)

  • Le 5 octobre 2018, les forces de la coalition internationale situées autour du village d’Al-Baghouz Fawqani ont tiré des obus de mortier et de l’artillerie sur des zones contrôlées par l’Etat islamique dans le village de Muzan, à l’est de Al-Susah et à la périphérie du village d’Al-Susah (Page Facebook Furat Post, 6 octobre 2018).

Combattants des FDS dans la région d'Al-Baghouz Fawqani (Chaîne Youtube Ivan Hassib, 6 octobre 2018)
Combattants des FDS dans la région d’Al-Baghouz Fawqani (Chaîne Youtube Ivan Hassib, 6 octobre 2018)

  • Dans la zone de Hajin contrôlée par l’Etat islamique, des affrontements ont eu lieu entre les forces kurdes et des membres de l’Etat islamique. Plusieurs membres de l’Etat islamique auraient été tués (SDF Media Center, 4 octobre 2018). Les forces de la coalition internationale déployées sur la base militaire du champ pétrolifère Al-Omar, au Nord d’Al-Mayadeen, ont tiré plusieurs missiles sol-sol sur la ville de Hajin (Furat Post, 5 octobre 2018).
Réactions de l’Etat islamique
  • Dans la ville d’Al-Busayrah (à environ 15 km au Nord d’Al-Mayadeen), deux membres de l’Etat islamique sur une moto ont lancé des engins piégés, tuant quatre combattants des FDS (Compte Twitter Furat Post, 4 octobre 2018).
  • Le 3 octobre 2018, l’Etat islamique a fait exploser une voiture piégée contre un véhicule des forces de sécurité israéliennes dans le village de Gharanij, à environ 38 km au Nord d’Abu Kamal. Quatre combattants des FDS ont été tués et plusieurs autres blessés (Page Facebook Furat Post, 3 octobre 2018).
  • L’Etat islamique a annoncé que ses membres avaient forcé des combattants des FDS à pénétrer dans un champ de mines près du village d’Al-Baghouz. En conséquence, plusieurs combattants des FDS ont été tués et blessés (Twitter, 6 octobre 2018).
Déploiement des forces russes dans la région d’Abu Kamal
  • Le 6 octobre 2018, les forces russes se seraient déployées dans la région rurale d’Abu Kamal pour la première fois depuis que l’armée syrienne et les forces qui la soutiennent ont pris le contrôle de la rive ouest de l’Euphrate. Selon le rapport, la Russie souhaiterait avoir une présence dans la région, qui est contrôlée par les milices iraniennes et dont l’espace aérien est contrôlé par les avions de la Coalition internationale. En outre, elle pourrait avoir l’intention de créer un aérodrome militaire dans la province de Deir ez-Zor, le deuxième en Syrie après l’aérodrome de Hmeymim (Syria TV, 6 octobre 2018).
Présence de soldats russes dans la région d'Abu Kamal sur la rive ouest de l'Euphrate (Syria TV, 6 octobre 2018)    Présence de soldats russes dans la région d'Abu Kamal sur la rive ouest de l'Euphrate (Syria TV, 6 octobre 2018)
Présence de soldats russes dans la région d’Abu Kamal sur la rive ouest de l’Euphrate (Syria TV, 6 octobre 2018)
Sud de la Syrie

La campagne dans la région d’As-Suwayda

  • Dans la région d’As-Suwayda, l’armée syrienne a poursuivi son avancée dans l’Est du désert d’As-Suwayda et s’emploie à renforcer son emprise sur les zones libérées de l’Etat islamique. Les médias du régime syrien ont rapporté que l’armée syrienne et les forces qui la soutenaient avaient avancé dans la zone au Nord-Ouest d’Al-Safa, s’emparant de plusieurs sites de la région (Agence de presse SANA, 5 octobre 2018). Il a également été rapporté que l’armée syrienne avait déjoué une tentative d’infiltration de membres de l’Etat islamique sur l’une de ses positions le long d’une des routes d’Al-Safa. Certains membres de l’Etat islamique, notamment des tireurs isolés portant des ceintures explosives, ont été tués (Agence de presse SANA, 7 octobre 2018).
  •  Le 7 octobre 2018, l’armée syrienne, avec l’appui aérien russe, a repris plusieurs positions de l’Etat islamique dans la région de la tombe de Cheikh Hussein (située dans la partie ouest d’Al-Safa). Plus de 10 membres de l’Etat islamique ont été tués (Al-Masdar News, 7 octobre 2018).

