Tag Archives: Iran

Pleins feux sur le jihad mondial (23-29 juin 2016)

Pleins feux sur le jihad mondial

Pleins feux sur le jihad mondial

Forces de sécurité et secours à l'extérieur de l'aéroport à Istanbul.

Forces de sécurité et secours à l'extérieur de l'aéroport à Istanbul.

Fusil Kalachnikov utilisé par l'un des terroristes dans l'attaque (Page Twitter du New Straits Times, 28 juin 2016)

Fusil Kalachnikov utilisé par l'un des terroristes dans l'attaque (Page Twitter du New Straits Times, 28 juin 2016)

Le premier site de l'attaque : l'entrée de contrôle de sécurité à l'aéroport  international.

Le premier site de l'attaque : l'entrée de contrôle de sécurité à l'aéroport international.

La dévastation dans le hall des passagers (milliyet.com, 29 juin 2016)

La dévastation dans le hall des passagers (milliyet.com, 29 juin 2016)

Trois officiers russes qui, selon l'Etat islamique, ont été tués dans des affrontements avec l'organisation dans la région entre Ithriya et Tabqa (Aamaq, 23 Juin, 2016). Un porte-parole russe a nié le rapport.

Trois officiers russes qui, selon l'Etat islamique, ont été tués dans des affrontements avec l'organisation dans la région entre Ithriya et Tabqa (Aamaq, 23 Juin, 2016). Un porte-parole russe a nié le rapport.

Petit hélicoptère sans pilote de collecte de renseignements qui aurait été abattu par des membres de l'Etat islamique dans la périphérie de Manbij (Aamaq, 25 juin 2016)

Petit hélicoptère sans pilote de collecte de renseignements qui aurait été abattu par des membres de l'Etat islamique dans la périphérie de Manbij (Aamaq, 25 juin 2016)

Abd al-Wahhab al-Al-Saadi (en T-shirt sur la gauche), annonçant la libération de Fallujah des mains de l'Etat islamique (Compte Twitter de la Division des opérations spéciales de l'armée irakienne, 26 juin 2016).

Abd al-Wahhab al-Al-Saadi (en T-shirt sur la gauche), annonçant la libération de Fallujah des mains de l'Etat islamique (Compte Twitter de la Division des opérations spéciales de l'armée irakienne, 26 juin 2016).

Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi annonce la libération de Fallujah (Télévision Al-Iraqiya, 26 juin 2016)

Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi annonce la libération de Fallujah (Télévision Al-Iraqiya, 26 juin 2016)

Soldats de l'armée irakienne célébrant la victoire de Fallujah (Compte Twitter de la Division des opérations spéciales de l'armée irakienne, 26 juin 2016).

Soldats de l'armée irakienne célébrant la victoire de Fallujah (Compte Twitter de la Division des opérations spéciales de l'armée irakienne, 26 juin 2016).

Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi (au centre) visite Fallujah, accompagné d'officiers de l'armée irakienne (Compte Twitter de la Division des opérations spéciales de l'armée irakienne, 26 juin 2016).

Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi (au centre) visite Fallujah, accompagné d'officiers de l'armée irakienne (Compte Twitter de la Division des opérations spéciales de l'armée irakienne, 26 juin 2016).

L'emblème de la nouvelle province de l'Etat islamique aux Philippines (Radio Al-Bayan et site Internet de partage de fichiers openload.com, 21 juin 2016).

L'emblème de la nouvelle province de l'Etat islamique aux Philippines (Radio Al-Bayan et site Internet de partage de fichiers openload.com, 21 juin 2016).

Membre de l'Etat islamique à Al-Raqqah baptisé Abu Walid l'Indonésien saluant le califat islamique.

Membre de l'Etat islamique à Al-Raqqah baptisé Abu Walid l'Indonésien saluant le califat islamique.

Les trois hommes accusés par l'Etat islamique d'être des membres de la coalition internationale avant leur exécution à Al-Raqqah. L'exécution a été réalisée par les trois membres d'Asie du Sud Est aperçus dans la vidéo (Site Internet Radio Al-Bayan et site de partage de fichiers openload.com, 21 juin 2016)

Les trois hommes accusés par l'Etat islamique d'être des membres de la coalition internationale avant leur exécution à Al-Raqqah. L'exécution a été réalisée par les trois membres d'Asie du Sud Est aperçus dans la vidéo (Site Internet Radio Al-Bayan et site de partage de fichiers openload.com, 21 juin 2016)


Aperçu général

  • La semaine a été marquée par un attentat réalisé par trois terroristes suicide à l'aéroport international d'Istanbul, qui a fait 41 morts (exact au matin du 30 juin). Jusqu'à présent, aucune organisation terroriste n'a revendiqué la responsabilité de l'attaque, dont les caractéristiques ressemblent au modus operandi de l'Etat islamique (qui mène une campagne de terrorisme contre la Turquie). Le Premier ministre turc Yildirim a déclaré que, selon des responsables sécuritaires, les premiers signes indiquent que l'organisation a réalisé l'attaque.
  • Sur le terrain, l'Etat islamique continue de subir des revers dans les zones sous son contrôle territorial dans les différentes régions. Cette semaine a vu l'achèvement de la prise de contrôle de Fallujah, le principal fief de l'organisation dans la province sunnite d'Al-Anbar. La perte de Fallujah, une ville d'une importance symbolique, est un revers en termes militaires et un coup à l'image de l'organisation. Au cours de sa "visite de victoire" à Fallujah, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a déclaré que la victoire à Mossoul était proche. Cependant, selon nous, la campagne de l'Irak contre l'Etat islamique est loin d'être terminée. Ni Fallujah ni la province d'Al-Anbar n'ont été nettoyées des membres de l'organisation et l'Etat islamique continue de mener des actes de guérilla et de terrorisme à Bagdad et dans les différentes régions reprises par les forces irakiennes.
  • L'Etat islamique risque de perdre des bastions importantsdans un proche avenir dans deux autres arènes. Dans l'arène syrienne, les forces démocratiques syriennes kurdes (FDS) avancent vers le centre-ville de Manbij, un important bastion de l'Etat islamique à l'Ouest de l'Euphrate. Dans l'arène libyenne, les combats se poursuivent dans la ville de Syrte et la zone de la ville contrôlée par l'organisation se rétrécit. Dans le même temps, les forces du général Khalifa Haftar, commandant de l'armée libyenne dans l'Ouest de la Libye, nettoient la ville de Benghazi de la présence de groupes jihadistes qui contrôlent une partie de la ville (l'Etat islamique et les organisations affiliées à Al-Qaïda).

 

Attaque terroriste à l'aéroport international d'Istanbul (Etat des lieux exact au 29 juin)

  • Dans la nuit du 28 au 29 juin 2016, une attaque terroriste a été effectuée à l'aéroport international d'Istanbul Atatürk. L'attaque a été menée par trois terroristes qui, selon le Premier ministre turc, sont arrivés en taxi. Selon un témoin, les trois terroristes portaient des vestes noires où ils ont caché leurs armes (Reuters, 29 juin 2016).
  • Selon les médias turcs, l'attaque a été menée à deux endroits :
  • Al'entrée du terminal international : deux terroristes armés de fusils d'assaut Kalachnikov ont ouvert le feu sur les voyageurs qui patientaient aux contrôles de sécurité bondés. L'un d'eux a ensuite avancé en direction des voyageurs et a été blessé par un garde de sécurité. Le deuxième terroriste suicide s'est fait exploser près d'un scanner à bagages.
  • Al'étage inférieur, près de la zone de stationnement : un terroriste a ouvert le feu sur la foule, qui s'est précipitée vers les voitures. Une fois les forces de sécurité arrivées sur place, le terroriste s'est fait exploser.
  • Selon le ministre turc de la Justice, 31 personnes ont été tuées et 147 ont été blessées. Le Premier ministre Yildirim a plus tard annoncé que le nombre de mort était de 36 (le 29 juin, ce nombre était de 41). Jusqu'à présent, aucune organisation terroriste n'a revendiqué l'attaque, dont le mode de fonctionnement correspond à celui de l'Etat islamique, qui mène une campagne de terrorisme contre la Turquie. Le Premier ministre turc Yildirim a déclaré que, selon des responsables sécuritaires, les premiers signes indiquent que l'Etat islamique a réalisé l'attaque. La première hypothèse des responsables du renseignement américain est que l'Etat islamique ou une organisation opérant sous ses auspices est responsable de l'attaque (CNN, 29 juin 2016).

La campagne internationale contre l'Etat islamique

Les frappes aériennes
  • Cette semaine encore, la coalition américaine a réalisé des frappes aériennes intensives en Irak et en Syrie. En Irak, les frappes aériennes ont été concentrées dans la région de Falloujah, à l'appui de la campagne armée irakienne de libération de la ville. Des bombardements ont également été menés ailleurs dans la province d'Al-Anbar, dans la ville de Qayyarah, au Sud de Mossoul (où l'armée irakienne jette les bases d'une future attaque sur Mossoul), et dans la région de Sinjar (au Nord-Ouest de l'Irak), entre autres. En Syrie, les frappes aériennes ont été concentrées dans les zones d'Al-Raqqah, Deir al-Zor, la région de la ville de Manbij (à l'appui de la campagne des forces des FDS), et dans la région au Nord d'Alep.

Participation de la Russie dans les combats

  • La machine de propagande de l'Etat islamique a publié une photo montrant trois officiers russes qui, selon l'organisation, ont été tués dans des combats avec l'armée syrienne. Les trois auraient été tués dans la région entre Ithriya et Tabqa, où l'armée syrienne est la cible d'une attaque (Aamaq, 23 juin 2016). Le porte-parole du ministre russe de la Défense a été prompt à nier l'information. Selon lui, tous les soldats russes dont les photos ont été publiées par l'Etat islamique sont en vie et avec leurs unités (Agence de presse TASS, 23 juin 2016).

Principaux développements en Syrie

Attaque sur la ville de Manbij
  • Les forces des FDS ont continué leur progression vers le centre-ville de Manbij.Cette semaine, elles ont repris la Place de la Charia, située à environ 1,8 km du centre-ville. Le 26 juin 2016, les troupes des FDS ont repris le quartier d'Al-Hawatmeh, au Nord de Manbij. Selon les rapports des médias, les forces des FDS contrôlent désormais environ 20%-30% de la ville. En outre, les troupes des FDS ont repris les silos de Manbij. Les silos, situés à environ 2,5 km au Sud de la ville, donnent sur le Sud de Manbij (Observatoire syrien des droits de l'homme, 24 juin 2016). Une offensive de l'Etat islamique visant à reprendre la zone des silos a été déjouée par les FDS.
  • La machine de propagande de l'Etat islamique a affirmé la semaine dernière que 157 combattants kurdes ont été tués dans des affrontements dans la région de Manbij. L'organisation a également affirmé que le 22 juin, ses membres ont abattu un petit hélicoptère sans pilote utilisé pour la collecte de renseignements.
La campagne dans la région d'Alep
  • Les combats se poursuivent dans et autour de la ville d'Alep. Le quartier kurde de Cheikh Maksoud, au Nord d'Alep, a été bombardé par les organisations rebelles. Des affrontements ont opposé des organisations rebelles islamiques à l'armée syrienne dans le quartier de Sayf al-Dawla, au Sud-Ouest d'Alep (SOHR, 25 juin 2016). Les organisations rebelles auraient déjoué les tentatives des forces syriennes d'avancer vers plusieurs quartiers du Nord d'Alep (Comités de coordination locale, 26 juin 2016).
  • Dans un discours, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah (24 juin 2016) a souligné l'importance de la bataille d'Alep contre les "groupes terroristes". Ci-après les principaux points de son allocution (Télévision Al-Manar, 24 juin 2016) :
  • Des milliers de combattants étrangers de diverses nationalités du monde entier sont récemment arrivés à Alep par la frontière entre la Syrie et la Turquie. Leur but est "de renverser ce qui reste de la région d'Alep et la ville d'Alep en particulier." Par conséquent, Nasrallah a affirmé que "les combats à Alep [signifient] la défense du reste de la Syrie. Ils [signifient] la défense de Damas, la défense du Liban, la défense de l'Irak et la défense de la Jordanie […] "
  • Nasrallah a ensuite affirmé que "le Hezbollah est obligé d'être à Alep et de rester à Alep." Il a ajouté que la campagne d'Alep est "épuisante" et que le Hezbollah a perdu 26 chahids depuis début Juin 2016, en plus d'un otage et d'un disparu. Toutefois, il a affirmé que les rapports des ennemis du Hezbollah au sujet des centaines de morts sont exagérés.[1]
  • D'autre part, Nasrallah a affirmé que depuis début Juin, 617 membres des "groupes terroristes" ont été tués dans la bataille d'Alep. En outre, plus de 800 membres de ces groupes ont été blessés et de nombreuses armes ont été détruites. A propos de ces chiffres (qui, selon nous, sont exagérés), Nasrallah affirme que "[le Hezbollah] a [seulement] 26 morts … Dans une telle bataille, il y aurait dû avoir beaucoup plus de morts […]."
  • Selon nous, les déclarations de Nasrallah reflètent l'importance que l'Iran et le Hezbollah attachent à la prise de contrôle d'Alep et ses environs. Selon un article d'Ibrahim Hamidi, journaliste syrien proche du régime, l'Iran et Syrie cherchent à reprendre le contrôle pur et simple de la ville d'Alep. En revanche, a-t-il dit, la Russie soutient l'encerclement d'Alep, mais estime que l'armée syrienne n'a pas assez de forces pour reprendre le contrôle de la ville entière. Selon Hamidi, les Russes craignent que la prise de contrôle d'Alep n'entraîne de lourdes pertes et rencontre une résistance féroce de la part des États-Unis et des pays sunnites du Moyen-Orient (Al-Hayat, 24 juin 2016).
Actes de terrorisme et de guérilla de l'Etat islamique
Revendication de la responsabilité de l'attaque contre la Jordanie à Rukban
  • Le 26 juin 2016, l'agence Aamaq, la branche information de l'Etat islamique, a annoncé qu'un membre de l'organisation a réalisé l'attentat suicide de Rukban, au Nord-Est de la Jordanie, le 21 juin 2016. L'agence a publié une vidéo de l'attaque (Aamaq, 26-27 juin 2016).
  • Une voiture piégée a explosé le 21 juin 2016, sur un chemin de terre menant à un camp de réfugiés syrien dans le quartier de Rukban, au Nord de la Jordanie. Il s'agit d'une base militaire située près d'un camp de réfugiés syrien le long de la frontière. L'attaque a tué six membres des forces de sécurité jordaniennes et blessés 14 autres. Par conséquent, la Jordanie a fermé la frontière avec la Syrie et a déclaré la zone frontalière avec l'Irakien zone militaire fermée.
  • Selon des "sources jordaniennes," la revendication de responsabilité de l'Etat islamique est la première du genre. Selon ces sources, l'Etat islamique n'a jamais  formellement revendiqué la responsabilité d'une attaque contre la Jordanie dans le passé. Selon ces sources, les organisations affiliées à l'Etat islamique au Sud de la Syrie, comme les Brigades des Martyrs d'Al-Yarmouk et le mouvement islamique Muthanna pourraient avoir effectué l'attaque. Elles ont précisé que le délai entre l'attaque et la revendication de responsabilité est dû à des problèmes de communication entre l'Etat islamique et ses organisations affiliées (Al-Hayat, 28 juin 2016).
Série d'attentats suicide dans la ville d'Al-Qaa au Nord de la vallée de la Bekaa
  • Le 27 juin 2016, quatre terroristes équipés de ceintures explosives ont effectué une série d'attentats suicide dans la ville d'Al-Qaa, dans la vallée du Nord de la Bekaa.Une des attaques a été menée par un terroriste à moto qui a lancé une grenade sur des civils près d'une église, et s'est fait exploser avec une ceinture piégée. Trois autres terroristes ont été dans l'impossibilité de faire des victimes en raison de la réponse de l'armée libanaise (Al-Nashra, 27 juin 2016).
  • Selon les rapports des médias libanais, ces attaques ont tué 15-20 personnes.Jusque-là, aucune organisation terroriste n'a revendiqué la responsabilité de ces attaques. Le Hezbollah a condamné les attaques, notant qu'elles sont le "résultat" de l'idéologie wahhabite radicale, qui se propage dans la région comme une épidémie (Agence de presse libanaise, 27 juin 2016).

Principaux développements en Irak

Poursuite de la campagne de Fallujah
  • La campagne pour la ville de Fallujah, qui a commencé le 22 mai 2016,a pris fin cette semaine (au moins formellement). Les 24 et 25 juin, les forces irakiennes ont repris le quartier d'Al-Jawlan, au Nord-Ouest de Falloujah, où des membres de l'Etat islamique s'étaient barricadés. Le 25 juin, le commandement des opérations à Bagdad a annoncé la libération du quartier Al-Jawlan. Ainsi le dernier bastion de l'Etat islamique à Fallujah a été repris par les forces irakiennes.
  • Le 26 juin 2016, Abd al-Wahhab al-Al-Saadi, le commandant irakien de l'opération, a annoncé que la ville avait été complètement libérée. Selon lui, au moins 1.800 membres de l'Etat islamique ont été tués dans l'opération(Compte Twitter de la Division des opérations spéciales de l'armée irakienne, 26 juin 2016). En conséquence, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a annoncé la victoire à Fallujah. Il a noté que la victoire à Mossoul approchait, après quoi l'Etat islamique serait chassé du territoire irakien (Télévision Al-Iraqiya, 26 juin 2016). Le 26 juin 2016, le jour où la libération de la ville a été annoncée, le Premier ministre irakien s'est rendu à Fallujah, accompagné d'officiers de l'armée irakienne.
  • La chaîne Al-Jazeera, qui se fonde sur des sources proches de l'Etat islamique, a déclaré que suite à la reprise de la ville, l'Etat islamique a quitté les positions autour de Fallujah sans combattre (Al-Jazeera, 27 juin 2016). Selon un rapport du 27 juin, une division d'infanterie mécanisée de l'armée irakienne a lancé une opération pour terminer le nettoyage de la rive ouest de l'Euphrate, à l'Ouest de Fallujah. Le but de l'opération est de conquérir la zone de Halabsah, à l'Ouest de la ville (Réseau Media irakien, 27 juin 2016).
Création d'une base de contrôle territorial en vue de la campagne de Mossoul
  • Cette semaine, l'armée irakienne a continué de nettoyer la ville de Qayyarah, à 63 km au Sud de Mossoul, de la présence de membre de l'Etat islamique, dans le but (déclaré) de préparer le secteur à une utilisation future comme point de lancement pour la reprise de la ville de Mossoul. L'activité militaire dans cette zone est réalisée avec le soutien aérien de la coalition internationale (Al-Arabiya, 26 juin 2016).
L'assaut de l'Etat islamique sur Rutba repoussé

Le 27 juin 2016, l'Etat islamique a effectué une tentative avortée de reprendre la ville de Rutba, près de la zone frontalière entre l'Irak, la Syrie et la Jordanie. La ville a été reprise par l'armée irakienne le 17 mai 2016. Les forces de police irakiennes, avec le soutien de membres des tribus sunnites, auraient bloqué une attaque de l'Etat islamique de l'Ouest. Une voiture piégée conduite par un terroriste suicide a été détruite avant d'exploser. Plusieurs membres de l'organisation ont été tués et d'autres se sont enfuis (Al-Sumaria, 27 juin 2016). L'Etat islamique, pour sa part, a affirmé que 26 soldats irakiens ont été tués dans une attaque menée au Nord de Rutba (Aamaq, 27 juin 2016).

Le jihad mondial dans les autres pays

Libye
La campagne de conquête de Syrte
  • La campagne de libération de la ville de Syrte des mains de l'Etat islamique continue à l'intérieur de la ville et est apparemment presque dans sa phase finale. Selon les rapports de cette semaine, une zone d'environ 10 km2 dans le centre-ville est toujours sous le contrôle de l'organisation. Cette zone comprend des infrastructures (le centre de conférence et l'hôpital Ibn Sina) et un certain nombre de quartiers. Les combats se poursuivent encore dans ce secteur.
  • Au cours des combats, les forces qui luttent contre l'Etat islamique ont pris le contrôle d'installations gouvernementales (le siège de la compagnie électrique et la station de radio). Elles ont aussi repris un atelier de fabrication d'explosifs de l'organisation (Page Facebook du centre d'information de la campagne sur Syrte, 21-22 juin 2016).
La campagne de libération de Benghazi
  • Le 22 juin 2016, les forces du général Khalifa Haftar, commandant de l'armée de la Jamahiriya à l'Ouest de la Libye, qui soutient le gouvernement Tobruk, a lancé une campagne pour nettoyer l'Ouest de Benghazi de la présence d'organisations jihadistes qui contrôlent une partie de la ville (l'Etat islamique et le Conseil de la Shura des révolutionnaires de Benghazi). Cette campagne a été apparemment inspirée par le succès des forces du gouvernement de consensus  national dans la reprise de vastes zones autour de Syrte et par l'évaluation selon laquelle les organisations jihadistes dans la ville de Benghazi, et l'Etat islamique en particulier, sont maintenant dans une position de faiblesse qui devrait être exploitée.
  • Selon les porte-parole des forces du général Khalifa Haftar, les forces ont pris le contrôle de plusieurs zones dans les quartiers Ouest de Benghazi et avancent vers la route côtière (Portail Al-Wasat, 23-24 juin 2016 ; alarabiya.net, 24-25 juin 2016). Selon un porte-parole des forces de Haftar, l'Emir de l'Etat islamique à Benghazi, Ayyub le Tunisien, a été tué au combat le 24 juin 2016 (Bawabat Ifriqya al-Ikhbariya, 25 juin 2016). L'Etat islamique, pour sa part, a affirmé dans un communiqué publié le 24 juin 2016 que ses membres ont repoussé une tentative des forces de Haftar de progresser dans le secteur des "bâtiments chinois" à l'Ouest de Benghazi (justpaste.it, 24 juin 2016).
  • La ville de Benghazi, située dans l'Est de la Libye, est contrôlée en partie par des jihadistes. Certains d'entre eux sont affiliés à Al-Qaïda, d'autres à l'Etat islamique et certains sont indépendants. L'Etat islamique souffre d'une position de faiblesse à Benghazi en raison de la séparation de la ville du centre de contrôle de l'organisation à Syrte, de la proximité de la ville à l'armée libyenne fidèle au gouvernement Tobrouk et du grand nombre de milices rivales dans la ville. Selon nous, après la perte de contrôle de l'Etat islamique à Syrte, les autres bastions de l'organisation en Libye, y compris la ville de Benghazi, sont susceptibles de s'affaiblir voire de tomber.

La guerre de propagande

L'Etat islamique annonce la création d'une nouvelle province aux Philippines
  • Le 24 juin 2016, un site Internet affilié à l'Etat islamique a publié une vidéo annonçant la création d'une nouvelle province de l'organisation aux Philippines. La vidéo (d'une durée de 21 minutes) montre des jihadistes prêtant allégeance au chef de l'organisation. L'engagement a été fait par lesmembres de quatre "bataillons", qui opéraient auparavant dans le cadre d'Abu Sayyaf (une organisation terroriste opérant aux Philippines, affiliée à Al-Qaïda jusqu'à récemment) (Site Internet Radio Al-Bayan affilié à l'Etat islamique ; site de partage de fichiers openload.com, 21 juin 2016).
  • La vidéo montre plusieurs membres de l'Etat islamique d'Asie du Sud-Est : un individu présenté comme étant Abu Walid l'Indonésien, salue le califat de l'Etat islamique ; un autre, appelé Abu Ayn le Malaisien, appelle les musulmans d'Asie du Sud-Est à prêter allégeance à l'Etat islamique et promet de lutter contre les "infidèles" ; un troisième, baptisé Abu Abdullah le Philippin,[2]énumère les tribus philippines infidèles et les musulmanes. La vidéo montre ensuite trois membres d'Asir du Sud-Est décapitant trois hommes accusés d'être des membres de la coalition internationale

[1]Hassan Nasrallah mentionne de nombreuses pertes du Hezbollah dans les récents combats avec les organisations rebelles autour du village de Khalasah, au Sud d'Alep. Au moins 25 membres du Hezbollah auraient été tués dans ces batailles (SOHR, 18 juin 2016).
[2]Selon le site Internet The Long War Journal, l'individu appelé Abu Abdullah le Philippin serait l'Emir de la nouvelle province de l'Etat islamique aux Philippines.

Pleins feux sur le jihad mondial (16-22 juin 2016)

Pleins feux sur le jihad mondial

Pleins feux sur le jihad mondial

Explosion d'une voiture piégée de l'Etat islamique contre les FDS au Sud-Ouest de Manbij (Haqq, 18 juin 2016)

Explosion d'une voiture piégée de l'Etat islamique contre les FDS au Sud-Ouest de Manbij (Haqq, 18 juin 2016)

Les forces de Jaysh al-Fatah qui ont repris le village de Khalasah des milices chiites qui combattent aux côtés de l'armée syrienne.

Les forces de Jaysh al-Fatah qui ont repris le village de Khalasah des milices chiites qui combattent aux côtés de l'armée syrienne.

Les obus de chars et les caisses de munitions saisis par Jaysh al-Fatah dans la bataille de Khalasah (Twitter, 18 juin 2016)

Les obus de chars et les caisses de munitions saisis par Jaysh al-Fatah dans la bataille de Khalasah (Twitter, 18 juin 2016)

Soldat syrien blessé par des armes chimiques portant un masque à oxygène.

Soldat syrien blessé par des armes chimiques portant un masque à oxygène.

Soldat syrien blessé par des armes chimiques (Agence de presse Sana, 16 juin 2016)

Soldat syrien blessé par des armes chimiques (Agence de presse Sana, 16 juin 2016)

Soldats de l'armée irakienne dans le centre-ville de Fallujah tenant un drapeau de l'Etat islamique (Télévision Al-Ghad, 18 juin 2016).

Soldats de l'armée irakienne dans le centre-ville de Fallujah tenant un drapeau de l'Etat islamique (Télévision Al-Ghad, 18 juin 2016).

Soldats de l'armée irakienne dans le centre-ville de Fallujah (Shabakat al-I'lam al-Iraqi, 18 juin 2016).

Soldats de l'armée irakienne dans le centre-ville de Fallujah (Shabakat al-I'lam al-Iraqi, 18 juin 2016).

Véhicules de l'armée irakienne endommagés par des engins piégés au Nord de Ramadi (Aamaq, 19 juin 2016)

Véhicules de l'armée irakienne endommagés par des engins piégés au Nord de Ramadi (Aamaq, 19 juin 2016)

Membres des tribus qui combattent aux côtés du gouvernement irakien contre l'Etat islamique dans le secteur de Qayyarah (Al-Sumaria, 19 juin 2016).

Membres des tribus qui combattent aux côtés du gouvernement irakien contre l'Etat islamique dans le secteur de Qayyarah (Al-Sumaria, 19 juin 2016).

Extrait de la vidéo montrant le terroriste qui a perpétré l'attentat à Orlando avec la légende :

Extrait de la vidéo montrant le terroriste qui a perpétré l'attentat à Orlando avec la légende : "La lourde facture : l'Amérique paie le prix" (Youtube, 15 juin 2016)

Membre s'exprimant en indonésien appelé Abu Nusaybah l'Indonésien appelant à tuer des Américains sur le sol indonésien (Haqq, 19 juin 2016)

Membre s'exprimant en indonésien appelé Abu Nusaybah l'Indonésien appelant à tuer des Américains sur le sol indonésien (Haqq, 19 juin 2016)


Aperçu général

  • Cette semaine encore, les attaques se sont poursuivies contre les grandes villes contrôlées par l'Etat islamique en Syrie, en Irak et en Libye. Sur ces trois fronts, l'Etat islamique fait maintenant face à la possibilité de perdre des avant-postes d'une importance considérable tant sur le plan militaire qu'en termes de relations publiques :
  • En Syrie, les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont terminé leur encerclement de la ville de Manbij et des combats sont actuellement en cours dans les quartiers Ouest de la ville. Dans le même temps, l'armée syrienne continue d'avancer vers la ville de Tabqa et se trouve à présent près de la base aérienne militaire au Sud de la ville.
  • En Irak, les forces irakiennes ont repris le centre-ville de Falloujah, ont saisi les bâtiments du gouvernement et y ont hissé le drapeau irakien. La plupart des combats contre l'Etat islamique se poursuivent dans les quartiers Nord de la ville.
  • En Libye, les forces loyales au gouvernement libyen de consensus national ont réussi à entrer dans la ville de Syrte. De violents combats ont eu lieu dans les quartiers Ouest de la ville entre l'Etat islamique et les forces armées. Selon un porte-parole du gouvernement de consensus national, les forces sont maintenant près du centre-ville et s'apprêtent à achever sa reprise.
  • Afin d'alléger la pression sévère subie par l'Etat islamique et à la lumière de l'impact des attaques terroristes menées aux États-Unis et en France, l'organisation a lancé une campagne médiatique appelant les musulmans à travers le monde à mener des attaques terroristes. La campagne est dirigée principalement contre les États-Unis, l'Europe occidentale et la Russie. Les musulmans du monde entier ont été appelés à "tuer les infidèles dans leur maison" et partout où ils les rencontrent. Selon nous, la campagne est de nature à encourager les jihadistes du monde entier à commettre des attaques terroristes inspirées par l'Etat islamique. 

 

La campagne internationale contre l'Etat islamique

Les frappes aériennes
  • Cette semaine, la coalition américaine a effectué des frappes aériennes intensives en Syrie et en Irak. La plupart des frappes aériennes en Syrie ont visé le secteur de Manbij, en soutien à la campagne des FDS de reprise de la ville. En Irak, les frappes aériennes ont été principalement concentrées dans les régions de Ramadi et Mossoul.

Participation de la Russie dans les combats

La Russie est accusée d'avoir attaqué une organisation rebelle soutenue par les Etats-Unis
  • Selon un haut responsable américain, le 16 juin 2016, la Russie a attaqué des cibles de rebelles soutenus par les Etats-Unis dans le secteur du terminal d'Al-Tanf (Al-Walid) (situé près de la frontière entre la Syrie, l'Irak et la Jordanie). Plusieurs rebelles ont été tués dans l'attaque. Le terminal d'Al-Tanf a été repris des mains de l'Etat islamique il y a plus d'un mois (le 13 mai 2016) par la Nouvelle armée syrienne, une organisation rebelle soutenue par les Etats-Unis, qui opère dans l'Est de la Syrie. La perte du terminal d'Al-Tanf entrave la communication logistique et opérationnelle de l'Etat islamique entre la Syrie et l'Irak.
  • Selon le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter, l'attaque a été menée contre les forces qui luttent contre l'Etat islamique, ce qui contredit les allégations russes selon lesquelles le but de l'implication de Moscou en Syrie est de lutter contre l'organisation. En outre, selon un porte-parole du département d'État américain, au cours d'une conversation avec leurs homologues russes, des responsables du département d'Etat américain ont exprimé leur profonde préoccupation face aux attaques menées par la Russie dans le Sud de la Syrie contre les forces soutenues par la coalition internationale contre l'Etat islamique (AFP, 18 juin 2016).
  • Le ministère russe de la Défensea répliqué que les forces aériennes de la Russie ou de la Syrie n'avaient pas attaqué d'unités de l'opposition syrienne qui respectent le cessez-le-feu et dont l'emplacement a été signalé aux centres de coordination de la Russie et des Etats-Unis (Spoutnik, 18 juin 2016). Selon les Russes, pendant les combats, il est difficile de faire la distinction entre les groupes "insurgés modérés" et les organisations islamistes (Reuters, 17 juin 2016).
  • En réponse aux déclarations du secrétaire d'Etat américain selon lesquelles les États-Unis sont à court de patience avec "la Syrie d'Assad," le chef d'état-major russe Valery Gerasimov a déclaré que la Russie était celle qui perdait patience. Selon Gerasimov, la Russie respecte toutes ses obligations concernant le cessez-le-feu et fournit aux États-Unis des informations sur les emplacements géographiques de membres de l'Etat islamique et du Front Al-Nusra. Toutefois, il a affirmé que les États-Unis n'ont pas encore déterminé quels "groupes armés" appartiennent à des organisations terroristes et lesquels appartiennent à l'opposition syrienne (Spoutnik, 20 juin 2016).

Principaux développements en Syrie

Attaque sur la ville de Manbij
  • Environ trois semaines depuis le début de la campagne de reprise de Manbij, les forces des FDS ont pris le contrôle de la zone Ouest de la ville. Ce faisant, les forces ont terminé leur prise de contrôle de la zone rurale entourant Manbij et l'encerclement de la ville. Selon un rapport de l'Observatoire syrien des droits de l'homme, les FDS ont repris environ 105 villes et villages proches de la ville depuis le début de la campagne (14 juin 2016).
  • Selon un rapport du 19 juin 2016, des membres du Conseil militaire de Manbij, un cadre militaire qui appartient aux FDS, sont entrés dans la ville par l'Ouest et ont repris l'une des places de sa banlieue Ouest. Les forces combattant à l'Ouest de Manbij profitent du soutien aérien continu des États-Unis et des pays de la coalition (Aranews, 19 juin 2016).
  • L'Etat islamique, pour sa part, continue de mener des actes de guérilla contre les forces armées. Plusieurs personnes auraient été tuées et d'autres blessées dans un attentat suicide effectué par des membres de l'organisation contre des avant-postes des FDS au Sud-Ouest de Manbij (Agence de presse Khatwa, 17 juin 2016). Dans la ville elle-même, l'Etat islamique semble en détresse : des membres de l'organisation ont envoyé une lettre aux forces kurdes au nom de certains des notables de la ville, leur demandant d'ouvrir une voie sûre pour permettre à ses membres de quitter la ville (Dimashq al-Aan, 17 juin 2016). En outre, l'Etat islamique a introduit le recrutement obligatoire pour les adolescents de Manbij, sous le slogan "Le jihad est une obligation" (Dimashq al-Aan, 18 juin 2016).
Avancée de l'armée syrienne vers Tabqa
  • L'armée syrienne, qui a pris le contrôle du carrefour Al-Rasafah la semaine dernière, continue d'avancer le long de la route principale menant à Tabqa (et Al-Raqqah). Selon un rapport de cette semaine, l'armée syrienne est à seulement 7 km de la base aérienne militaire de Tabqa (située à environ 10 km au Sud de la ville). La base aérienne militaire de Tabqa a été conquise par l'Etat islamique en Août 2014. La reprise de la base aérienne fournirait à l'armée syrienne une base aérienne militaire pour mener des attaques contre des cibles à Al-Raqqah, "la capitale" de l'Etat islamique (située à environ 45 km à l'Ouest de Tabqa).
  • Cette semaine, les combats ont eu lieu entre l'armée syrienne et l'Etat islamique dans le champ de pétrole de Thawra, situé au Sud de Tabqa. Selon un rapport du 20 juin 2016, l'armée syrienne a repris le champ de pétrole et les logements des employés à proximité (Al-Alam, 20 juin 2016). Plus tard, l'Etat islamique a annoncé que ses membres avaient repris le champ de pétrole après que l'armée syrienne et les "milices chiites" l'aient contrôlé pendant quelques heures (Compte Twitter proche de l'Etat islamique, 20 juin 2016).
  • L'armée syrienne qui lutte dans la région de Tabqa bénéficie d'un soutien aérien russe intensif. Au cours des derniers jours de l'avancée de l'armée syrienne, des avions de combat russes ont effectué des frappes aériennes contre des cibles de l'Etat islamique dans et autour de la ville de Tabqa. Les appareils ont  également largué des tracts appelant les militants dans la ville à déposer leurs armes et à se rendre (SOHR, 18 juin 2016).
La zone rurale au Sud d'Alep
  • Cette semaine, les combats ont eu lieu dans la région rurale du Sud d'Alep entre l'armée syrienne et Jaysh al-Fatah, organisation dirigée par le Front Al-Nusra. L'armée syrienne, soutenue par des membres du Hezbollah et les milices chiites gérées par l'Iran, a tenté de récupérer son contrôle sur la zone rurale du Sud d'Alep. Les combats étaient concentrés principalement dans le village de Khalasah, au Sud d'Alep. Selon des rapports, Jaysh al-Fatah aurait repris le village et d'autres localités au Sud d'Alep etles forces syriennes ont subi de lourdes pertes.
  • Selon les rapports de l'Observatoire syrien des droits de l'homme, 86 combattants de l'armée syrienne et ses partisans ont été tués dans des combats près du village de Khalasah et dans d'autres zones de combat au Sud d'Alep, dont au moins 25 membres du Hezbollah. De plus, plusieurs dizaines de membres de Jaysh al-Fatah ont été tués. Le grand nombre de décès parmi l'armée syrienne et ses partisans est lié aux tirs massifs d'artillerie et aux explosions de voitures piégées (SOHR, 18 juin 2016). Ces déroulements pourraient expliquer l'arrivée du commandant de la Force Qods Qassem Soleimani dans la banlieue Sud de la ville d'Alep (Mehr, 20 juin 2016).
Utilisation d'armes chimiques dans la zone rurale à l'Est de Damas
  • Selon un rapport du régime syrien, des "groupes terroristes" ont attaqué une position de l'armée syrienne avec des armes chimiques dans la zone rurale de l'Est de Damas (Ghouta Est). L'attaque a été menée le 16 juin 2016. On ignore quelle est l'organisation responsable (l'Etat islamique, le Front Al-Nusra, ou une autre organisation rebelle).
  • Selon un rapport de l'agence de presse syrienne, les armes chimiques qui ont été utilisées affectent le système nerveux et plusieurs soldats syriens ont souffert de suffocation et de difficultés respiratoires. Une vidéo montre des soldats syriens portant des masques à oxygène en train de suffoquer. Selon le régime syrien, des "organisations terroristes" ont déjà attaqué l'armée syrienne dans le passé avec des gaz toxiques tels que du gaz sarin. Selon le régime, des matières premières pour la production de gaz sarin ont été transférées clandestinement de Turquie à des "organisations terroristes" en Syrie (Agence de presse Sana, 16 juin 2016).

Principaux développements en Irak

La campagne de reprise de Fallujah
 (Etat des lieux exact au 22 juin 2016)
  • Les forces de sécurité irakiennes ont continué leur progression vers le centre-ville de Falloujah. Après environ quatre semaines de combats, le quartier général de l'opération pour la libération de Falloujah a annoncé la prise de contrôle du quartier de Nazal dans le centre-ville (Al-Mayadeen, 17 juin 2016). Le 17 juin 2016, après des combats intenses, l'armée irakienne aurait réussi à prendre le contrôle du centre-ville et des bâtiments du gouvernement, et à y hisser le drapeau irakien. SelonAbdel Wahab al Saadi, commandant du quartier général de l'opération pour la libération de Fallujah, la plus grande concentration de membres de l'Etat islamique se trouve maintenant dans le quartier de Julan, dans le Nord de la ville (Sky News, 17 juin 2016).
  • Après la reprise du Centre de Fallujah, le Premier ministre irakien Haidar al-Abadi a annoncé que les forces de sécurité irakiennes sont sur le point d'achever la reprise de la ville. Selon lui, seules de petites "poches de présence" de membres de l'Etat islamique demeurent dans la ville (AP, 17 juin 2916). De l'expérience passée, le nettoyage des "poches de présence" de l'Etat islamique dans la ville et ses environs est susceptible de prendre du temps, compte tenu de la compétence de l'organisation dans la guérilla et de la signification symbolique de Fallujah.
  • Selon le secrétaire américain de la Défense Ashton Carter, il est encore trop tôt pour déterminer si les forces irakiennes contrôlent toute la ville et les combats se poursuivent. Il semble que, malgré les déclarations, les quartiers Nord de la ville sont toujours contrôlés par l'Etat islamique, et les combats se poursuivent dans d'autres quartiers (Bloomberg, 17 juin 2016).
Les combats dans d'autres régions
  • Parallèlement à la bataille de Falloujah, les combats se poursuivent dans d'autres régions, y compris :
  • Dans et autour de la ville de Ramadi, qui a été libérée par l'armée irakienne, l'Etat islamique continue de mener une guérilla contre les forces irakiennes. Cette semaine, l'organisation a visé des véhicules de l'armée irakienne dans le Nord de Ramadi avec des engins piégés (Aamaq, 18 juin 2016).
  • La Province de Ninive : Selon le ministre irakien de la Défense Khaled al-Obeidi, l'armée irakienne a lancé une campagne pour la libération dela ville de Qayyarah, un bastion de l'Etat islamique au Sud de Mossoul. Les forces de sécurité irakiennes œuvrent à libérer la ville et ses environs avec le soutien d'environ 700 membres des tribus locales (Al-Sumaria, 18-19 juin 2016).

La péninsule du Sinaï

  • Le bureau d'information de la Province d'Al-Raqqah de l'Etat islamique a publié une vidéo intitulée "L'entrée en force des conquérants." La vidéo montre un membre de l'Etat islamique appelant les Egyptiens à ne pas être induits en erreur par "El-Sisi le Diable", qui collabore avec les Juifs et les Saoudiens contre les combattants du jihad dans le Sinaï et les Frères musulmans. Il appelle les Egyptiens à abandonner la démocratie et à lutter sur la voie d'Allah et du jihad contre les "diables et les tyrans d'Egypte." Il félicite ensuite la province égyptienne de l'Etat islamique pour ses actions et l'encourage à poursuivre la bataille (Isdarat, 17 juin 2016).

Palestiniens et arabes israéliens

  • Le Centre Ibn Taymiyya, qui est affilié avec des éléments salafistes dans la bande de Gaza, a publié une vidéo dans le cadre d'une campagne intitulée "Nous vous avons équipés." La vidéo montre un homme appelé Abu al-Muhtasib al-Maqdisi l'ingénieur parlant de l'obligation du jihad et de la possibilité d'y participer par l'intermédiaire de contributions financières. Il affirme que le jihad grâce à l'aide financière est essentiel parce que le Conseil de la Choura des moudjahidin dans les environs de Jérusalem (un groupe salafiste jihadiste dans la bande de Gaza) a grandement besoin de fonds pour acheter des armes. Selon lui, le manque de moyens et de fonds empêche les combattants du jihad de se livrer à des dizaines d'attaques contre les Juifs, "les ennemis d'Allah" (Haqq, 15 juin 2016).