Exécution d’un otage druze

  • Le 2 octobre 2018, l’Etat islamique a annoncé qu’il avait exécuté Thuraya Abu Amar, l’un des otages druzes, aux mains de l’organisation depuis le 30 juillet 2018. Des dizaines de résidents ont alors manifesté à As-Suwayda. Les manifestants ont protesté contre l’exécution et contre le fait que les autorités russes et syriennes n’ont pas réussi à trouver un moyen de libérer les otages détenus par l’Etat islamique. Dans le cadre des manifestations, les manifestants ont bloqué le bâtiment qui sert de siège au gouverneur de la province pour le compte du régime syrien et la route menant au centre-ville (Syria.net, 2 octobre 2018 ; page Facebook As-Suwayda 24, 6 octobre 2018). À la suite des manifestations, les forces du régime ont bloqué la plupart des routes menant au centre-ville d’As-Suwayda (Syria.net, 9 octobre 2018).
 Photos des otages (Page Facebook As-Suwayda 24, 5 octobre 2018)   Manifestation des habitants d'As-Suwayda pour libérer les femmes et les enfants enlevés par l'Etat islamique.
Droite : Manifestation des habitants d’As-Suwayda pour libérer les femmes et les enfants enlevés par l’Etat islamique. Gauche : Photos des otages (Page Facebook As-Suwayda 24, 5 octobre 2018)
  • Le 7 octobre 2018, il a été signalé que le régime syrien avait accepté de libérer 38 femmes détenues (membres de la famille des commandants de l’Etat islamique). Outre la libération des détenus, l’Etat islamique exige une rançon d’un million de dollars pour chacun des 27 otages (Rusiya Al-Youm, 4 octobre 2018).
Principaux développements en Irak
Activités des forces de sécurité irakiennes
  • Les forces de sécurité irakiennes poursuivent leurs activités intensives pour contrecarrer les activités de l’Etat islamique en Irak. Les principales opérations menées par les forces de sécurité irakiennes au cours de la semaine dernière sont les suivantes :
  • Région de Rutba:
    • Un haut responsable de l’Etat islamique responsable de l’organisation au Sud de Rutba et deux de ses escortes ont été arrêtés et leurs véhicules détruits par les forces de sécurité de l’armée irakienne dans la province occidentale d’Al-Anbar. Il a été rapporté que l’individu arrêté était responsable de la mise en place d’engins piégés visant les forces de sécurité irakiennes et les civils (Iraqi News, 3 octobre 2018).
    • Une force de l’armée irakienne a arrêté quatre membres de l’Etat islamique dans la région d’Al-Wadi, dans le district de Rutba, dans la partie occidentale de la province d’Al-Anbar. En outre, trois cachettes de l’Etat islamique ont été détruites, sept engins explosifs improvisés ont été déclenchés de manière contrôlée et une rampe de lancement pour missiles antichars a été découverte (Iraqi News Agency, 4 octobre 2018).
    • La région de Mossoul : Une force de l’armée irakienne a arrêté des membres d’une brigade de l’armée irakienne dans la région d’Al-Sahaji, à environ 13 km à l’Ouest de Mossoul (Agence de presse irakienne, 5 octobre 2018).