Le jihad mondial dans les autres pays

Libye
La campagne de conquête de Syrte
  • Les forces loyales au gouvernement libyen de consensus national sontentrées dans la ville de Syrte cette semaine. Des batailles féroces ont eu lieu dans le centre-ville de Syrte et une partie des quartiers de la ville. Selon un porte-parole du gouvernement de consensus national, les forces se trouvent maintenant à proximité du centre-ville (exact au 21 juin 2016).
  • Selon une annonce de Rida Issa, le porte-parole des forces du gouvernement de consensus national, les forces armées ont pris le dessus dans les batailles du 21 juin 2016. Selon lui, les forces contrôlent le Quartier 700, au Sud du centre-ville. Dans ces combats, 16 soldats des forces armées ont été tués et 60 ont été blessés (Reuters, 21 juin 2016). Selon des sources du gouvernement de consensus national, des dizaines de membres de l'Etat islamique ont été tués au cours des dernières 24 heures.
  • Le 16 juin 2016, la branche information de l'Etat islamique a publié une vidéo indiquant que le port de Syrte est contrôlé par des membres de l'organisation. Le centre d'information de l'opération a publié sa propre vidéo montrant le port de Syrte contrôlé par ses forces. Il semble que les deux parties ont en fait toujours des difficultés à établir leur contrôle sur le port en raison des échanges intenses de tirs sur les lieux et dans la région environnante. Cependant, les gardes-côtes libyens contrôlent apparemment la zone au large des côtes de Syrte et empêchent l'arrivée des renforts pour les membres de l'Etat islamique piégés dans la ville.
  • L'Etat islamique, pour sa part, poursuit son combat intensif dans les quartiers Ouest de Syrte et les quartiers proches du centre-ville. Dans le même temps, ses membres effectuent des attaques suicide contre les forces armées dans et autour de la ville de Syrte. Selon les rapports de l'AFP, depuis le 12 juin 2016, les membres de l'organisation ont réalisé huit attentats suicide à Syrte contre les forces armées. La Province de Tripoli de l'Etat islamique a revendiqué la responsabilité de certains des attentats suicide.
  • En parallèle aux combats sur le terrain, la guerre de propagande est également menée entre les médias affiliés à l'Etat islamique et le centre d'information de la campagne sur Syrte. Cette semaine, le centre d'information a diffusé des émissions de radio à Syrte et dans ses environs sur la même fréquence que la station locale de l'Etat islamique (Page Facebook du centre d'information de la campagne sur Syrte, 19 juin 2016).

La guerre de propagande

L'Etat islamique menace de poursuivre ses attaques contre les Etats-Unis
  • Dans une vidéo produite par la branche information Asawirti Médias proche de l'Etat islamique publiée le 15 juin 2016 et intitulée "La lourde facture : "l'Amérique paie le prix", l'Etat islamique menace de commettre de nouvelles attaques contre les États-Unis. La vidéo montre le terroriste responsable de l'attaque d'Orlando, avec une chanson saluant le jihad en arrière-plan. Au fin de la vidéo, la légende précise : "Omar Mateen, Allah va le recevoir [comme chahid au Paradis], il n'est pas resté sur la touche en regardant ses frères qui sont brûlés tous les jours par les avions américains croisés. Il a pris une décision ferme et a placé sa confiance en Allah et a mené une opération martyre parmi les américains croisés. Il a répondu en nature […]". Une autre légende précise : "O Croisés, ce qui vous attend sera plus difficile et plus amer" (Youtube, 15 juin 2016).
L'Etat islamique appelle les Musulmans à commettre des attaques contre ses ennemis dans le monde
  • Suite à l'attaque d'Orlando, la machine de propagande de l'Etat islamique a appelé les musulmans du monde entier à mener des attaques contre les ennemis de l'Etat islamique, en particulier aux États-Unis et dans d'autres pays occidentaux. A cet effet, l'organisation a publié des vidéos et des affiches menaçant les Etats-Unis et d'autres pays occidentaux. L'une des affiches précise : "Aujourd'hui, en Floride, demain à Berlin." Une autre affiche précise : "Californie, il y aura des combats chez vous."
  • La Province de l'Euphrate de l'Etat islamiquea publié une vidéo montrant des combattants étrangers qui menacent les pays occidentaux, la Russie et les pays musulmans (Haqq, 19 juin 2016) :
  • L'un des orateurs, appelé Abu Ismail l'Américain, qui parle couramment anglais avec un accent américain, déclare : "Amérique, tu es en guerre avec tous les musulmans à travers le monde qui cherchent à restaurer la gloire de l'Islam". Selon lui, cette gloire sera restaurée en battant et en humiliant les forces des Etats-Unis.
  • Un orateur russophone appelé Abd al-Rahman le Russe menace la Russie : "Si Allah le veut, nous allons tuer des dizaines d'entre vous tous les jours." Il appelle les musulmans en Russie et dans les "pays hérétiques" à aider l'État islamique et à tuer les croisés (cf., les chrétiens) "partout où vous les rencontrez."
  • Un orateur de langue indonésienne, appelé Abu Nusaybah l'Indonésien, appelle à tuer des Américains sur le sol indonésien. Un autre individu, appelé Abu al-Zubayr l'Ouzbek, note que les États-Unis et la Russie sont les "chefs des infidèles" et ajoute : "Si Allah le veut, nous vous tuerons dans vos maisons." Un orateur francophone appelle à tuer les "infidèles" dans leurs maisons comme des membres de l'Etat islamique l'ont fait en France et aux États-Unis.
  • Selon nous, la campagne de l'Etat islamique et l'impact considérable reçu par les récents attentats terroristes aux États-Unis et en France sont susceptibles d'avoir des effets pratiques. En effet, des membres du jihad en Occident et ailleurs dans le monde sont susceptibles de mener des attaques de leur propre initiative, inspirés par la campagne de l'Etat islamique.

Pleins feux sur le jihad mondial (4-10 février 2016)

Pleins feux sur le jihad mondial

Pleins feux sur le jihad mondial

Mohsen Qajarian, haut gradé des Gardiens de la révolution, qui a été tué près d'Alep (Fars News, 3 février 2016)

Mohsen Qajarian, haut gradé des Gardiens de la révolution, qui a été tué près d'Alep (Fars News, 3 février 2016)

L'armée irakienne avance dans le quartier d'Al-Sajariya (Al-Jazeera, 7 février 2016)

L'armée irakienne avance dans le quartier d'Al-Sajariya (Al-Jazeera, 7 février 2016)

Les terroristes suicide qui ont mené l'attaque à Ain al-Assad (Akhbar al-Muslimeen, 5 février 2016)

Les terroristes suicide qui ont mené l'attaque à Ain al-Assad (Akhbar al-Muslimeen, 5 février 2016)

Incendie de cigarettes dans la péninsule du Sinaï (Compte Twitter proche de l'Etat islamique, 7 février 2016)

Incendie de cigarettes dans la péninsule du Sinaï (Compte Twitter proche de l'Etat islamique, 7 février 2016)

Entrainement au tir avec une mitrailleuse sur un SUV (Akhbar al-Muslimeen, 5 février 2016)

Entrainement au tir avec une mitrailleuse sur un SUV (Akhbar al-Muslimeen, 5 février 2016)

Serment d'allégeance au chef de l'Etat islamique (Akhbar Dawlat al-Islam, 6 février 2016)

Serment d'allégeance au chef de l'Etat islamique (Akhbar Dawlat al-Islam, 6 février 2016)

Jalal al-Bal'idi Maraqeshi, fondateur et chef de la branche de l'Etat islamique au Yémen, tué au Yémen

Jalal al-Bal'idi Maraqeshi, fondateur et chef de la branche de l'Etat islamique au Yémen, tué au Yémen

Couverture du manuel pour les Britanniques

Couverture du manuel pour les Britanniques


Principaux points

  • La semaine a été marquée par l'offensive de l'armée syrienne au Nord d'Alep, lancée le jour de l'ouverture de la Conférence de Genève. Les objectifs stratégiques de l'offensive syrienne, comme il ressort d'un entretien avec Bouthaina Shaaban, conseiller politique et médiatique de Bachar al-Assad, consistent à prendre le contrôle de la zone située entre Alep et la frontière turque et à retrouver le contrôle d'Alep.
  • À ce stade, l'armée syrienne a marqué des pointsau niveau opérationnel, en particulier  avec la libération des villes chiites assiégées de Nubl et Zahraa, et la coupure des routes de liaison des organisations rebelles à destination et en provenance de Turquie. L'armée syrienne, avec le soutien de l'air russe et la participation de l'Iran, du Hezbollah et des milices chiites, cherche à nettoyer la zone à la frontière turque et à resserrer le siège de la ville d'Alep. A Alep, des dizaines de milliers de membres des organisations rebelles demeurent encore au sein d'une population de centaines de milliers d'habitants.
  • Les développements sur le terrain sont un coup dur pour le Front Al-Nusra,la branche d'Al-Qaïda en Syrie. En effet, la plupart des efforts syriens visent les zones contrôlées par des organisations rebelles, dominées par le Front Al-Nusra. Les succès de l'armée syrienne représentent également une menace pour l'infrastructure du Front Al-Nusra dans la région vitale d'Idlib. Cependant, pour le moment, les bastions de l'Etat islamique à l'Ouest de l'Euphrate (Al-Bab – Manbij – Jarabulus) n'ont pas été atteints, même si l'avancée de l'armée syrienne au Nord d'Alep représente une menace tangible.

 

La campagne internationale contre l'Etat islamique

Frappes des Etats-Unis et des pays de la coalition
  • Cette semaine, les forces américaines et les pays de la coalition ont poursuivi leurs frappes aériennes contre des objectifs de l'Etat islamique. Pendant la semaine, des dizaines de raids aériens ont été effectués au moyen d'avions de chasse, d'avions de combat et de drones. Ci-après les principales frappes aériennes (selon le Département américain de la Défense):
  • En Syrie– Les frappes aériennes ont été concentrées dans les zones suivantes : Al-Raqqah, Hawl, Ain Issa, Manbij, Marea, Hassaké et Deir al-Zor. Les frappes aériennes ont notamment visé des membres de l'Etat islamique, des véhicules, des zones de rassemblement, des positions de commandement et de contrôle, des avant-postes et des positions anti-aériennes.
  • En Irak– Les frappes aériennes ont été concentrées dans les zones suivantes : Fallujah, Habbaniyah, Mossoul, Ramadi, Sinjar, Sultan Abdullah, Tikrit, et Kisik. Les frappes aériennes ont notamment visé des membres de l'Etat islamique, des positions de combat, des roquettes, des bateaux, des véhicules, des zones de rassemblement et des entrepôts d'armes.
Etats-Unis
  • John Kirby, porte-parole du Département d'Etat américain, a déclaré que les actions de la Russie en Syrie continuent de renforcer le régime de Bachar al-Assad au lieu de soutenir le processus de paix en Syrie. Selon Kirby, les Etats-Unis préfèrent que la Russie concentre ses frappes aériennes sur des cibles de l'Etat islamique et non sur les groupes d'opposition syrienne (Agence de presse Anatolie, 5 février 2016).
  • Selon un récent rapport des renseignements américains, le nombre de combattants de l'Etat islamique en Syrie et en Irak est actuellement estimé à 20000-25000. L'an dernier, ce nombre était estimé à 19000-31000. Selon un responsable du gouvernement américain, le nombre de membres de l'Etat islamique est plus ou moins le même (Fox News, 4 février 2016).
  • Fin 2014, avec le début de l'offensive américaine contre l'Etat islamique, le nombre de membres de l'Etat islamique était estimé par le Centre Meir Amit à environ 25000. Selon les estimations de la CIA publiées à l'époque, il y avait entre 20000 et 31500 membres dans les rangs de l'Etat islamique.[1]Ces chiffres indiquent que les frappes aériennes menées par les pays de la coalition sous commandement américain, ainsi que par les Russes, n'ont pas eu d'effet significatif sur la réduction du nombre de membres de l'Etat islamique jusqu'ici. Une autre conclusion découlant de ces chiffres est que les activités antiterroristes des forces de sécurité turques ont jusqu'ici échoué à considérablement réduire l'afflux de combattants étrangers en Syrie via le territoire turc.
Canada
  • Des responsables du gouvernement canadien, dont le Premier ministre Justin Trudeau, ont annoncé quele Canada cesserait ses frappes aériennes en Irak et en Syrie à partir du 22 février 2016. Toutefois, ils ont noté que pendant les deux prochaines années, le Canada augmentera ses forces spéciales destinées à former les forces irakiennes. Le Premier ministre canadien a précisé que les frappes aériennes ont des effets à court terme mais ne mènent pas à la stabilité à long terme pour les communautés locales (CBS, 9 février 2016).
  • Bien que le Canada ne joue pas un rôle important dans les frappes aériennes (il a alloué cinq avions pour des missions offensives), son départ pourrait avoir une signification symbolique. En effet, c'est la première fois qu'un membre de la coalition formée par les États-Unis contre l'Etat islamique annonce la fin de sa participation aux frappes aériennes.
Arabie saoudite et Etats du Golfe
  1. Selon des sources saoudiennes, l'Arabie saoudite et ses alliés se préparent à attaquer l'Etat islamique. Il a été rapporté que l'Arabie saoudite avait l'intention de former quelque 150000 soldats, la plupart des Saoudiens, qui seront rejoints par les forces militaires d'Egypte, du Soudan et de Jordanie. D'autres pays comme le Koweït, Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Qatar se sont aussi engagés à envoyer des troupes au sol pour lutter contre l'Etat islamique. Selon des sources saoudiennes, les frappes aériennes ne suffiront pas à neutraliser l'organisation, et l'Arabie saoudite reconsidère actuellement ses plans de combat (CNN, 4 février 2016).
  2. Selon l'ambassadeur de Bahreïn en Grande-Bretagne, Bahreïn est prêt à déployer des forces terrestres en Syrie dans le cadre de la force de coalition internationale dans la guerre contre l'Etat islamique. Selon lui, les Emirats arabes unis sont également prêts à déployer des forces similaires (Ahram online, 6 février 2016). Selon nous, la capacité et la volonté de l'Arabie saoudite de déployer une force terrestre arabe considérable en Syrie est discutable.

L'implication russe dans la guerre civile en Syrie

  • Au cours de la semaine, des avions russes ont attaqué plusieurs cibles. La plupart des efforts ont été concentrés dans la région d'Alep en appui de l'opération terrestre de l'armée syrienne au Nord d'Alep (voir ci-dessous). Les attaques ont été menées principalement autour des villes de Marea, Manbij et A'zaz, au Nord d'Alep. Des frappes aériennes ont également été signalées dans les zones de Lattaquié, Hama, Idlib, Daraa et Homs. La semaine dernière, l'armée de l'air aurait visé 900 objectifs en Syrie (Daily Mail, 6 février 2016).
  • Un soldat russe a été tué par un obus de mortier dans les combats en Syrie, lorsque la force qu'il accompagnait s'est trouvée impliquée dans des échanges de tirs.C'est le troisième soldat russe tué dans les combats en Syrie. Selon une source russe, le soldat russe était conseiller et instructeur de l'armée syrienne sur le fonctionnement des armes de fabrication russe (RT, 4 février 2016). Selon le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, les soldats russes n'agissent pas comme des forces terrestres dans les combats contre les organisations terroristes en Syrie. Selon lui, des soldats russes sont déployés sur le terrain pour former l'armée syrienne sur l'équipement et les armes de fabrication russe (Spoutnik, 4 février 2016).
Echange d'accusations entre la Russie et la Turquie
  • Le porte-parole du ministère russe de la Défense Igor Konashenkova déclaré lors d'une conférence de presse que la Russie possédait des informations fiables selon lesquelles la Turquie prévoit de lancer une incursion terrestre en Syrie. Le ministère russe de la Défense a publié des photographies aériennes qui, selon lui, montrent les changements qui ont eu lieu sur le sol indiquant les préparatifs pour entrer en Syrie. Un haut responsable du gouvernement turc a nié les allégations, soulignant que la Turquie n'a pas l'intention de procéder à une incursion terrestre en territoire syrien. Il a également souligné que la Turquie faisait partie de la coalition internationale contre l'Etat islamique et qu'elle n'agira pas unilatéralement (Today Zaman, 5 février 2016).

Principaux développements en Syrie

Développements dans la région d'Alep
  • Le 1er février 2016, le jour de l'ouverture de la Conférence de Genève, l'armée syrienne a lancé une opération terrestre dans la zone située au nord d'Alep.L'attaque visait à libérer une enclave chiite assiégée au Nord de la ville, à couper les lignes d'alimentation des organisations rebelles à destination et en provenance de Turquie, et à encercler la grande ville d'Alep (dont la partie orientale est contrôlée par les organisations rebelles).[2] A ce stade, l'armée syrienne a marqué des succès au niveau opérationnel (libération des villes chiites de Nubl et Zahraa et coupure des lignes d'alimentation des rebelles au Nord d'Alep) et elle est également proche d'une réalisation stratégique (l'achèvement de l'encerclement de la ville d'Alep, où se trouvent environ 300000 habitants et des dizaines de milliers de membres des organisations rebelles). L'attaque a obligé des dizaines de milliers de réfugiés à fuir Alep et ses environs vers la frontière turque (Bab al-Salama), provoquant une crise humanitaire majeure. 
  • L'opération terrestre de l'armée syrienne a été accompagnée de frappes aériennes intensives menées par la Russie. L'opération a été réalisée avec le soutien au sol de l'Iran, des membres du Hezbollah et des combattants chiites d'Irak et d'Afghanistan, tous agissantsous le commandement de la Force Qods des Gardiens de la Révolution iranienne. Selon les estimations de hauts responsables américains, en Octobre 2015, il y avaitenviron 2000 combattants dans la région (au Nord d'Alep) agissant sous les ordres du commandant de la Force Qods Qassem Soleimani (ISW, 7 février 2016).
  • Le 3 février 2016, deux jours après le début de l'attaque, l'armée syrienne a réussi à lever le siège prolongé de Nubl et Zahraa(deux villages chiites qui ont soutenu le régime d'Assad, situés dans un quartier sunnite contrôlé par les rebelles). L'armée syrienne a également réussi àprendre le contrôle d'une partie de la route internationale A'zaz-Alep, coupant ainsi la principale route d'approvisionnement des organisations rebelles de Turquie à Alep. A présent, les organisations rebelles dans et autour de la ville d'A'zaz et des villes de Tal Rifat et Marea se préparent à mettre fin à l'avancée de l'armée syrienne vers la frontière avec la Turquie.
  • Les développements sur le terrain sont un coup porté aux organisations rebelles pro-occidentales ainsi qu'au Front Al-Nusra (la branche d'Al-Qaïda en Syrie).En effet, la zone occupée au Nord d'Alep est contrôlée par des organisations rebelles dominées par le Front Al-Nusra. Par ailleurs, les réalisations de l'armée syrienne et des forces qui la soutiennent devraient augmenter la pression sur le Front Al-Nusra dans d'autres secteurs, comme la ville d'Alep et la zone vitale d'Idlib. En revanche, le préjudice direct subi par l'Etat islamique dans l'offensive actuelle est (jusqu'à présent) marginal. Toutefois, les réalisations de l'armée syrienne augmentent la menace pour les avant-postes de l'Etat islamique dans la région d'Al-Bab, Manbij et Jarabulus, au Nord d'Alep.
Crise humanitaire : des dizaines de milliers de réfugiés quittent Alep
  • Après l'offensive de l'armée syrienne et les frappes russes, des dizaines de milliers de civils syriens ont fui la ville d'Alep et la zone rurale au Nord de la ville vers la frontière turque. La plupart des réfugiés étaient concentrés en territoire syrien dans le secteur du poste frontalier de Bab al-Salama au Sud de la ville turque de Kilis.  Le passage frontalier entre la Syrie et la Turquie dans la ville de Kilis a été fermé par les Turcs, qui refusent de permettre l'épanchement de réfugiés sur leur territoire.Federica Mogherini, la haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a demandé à la Turquie d'accepter les réfugiés. Le gouverneur de la province turque de Kilis a déclaré que les réfugiés étaient pris en charge du côté syrien de la frontière (Daily Star, Spoutnik, 7 février 2016).
  • Pendant ce temps, le siège de la ville d'Alep s'est intensifié. 300000 habitants demeurent dans la partie orientale de la ville, contrôlée par les rebelles. Selon les médias, des pénuries de nourriture et de fuel ont été signalées et l'approvisionnement en électricité est irrégulier. Le siège de la ville, imposé par des dizaines de milliers de terroristes restés sur place (surtout dans la partie orientale de la ville), devrait aggraver encore les conditions de vie des résidents[3].
Le souכקtien russe
  • L'armée de l'air russe a mené de nombreuses frappes aériennes au Nord d'Alep en soutien de l'offensive de l'armée syrienne. Le ministre russe de la Défense a confirmé que l'armée de l'air russe avait aidé l'armée syrienne à reprendre les villes de Nubl et Zahraa (Spoutnik, 7 février 2016). Les récentes frappes aériennes russes sont devenues une autre source de conflit entre l'Occident et la Russie.
  • Des responsables de l'OTAN ont accusé la Russie d'entraver avec ses frappes aériennes à Alep les efforts visant à mettre fin aux combats en Syrie. D'autres responsables ont accusé la Russie, affirmant que ses frappes aériennes ont entraîné une vague de réfugiés fuyant Alep et que les avions russes ont attaqué des cibles civiles dans la ville avec des bombes à sous-munitions. En réponse, la Russie a déclaré que les cibles étaient des cibles terroristes légitimes (BBC, 3 février 2016). Le ministère russe de la Défense a souligné que ces allégations n'avaient aucun fondement et que la Russie est accusée de génocide sans aucune raison (TASS, 5 février 2016).
L'implication iranienne
  • Des combattants iraniens ont été impliqués dans l'attaque de l'enclave chiite de Nubl et Zahraa, y compris des officiers supérieurs des Gardiens de la révolution. Les forces de combat sont composées pour la plupart de membres du Hezbollah et de combattants des milices chiites dirigés par la Force Qods iranienne. La participation massive de l'Iran et de ses mandataires ne repose pas uniquement sur des raisons stratégiques, mais aussi surdes raisons religio-ethniques, à savoir la libération de la population chiite, qui a été sous le siège prolongé des organisations rebelles au cœur d'un quartier musulman sunnite.
  • Plus de 20 Iraniens ont été tués dans l'attaque dans Nubl et Zahraa(Site Internet des fans de Qassem Soleimani, 6 février 2016). Le Hezbollah a également subi des pertes, y compris des officiers hauts gradés. Mohsen Qajarian, général de brigade qui commandait la 21ème brigade blindée (Emam Reza) des Gardiens de la révolution, a également été tué.
  • Le grand nombre de morts iraniens, y compris d'officiers supérieurs,témoigne de l'importance de la bataille de Nubl et Zahraa du point de vue iranien. Il indique également que, malgré la réduction du nombre de combattants iraniens en Syrie au cours des dernières semaines,les combattants des Gardiens de la Révolution sont toujours actifs en Syrie, à la pointe de l'offensive terrestre de l'armée syrienne.
  • Après la libération de Nubl et de Zahraa,Mohammad-Reza Naqdi, commandant du bras Basij des Gardiens de la révolution, a félicité le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et le commandant de la Force Qods des Gardiens de la Révolution, Qassem Soleimani. Naqdi a déclaré prier pour bientôt rencontrer les combattants de la résistance aux portes de Jérusalem. Il a également indiqué que, suite à l'opposition des combattants islamistes, la mission des terroristes "américano-takfiri" pour protéger le régime sioniste échouera. Hossein Amir-Abdollahian, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères pour les affaires arabes et africaines, a également félicité le peuple et le gouvernement de Syrie pour "avoir libéré les villes qui étaient en état de siège depuis quatre ans" (Fars News, 4 février 2016).
Poursuite des activités de guérilla de l'Etat islamique dans la zone de Kuweyres
  • Alors que l'armée syrienne a marqué des points dans la région au Nord d'Alep, les activités de guérilla dans la zone de la base aérienne militaire de Kuweyres à l'Est d'Alep se sont poursuives. Selon un rapport de l'Etat islamique du 4 février 2016, au moins 90 soldats de l'armée syrienne ont été tués dans trois attaques commises par des membres de l'organisation et dans des batailles avec ses membres au Nord-Ouest de la base aérienne (Aamaq, 4 février 2016).[4] Des membres de l'Etat islamique ont également pris le contrôle d'un tank et d'un lanceur de missiles Kornet dans une attaque sur les avant-postes des forces du régime syrien à l'Ouest de la base aérienne militaire de Kuweyres (Aamaq, 4 février 2016).
Deir al-Zor
  • Les combats se poursuivent dans la ville de Deir al-Zor et sa périphérie. Selon un rapport du 5 février 2016, des avions de combat ont attaqué des cibles de l'Etat islamique, principalement au Nord-Ouest de la ville (Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), 5 février 2016) .En outre, les affrontements ont continué entre les membres de l'Etat islamique et les forces du régime syrien dans la zone de la base aérienne militaire de Kuweyres. Les forces du régime syrien ont apparemment réussi à atteindre des infrastructures et des membres de l'organisation.
  • Selon un rapport publié par l'Etat islamique le 4 février 2016, ses membres ont pris le contrôle du village d'Al-Alam, situé au Sud-Est de l'aéroport de Deir al-Zor, des mains de l'armée syrienne. L'Etat islamique a publié des photos de ses membres au combat et les photos d'un attentat à la bombe meurtrier commis par un membre de l'organisation baptisé Abu al-Walid al-Jazrawi contre l'armée syrienne (Akhbar al-Muslimeen, 4 février 2016).

Principaux développements en Irak

Aperçu général
  • Cette semaine, l'armée irakienne a réussi à renforcer son contrôle sur la ville de Ramadi et a libéré le quartier d'Al-Sajariya dans la partie orientale de la ville. L'armée irakienne continue à nettoyer les quartiers à l'Est de la ville. L'Etat islamique, de son côté, poursuit ses activités de guérilla contre l'armée irakienne et les milices chiites qui la soutiennent dans la province d'Al-Anbar, tout en déployant des terroristes suicide.
La province d'Al-Anbar
Ramadi
  • L'armée irakienne poursuit ses efforts pour nettoyer la ville de Ramadi de la présence des membres de l'Etat islamique et pour étendre son contrôle sur la ville. Le 6 février 2016, des sources de sécurité irakiennes ont annoncé que l'armée irakienne avait libéré le quartier d'Al-Sajariya à l'Est de la ville des mains de l'Etat islamique (BBC en arabe, 6 février 2016). Il s'agit de l'une des principales poches de résistance de l'organisation dans la ville. Selon un rapport du 7 février 2016, l'armée irakienne continue de progresser à l'Est d'Al-Sajariya (Al-Jazeera, 7 février 2016).
Ain al-Assad
  • Le 5 février 2016, l'Etat islamique a revendiqué la responsabilité d'une attaque contre un bâtiment dans le camp de l'armée d'Ain al-Assad (entre Hit et Haditha). Selon l'organisation, cinq terroristes suicide ont participé à l'attaque. Ils ont infiltré les lieux et ont activé leurs ceintures piégées. Selon l'organisation, au moins 50 soldats irakiens auraient été tués dans l'attaque (Akhbar al-Muslimeen, 5 février 2016).
La zone de Falloujah

La ville de Falloujah est toujours assiégée par l'armée irakienne.Selon des rapports, la famine régnerait dans la ville (Al-Arabi al-Jadid, 6 février 2016). Selon un

  • rapport du 7 février 2016, huit membres des milices qui soutiennent l'armée irakienne ont été tués dans un attentat suicide perpétré par des membres de l'Etat islamique au Nord-Est de Falloujah (Al-Jazeera, 7 février 2016).
Attaques contre les champs de pétrole à l'Est de Tikrit
  • Selon les rapports des médias arabes, des dizaines de membres de l'Etat islamique ont attaqué des champs de pétrole à l'Est de la ville de Tikrit (contrôlée par l'armée irakienne). Les forces de l'armée irakienne ont été envoyées pour renforcer la zone afin d'empêcher la prise de contrôle des champs de pétrole (Al-Arabi Al-Jadeed, 6 février 2016). Le 7 février 2016, l'Etat islamique a publié une vidéo des combats entre ses membres et l'armée irakienne dans la zone du champ de pétrole d'A'las, à l'Est de Tikrit, le 6 février 2016 (Aamaq, 7 février 2016).

L'Egypte et la péninsule du Sinaï

  • Au cours de la semaine, les forces de sécurité égyptiennes ont poursuivi leurs activités contre des objectifs de l'Etat islamique. Des activités intensives ont été menées, principalement dans la région de Cheikh Zoweid, Rafah et Al-Arish. Plusieurs dizaines de membres auraient été tués et plusieurs autres arrêtés. Selon le rapport, des armes ont été confisquées (Al-Youm Al-Sabea, 5 février 2016). Les forces de sécurité égyptiennes ont signalé l'effondrement de deux tunnels dans la zone de Rafah destinés à la contrebande d'armes, suite à l'inondation des galeries par les forces de sécurité (Al-Watan, 4 février 2016).
  • Ci-après les principales activités des forces de sécurité égyptiennes :
  • Le 8 février 2016– Selon des sources bédouines dans le Nord du Sinaï, Shadi al-Manaei, haut responsable de la Province du Sinaï de l'Etat islamique, et deux autres membres de l'organisation ont été tués dans une frappe aérienne contre leur véhicule (Al-Watan, 8 février 2016). Ce rapport n'a pas été confirmé.
  • Le 7 février 2016 – Les forces de sécurité égyptiennes ont arrêté sept terroristes. En outre, 50 roquettes RPG et deux véhicules sans plaques d'immatriculation ont été saisis, et des voitures et des motos ont été détruits (Al-Masry Al-Youm, 7 février 2016).
  • Le 7 février 2016– Des démineurs égyptiens ont neutralisé trois engins piégés sur la route de Cheikh Zoweid et sur la route de Rafah (Portail Veto, 7 février 2016).
  • Le 6 février 2016– Plus de 20 cibles terroristes ont été détruites par l'armée de l'air égyptienne et par des tirs d'artillerie au Sud et à l'Ouest d'Al-Arish, de Cheikh Zoweid et de Rafah. Plusieurs membres de la Province du Sinaï de l'Etat islamique ont été tués dans cette opération. En outre, quatre tentatives de nuire aux forces de sécurité égyptiennes ont été contrecarrées, y compris par une voiture piégée, qui a été détruite (Al-Youm Al-Sabea, 6 février 2016).
  • Le 5 février 2016– Les forces de sécurité égyptiennes ont réussi à déjouer l'attaque d'un terroriste suicide au volant d'une voiture piégée près d'un barrage de l'armée égyptienne à Rafah (Portail Veto, 5 février 2016).
  • La Province du Sinaï de l'Etat islamique continue d'envoyer des messages au contenu militaire et civil. Cette semaine, elle a publié des photos de membres ayant terminé leur formation à la base Al-Sheikh Abu Hajar al-Masri dans la péninsule du Sinaï (Terror Monitor, 6 février 2016). Le 5 février 2016, l'Etat islamique a annoncé que ses membres avaient incendié d'importantes quantités de cigarettes saisies au Sud de Rafah (Aamaq, 5 février 2016).
Activités de contre-terrorisme en Egypte
  • Le 3 février 2016, les forces de sécurité égyptiennes ont encerclé une zone dans le quartier d'Al-Maadi au Caire, suite à l'annonce de la présence de terroristes. Après un échange de tirs qui a duré environ neuf heures, les forces de sécurité ont tué trois terroristes. Les forces de sécurité ont également confisqué des armes, des engins piégés et des explosifs. Selon une source de sécurité égyptienne, l'Etat islamique a récemment effectué une série d'attaques terroristes au Caire et prévoyait de procéder à une attaque de grande envergure dans le Centre du Caire (Al-Bawaba, 3 février 2016).

Palestiniens et arabes israéliens

  • Le 8 février 2016, un acte d'accusation a été déposé contre Najwan Abu al-Qiyan, du village de Hura dans le Néguev. Il avait prévu de se rendre en Syrie rejoindre l'Etat islamique, avec Fadi Abu al-Qiyan. Najwan al-Qiyan a été arrêté dans les premiers stades de l'exécution de son plan. Selon l'acte d'accusation, en vue de rejoindre les rangs de l'Etat islamique, il avait débuté un entraînement physique et avait regardé des vidéos de l'organisation. Pour une raison inconnue, il a finalement décidé de ne pas se rendre en Syrie. Un autre acte d'accusation a également été déposé contre Najwan Abu al-Qiyan. En 2014, un de ses amis, médecin interne à l'hôpital Barzilai d'Ashkelon dans le Sud d'Israël, lui avait demandé de l'aider à rejoindre l'Etat islamique. Il lui avait promis de lui donner de l'argent pour financer son plan, mais il est parti avant de lui remettre l'argent (Quotidien israélien Haaretz, 9 février 2016).

Le jihad mondial dans d'autres pays

Libye
Recrutement d'Africains dans les rangs de l'Etat islamique
  • Selon des responsables des renseignements de l'armée libyenne, l'Etat islamique met en place une "armée de pauvres" en Libye, en recrutant des combattants de pays pauvres d'Afrique. L'organisation offre aux migrants des pays pauvres d'Afrique comme le Tchad, le Mali et le Soudan la somme de 1000 dollars pour rejoindre ses rangs. Des sources officielles en Libye ont admis qu'elles ne disposaient pas des moyens d'arrêter les migrants qui cherchent à s'enrôler dans les rangs de l'Etat islamique (Telegraph, 3 février 2016). L'inclusion des combattants africains dans les rangs de l'Etat islamique en Libye est un phénomène connu, mais il pourrait prendre de l'ampleur.
Formation dans la Province de Tripoli
  • La branche information de l'Etat islamique dans la Province de Tripoli a publié des photos de son camp de formation portant le nom du cheikh Abu Hamza al-Mouhajer.[5] Les photos montrent des membres de l'organisation pratiquant le tir, tirant des roquettes RPG, et utilisant des mitrailleuses (Akhbar Al-Muslimeen, 5 février 2016).
  • L'Etat islamique a mis en place un système de camps d'entraînement à proximité de grandes villes en Libye où il est présent, sur d'anciens camps militaires libyens. Le centre des camps de formation est situé autour de la ville de Syrte, dans la province de Tripoli. Ces camps forment également des combattants étrangers en provenance des pays africains.
Derna
  • Dans la région d'Al-Fataeh (une région montagneuse qui domine Derna), les affrontements se poursuivent entre l'Etat islamique et les membres du Conseil de la Choura des combattants du jihad de Derna et sa banlieue(un réseau jihadiste affilié à Al-Qaïda). Jusqu'à présent, les efforts du Conseil de la Choura visant à éliminer les avant-postes de l'Etat islamique dans la région ont échoué.
  • Selon un rapport du 2 février 2016, l'autorité religieuse de l'Etat islamique Abu Aisha al-Sudani a été tué dans les combats (Portail Al-Wasat, 2 février 2016, 6 février 2016 ; compte Twitter affilié aux jihadistes locaux, 26 janvier 2016). Il a également été rapporté que le Conseil de la Choura des combattants du jihad de Derna et sa banlieue avaient exécuté Ayman al-Masmari, ancien gouverneur de l'Etat islamique dans la zone de Ras al-Hilal, à l'Ouest de Derna, après qu'il a été capturé à son domicile à Derna (Portail Al-Wasat, 3 février 2016 ; site eremnews, 3 février 2016).
  • La branche information de l'Etat islamique dans la province de Barqa (Est de la Libye) a publié une série de photos d'islamiques dans la ville de Derna qui ont rejoint l'organisation et prêté allégeance à son chef (Akhbar Dawlat al-Islam, 6 février 2016). Il semble que l'Etat islamique tente de se rétablir dans la région, après avoir été évincé de la ville de Derna et de ses environs.
Benghazi
  • Cette semaine, les combats se sont poursuivis dans la ville de Benghazi entre les forces de Khalifa Haftar, agissant pour le compte du gouvernement de Tobrouk, et des membres de l'Etat islamique et du Conseil de la Choura des révolutionnaires à Benghazi. Le 2 février 2016, l'Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l'explosion de trois engins explosifs improvisés contre les forces de Haftar, tuant 22 de ses soldats (Akhbar Libya 24, 1er février 2016 ; agence de presse  libyenne, 2 février 2016).
Es-Sider
  • Selon une annonce de la Province de Barqa de l'Etat islamique, des membres de l'organisation à l'Ouest de la ville d'Es-Sider ont réussi à stopper une attaque par le Sud des troupes de Khalifa Haftar. Selon les rapports des médias libyens, des gardes des installations de pétrole dans la région d'Es-Sider se sont retrouvés face à des membres de l'Etat islamique faisant route vers la ville. À la suite de l'affrontement, les membres de l'Etat islamique ont fui la scène (Akhbar Dawlat al-Islam, 1er février 2016; compte Twitter de la chaîne libyenne 218Tv, 31 janvier 2016).
Yémen
  • Selon un rapport de cette semaine, Jalal al-Bal'idi Maraqeshi, fondateur et commandant de la branche de l'Etat islamique au Yémen, a été tué par un drone au Sud-Est de Sanaa, la capitale. Jalal Bal'idi, ancien commandant de la branche yéménite d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQAP), avait prêté serment au responsable de l'Etat islamique Abu Bakr al-Baghdadi en Mars 2015 (Al-Bawaba, 4 février 2016).

Activités de contre-terrorisme

Activité internationale contre le système financier de l'Etat islamique

Lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de la coalition à Rome, les ministres ont examiné, entre autres, les moyens de perturber les systèmes financiers de l'Etat islamique. Selon les participants, ceux qui fournissent des services de conversion de monnaie à l'organisation devraient également être ciblés. En effet, suite à l'augmentation des pressions sur l'Etat islamique au niveau financier, l'organisation a commencé à compter de plus en plus sur le blanchiment des bureaux de change. L'Irak aurait commencé à mettre en œuvre cette politique en Décembre 2015, lorsque la banque centraleirakienne a pris des mesures contre les quelque 150 bureaux de change irakiens, principalement dans les zones contrôlées par l'Etat islamique (Ajel News, 6 février 2016).

Allemagne
  • L'Allemagne a arrêté quatre membres présumés d'un réseau terroriste de l'Etat islamique qui prévoyait une attaque terroriste de masse à Berlin. Les quatre détenus, trois hommes et une femme, sont algériens. Selon les médias allemands, l'attaque devait avoir lieu Alexander Platz à Berlin ou au barrage frontalier historique Checkpoint Charlie, qui sont tous deux des endroits bondés. Les autorités ont saisi des ordinateurs et des appareils de communication mobiles mais n'ont pas trouvé d'armes ni d'explosifs. L'un des détenus avait récemment effectué plusieurs visites dans le quartier de Molenbeek à Bruxelles, le centre terroriste jihadiste d'où provenaient les auteurs des attaques terroristes de Paris. Les détenus étaient sous surveillance depuis plusieurs semaines, à la suite d'informations des services de renseignement algériens (New York Times, 4 février 2016).
Russie
  • Les services de sécurité russes (FSB) ont arrêtésept membres de l'Etat islamique dans la ville d'Ekaterinbourg. Certains d'entre eux étaient des ressortissants russes et d'autres des ressortissants des pays d'Asie centrale. Les détenus avaient l'intention de mener des attaques terroristes majeures à Moscou et à Saint-Pétersbourg. Le FSB a saisi des explosifs artisanaux, des parties d'un engin piégé, des grenades, des fusils et des documents subversifs. Selon les autorités russes, le chef du groupe était arrivé en Russie via la Turquie. Elles ont ajouté qu'après l'attaque, les membres de la cellule prévoyaient de s'enfuir vers des zones contrôlées par l'Etat islamique en Syrie (RT, 8 février 2016).
Perturbation des activités de l'Etat islamique sur Twitter
  • Selon les médias américains, Twitter a annoncé avoir adopté ces six derniers mois une position plus ferme envers les groupes terroristes et fermé plus de 125000 comptes d'utilisateurs affiliés à l'Etat islamique. Les comptes ont été fermés après la publication de matériel encourageant au terrorisme. C'est la première fois que la compagnie révèle le nombre de comptes fermé dans le cadre de ses efforts pour réduire la présence en ligne de l'Etat islamique. La politique de Twitter ne permet pas le téléchargement de contenus qui comprennent des images ou des vidéos qui encouragent le terrorisme. La compagnie a annoncé avoir augmenté son personnel chargé du dossier, ce qui a réduit le temps de réponse pour la fermeture des comptes (Wall Street Journal, 5 février 2016).

La guerre de propagande

Publication d'un manuel à l'attention des Britanniques

  • L'Etat islamique a publié un manuel avec des instructions pour les ressortissants britanniques opérant seuls ou en petites cellules, désireux de mener des attaques semblables à celles de Paris. Le manuel de 58 pages en anglais précise notamment que les personnes intéressées à commettre des attaques terroristes doivent tenter de s'intégrer dans le mode de vie occidental, éviter de ressembler à des musulmans, porter une croix, raser leurs barbes et ne pas participer à des prières publiques. Le manuel recommande de mener des attaques dans des clubs bondés (Daily Mail, 11 janvier 2016).

[1]A ce sujet, voir notre étude du 27 novembre 2014 intitulée "L'Etat islamique : Portrait d'une organisation terroriste", à l'adresse http://www.terrorism-info.org.il/fr/article/20733
[2]Dans une interview à Reuters, Bouthaina Shaaban, conseiller politique et médiatique du Président syrien, a déclaré que l'objectif de l'opération de l'armée syrienne est de sécuriser la frontière turque et de retrouver le contrôle de la ville d'Alep (Al-Ahed, 9 février 2016). Selon nous, cette déclaration reflète les objectifs stratégiques de l'attaque syrienne actuelle.
[3]Selon le correspondant du quotidien israélien Haaretz à la frontière syro-turque, les organisations d'aide humanitaire estiment qu'il y a au moins 300000 civils à l'Est d'Alep. Il y a environ 30000 membres des organisations rebelles à l'Est de la ville (Haaretz, 9 février 2016).
[4]Cette semaine, l'Etat islamique a publié des statistiques sur les attaques suicide menées par ses membres dans la zone de la base aérienne militaire de Kuweyres. Selon les informations (qui visent à servir les intérêts de propagande de l'organisation), 21 attentats suicide ont été réalisés entre le 17 septembre 2015 et le 29 janvier 2016. Dix-sept ont été réalisés avec des camions piégés. En outre, 16 des auteurs des attentats étaient des citoyens syriens (Aamaq, 4 février 2016).
[5]Cheikh Abu Hamza Al-Mouhajer était le commandant de la branche d'Al-Qaïda en Irak en 2006-2010. Une infrastructure de l'Etat islamique a émergé de cette branche. 