Une colonne de véhicules de l'armée irakienne lors d'une activité contre l'Etat islamique (Agence de presse irakienne, 4 octobre 2018)
Une colonne de véhicules de l’armée irakienne lors d’une activité contre l’Etat islamique (Agence de presse irakienne, 4 octobre 2018)

  • La région de Kirkouk : Entre le Tigre et le village d’Al-Hawaij, à environ 84 km au Sud-Ouest de Kirkouk, une force de l’armée irakienne a découvert un tunnel qui servait de cachette aux membres de l’Etat islamique. Le tunnel contenait 15 kg d’explosifs plastiques C4, un panneau solaire permettant de générer de l’électricité, des vêtements et d’autres équipements (Iraqi News Agency, 5 octobre 2018).
  • La région de Bagdad : une force de l’armée irakienne opérant sur la base de renseignements a encerclé et tué trois terroristes de l’organisation islamique dans la région d’Al-Islah, à environ 6 km au Sud-Ouest de Bagdad (Agence de presse irakienne, 7 octobre 2018).
L’Etat islamique
  • En raison des activités de lutte contre le terrorisme intensives des forces de sécurité irakiennes, avec l’aide des forces de la coalition internationale, il semble que malgré leurs efforts, les membres de l’Etat islamique qui restent en Irak ont ​​des difficultés à opérer et à mener des attaques. Des divisions semblent avoir eu lieu au sein de la direction de l’Etat islamique en Irak. Dans ce contexte, il a été rapporté qu’Abu Uthman al-Iraqi, le chef des finances de l’organisation (Miriam al-M al), avait été exécuté sur ordre du chef de l’Etat islamique Abu Bakr al-Baghdadi. Al-Iraqi était accusé d’avoir détourné les fonds de l’organisation et avait l’intention de fuir l’Irak lors de son arrestation (Iraqi News Agency, 4 octobre 2018).
La péninsule du Sinaï et l’Egypte
Mort d’un officier de l’Etat islamique
  • Le 2 octobre 2018, l’armée égyptienne a annoncé qu’Abu Hamza al-Maqdisi, le commandant le plus haut placé de la Province du Sinaï, avait été tué lors d’une frappe aérienne par les forces égyptiennes. Al-Maqdisi, un Palestinien de la bande de Gaza, était responsable de la formation des membres de l’Etat islamique et de la planification et de la conduite d’attaques (Al-Jazeera, 2 octobre 2018; page Facebook et site Internet de l’Union tribale du Sinaï, 3 octobre 2018). L’organisation a annoncé la mort d’Al-Maqdisi sur les médias sociaux dans le cadre de ses publications intitulées “La caravane des chahids” (Twitter, 2 octobre 2018).

Annonce de l'Etat islamique diffusée sur les médias sociaux (Twitter, 2 octobre 2018)
Annonce de l’Etat islamique diffusée sur les médias sociaux (Twitter, 2 octobre 2018)

  • Dans l’annonce n ° 28 publiée par l’état-major égyptien, le porte-parole des forces armées égyptiennes a résumé les réalisations des forces en matière de lutte contre le terrorisme dans la péninsule du Sinaï (Porte-parole des forces armées égyptiennes, 8 octobre 2018). À la suite de cette annonce, un éditorial d’Al-Ahram souligne que l’opération a atteint son objectif consistant à empêcher les organisations terroristes d’opérer dans la péninsule du Sinaï après la destruction de toutes leurs armes lourdes. Les forces ont également réussi à sécuriser la frontière et à empêcher l’infiltration d’éventuelles organisations terroristes en Égypte. Selon l’éditorial, le succès, c’est qu’il n’y a pas eu d’attaque terroriste au cours des derniers mois (Al-Ahram, 9 octobre 2018).
 Activités de contreterrorisme
Libye
  • L’armée libyenne a annoncé l’arrestation du chef de l’Etat islamique (émir) à Derna (Akhbar Libya, 8 octobre 2018). L’émir Hisham Ali Ashmawi Masad, de l’Etat islamique, est un Egyptien de 43 ans qui a servi dans l’armée égyptienne et dans les forces spéciales égyptiennes en tant qu’officier de sécurité, atteignant le grade de commandant. En 2011, il a été licencié du service militaire à la suite de nombreux cas d’incitation contre le régime égyptien (Akhbar Libya, 8 octobre 2018; Masrawy, 8 octobre 2018).
  • Le 27 avril 2013, il s’est envolé pour la Turquie et, de là, il s’est infiltré en Syrie, où il a suivi une formation militaire et a appris à fabriquer des explosifs. À son retour en Égypte, il a rejoint des organisations terroristes. Il a pris part à plusieurs attentats terroristes en Égypte, notamment à la tentative d’assassinat de l’ancien ministre de l’Intérieur Mohammad Ibrahim en 2013, l’assassinat du procureur général Hisham Barakat et l’assassinat de 22 soldats égyptiens à Wadi al-Farafrah au Sud-Ouest de l’Égypte en 2014. Ashmawi était également l’un des organisateurs du raid sur le complexe du bataillon de l’armée égyptienne 101 en 2015, au cours duquel 29 soldats ont été tués. Il a été blessé lors de l’attaque du Wadi Al-Farafrah en 2014, mais a réussi à franchir la frontière entre l’Égypte et la Libye et s’est rendu dans la ville de Derna (Akhbar Libya, 8 octobre 2018).