 

Pleins feux sur le jihad mondial (3-9 décembre 2015)

Pleins feux sur le jihad mondial

Pleins feux sur le jihad mondial

Roquette tirée par l'Etat islamique sur les organisations rebelles dans la ville de Baraghedeh (dabiqnews.com, 4 décembre 2015)

Roquette tirée par l'Etat islamique sur les organisations rebelles dans la ville de Baraghedeh (dabiqnews.com, 4 décembre 2015)

Tir sur des positions de l'armée irakienne (Hadem al-Aswar, 6 décembre 2015)

Tir sur des positions de l'armée irakienne (Hadem al-Aswar, 6 décembre 2015)

Soldat égyptien près d'une position de tir abattu par un sniper de l'Etat islamique (justpaste.it, 5 décembre 2015)

Soldat égyptien près d'une position de tir abattu par un sniper de l'Etat islamique (justpaste.it, 5 décembre 2015)

Épave de la voiture piégée activée contre le gouverneur d'Aden

Épave de la voiture piégée activée contre le gouverneur d'Aden

Enfants exécutant des prisonniers de l'armée syrienne (alaswar.ml, 5 décembre 2015)

Enfants exécutant des prisonniers de l'armée syrienne (alaswar.ml, 5 décembre 2015)


Principaux points

  • Cette semaine encore, l'Etat islamique en Irak et en Syrie a continué à résister aux frappes aériennes intensives des Etats-Unis et de la Russie, qui ont été rejoints par la Grande-Bretagne. Les frappes visaient les infrastructures de pétrole de l'Etat islamique dans le Nord de la Syrie, afin de nuire à sa principale source de revenus. Les frappes aériennes russes ont été accompagnées d'une campagne médiatique accusant la Turquie de négocier le pétrole avec l'Etat islamique. L'Iran a également rejoint la campagne anti-turque. En réponse, Erdogan a annoncé qu'il démissionnerait si les allégations selon lesquelles la Turquie est impliquée dans l'achat de pétrole à l'Etat islamique étaient prouvées.
  • Aucun changement significatifn'a été signalé dans les différentes zones de combat en Irak et en Syrie. L'armée irakienne continue de faire pression sur l'Etat islamique dans la ville de Ramadi et dans ses environs. Les luttes de pouvoir entre l'Etat islamique et les organisations rebelles près de la frontière turque au Nord d'Alep se poursuivent, ainsi qu'entre les Brigades des martyrs d'Al-Yarmouk affiliées à l'Etat islamique et des organisations rebelles, dont le Front Al-Nusra, avec des assassinats mutuels, dans le Sud du Golan syrien.
  • A San Bernardino, à l'Ouest des Etats-Unis, une attaque meurtrière (14 morts, 17 blessés) a  été réalisée par un couple d'origine pakistanaise. A Londres, une attaque à l'arme blanche a été commise dans le métro par un individu qui a crié "C'est pour la Syrie." L'Etat islamique a annoncé que le couple qui a perpétré l'attentat à San Bernardino faisait partie de ses partisans, mais n'a pas revendiqué responsabilité de l'attaque. Selon nous, ces deux attaques ont été inspirées par l'Etat islamique, comme d'autres qui ont déjà été menées en Occident, mais n'ont pas été réalisées sur ses ordres.

 

La campagne internationale contre l'Etat islamique

Frappes des Etats-Unis et des pays de la coalition
  • Cette semaine, les forces américaines et les pays de la coalition ont poursuivi leurs frappes aériennes contre des objectifs de l'Etat islamique. Pendant la semaine, quelques dizaines de raids aériens ont été effectués au moyen d'avions de chasse, d'avions de combat et de drones. Ci-après les principales attaques (Site Internet du Département américain de la Défense) :
  • Syrie– Les frappes aériennes ont été concentrées dans les zones de Marea (Nord d'Alep), Ain Issa (Nord-Ouest d'Al-Raqqah), Deir al-Zor et Al-Raqqah. Les objectifs ont notamment inclus des véhicules, des bâtiments, des activistes et des champs de pétrole.
  • Irak – Les frappes aériennes ont été concentrées dans les zones d'Albu Hayat (Sud de Haditha), Abu Kamal, Mossoul, Ramadi, Sinjar, Abdullah Sultan (Sud de Mossoul), Habbaniyah et Kisik. Les cibles comprenaient notamment des activistes, des positions de combat, des positions d'artillerie et des véhicules.
  • Selon une annonce des forces de la coalition sous commandement américain, le 3 décembre 2015, 26 frappes aériennes ont visé les infrastructures de pétrole de l'Etat islamique en Syrie (Daily Star, 4 décembre 2015). En outre, au moins 32 membres de l'Etat islamique auraient été tués et près de 40 blessés dans une série de frappes aériennes menées par les forces de la coalition le 5 décembre 2015, dans la région d'Al-Raqqah (Télévision Al-Arabiya, 6 décembre 2015).
La campagne américaine contre l'Etat islamique
  • Le Président américain Barack Obama a déclaré dans un discours à la nation que les États-Unis coopéraient avec leurs alliés pour freiner l'activité de l'Etat islamique et que, depuis l'attaque terroriste de Paris, la coopération en matière de renseignement avec leurs alliés européens a augmenté. Il a ajouté que les États-Unis travaillaient avec la Turquie en vue de la fermeture de la frontière avec la Syrie. Il a aussi déclaré que les États-Unis coopéraient avec les pays musulmans et les communautés musulmanes aux États-Unis afin de lutter contre l'idéologie extrémiste promue par l'Etat islamique via Internet (Site Internet de la Maison Blanche, 6 décembre 2015).
  • Le secrétaire d'Etat américain John Kerrya déclaré qu'après des discussions avec le Président turc Tayyip Erdogan, il avait été décidé de fermer la bande frontalière entre la Syrie et la Turquie, afin d'éviter le passage illégal de pétrole et de combattants étrangers (Télévision Al-Jazeera, 2 décembre 2015).
  • Dans le passé, les Etats-Unis et la Turquie avaient déjà annoncé la fermeture de la frontière turco-syrienne. La Turquie a également pris des mesures sur le terrain, quijusqu'à présent se sont avérées inefficaces. Il faut désormais attendre et voir si la décision annoncée par Kerry sera mise en œuvre.
La Grande-Bretagne rejoint la campagne contre l'Etat islamique
  • Le 2 décembre 2015, par une majorité de 390 voix contre 211, la Chambre des communes a approuvé un plan visant à étendre les frappes aériennes de l'armée de l'air britannique contre l'Etat islamique en Syrie. Plusieurs heures plus tard, des avions de combat britanniques ont commencé à attaquer des cibles de l'Etat islamique en Syrie (The Guardian, 3 décembre 2015). Le ministre britannique de la Défense Michael Fallon a confirmé que quatre avions de chasse britanniques basés à Chypre avaient effectué des frappes aériennes contre le champ de pétrole d'Al-Umar en Syrie (BBC News, 3 décembre 2015). Selon Fallon, la Grande-Bretagne sera impliquée dans des opérations contre des cibles de l'Etat islamique en Syrie pendant une période prolongée (The Guardian, 5 décembre 2015).
  • Le champ pétrolier d'Al-Umar, situé au Sud de Deir al-Zor, est considéré comme le plus grand champ de pétrole de Syrie. Le domaine a été saisi par des membres du Front Al-Nusra en Novembre 2013 et contrôlé par l'Etat islamique début Juillet 2014 (aawsat.com, 6 décembre 2015). Le raid aérien, effectué par des avions britanniques contre des installations dans le champ pétrolier d'Al-Umar s'inscrit dans le cadre d'un effort global de la Russie et de la coalition menée par les Etats-Unis de nuire à principale source de revenus de l'Etat islamique.
L'Allemagne rejoint la campagne contre l'Etat islamique
  • Le 4 décembre 2015, la chambre basse du Bundestag a approuvé le plan du gouvernement d'envoyer des troupes de l'armée allemande rejoindre la campagne militaire contre l'Etat islamique en Syrie. Elle a approuvé l'envoi de six avions de reconnaissance et d'une frégate, qui aidera à protéger le porte-avions français Charles de Gaulle, au large des côtes de la Syrie. Elle a également approuvé l'envoi d'un avion ravitailleur et de 1200 soldats. Toutefois, la décision ne permet pas à l'armée de l'air allemande d'attaquer des cibles de l'Etat islamique en territoire syrien (christiantoday.com, 6 décembre 2015).

Implication russe dans la guerre civile syrienne

  • Cette semaine encore, les opérations aériennes intensives de la Russie contre des cibles au Nord de la Syrie ont continué.Les frappes aériennes russes ont principalement visé les régions de Hassaké, Lattaquié, Hama, Idlib et Homs. Dans ce contexte, l'aviation russe a attaqué des réservoirs de carburant dans la province d'Alep (Al-Durar al-Shamiya, 4 décembre 2015).
  • Selon le porte-parole du ministère russe de la Défense, dans le cadre de sa campagne aérienne en Syrie, la Russie a frappé des dizaines de sites de production de pétrole et de raffinage, ainsi que 1.000 camions citernes de l'Etat islamique. Selon le porte-parole, les revenus de l'Etat islamique ont été réduits d'environ 50% (Fox News, 4 décembre 2015). Selon des sources russes, depuis que la Russie a rejoint les combats en Syrie, les forces russes ont effectué plus de 2300 sorties au-dessus de la Syrie, frappant plus de 4.100 cibles terroristes (RT, 5 décembre 2015).
  • En raison de la tension entre la Russie et la Turquie après l'interception d'un avion russe, la Russie a accusé la Turquie en général, et le Président de la Turquie Erdogan et sa famille en particulier, de négocier du pétrole avec l'Etat islamique. Les Iraniens ont également rejoint la campagne médiatique contre la Turquie. Par exemple, selon Mohsen Rezaee, le secrétaire du Conseil du discernement, l'Iran a la preuve des transactions de transfert de pétrole de l'Etat islamique à la Turquie. Selon lui, si le gouvernement turc n'a pas connaissance de l'affaire, l'Iran est prêt à fournir toutes informations, puisque les conseillers iraniens en Syrie ont photographié toutes les routes utilisées par les camions citernes chargés de pétrole de l'Etat islamique en route vers la Turquie (Fars, 4 décembre 2015).
  • En réponse, Erdogan a annoncé qu'il démissionnerait de ses fonctions si les allégations selon lesquelles la Turquie achète du pétrole à l'Etat islamique se révèlent être vraies, et a ajouté qu'aucun pays n'a le droit d'insulter la Turquie en l'accusant d'acheter du pétrole à l'Etat islamique.
  • De hauts responsables russes et le ministère de la Défense russe ont pris part à la campagne accusant la Turquie de négocier du pétrole avec l'Etat islamique :
  • Le ministre russe de la Défensea écrit sur sa page Facebook que les photos prises par des drones américains montrent des camions chargés de pétrole traversant la frontière vers la Turquie d'une zone en Syrie contrôlée par l'Etat islamique. Selon lui, ces photographies prouvent que l'Etat islamique fait de la contrebande de pétrole vers la Turquie pour Tayyip Erdogan et sa famille[1] (ibtimes.com, 5 décembre 2015). Selon le ministre, au moins trois routes sont utilisées pour la contrebande de pétrole de la Syrie à la Turquie : à l'Ouest, vers un port de la Méditerranée ; au Nord via une route de contrebande menant à la raffinerie de Batman (située à environ 100 km de la
  • frontière avec la Syrie); et à l'Est, une route de contrebande menant à une grande base de transit dans la ville de Cizre, en Turquie. Selon le ministre, la contrebande de pétrole vers la Turquie concerne 8.500 camions transportant 200.000 barils de pétrole par jour (RT, 3 décembre 2015).
  • Selon le vice-ministre russe de la Défense Anatoli Antonov, la Turquie est le plus gros client de pétrole de l'Etat islamique. Il a également accusé Erdogan et sa famille d'être impliqués dans la distribution du pétrole produit dans les zones contrôlées par l'Etat islamique. Selon lui,le pétrole est transféré en Turquie par des milliers de camions citernes (Cumhuriyet, 2 décembre 2015). À la lumière de ces accusations, l'ambassadeur russe à l'ONU, Vitali Tchourkine a annoncé que la Russie formulait un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU visant à accélérer l'application de la résolution 2199 du Conseil de 2015, qui vise à empêcher le commerce illégal de pétrole avec des groupes terroristes (RT, 1er décembre 2015).
  • Le ministère russe de la Défense a publié une vidéo sur Youtube montrant des camions qui traversent la frontière de la Syrie à la Turquie par le biais de l'un des terminaux frontaliers. Selon le ministère de la Défense russe, ces camions sont impliqués dans le commerce illégal d'hydrocarbures entre l'Etat islamique et la Turquie (Youtube, 2 décembre 2015).

Principaux développements en Syrie

Aperçu général
  • Au Nord-Ouest de la Syrie, les affrontements ont continué dans les zones d'Alep et de Homs, sans changement important dans la situation sur le terrain. En outre, des affrontements ont eu lieu cette semaine entre l'Etat islamique et d'autres organisations rebelles au Nord d'Alep, près de la frontière turque. L'Etat islamique, le Front Al-Nusra et les autres organisations rebelles tentent apparemment d'établir leur présence près de la frontière turque, afin de permettre le maintien de leurs chaînes logistiques de communication entre la Syrie et la Turquie, à la lumière des rapports sur l'intention de la Turquie d'établir une zone tampon sans présence de l'Etat islamique au Nord de la Syrie, avec le soutien des Etats-États.
Affrontements entre organisations rebelles à la frontière syro-turque
  • Des affrontements ont opposé cette semaine l'Etat islamique et les organisations rebelles qui s'y opposent, en particulier le Front Al-Nusra, dans la zone située au Nord d'Alep, près de la frontière syro-turque. Les affrontements ont notamment été signalés dans la ville de Baraghedeh, à environ 4 km au Sud de la frontière avec la Turquie. Le 3 décembre 2015, l'Etat islamique a rapporté que ses membres avaient pris le contrôle de la ville aux mains des organisations rebelles. Peu de temps après, les organisations rebelles ont annoncé que l'armée syrienne libre et d'autres organisations avaient repris le contrôle de la ville. Selon les rapports des organisations rebelles, plus de 10 membres de l'Etat islamique ont été tués (all4syria.info, 3 décembre 2015).
  • Cette semaine aussi, des affrontements locaux se sont poursuivis entre l'armée syrienne et l'Etat islamique dans le secteur de la base aérienne militaire de Kuweyres, à l'Est d'Alep. Selon un rapport du 6 décembre 2015, l'armée syrienne a attaqué une position de l'Etat islamique près d'une centrale électrique située à environ 11 km à l'Ouest de la base aérienne. En outre, les affrontements ont continué le long de plusieurs routes menant à l'aérodrome (syriahr.com, 6 décembre 2015).
Province de Homs
  • Les affrontements ont continué cette semaine au Sud de Homs. Des membres de l'Etat islamique auraient freiné l'avancée de l'armée syrienne en effectuant des attaques suicide, causant de lourdes pertes. Cette semaine, deux terroristes suicide de l'Etat islamique ont causé des attaques terroristes mortelles contre l'armée syrienne : la première près de la ville de Mheen, à 17 km à l'Ouest de la ville d'Al-Qaryatayn, et la seconde à Tilal al-Rumailah, à environ 4 km au Nord-Est d'Al-Qaryatayn (a3maqagency.wordpress.com, 3 décembre 2015). L'Etat islamique a annoncé que ses membres avaient tué plus de 85 soldats de l'armée syrienne près de la ville d'Al-Qaryatayn. Les morts incluraient un officier syrien avec le grade de colonel et trois autres officiers (all4syria.info, 3 décembre 2015).
Sud du Plateau du Golan
  • Selon un rapport, l'Emir du Front al-Nusra Abu Jalibib aurait été tué (ou blessé) dans la région de Deraa par un engin piégé déposé par des Brigades des martyrs d'Al-Yarmouk près du village de Kahil (Khatwa, 3 décembre 2015). Si cette information est confirmée, il s'agit de la riposte des Brigades des martyrs d'Al-Yarmouk à l'élimination de ses commandants par le Front al-Nusra et d'autres organisations rebelles,dans le cadre de la lutte de pouvoir au Sud du Plateau du Golan.

Principaux développements en Irak

Aperçu général
  • L'armée irakienne a poursuivi ses efforts visant à établir son contrôle autour de la ville de Ramadi, où elle tente de reprendre le contrôle de l'Etat islamique. Selon un rapport non vérifié, cette semaine l'armée irakienne a réussi, pour la première fois, à prendre le contrôle de plusieurs quartiers résidentiels de la ville. L'Etat islamique, à son tour, essaie de nuire aux forces de l'armée irakienne entourant la ville par le biais d'attentats suicide.
La ville de Bagdad et ses environs
  • Dans la ville de Bagdad, le nombre d'attaques menées par l'Etat islamique a diminué récemment, même si elles n'ont pas complètement cessé. Le 4 décembre 2015, un engin piégé a explosé à l'Ouest de la ville, tuant un civil et en blessant sept autres (Bagdad Times, 4 décembre 2015). L'amélioration relative de la situation sécuritaire à Bagdad fait suite aux mesures de sécurité prises par le gouvernement irakien après une vague d'attentats perpétrés par l'Etat islamique.
La province d'Al-Anbar
  • Cette semaine encore, les combats se poursuivent dans la province d'Al-Anbar, en particulier dans la ville de Ramadi et ses environs. L'armée irakienne continue de resserrer le siège de la ville en prenant le contrôle de vastes zones autour et en bloquant les voies d'approvisionnement de l'Etat islamique à la ville. L'armée irakienne a annoncé que le 4 décembre 2015, 30 membres de l'Etat islamique ont été tués au Nord de la ville de Ramadi lors d'une tentative de l'organisation de briser le siège de la ville (Bagdad Times, 4 décembre 2015).
  • Selon un rapport du 6 décembre 2015, l'armée irakienne a réussi à prendre le contrôle de plusieurs quartiers de la ville de Ramadi, y compris dans les régions de Tahrir et d'Al-Qadisiyyah dans le quartier Al-Tamim (Sky News en arabe, 6 décembre 2015). Si ce rapport est confirmé, il s'agit d'une réussite de l'armée irakienne, qui n'a jusqu'ici œuvré que dans la région de la ville et ses environs mais s'est abstenue d'y entrer.
  • L'Etat islamique, de son côté, essaie de nuire à l'armée irakienne par des attentats suicide. Le 5 décembre 2015, l'Etat islamique a revendiqué la responsabilité d'unesérie de cinq attentats suicide contre l'armée irakienne à l'Ouest de la ville de Ramadi. Les terroristes suicide étaient quatre terroristes syriens et un terroriste tadjik. Les cinq se sont fait exploser, l'un après l'autre, dans des voitures piégées (Akhbar al-Muslimeen, 5 décembre 2015).
Samara
  • Les combats se poursuivent dans la région de la ville de Samarra.L'armée irakienne a resserré ses mesures de sécurité autour de la ville par crainte d'attaques de l'Etat islamique. A l'Est de la province de Salah al-Din, l'armée irakienne a pris des mesures pour déconnecter les lignes d'approvisionnement  de l'Etat islamique à la province (Al-Arabi al-Jadeed, 4 décembre 2015). Le 6 décembre 2015, un site Internet de l'Etat islamique a publié des photos des combats dans l'Ouest de Samarra (Hadem al-Aswar, 6 décembre 2015).

L'Egypte et la Péninsule du Sinaï

  • Pendant la semaine, les forces de sécurité égyptiennes ont poursuivi leurs activités militaires contre la branche de l'Etat islamique dans le Sinaï. Dans ce contexte, elles ont mené des activités intenses, principalement dans la région de Rafah, Cheikh Zoweid et Al-Arish. Des dizaines de jihadistes ont été tués dans l'opération, des dizaines de suspects ont été arrêtés, des armes ont été confisquées et de nombreux engins piégés ont été neutralisés.
  • Les forces de sécurité égyptiennes ont reçu des informations au sujet d'une tentative de contrebande d'une grande quantité d'armes, y compris de roquettes. La contrebande a été effectuée à l'aide deux camions de l'Etat islamique au Sud de Rafah. Les forces de sécurité égyptiennes ont attaqué les deux camions avec des hélicoptères, les détruisant complètement (Al-Watan, 6 décembre 2015).
  • Les forces armées égyptiennes ont publié une infographie résumant les activités de la police des frontières en Novembre 2015. Selon l'infographie, au cours du mois, 478 différentes armes ont été confisquées, y compris des fusils, des pistolets, des mortiers et des explosifs, et 610 personnes de différentes nationalités ont été arrêtées. Ces détentions ont été effectuées dans la péninsule du Sinaï et à la frontière entre l'Egypte et la Libye. En outre, 20 tunnels dans la région de Rafah ont été détruits (Page Facebook du porte-parole des forces armées égyptiennes, 7 décembre 2015).
  • Malgré ces chiffres, l'Etat islamique a poursuivi ses attaques contre les forces de sécurité égyptiennes :
  • Le 5 décembre 2015, un engin piégé a explosé près d'un véhicule blindé des forces de sécurité égyptiennes dans la région d'Al-Ahrash (Nord de Rafah), détruisant l'APC. L'explosion aurait tué un officier avec le grade de major et un soldat et fait trois blessés (Twitter, 5 décembre 2015).
  • Le 5 décembre 2015, un engin piégé a explosé contre un véhicule blindé de la police au Sud d'Al-Arish (Compte Twitter affilié à la Province du Sinaï de l'Etat islamique, 5 décembre 2015).
  • Le 5 décembre 2015, un membre de l'Etat islamique a publié une photo montrant un soldat égyptien abattu par un sniper de l'organisation à proximité d'une position de tir à Al-Ujrah, au Sud de Rafah (Twitter; justpaste.it, 5 décembre 2015).
  • Le 6 décembre 2015, un homme a été tué et d'autres ont été blessés dans l'explosion d'un engin piégé sur la route côtière à Al-Arish (Al-Masri al-Youm, 7 décembre 2015).