Carte identifiant le commandant Raham Hisham Ali Ashmawi Masad comme un officier de l'armée égyptienne à la retraite (Site Internet de Sinai Tribal Union, 8 octobre 2018)
Carte identifiant le commandant Raham Hisham Ali Ashmawi Masad comme un officier de l’armée égyptienne à la retraite (Site Internet de Sinai Tribal Union, 8 octobre 2018)

Etats-Unis
  • Le Président américain Donald Trump a publié la nouvelle stratégie antiterroriste américaine qui met l’accent sur la prévention et élimination du terrorisme. La stratégie souligne que la plupart des infrastructures de lutte contre le terrorisme seront axées sur la guerre contre le terrorisme dirigée contre les États-Unis. Ci-dessous un certain nombre de points clés (Site Internet de la Maison Blanche, 4 octobre 2018) :
    • Les terroristes musulmans, dirigés par l’Etat islamique, constituent la plus grande menace pour les États-Unis. Malgré les efforts fructueux des États-Unis et des pays de la coalition en Syrie et en Irak, l’Etat islamique continue de diffuser le terrorisme en Occident. L’Etat islamique et Al-Qaïda tentent également d’accroître leur influence et leur présence en Syrie.
    • Pour vaincre le terrorisme islamique, il faut exposer la nature destructrice de son idéologie et contrecarrer l’utilisation d’Internet pour recruter des membres et mener des attaques.
    • L’Iran reste le principal défenseur du terrorisme dans le monde. Les organisations terroristes agissent comme ses mandataires, les plus importants étant le Hezbollah et les Gardiens de la révolution iraniens, qui possèdent des forces militaires et de renseignement solides. Ils constituent une menace pour les États-Unis et le monde entier.
    • La stratégie souligne l’importance d’utiliser des moyens non militaires pour lutter contre le terrorisme, tels que l’application de la loi, le renseignement, la diplomatie et des mesures économiques.
Afghanistan
  • Dans la province de Nangarhar, dans l’est de l’Afghanistan, les forces afghanes, avec l’appui des États-Unis, ont mené plusieurs frappes aériennes à l’aide de drones contre l’infrastructure et les agents de l’Etat islamique. Quelques dizaines de membres de l’Etat islamique auraient été tués et blessés lors des frappes aériennes. Des camps d’entraînement de l’organisation auraient également été détruits (www.khaama.com, 7 octobre 2018).
La guerre de propagande

Menaces d’attaques visant des concerts

  • Le compte Twitter de la Rimah Media Foundation de l’ISIS a publié une photo montrant un homme en costume tenant un couteau dans le dos, sur l’arrière-plan d’un concert. L’organisation déclare dans son message son intention de “surprendre” et d’attaquer lors de concerts en Europe. La dernière affiche a été publiée pour la dernière fois en Mai 2017, après un attentat terroriste à Manchester, en Angleterre, au cours duquel de nombreuses personnes ont été tuées et blessées. L’affiche publiée à l’époque montrait un homme barbu et une femme blessée au coin d’une rue de Manchester, près du lieu de l’attaque. À côté de l’image se trouvait une inscription disant : “Nous tiendrons notre promesse” (The Sun, 6 octobre 2018; PJ Media, 5 octobre 2018)