Palestiniens et arabes israéliens

Démantèlement d'une cellule de l'Etat islamique à Nazareth
  • Suite à l'activité des forces de sécurité israéliennes, en Octobre – Novembre 2015, cinq résidents de Nazareth âgés d'une vingtaine d'années ont été arrêtés suite à des informations reçues par les forces de sécurité israéliennes sur des réunions et des formations à l'utilisation d'armes.
  • Leur interrogatoire a révélé qu'au cours de la dernière année, ils ont subi un processus de radicalisation religieuse, dans le cadre duquel ils ont exprimé leur soutien à l'Etat islamique. Les cinq se rencontraient en secret pour regarder des vidéos liées à l'Etat islamique et des discours des chefs religieux qui lui sont affiliés. Ils débattaient également de la nécessité de mener le jihad contre les infidèles. Dans le même temps, ils ont travaillé à obtenir des armes et se sont entraînés au tir à plusieurs reprises près de Nazareth. Au moins l'un des membres de l'escouade avait exprimé son désir de se rendre en Irak et en Syrie pour combattre dans les rangs de l'Etat islamique, ainsi que son désir de mener une attaque "contre les Juifs" (Services de sécurité générale, Ynet, 8 décembre 2015).
  • L'activité de l'Etat islamique a été déclarée interdite en Israël le 3 septembre 2014, date à laquelle le ministre de la Défense l'a déclaré association illégale. Le 25 octobre 2015, le gouvernement israélien l'a déclaré organisation illégale.

Le jihad mondial dans d'autres pays

Libye
Région de Derna
  • Le porte-parole du Pentagone Peter Cook a confirmé que l'un des leaders de l'Etat islamique en Libye a été tué dans un raid aérien américain le mois dernier, dans la ville de Derna. Selon Peter Cook, il s'agit de la première attaque menée par les États-Unis contre les dirigeants de l'Etat islamique en Libye.
  • Le membre de l'Etat islamique tué dans la frappe était Abu Nabil al-Anbari, d'origine irakienne. Il était un ami proche du chef de l'Etat islamique Abu Bakr al-Baghdadi et servait précédemment de gouverneur de la province Salah al-Din en Irak. Abu Nabil avait été envoyé en Libye par le leadership de l'Etat islamique et était l'un de ses principaux commandants dans le pays. Abu Nabil est soupçonné d'être le membre figurant dans la vidéo montrant les exécutions de 21 coptes égyptiens sur une plage en Libye (Daily Mail, 7 décembre 2015).
  • La mort d'Abu Nabil al-Anbari est un coup dur pour le haut commandement de l'Etat islamique en Libye, et pourrait ajouter à ses difficultés dans la ville de Derna et dans l'Est de la Libye en général. Toutefois, selon nous, elle ne devrait pas entraver de manière significative les capacités militaires et gouvernementales de l'Etat islamique à Syrte et dans l'Ouest de la Libye en général, où l'organisation continue à se stabiliser après avoir perdu de sa force dans l'Est.
  • Dans l'intervalle, les membres de l'Etat islamique contrôlent toujoursla région d'Al-Fataeh, au Sud-Est de Derna. Dans cette région, ils sont confrontés à la pression d'un groupe jihadiste local affilié à Al-Qaïda et de l'armée libyenne qui soutient le gouvernement Tobrouk. Cette semaine, l'Etat islamique a publié des photos montrant ses membres engagés dans une activité militaire autour de la ville de Derna, probablement à Al-Fataeh (Akhbar al-Muslimeen, 6 décembre 2015).
  • Un des leaders de l'Etat islamique à Derna, Murad al-Hasi, connu sous son nom de code Murad al-Saba, a été exécuté par des membres duConseil de la Choura des combattants du jihad à Derna, affilié à Al-Qaïda. Al-Saba a été arrêté par des membres de l'organisation en Octobre 2015 (Portail Al-Wasat, 3 décembre 2015). Il s'agit d'une nouvelle phase dans la consolidation de la branche d'Al-Qaïda à Derna et de la suppression des restes du contrôle de l'Etat islamique sur la ville.
Syrte
  • Selon un officier supérieur de l'armée libyenne qui soutient le gouvernement Tobrouk, les membres de l'Etat islamique à Syrte s'entraînent sur des simulateurs de vol. La formation se déroule à Syrte avec un simulateur de vol de pointepour des aéronefs civils, obtenu par l'Etat islamique en Octobre 2015 en-dehors de la Libye. D'après lui, des officiers retraités de Libye et des pays voisins supervisent la formation. Un simulateur supplémentaire pour des avions de chasse pourrait également être arrivé à Syrte.
  • Une source sécuritaire d'un institut qui surveille l'activité de l'Etat islamique en Afrique du Nord a confirmé que des membres de l'organisation en Libye suivent une formation de vol d'aéronefs civils. Elle a ajouté que le mois dernier, les avions de l'armée de l'air libyenne ont essayé de détruire au moins un site de formation, sans succès. Selon cette source, en raison des frappes aériennes, le centre de formation a été déplacé vers un nouveau site près de l'aéroport de Syrte (environ 20 km au Sud de la ville). Dans le passé, il y aurait eu au moins cinq avions à l'aéroport, dont deux aéronefs civils et trois hélicoptères, mis hors service dans des batailles début 2015 (Al-Sharq Al-Awsat, 1er décembre 2015).
  • En attendant, l'Etat islamique continue d'établir son contrôle à Syrte, en recrutant des jeunes dans ses rangs (comme il le fait en Irak et en Libye). Selon un rapport de fin Novembre, la cérémonie de fin de la première formation des Lionceaux du Califat s'est déroulée à Syrte. Les participants étaient 85 garçons âgés de 14-17 ans. Pendant 45 jours, les garçons ont pratiqué des tirs avec une variété d'armes et ont appris à fabriquer des engins piégés. Les participants venaient de Syrte, Al-Nofilia, Ajdabiya, Bani Walid et Misrata (Bawabat Ifriqya al-Ikhbariya, 30 novembre 2015 ; Portail Al-Wasat, 4 décembre 2015).

Activités terroristes de l'Etat islamique

Attentat aux Etats-Unis inspiré par l'Etat islamique
  • Le 3 décembre 2015, une attaque meurtrière a eu lieu dans un institut de réadaptation pour handicapés à San Bernardino, en Californie (Est de Los Angeles). Au total, 14 personnes ont été tuées et 17 ont été blessées. Un homme et une femme ont fait irruption dans une salle de conférence, ont ouvert le feu dans la foule, et se sont enfuis, laissant plusieurs bombes artisanales dans le bâtiment. Quatre heures plus tard, ils ont été appréhendés et tués au cours d'une fusillade avec la police. Une grande quantité d'armes a été trouvée à leur domicile.
  • L'homme qui a commis l'assassinat était Syed Rizwan Farook, 28 ans, Américain d'origine pakistanaise. Il était contrôleur en environnement et nourriture au département sanitaire de San Bernardino. Le père du terroriste a déclaré que son fils soutenait l'idéologie de l'Etat islamique et était "obsédé" par son attitude envers Israël (CNN, 6 décembre 2015). Sa femme, qui a participé à l'attaque, était Tashfeen Malik, 27 ans, Pakistanaise de naissance venue d'Arabie Saoudite aux États-Unis après leur mariage.
  • L'enquête initiale du FBI a lié les deux individus à l'islam radical. Syed Farook était un musulman pieux qui, apparemment, a subi un processus de radicalisation et était en contact avec des islamistes sur Internet. Il s'était rendu en Arabie saoudite, où il a rencontré sa femme et l'a faite venir aux États-Unis. La veille du massacre, sa femme a publié un message sur sa page Facebook, prêtant allégeance au chef de l'Etat islamique. Tous les deux ont détruit les disques durs dans leur domicile et leurs téléphones mobiles avant de mener l'attaque.
  • Selon un rapport du 4 décembre 2015 publié sur le site de la branche information de l'Etat islamique Aamaq, les deux étaient des partisans de l'organisation (a3maqagency.wordpress.com, 4 décembre 2015). Le 5 décembre 2015, la station radio Al-Bayan de l'Etat islamique a diffusé une annonce au sujet de l'attaque "menée par deux partisans de l'Etat islamique il y a quelques jours en Californie". Selon l'annonce, "les deux, qui ont attaqué un centre dans la ville de San Bernardino, en Californie, aux Etats-Unis, ont tué quatorze personnes et blessé plus de vingt autres, louange à Allah" (arabic.cnn, 5 décembre 2015). Cependant, l'Etat islamique n'a pas publié de déclaration officielle revendiquant la responsabilité de l'attaque.
Attaque à l'arme blanche en Grande-Bretagne
  • Le 5 décembre 2015, un passager à la station de métro de Leytonstone à l'Est de Londres a été attaqué par un jeune homme. L'assaillant s'est coupé la gorge avec un couteau tout en criant "Ceci est pour la Syrie" et "du sang sera versé ici."Il a menacé d'attaquer les autres passagers. La police, qui se trouvait sur les lieux, a arrêté l'assaillant. Le passager a été transporté à l'hôpital dans un état grave. Un autre passager a été légèrement blessé.
  • Le terroriste était Muhaydin Mire, un résident de 29 ans de l'Est de Londres. Selon les enquêteurs, son téléphone portable contenait des photos liées à l'Etat islamique et aux attaques de l'organisation (CNBC News; New York Daily News, 7 décembre 2015).
Yémen
  • Le gouverneur d'Aden Ja'far Muhammad Sa'ad et six de ses gardes ont été tués le 6 décembre 2015, dans une explosion dans la ville. L'explosion a eu lieu alors qu'il se rendait à son bureau avec ses gardes du corps dans un convoi de voitures. Selon une version, l'explosion a eu lieu dans une voiture garée qui a explosé sur l'itinéraire du convoi du gouverneur. Selon une deuxième version, l'assassinat a été commis par un terroriste suicide qui est entré en collision avec la voiture du gouverneur. Le gouverneur d'Aden Ja'far Saad était un général dans l'armée du Yémen du Sud et avait été nommé gouverneur en Octobre dernier (alarabiya.net, 7 décembre 2015 ; The Guardian, 6 décembre 2015).
  • La province d'Aden-Abyan de l'Etat islamique, qui opère au Yémen, a revendiqué la responsabilité de la mort du gouverneur dans une attaque à la voiture piégée.Le 6 décembre 2015, un site Internet affilié à l'Etat islamique a publié des photos de la province Aden-Abyan montrant l'explosion de la voiture piégée de l'Etat islamique qui a tué le gouverneur (dabiqnews.com, 6 décembre 2015).

Activités de contre-terrorisme

Thaïlande
  • Selon un document divulgué par les services de sécurité russes, 10 Syriens proches de l'Etat islamique se sont rendus en Thaïlande en Octobre 2015, dans l'objectif d'y commettre des attentats terroristes contre des cibles russes. Le document appelle la police thaïlandaise et les forces spéciales àaccroître la sécurité autour des zones où sont situées les institutions russes (The Guardian,  4 décembre 2015).

Activités de propagande

Résumé des attentats suicide commis par l'Etat islamique en Novembre 2015
  • Le 2 décembre 2015, un site Internet proche de l'Etat islamique a publié une infographie affirmant qu'en Novembre 2015, 54 attaques suicide ont été commises, comme suit : 28 attaques contre les forces du régime irakien, 13 contre les forces du régime syrien, 11 contre les unités de défense kurdes (YPG), et trois attentats suicide contre les peshmergas kurdes (un total de 55 attaques, une a été ajoutée par erreur). La répartition des attentats suicide par province révèle que 16 attaques ont été menées dans la province d'Al-Anbar, onze à Al-Hasaka, sept à Alep, six à Bagdad, cinq dans la province Salah al-Din, quatre à Homs, trois à Ninive, une en Kirkouk et une à Deir al-Zor (a3maqagency.wordpress.com, 2 décembre 2015).
  • Ces chiffres démontrent l'importance des attentats suicide dans les activités militaires et terroristes de l'Etat islamique en Irak et en Syrie.
Application pour Android permettant de suivre les informations de l'Etat islamique
  • La branche information de l'Etat islamique Aamaq a inauguré une application pour appareils Android permettant à ses partisans à suivre ses informations. Entre autres, les rapports comprennent des nouvelles sur les développements dans les combats en Syrie et en Irak, des vidéos, et des graphiques détaillant l'activité de l'Etat islamique. L'application est facile à utiliser et peut être téléchargée sur Internet. De nombreux comptes Twitter proposent des tweets avec des liens pour télécharger l'application. La nouvelle application pourrait être une réponse à l'annonce par l'organisation Anonyme de la fermeture de 11.000 comptes Twitter de l'Etat islamique et à l'annonce de la société Telegram qui a fermé 78 comptes affiliés à l'organisation.
Menaces contre les Juifs
  • Le 5 décembre 2015, un compte Twitter affilié à l'Etat islamique a partagé un lien vers une vidéo de la Province de Deir al-Zor intitulée "Pour les Juifs," qui commence avec une photo du Premier ministre israélien Binyamin Netanyahou, sur fond d'un drapeau israélien et des photos d'un soldat et d'un garçon palestinien. Le membre de l'Etat islamiquemenace les Juifs et les autres infidèles et note que le drapeau d'Allah sera arboré à la Maison Blanche et au cœur de Tel-Aviv. La suite de la vidéo montre des enfants exécutant des captifs du régime syrien (Twitter; alaswar.ml, 5 décembre 2015).
Exécution d'un "espion russe"
  • Le bureau information de la Province d'Al-Raqqah de l'Etat islamique a publié une vidéo intitulée "Vous avez perdu et avez été déportés, Russes". La vidéo montre un membre de l'Etat islamique décapitant un "espion russe" qui décrit les circonstances de sa capture. La vidéo montre un russophone habillé en tenue de prison orange se présentant en russe, avec des sous-titres en arabe, comme étant Magomed Khasiyev, un Russe de Tchétchénie. Il a affirmé avoir été envoyé dans le califat islamique par l'agence de renseignement russe. Il "avoue" avoir espionné. Quand il a fini de parler, il a été décapité, et le texte russe "le sang sera répandu comme l'eau" est apparu sur l'écran.

[1] Les Russes n'ont pas fourni de preuvesde l'implication de la famille du Président turc dans l'achat de pétrole à l'Etat islamique. 

Portrait de Qasem Soleimani, commandant de la Force Qods des Gardiens de la révolution iranienne, chargée des activités de subversion et de terrorisme de l’Iran au Moyen-Orient et dans le monde


 				Qasem Soleimani (Nasimonline, 20 octobre 2015)
Qasem Soleimani (Nasimonline, 20 octobre 2015)

Aperçu général

1. Le général Qasem Soleimani (Haj Qasem) a été nommé commandant de laForce Qods des Gardiens de la révolution iranienne fin 1997 ou début Mars 1998. La Force Qods est l'un des cinq bras des Gardiens de la révolution iranienne, le principal et plus puissant organe sécuritaire d'Iran et le principal soutien du régime. Il s'agit d'une unité d'élite apparemment composée de plusieurs milliers d'agents. La Force Qods a été créée en 1990 afin de mettre en place un cadre opérationnel organisé pour les vastes activités menées dans le cadre de l'exportation de la révolution islamique dans le monde. Au fil des ans, la Force Qods est devenue le fer de lance des efforts de l'Iran pour consolider sa puissance régionale et promouvoir ses objectifs stratégiques par le terrorisme et la subversion politique.

2. La Force Qods n'est pas une unité militaire organique mais une organisation-cadre composée d'un siège général, de commandements spéciaux chargés de diverses spécialisations secrètes et d'administrations régionales chargées de zones géographiques spécifiques. Elle jouit d'un grand prestige au sein de la direction iranienne et bénéficie d'un accès à de nombreuses ressources et des conseils du guide suprême Ali Khamenei. La Force Qods influence le processus de prise de décision stratégique et défensive à Téhéran, en particulier les décisions concernant les questions extérieures sensibles liées aux activités régionales de l'Iran. Pour lutter contre les divers ennemis de l'Iran au Moyen-Orient et dans le monde, la Force Qods utilise des mandataires et leur fournit un soutien militaire et financier.

3. Qasem Soleimani est le deuxième commandant de la Force Qods. Il a remplacéAhmad Vahidi, qui a occupé le poste de ministre de la Défense sous Mahmoud Ahmadinejad (2009-2013). Pendant de nombreuses années, Soleimani a adopté profil bas et était presque inconnu du public iranien (bien qu'il ait été mentionné dans le cadre des activités iraniennes de subversion et de terrorisme au-delà des frontières de l'Iran). Il a été inscrit sur la liste des terroristes étrangers des États-Unis après la tentative d'assassinat de l'ambassadeur saoudien à Washington en 2011.[1] Le rôle clé qu'il a joué dans le renforcement de l'influence iranienne au Moyen-Orient pendant les bouleversements régionaux (le "Printemps arabe") a significativement augmenté son exposition médiatique à la fois en Iran et à l'étranger. En conséquence, il a été mentionné comme un candidat possible de la direction politique iranienne.

4. Les changements politiques profonds dans le monde arabe au cours des dernières années ont créé de nouvelles opportunités pour l'Iran pour étendre son influence au Moyen-Orient. Lorsque les bouleversements régionaux ont débuté, l'Iran a présenté les changements dans le monde arabe comme une expression d'un réveil islamique inspiré par la révolution islamique et comme le début d'une transformation qui allait changer la face de la région. Depuis lors, afin de faire progresser l'hégémonie iranienne dans le monde arabe, la Force Qods sous le commandement de Qasem Soleimani est devenue le principal instrument utilisé pour exploiter les nouvelles opportunités offertes par l'effondrement des États nationaux et la faiblesse des Etats arabes sunnites opposés aux aspirations régionales de l'Iran.

5. Toutefois, en plus des nouvelles possibilités, les événements dramatiques au Moyen-Est ont présenté d'importants risques et défis pour l'Iran. Les dirigeants iraniens ont rapidement compris que la politique du monde arabe était plus complexe que prévu et qu'il n'était absolument pas certain que la République islamique puisse diriger les bouleversements régionaux ou servir de modèle au monde arabe. Le soulèvement chiite à Bahreïn en 2011 a accentué les inquiétudes arabes sur l'influence croissante de l'Iran, et a approfondi les soupçons des pays arabes sunnites. La guerre civile en Syrie (le plus important allié de l'Iran dans le monde arabe) a posé un autre défi de taille à l'Iran et a menacé de nuire à la cohérence du "front de résistance" mené par l'Iran. Les succès militaires de l'Etat islamique représentent un enjeu stratégique pour l'Iran et l'ont obligé à envoyer en Irak et en Syrie des armes et des conseillers, le plus important étant Soleimani. La campagne internationale menée par les Américains contre l'Etat islamique a rendu le défi plus redoutable et a compliqué la situation en Irak et la Syrie pour Iran.

6. Pour faire face à la tourmente régionale, l'Iran a fourni des ressources à la Force Qods dans un effort d'exploiter les opportunités et de minimiser les risques. Dans le nouveau Moyen-Orient qui a surgi, Qasem Soleimani a commencé en coulisses (et au cours de la dernière année sur la scène centrale) à tirer les ficelles des activités subversives, politiques et militaires de l'Iran. Il est ainsi devenu une des personnalités les plus influentes dans la formulation de la politique étrangère iranienne, et son influence devrait croître après l'accord sur le nucléaire iranien. Son rôle central dans la formulation de la politique étrangère régionale iranienne, qui surpasse celui du ministre iranien des Affaires étrangères, se retrouve dans ses liens étroits avec le leadership politique, qui le considère comme une autorité sur les développements dramatiques qui se déroulent au Moyen-Orient. Par exemple, à deux reprises au cours des deux dernières années (Septembre 2014 et Septembre 2015), Soleimani a été invité à l'Assemblée des experts (un puissant conseil, responsable de l'élection du guide suprême, qui supervise ses activités et qui a le pouvoir de décider s'il remplit son rôle correctement).

Qasem Soleimani serre la main d'Iraniens à Ispahan (www.598.ir, 18 janvier 2015)
Qasem Soleimani serre la main d'Iraniens à Ispahan (www.598.ir, 18 janvier 2015)

7. L'approche de Qasem Soleimani sur les développements dans l'arène régionale reflète le concept de base du régime iranien, qui considère l'Occident, en particulier les Etats-Unis, comme la source de tout le mal dans le monde et la principale menace pour la sécurité nationale et les intérêts vitaux de l'Iran. Cette hostilité envers les Etats-Unis et Israël ("le régime sioniste", considéré comme un mandataire américain) est toujours au cœur de l'idéologie iranienne, même après l'accord nucléaire. Selon Qasem Soleimani, dont les positions reflètent fidèlement celles du guide suprême Ali Khamenei,l'Iran est le fer de lance de la lutte contre les Etats-Unis et ses mandataires régionaux. Par conséquent, assurer la puissance de l'Iran, de la Force Qods et des alliés de l'Iran dans le "front de résistance" est nécessaire pour déjouer les efforts américains et faire de l'Iran une puissance régionale.

8. Selon Qasem Soleimani, l'Iran a marqué des points dans ses relations avec les Etats-Unis et ses alliés au Moyen-Orient. A l'occasion d'une conférence des commandants des Gardiens de la révolution récemment organisée à Téhéran, Soleimani a affirmé que le Moyen-Orient et l'Asie de l'Ouest avaient eu une influence considérable sur "l'effondrement" de la situation de l'Amérique comme puissance mondiale et que, pendant les vingt dernières années, l'Iran avait infligé d'importants dégâts à tout ce qui fait de l'Amérique une puissance. Il a fait référence à quatre façons par lesquelles les États-Unis essaient de réhabiliter leur statut au Moyen-Orient : l'utilisation de l'ONU et d'autres organismes, tels que les organisations des droits de l'homme ; le renforcement du "régime sioniste"; l'affaiblissement de l'Iran et la conservation des luttes dans le monde musulman afin d'accroître leur dépendance envers les États-Unis. Il a affirmé que la politique américaine concernant l'Etat islamique et d'autres organisations islamistes radicales consiste à les exploiter pour promouvoir leurs propres intérêts, mais pas à les anéantir. Selon lui, les États-Unis cherchent à préserver ces organisations afin d'accroître la dépendance des pays du Moyen-Orient (Agence de presse Mehr, 16 septembre 2015).

9. Avec Qasem Soleimani, l'Iran a renforcé son statut et son influence régionale durant les bouleversements régionaux. L'implication iranienne en Irak a freiné l'avancée de l'Etat islamique, son soutien à Assad a empêché l'effondrement du régime syrien, et son soutien aux rebelles Houthis au Yémen leur a donné un avantage sur le gouvernement yéménite. D'autre part, l'Iran en général, et Soleimani en particulier, ont également subi des échecs : en dépit du soutien iranien, ainsi que de celui du Hezbollah et de l'armée syrienne, le régime syrien s'est retrouvé dans une impasse, qui a nécessité une implication militaire russe directe. Les combats entre l'administration irakienne et les milices chiites opérant sous égide iranienne, d'une part, et l'Etat islamique de l'autre, sont dans une impasse, et les alliés Houthis de l'Iran au Yémen ont récemment subi de sérieux revers qui témoignent des limites de la puissance de l'Iran dans ces arènes et de la nature problématique d'une stratégie reposant sur l'utilisation de mandataires iraniens à travers le Moyen-Orient.

10. Compte tenu de la détresse du régime syrien au cours de l'année écoulée, qui se manifeste par la menace posée par les organisations rebelles sous l'égide du Front Al-Nusra à Lattaquié et dans d'autres bastions du régime syrien le long de la côte, à la mi-Septembre 2015, l'Iran a augmenté le nombre de ses forces en Syrie de plusieurs centaines à plusieurs milliers. Les renforts, composés de membres des Gardiens de la révolution et de leurs milices, ont été envoyés pour soutenir l'armée syrienne dans son offensive dans le Nord de la Syrie, qui a débuté le 7 octobre 2015. Le quotidien libanais affilié au Hezbollah Al-Akhbar a rapporté que le 11 octobre 2015, Qasem Soleimani est arrivé au Nord-Ouest de la Syrie pour diriger l'offensive de l'armée syrienne avec le soutien des Gardiens de la révolution (Al-Akhbar, 13 octobre 2015).

11.La participation des Gardiens de la Révolution dans les combats en Syrie a placé Qasem Soleimani sous le feu des projecteurs. Les réseaux sociaux ont publié une vidéo et des images de Soleimani (apparemment dans la région de Lattaquié) le montrant lors d'un briefing à des combattants du Hezbollah. Son arrivée en Syrie en même temps que les forces iraniennes semble indiquer que les efforts et l'attention de la Force Qods en général et de Soleimani en particulier sont détournés de l'Irak à la Syrie. La détresse stratégique du régime syrien oblige la Force Qods, sous le commandement de Soleimani, à concentrer ses efforts pour aider l'armée syrienne à repousser les rebelles dans le Nord-Ouest de la Syrie (dans les régions de Homs, Hama, Idlib et Alep), avec le soutien aérien russe. Jusqu'à présent, l'offensive syrienne a fait face à des difficultés et les membres des Gardiens de la révolution luttant au front ont subi des pertes importantes (plus de trente morts, dont trois officiers supérieurs avec le grade de colonel ou de général de brigade).

Briefing de Qasem Soleimani à des combattants du Hezbollah, apparemment dans la région de Lattaquié, après le début de l'offensive terrestre dans le Nord de la Syrie (Facebook, 13 octobre 2015)
Briefing de Qasem Soleimani à des combattants du Hezbollah, apparemment dans la région de Lattaquié, après le début de l'offensive terrestre dans le Nord de la Syrie (Facebook, 13 octobre 2015)

12. Au cours des dernières années, Qasem Soleimani est devenu très puissant dans l'arène politique iranienne interne. Son service continu au sein des Gardiens de la révolution, le soutien qu'il reçoit du guide suprême Ali Khamenei, ses relations étroites avec la direction politique iranienne, son engagement envers le régime islamique et l'idéologie de la révolution et son image publique de héros national renforcent sa position et pourraient lui être utiles dans l'avenir s'il opte pour une carrière politique. Cependant, ses liens, son expérience et son talent ne garantissent pas nécessairement son succès politique. Dans le passé déjà, de hauts commandants des Gardiens de la révolution ont tenté d'intégrer la politique nationale sans succès (par exemple, l'ancien commandant des Gardiens de la révolution Mohsen Rezaei et le maire de Téhéran Mohammad Ghalibaf).

Sources et structure de l'étude

13. Cette étude se concentre sur Qasem Soleimani et ses activités au cours des deux dernières années à l'égard de la politique iranienne globale et de la Force Qods. Elle est la suite de deux précédentes études du Centre Meir Amit intitulées : "Utilisation de la Force Qods des Gardiens de la révolution comme principal outil pour exporter la révolution au-delà des frontières de l'Iran", (en anglais), publiée le 2 avril 2007 et "La Force Qods, unité d'élite des Gardiens de la révolution islamique, fer de lance de la campagne terroriste mondiale iranienne", publiée le 7 août 2012, et d'autres documents du Centre sur les activités subversives et terroristes de la Force Qods au Moyen-Orient et dans le monde sous le commandement de Qasem Soleimani.

14. L'étude est basée sur une grande variété de sources publiées ces dernières années dans les médias iraniens, arabes et occidentaux, et sur les réseaux sociaux. Malgré l'importante quantité d'informations sur les activités de Qasem Soleimani et de la Force Qods, quelques lacunes ont été constatées.

15. L'étude est divisée en neuf sections :

1) Première partie : Courte biographie de Qasem Soleimani

2) Deuxième partie : Participation de Qasem Soleimani dans la guerre civile syrienne

3) Troisième partie : Implication de Qasem Soleimani en Irak

4) Quatrième partie : Participation de Qasem Soleimani dans l'arène palestinienne et en Israël

5) Cinquième partie : Implication de Qasem Soleimani au Liban

6) Sixième partie : Participation de Qasem Soleimani au Yémen et dans d'autres pays du Moyen-Orient

7) Septième partie : Participation de Qasem Soleimani dans la politique iranienne interne

8) Huitième partie : Image publique de Qasem Soleimani

9) Neuvième partie : Possible levée des sanctions internationales contre Qasem Soleimani suite à l'accord sur le nucléaire

 

[1]Cette étude de Qasem Soleimani a été réalisée pour le Centre Meir Amit par le Dr Raz Zimmt, chargé de recherche au Centre Alliance d'études iraniennes à l'Université de Tel-Aviv et chercheur au Forum de pensée régionale. Ses champs d'expertise incluent la politique, la société, la politique étrangère et les réseaux sociaux de la République islamique. L'étude a été coordonnée avec les chercheurs du Centre Amit et reprend des informations publiées par le Centre sur la Force Qods.
[2]A ce sujet, voir notre article du 3 novembre 2011 intitulé "Les États-Unis ont déjoué un complot iranien d'assassiner l'ambassadeur saoudien à Washington en utilisant la Force Quds, l'unité d'élite des Gardiens de la Révolution", à l'adresse http://www.terrorism-info.org.il/fr/article/17830

Pleins feux sur le jihad mondial (22-28 octobre 2015)

Pleins feux sur le jihad mondial

Pleins feux sur le jihad mondial

La rencontre du Président Poutine et du Président Bachar al-Assad (Télévision russe)

La rencontre du Président Poutine et du Président Bachar al-Assad (Télévision russe)

Membres du Front Al-Nusra durant la bataille de Tall al-Qarassi (Compte Twitter affilié au Front Al-Nusra, 23 octobre 2015)

Membres du Front Al-Nusra durant la bataille de Tall al-Qarassi (Compte Twitter affilié au Front Al-Nusra, 23 octobre 2015)

Farshad Hassounizadeh, ancien commandant de la Brigade spéciale Saberin, tué en Syrie (ABNA)

Farshad Hassounizadeh, ancien commandant de la Brigade spéciale Saberin, tué en Syrie (ABNA)

L'officier des Gardiens de la Révolution Moslem Khizab

L'officier des Gardiens de la Révolution Moslem Khizab

L'officier des Gardiens de la Révolution iranienne Sajjad Tahernia, tué dans les combats à Alep (Twitter, 25 octobre 2015)

L'officier des Gardiens de la Révolution iranienne Sajjad Tahernia, tué dans les combats à Alep (Twitter, 25 octobre 2015)

Le soldat Sayyed Roholla Emadi des Gardiens de la Révolution iranienne, tué dans les combats à Alep (Twitter, 25 octobre 2015).

Le soldat Sayyed Roholla Emadi des Gardiens de la Révolution iranienne, tué dans les combats à Alep (Twitter, 25 octobre 2015).

: Char de l'armée syrienne saisi par l'Etat islamique dans la province de Hama.

: Char de l'armée syrienne saisi par l'Etat islamique dans la province de Hama.

: Célébrations des milices chiites après la libération du centre-ville de Baiji,  au cours de laquelle le drapeau irakien a été érigé (Al-Sumaria, 20 octobre 2015)

: Célébrations des milices chiites après la libération du centre-ville de Baiji, au cours de laquelle le drapeau irakien a été érigé (Al-Sumaria, 20 octobre 2015)

Epave calcinée d'un tank M60 égyptien détruit par des membres de l'Etat islamique dans le Sinaï (Site justpaste.it, 24 octobre 2015)

Epave calcinée d'un tank M60 égyptien détruit par des membres de l'Etat islamique dans le Sinaï (Site justpaste.it, 24 octobre 2015)

Mustafa Abdel Rahman du Parti Al-Nour, qui a été abattu à Al-Arish (Compte Twitter affilié à l'Etat islamique, 24 octobre 2015)

Mustafa Abdel Rahman du Parti Al-Nour, qui a été abattu à Al-Arish (Compte Twitter affilié à l'Etat islamique, 24 octobre 2015)

Guide pour la réalisation d'attaques terroristes solitaires, publié par le Centre Ibn Taymiyya (Blog dawaahaq.com, 25 octobre 2015)

Guide pour la réalisation d'attaques terroristes solitaires, publié par le Centre Ibn Taymiyya (Blog dawaahaq.com, 25 octobre 2015)

Abu Saad al-Maqdisi, qui prétend être un Palestinien, appelant à l'assassinat de Juifs

Abu Saad al-Maqdisi, qui prétend être un Palestinien, appelant à l'assassinat de Juifs

Membre de l'Etat islamique affirmant en hébreu qu'il n'y aura bientôt plus un Juif en Palestine (Site Internet de partage de fichiers archive.org, 22 octobre 2015)

Membre de l'Etat islamique affirmant en hébreu qu'il n'y aura bientôt plus un Juif en Palestine (Site Internet de partage de fichiers archive.org, 22 octobre 2015)


Principaux points

  • Cette semaine encore, l'offensive terrestre de l'armée syrienne a été concentrée sur les zones rurales du Sud d'Alep. L'attaque a été dirigée contre les organisations rebelles, y compris l'Etat islamique et le Front Al-Nusra. À ce stade, l'armée syrienne semble faire face à des difficultés, en dépit de l'aide des Gardiens de la Révolution, du Hezbollah et du soutien aérien russe. L'Etat islamique et le Front al-Nusra ont apparemment réussi à prendre le contrôle de plusieurs villes et villages stratégiques, ainsi que d'une partie de la ville d'As-Safirah, au Sud d'Alep, où le régime syrien possède des installations de fabrication d'armes. Les Gardiens de la Révolution iranienne, qui se trouvent au front de l'offensive de l'armée syrienne, ont subi des pertes sévères dans ces batailles (plus de 20 décès depuis le début de l'attaque, dont trois officiers du rang de colonel à celui de général de brigade).
  • Il semble que l'armée irakienne, assistée par les milices chiites, achève progressivement son emprise de la ville pétrolière de Baiji, située au Nord de Bagdad, à mi-chemin vers Mossoul. Son contrôle représente une réalisation militaire majeure pour l'armée irakienne, et est une base pour une éventuelle avancée vers la ville de Mossoul. Il s'agit également d'une réalisation importante pour les Iraniens, qui dirigent les milices chiites qui aident l'armée irakienne.
  • Cette semaine, l'Etat islamique a continué de diffuser des vidéos appelant ses partisans à tuer des Juifs. "L'innovation" de la semaine est une vidéo montrant un orateur en hébreu affirmant qu'il n'y aura bientôt plus un Juif en Israël et dans le monde. Bien que la campagne s'appuie sur la vague de terrorisme palestinien, l'appel lancé par l'Etat islamique aux musulmans du monde entier à nuire aux intérêts des Juifs est digne de mention. Selon nous, la campagne de l'Etat islamique est passible d'encourager les djihadistes à traduire ces appels en meurtres de Juifs.

 

La campagne internationale contre l'Etat islamique

Frappes des Etats-Unis et des pays de la coalition
  • La semaine écoulée a été marquée par la poursuite des frappes aériennes des pays de la coalition sous la direction des Etats-Unis contredes cibles de l'Etat islamique. Pendant la semaine, des dizaines de frappes ont été effectuées en Syrie et en Irak avec des avions de combat, des avions d'attaque et des véhicules aériens sans pilote.
  • Ci-après les principales attaques (Site du Département d'Etat américain, 22-24 octobre 2015, CENTCOM, 22 octobre 2015) :
  • En Syrie– Les frappes aériennes ont été concentrées sur les secteurs d'Al-Raqqah, Marea, Hashiya (environ 15 km au Nord d'Alep) et Deir al-Zor. Les frappes ont notamment visé des unités tactiques, des véhicules, des machines lourdes, des bâtiments, des armes, des points de collecte de pétrole brut et un site de paiement de l'Etat islamique.
  • En Irak– Les frappes aériennes ont été concentrées sur les secteurs d'al-Bagdadi, Baiji, Mossoul, Ramadi, Tel Afar, Sinjar, Rutba (Ouest de Ramadi), Albu Hayat (Nord-Ouest de Rutba), Al-Qaim (près de la frontière syrienne), Falloujah, Kisik (Ouest de Mossoul) et Sultan Abdullah (Sud de Mossoul). Les frappes ont notamment visé des unités tactiques, des bâtiments, de l'artillerie, des positions de combat, des aires de repos, des véhicules, des voitures piégées, des armes, des engins piégés et une installation logistique de l'Etat islamique.
Assaut des forces spéciales américaines contre une prison de l'Etat islamique au Nord de l'Irak
  • nLe 23 octobre 2015, le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a signalé que le 22 octobre 2015, les forces spéciales américaines avaient pris d'assaut une prison de l'Etat islamique dans la ville de Hawija, au Nord de l'Irak. Le raid a été réalisé en coopération avec les forces kurdes des Peshmergas. Environ 70 otages que l'Etat islamique avait prévu d'exécuter ce jour-là ont été sauvés dans l'opération. Un soldat américain a été tué dans l'attaque (Site Internet du Département américain de la Défense, 22-24 octobre 2015 ; CENTCOM, 22 octobre 2015). Selon le secrétaire à la Défense Carter, le raid témoigne de l'activité de la politique américaine en Irak et en Syrie et du soutien aux organisations locales opposées à l'Etat islamique (The Wall Street Journal, 24 octobre 2015).

Implication russe dans la guerre civile syrienne

Les frappes aériennes russes
  • Selon une déclaration du porte-parole du ministère russe de la Défense, les Russes ont effectué 165 sorties de combat pendant les trois jours ayant précédé la déclaration. Dans ces sorties, 285 objectifs de l'État islamique et du Front al-Nusra ont été visés. Les frappes aériennes ont été menées dans les régions de Hama, Idlib, Deir al-Zor, Lattaquié, Damas et Alep. Les frappes aériennes ont endommagé un entrepôt de munitions du Front al-Nusra dans la région de Damas et un siège de commandement de l'Etat islamique (RT, 26 octobre 2015).
  • Selon l'ONU, le nombre de réfugiés syriens qui ont fui depuis le début des frappes aériennes russes a considérablement augmenté.Selon un porte-parole de l'ONU, environ 35.000 Syriens de la région d'Alep ont pris la fuite. Selon les médias turcs, en raison de l'intensité des frappes aériennes russes à Alep, près de 100.000 réfugiés ont commencé à faire route vers la ville de Kilis. Ces réfugiés devraient atteindre la frontière syro-turque dans quelques jours (milliyet.com.tr, 24 octobre 2015). Selon l'observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), jusqu'ici, environ 340 personnes ont été tuées dans les frappes aériennes russes, la plupart des membres des organisations rebelles "modérées" (Reuters; The Guardian, 20 octobre 2015).
Rencontre du Président russe et du Président syrien
  • Le 20 octobre 2015, le Président russe Vladimir Poutine et le Président syrien Bachar al-Assad se sont rencontrés à Moscou. Dans leurs entretiens, les deux hommes ont discuté de l'offensive de l'armée syrienne au Nord de la Syrie et du soutien russe. Ils ont également discuté de la question d'une solution politique à la crise syrienne. La visite du Président Bachar al-Assad est un événement inhabituel, puisque c'est la première fois qu'il quitte le territoire syrien depuis le début de la guerre civile.
Accord russo-jordanien de coordination de l'activité militaire en Syrie
  • Le 24 octobre 2015, le porte-parole du gouvernement jordanien Mohammad al-Momani a annoncé qu'un accord de coordination militaire avait été conclu entre la Jordanie et la Russie au sujet de la situation dans le Sud de la Syrie et au Nord de la Jordanie. A cet effet, un mécanisme spécial sera mis en place à Amman pour coordonner les opérations militaires des deux pays. L'annonce a été faite lors d'une réunion qui a eu lieu à Vienne entre le ministre jordanien des Affaires étrangères Nasser Judeh et son homologue russe Sergei Lavrov (Al-Jazeera, 24 octobre 2015).
  • Depuis le début de son implication militaire dans la guerre civile en Syrie, la Russie a mis en place des mécanismes de coordination et de coopération avec les gouvernements d'Irak, de Syrie, d'Iran et d'Israël. Ces mécanismes de coopération soutiennent l'intervention militaire russe en Syrie. La Russie va probablement poursuivre ses efforts pour renforcer les mécanismes de coordination et de collaboration avec les principaux acteurs dans l'arène syrienne et l'arène irakienne, en mettant l'accent sur l'approfondissement de ses liens avec les États-Unis.
La Russie envoie en Syrie des membres d'une unité d'élite ayant servi en Ukraine
  • Selon un rapport du 23 octobre 2015, au cours des dernières semaines, la Russie a envoyé en Syrie quelques dizaines de soldats des forces spéciales ayant servi en Ukraine. Un responsable russe du ministère de la Défense a confirmé l'envoi des soldats, précisant qu'il s'agit d'une unité d'élite antiterroriste. Selon les estimations américaines, l'envoi des forces n'est pas une indication de l'intention de la Russie de menerune opération terrestre en Syrie (The Wall Street Journal, 23 octobre 2015).
La Russie annonce son intention de fournir un soutien aérien aux forces rebelles qui luttent contre l'Etat islamique
  • Selon le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, la Russie est prête à fournir un appui aérien aux forces rebelles syriennes luttant contre l'Etat islamique, comme l'Armée syrienne libre. Lavrov a ajouté que Washington faisait une grave erreur en refusant de coordonner la campagne contre le terrorisme avec Moscou (RT.com ; Reuters, 24 octobre 2015).
  • Dans la pratique, la Russie soutient l'armée syrienne, qui se bat contre les organisations rebelles, dont le Front al-Nusra et d'autres organisations islamistes. L'Armée syrienne libre (à laquelle la Russie affirme être prête à fournir un appui aérien) fait partie des organisations rebelles ciblées par les frappes aériennes russes, mais n'est pas une force importante.

Principaux développements en Syrie

La province d'Alep
  • Cette semaine encore, l'offensive terrestre de l'armée syrienne a été concentrée au Sud et au Sud-Est d'Alep. Des membres de l'Etat islamique et du Front al-Nusra (qui coordonnent apparemment leurs opérations) ont réussi à prendre le contrôle de lieux stratégiques, de points de contrôle, de villes et de routes principales. Une partie de la ville d'As-Safirah, au Sud d'Alep, a été prise d'assaut par des membres de l'Etat islamique et d'autres organisations rebelles, qui ont coupé la ligne d'approvisionnement de l'armée syrienne d'As-Safirah à Alep. Les Gardiens de la Révolution iranienne, qui combattent au front de l'offensive terrestre, ont subi de lourdes pertes dans ces combats. Sur son site Internet, le Front Al-Nusra a annoncé la mort du commandant Mahmoud Muhammad Maghawiri dans les combats dans la région rurale du Sud d'Alep.
  • As-Safirahest située à environ 20 kilomètres au Sud d'Alep, et comptait environ 100.000 habitants avant la guerre civile. La ville abrite des installations de fabrication d'armes du régime syrien qui sont susceptibles d'être prises par l'Etat islamique et d'autres  organisations (Agence de presse syrienne ARA News ; RFS, 27 octobre 2015). L'Etat islamique a réussi à couper la ligne  d'approvisionnement de l'armée syrienne d'As-Safirah à Alep (wsj.com). Selon les rapports des médias,l'Etat islamique a également réussi à prendre le contrôle des quartiers Est de la ville. Les combats se poursuivent encore dans la ville.
  • Les 23-24 octobre, des membres de l'Etat islamique et du Front Al-Nusra ont réalisé des accomplissements locaux contre l'armée syrienne dans la région rurale du Sud d'Alep :
  • Des membres de l'Etat islamique ont signalé que dans la nuit du 23 octobre 2015, des membres de l'organisation ont pris d'assaut plusieurs positions de l'armée syrienne autour de la ville d'As-Safirah. L'opération a commencé avec un attentat suicide d'un membre de l'Etat islamique au volant d'un camion contre une usine d'huile utilisée par les forces syriennes comme ligne de défense. De nombreux soldats syriens ont été tués et blessés dans l'explosion (Aamaq, 24 octobre 2015).
  • Le 24 octobre 2015, des membres de l'Etat islamique ont contrôlé trois positions de l'armée syrienne dans les environs de la ville de Tell Arn, à environ 5,5 km au Nord-Ouest d'As-Safirah. Des membres de l'Etat islamique ont également pris d'assaut quatre barrages de l'armée syrienne au Sud d'As- Safirah. Selon un rapport du 23 octobre 2015, des postes de contrôle de l'armée syrienne ont été repris dans des batailles féroces qui ont tué au moins 40 soldats syriens (Compte Tumblr, A3maqagency.wordpress.com, 23-24 octobre 2015, site de partage de fichiers archive.org, 24 octobre 2015).
  • Le 23 octobre 2015, le Front Al-Nusra a publié une photo de ses membres après la  prise de contrôle de Tall al-Qarassi, à 9 km au Sud d'Alep. En outre, Tall al-Humayriyah et le village d'Al-Humayriyah ont été conquis après une bataille dans laquelle 10 soldats syriens ont été tués, dont deux officiers (Compte Twitter affilié au Front Al-Nusra, 23 octobre 2015).
Lourdes pertes iraniennes dans les combats dans la région d'Alep
  • Les Gardiens de la Révolution iranienne, qui soutiennent l'armée syrienne, ont récemment subi de lourdes pertes face aux forces rebelles dirigées par le Front Al-Nusra avec la participation de l'Etat islamique. La plupart des pertes iraniennes ont été signalées dans la zone rurale du Sud d'Alep, où les organisations rebelles, y compris l'Etat islamique et le Front Al-Nusra, ont réussi à prendre le contrôle de la majeure partie de la ville d'As-Safirah. La mort du général de brigade Hossein Hamedani, haut commandant des Gardiens de la Révolution iranienne, conseiller militaire en Syrie, a été annoncée le 8 octobre 2015, le lendemain du début de l'offensive de l'armée syrienne. Depuis sa mort, plus de 20 autres officiers et combattants des Gardiens de la  Révolution ont été tués. Ci-après les détails :
  • Le 12 octobre, 2015, deux officiers avec le grade de général de brigade ont été tués : Farshad Hasounizadeh, officier des Gardiens de la Révolution, ancien  commandant de la Brigade spéciale Saberin des Gardiens de la Révolution[1] et Hamid Mokhtarband, ancien commandant de la Brigade des Gardiens de la Révolution à Ahvaz (Shahid News, 13 octobre 2015). Ils ont été enterrés dans la province du Khuzestan le 17 octobre 2015, (Shahid News, 17 octobre 2015).
  • Le 17 octobre 2015, l'officier des Gardiens de la Révolution Moslem Khizab, ancien commandant du Bataillon Ya Zahra de la Brigade 14 de l'Imam Hossein à Ispahan, a été tué en Syrie (ABNA, 18 octobre 2015). Il a été enterré à Ispahan le 20 octobre 2015. Abdollah Baqeri, ancien garde du corps du Président iranien Mohammad Ahmadinejad, Amin Karimi, et le brigadier général Reza Khavari, officier supérieur de la Brigade Fatemiyoun,[2] ont également été tués.
  • Voici les noms des autres Iraniens été tués au cours des derniers jours,la plupart d'entre eux à Alep : deux officiers subalternes de la Huitième Brigade blindée des Gardiens de la Révolution : Hassan Ahmadi et Komeil Ghorbani ; Rasoul Pour-Morad de la ville de Qazvin ; Mehdi Alidoust, de Qom ; Nader Hamidi du Khuzestan, qui a été tué dans la région de Quneitra, selon certains rapports, et à Alep selon d'autres rapports ; Reza Damroudi de Sabzevar, tué à Hassaké ; deux membres du Basij de Hamedan : Mojtaba Karami et Majid Sanei ; Mohammad Estehkami Jahromi desForces spéciales de la Brigade 33 des Gardiens de la Révolution ; Ruhollah Emadi de la province de Mazandaran ; Sajjad Tahernia, de la province de Gilan ; Mohammad Ali Hosseini, combattant de la Brigade afghane Fatemiyoun, tué dans la région d'Al-Ghab ; Mohammad Zahiri, de la province du Khuzestan ; Moslem Nasr, sous-lieutenant, tué dans la banlieue d'Alep ; Khanali Yosefi, Afghan tué à Alep.
  • Selon nous, le nombre relativement élevé d'Iraniens tués, et notamment la proportion d'officiers, indique que les Gardiens de la Révolution et les milices chiites se trouvent en première ligne de l'offensive terrestre de l'armée syrienne. Suite aux pertes iraniennes, et compte tenu de l'implication iranienne croissante en Syrie, les Iraniens ont été appelés à s'expliquer. Des responsables iraniens ont réitéré l'engagement de l'Iran à défendre le régime de Bachar Assad, malgré toutes les difficultés.[3] Hossein Salami, vice-commandant des Gardiens de la Révolution, a expliqué que les Gardiens de la Révolution avaient renforcé la "quantité et la qualité" de leurs forces consultatives en Syrie. Selon ses termes, cela pourrait conduire à une augmentation du nombre de "chahids", ces derniers ne pouvant "pas rester enfermés dans une pièce, ils doivent être présents sur le champ de bataille" (ISNA, 26 octobre 2015).
La province de Hama
  • L'Etat islamiquea affirmé que ses membres avaient tué des dizaines de soldats syriens et saisi de grandes quantités d'armes dans les combats qui se déroulent actuellement à Hama.Le 24 octobre 2015, un compte Twitter proche de l'Etat islamique a publié plusieurs photos montrant des corps de soldats syriens. Une des photos montrait aussi un char de l'armée syrienne tombé aux mains de l'Etat islamique (Compte Twitter, 24 octobre 2015).

Principaux développements en Irak

Aperçu général
  • L'armée irakienne semble avoir complété sa prise de contrôle de la ville pétrolière de Baiji, située au nord de Bagdad, sur la route principale menant à Mossoul.Le Premier ministre irakien a annoncé la libération de la ville après sept mois consécutifs de combats. L'armée irakienne a également annoncé la prise de contrôle de la ville. L'Etat islamique s'est abstenu à ce jour de faire des commentaires et pourrait être confronté à la défaite dans les batailles prolongées qui ont eu lieu dans cette ville importante.
La prise de contrôle de Baiji – Etat des lieux
  • L'armée irakienne semble apparemment compléter sa prise de contrôle de la ville pétrolière de Baiji. La chaîne irakienne Al-Sumaria a diffusé un rapport du centre-ville. Les images prouvent que les forces irakiennes ont pris le contrôle de la ville, qui n'est plus qu'un tas de ruines en raison des combats prolongés (Al-Sumaria, 20 octobre 2015). Suite à la prise de contrôle de la ville, l'armée irakienne tente apparemment d'étendre son contrôle sur la région : le 24 octobre 2015, l'armée irakienne a pris le contrôle d'un atelier de fabrication d'engins explosifs improvisés de l'Etat islamique dans la ville d'Al-Siniya, à environ 10 km à l'Ouest de Baiji (Shafaq News, 24 octobre 2015).
  • Le 24 octobre 2015, le Premier ministre irakien Haidar al-Abadi a officiellement annoncé la libération de Baiji des mains de l'Etat islamique après sept mois consécutifs de combats (Al-Arabi al-Jadeed, 24 octobre 2015). L'armée irakienne a également annoncé avoir repris la ville de Baiji (Spoutnik, 21 octobre 2015). Qais al-Khazali, le commandant de la milice chiite Assaeb Ahl al-Haqq, qui opère sous commandement iranien, a annoncé que la région des raffineries à la périphérie de Baiji était sous le contrôle total des milices chiites soutenant l'armée irakienne (Al-Afaq, 20 octobre 2015).
  • La reprise de Baiji est une réussite militaire importante pour l'armée irakienne et les Iraniens, qui dirigent les milices chiites qui aident l'armée irakienne. Selon les rapports, les préparatifs en vue de l'assaut de Baiji incluaient une salle d'opérations communes où les forces combattantes étaient représentées. La salle des opérations aurait été occupée par des commandants des milices chiites, des représentants de l'armée de l'air irakienne et de la police irakienne. Ils ont été rejoints par dix conseillers iraniens et trois conseillers libanais, apparemment du Hezbollah (Al-Hadath News, 25 octobre 2015).
La province d'Al-Anbar
  • Les combatsse poursuivent entre l'armée irakienne et l'Etat islamique autour de la ville de Ramadi, dans la province d'Al-Anbar. Dans les combats, l'Etat islamique emploie la tactique desvoitures piégées contre l'armée irakienne. Selon des sources de l'armée irakienne, cinq soldats irakiens ont été tués et 14 autres ont été blessés le 23 octobre 2015, au nord de Ramadi, dans l'explosion decinqvoitures piégées conduites par des terroristes suicide (Al-Jazeera, 24 octobre 2015). Le 24 octobre 2015, l'Etat islamique a annoncé que ce jour-là un terroriste suicide avait fait sauter un véhicule blindé dans une base de l'armée irakienne au Nord de Ramadi (Aamaq, 24 octobre 2015). Le 25 octobre 2015, l'Etat islamique a fait exploser une voiture piégée au Nord-Est de Ramadi. En conséquence, 15 membres des forces de sécurité irakiennes ont été tués (Télévision Al-Jazeera, 25 octobre 2015).

Le jihad mondial dans les autres pays

Libye
  • Le 25 octobre 2015, des membres de l'Etat islamique ont exécuté trois civils dans la ville de Syrte. Les trois ont été accusés d'espionnage et de divulgation d'informations sur l'Etat islamique à l'Aube de la Libye, un groupe islamique affilié au gouvernement de Tripoli. La veille, trois autres civils ont été exécutés sur les mêmes accusations. Des membres de l'Etat islamique ont repris la ville de Syrte il y a plusieurs mois, et les exécutions sont apparemment effectuées dans le cadre de la mise en place du contrôle de l'Etat islamique sur la ville (Al-Alam Al-Youm, 26 octobre 2015).
Bangladesh

Une des branches médiatiques de l'Etat islamique a indiqué que ses membres avaient fait exploser plusieurs engins improvisés à Huseiniyat Dalan, une mosquée chiite de Dhaka, la capitale du Bangladesh. Les explosions ont causé des dizaines de morts et de blessés (Compte Tumblr a3maqagency.wordpress.com, 24 octobre 2015). Le 24 octobre 2015, un compte Twitter affilié à l'Etat islamique a revendiqué la responsabilité de cette attaque. Selon l'annonce, près d'une centaine de personnes ont été tuées et blessées dans l'opération (Compte Twitter affilié à l'Etat islamique, 24 octobre 2015).

Selon le journal britannique The Guardian, l'attaque a été menée à l'aide
de trois engins explosifs improvisés qui ont été lancés hors de la mosquée, alors que  20.000 personnes étaient réunies pour la cérémonie de l'Achoura. L'attentat a tué un garçon de 14 ans et a blessé 80 personnes. Cette mosquée, située dans le quartier moghol, est le principal site de la petite communauté musulmane chiite de Dhaka, et il s'agit de la première attaque effectuée contre cette communauté au Bangladesh. L'attaque a eu lieu quelques semaines après l'assassinat d'un ressortissant italien et d'un ressortissant japonais par l'Etat islamique au Bangladesh (The Guardian, 24 octobre 2015).

L'Egypte et la péninsule du Sinaï

Poursuite de la campagne des forces de sécurité égyptiennes contre la branche de l'Etat islamique dans le Sinaï
  • Les forces de sécurité égyptiennes ont entamé la deuxième phase de leur opération de nettoyage de la péninsule du Sinaï de la présence de la branche du Sinaï de l'Etat islamique (Opération "Droit du martyr"). L'opération est effectuée dans les régions de Cheikh Zoweid, Rafah et Al-Arish. Les forces égyptiennes et les médias égyptiens ont annoncé la neutralisation d'engins explosifs improvisés, la destruction de grandes quantités d'armes, la démolition de bunkers et de dépôts d'explosifs, l'incendie de motos, la découverte de 12 ouvertures de tunnels à la frontière avec la bande de Gaza et l'arrestation de dizaines de personnes.
  • Cette opération ne fait pas obstacle à la poursuite de l'activité de guérilla de la branche du Sinaï de l'Etat islamique, qui continue à faire état d'accomplissements dans sa lutte contre les forces égyptiennes :
  • L'attaque terroriste la plus importante réalisée cette semaine a été l'explosion d'un véhicule blindé de la police avec un engin piégé sur la route de contournement d'Al-Arish. Le 24 octobre 2015, l'Etat islamique a publié un communiqué revendiquant la responsabilité de l'explosion du véhicule. Selon l'annonce, plus de trois personnes ont été tuées dans l'attaque, dont un officier, et huit autres ont été blessées (Compte Twitter affilié à l'Etat islamique, 24 octobre 2015). En outre, l'Etat islamique a publié des photos de l'explosion d'un tank égyptien M60 tombé aux mains de ses membres (Compte Twitter affilié à l'Etat islamique, site Internet justpaste.it, 24 octobre 2015).
  • La branche de l'Etat islamique dans le Sinaï a continué à utiliser des engins piégés contre les forces égyptiennes. Ainsi, selon des "sources sécuritaires" du Nord du Sinaï, sept soldats ont été tués dans la région de Karam al-Kawadis, au Sud de Cheikh Zoweid, le 19 octobre 2015. Les sept ont été tués par un engin explosif improvisé (Al-Rai, 21 octobre 2015). Dans un autre incident, la Province du Sinaï de l'Etat islamique a annoncé avoir fait exploser un engin piégé sous un blindé M-113 de transport de troupes (Compte Twitter affilié à l'Etat islamique, 21 octobre 2015).
Elimination d'un candidat du parti salafiste Al-Nour au parlement égyptien
  • Le 24 octobre 2015, le seul candidat du parti salafiste Al-Nour au Nord du Sinaï a été abattu. L'assassinat a été commis par des personnes non identifiées qui ont tiré sur Mustafa Abdel Rahman, le secrétaire du parti au Nord du Sinaï (Al-Masri Al-Youm, 24 octobre 2015). Jusqu'à présent, les auteurs de l'assassinat restent introuvables. L'assassinat a été commis dans une zone abritant des avant-postes de la Province du Sinaï de l'Etat islamique.
  • Selon "une source de sécurité égyptienne," l'assassinat a été commis par la Province du Sinaï de l'Etat islamique. Selon la source, l'assassinat vise à dissuader les résidents de la région de voter aux élections (Portail veto, 24 octobre 2015). A ce stade, ces dires ne peuvent être corroborés, même si l'assassinat a été commis dans une zone de la péninsule du Sinaï qui abrite des positions de l'Etat islamique.

Palestiniens et arabes israéliens

Un arabe israélien franchit la frontière syrienne en parapente
  • Le 24 octobre 2015 dans l'après-midi, un citoyen arabe israélien a traversé la frontière syrienne au Sud du plateau du Golan en utilisant un parapente. Il s'agit d'un résident de 23 ans de Jaljulia, une ville arabo-israélienne du centre d'Israël. L'oncle du jeune homme a déclaré que bien qu'il vienne d'une famille laïque, il est récemment devenu plus religieux (Quotidien israélien Haaretz, 26 octobre 2015). La famille du jeune homme prétend qu'il a franchi la frontière par inadvertance, en raison d'un disfonctionnement, et a demandé au gouvernement israélien de prendre des mesures pour le faire revenir. Selon nous, le jeune homme avait probablement prévu d'aller en Syrie pour rejoindre les rangs de l'Etat islamique dans le cadre du phénomène des Arabes israéliens qui rejoignent les rangs de l'organisation (jusqu'à présent, près de 50 Arabes israéliens ont rejoint l'Etat islamique).
  • Une organisation islamique rebelle appelée la Brigade des martyrs du Yarmouk (Liwa Shuhada al-Yarmouk), affiliée à l'Etat islamique, contrôle la zone dans le Sud du Golan où le jeune homme de Jaljulia a atterri. Selon les médias, le jeune homme a été fait prisonnier par des membres de la brigade après l'atterrissage et a été envoyé dans l'une de ses prisons.
Le gouvernement déclare plusieurs groupes jihadistes organisations terroristes
  • Le gouvernement israélien a déclaré l'Etat islamique, le Front Al-Nusra et les Bataillons Abdullah Azzam (une organisation jihadiste opérant au Liban et en Syrie) organisations terroristes. Lors de l'ouverture d'une réunion du cabinet, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a déclaré : "Nous nous battons tout le temps contre l'Etat islamique, le Front al-Nusra et des organisations terroristes. Hier, un civil israélien a franchi notre frontière sur le plateau du Golan en Syrie pour rejoindre les rangs de l'ennemi. Nous agirons pour annuler sa citoyenneté. C'est ce qui se fait dans un tel cas. Celui qui rejoint les rangs de l'ennemi pour combattre contre Israël ne sera pas un citoyen israélien" (Site Internet du Premier ministre israélien, 25 octobre 2015).
Le Centre Ibn Taymiyya de Gaza publie un document sur la façon de tuer des Juifs
  • Le 25 octobre, 2015, le Center Ibn Taymiyyah de Gaza (centre de propagande salafiste jihadiste) a publié un guide sur la façon de commettre des attaques terroristes solitaires efficaces contre des Juifs. Selon le document, les conseils qu'il contient rendront les attaques solitaires plus efficaces. Le document décrit les différentes façons de tuer des Juifs, y compris des attaques à l'arme blanche en frappant des points sensibles dans le corps et en améliorant le maniement du couteau. Selon nous, ce document s'inscrit dans le cadre de la campagne de l'Etat islamique visant à promouvoir une vague de terrorisme palestinien (voir ci-dessous).

La guerre de propagande de l'Etat islamique

Poursuite de la campagne d'incitation au meurtre de Juifs par l'Etat islamique
  • L'Etat islamique continue de publier des vidéos appelant ses partisans à tuer des Juifs.Le 22 octobre 2015, l'Etat islamique a publié une vidéo montrant un orateur en hébreu qui a menacé qu'il n'y aura bientôt plus un Juif en Israël et dans le monde. Le recours à l'hébreu – pour la toute première fois – vise à effrayer le public israélien (une méthode utilisée par l'Etat islamique, qui diffuse régulièrement des messages menaçants à différents publics cibles dans leur propre langue). L'appel lancé par un membre de l'Etat islamique aux musulmans appelant à nuire aux intérêts des Juifs du monde entier est également digne d'attention. Selon nous, cet appel et la campagne de l'Etat islamique dans son ensemble, sont susceptibles d'encourager les jihadistes inspirés par l'Etat islamique à traduire ces appels en actes.
  • La vidéo est intitulée "Briser les frontières et tuer des Juifs." L'orateur masqué, présenté comme étant Abu Saad al-Maqdisi, qui prétend être un  Palestinien, y déclare que l'Etat islamique fait route vers Jérusalem en vue de la libération de la mosquée Al-Aqsa, entremêlant ses déclarations de traditions musulmanes incitant au meurtre des Juifs. Plus tard dans la vidéo, il souligne que les Juifs sont les assassins des prophètes et ne respectent pas les accords, et affirme qu'ils ont essayé à plusieurs reprises de tuer le Prophète Mahomet. Il appelle tous les musulmans de Palestine àlancer le jihad contre les Juifs et à assassiner des Juifs afin d'atteindre le paradis, disant :"Tuez-les, écrasez-les, abattez-les et brûlez-les, de sorte que la parole d'Allah soit victorieuse." Il a également appelé les musulmans du monde entier à nuire aux intérêts juifs partout dans le monde (Site Internet de partage de fichiers archive.org, 22 octobre 2015).
  • Plus tard dans la vidéo, un membre de l'Etat islamique apparaît, s'adressant en hébreu à "tous les Juifs qui ont conquis la terre des musulmans." L'orateur déclare que "la vraie guerre n'a pas encore commencé, et tout ce qui a précédé était un jeu d'enfant par rapport à ce qui est sur le point de vous arriver dans un proche avenir […] Nous allons vous trouver et vous faire payer dix fois pour les crimes que vous avez commis. Je vous promets que bientôt il n'y aura pas un seul Juif à Jérusalem et en Israël. Ensuite nous continuerons partout dans le monde jusqu'à ce que nous ayons éradiqué cette maladie à travers le monde […]" Il poursuit : "Les frontières de Sykes-Picot qui vous protègent ne demeureront pas longtemps […] Nous allons les supprimer entre la Syrie et la Jordanie et entre la Syrie et la Palestine […] Nous avançons vers vous de partout : depuis le nord et le Sud, du Sinaï et de Damas. De partout dans le monde, nous allons arriver à vous afin de vous éliminer […] Très prochainement" (Site Internet de partage de fichiers archive.org, 22 octobre 2015).

[1]La Brigade Saberindes Gardiens de la Révolution, qui était commandée par Hassounizadeh, est une unité de forces spéciales qui a été créée en 1998 pour fournir une réponse rapide aux menaces aux frontières de l'Iran.
[2]La Brigade Fatemiyounest composée de combattants afghans recrutés par les Gardiens de la Révolution parmi les réfugiés afghans séjournant en Iran.
[3]A ce sujet, voir notre article (en anglais) du 11-25 octobre 2015 intitulé "Spotlight on Iran".